AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781603091527
96 pages
Top Shelf Productions (10/07/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Money makes the world go round, as they say... but HOW, exactly? Award-winning graphic novelist Eddie Campbell (From Hell, Alec) presents a fascinating journey into the wilderness of personal finance. With his trademark blend of research, anecdote, autobiography, and fantasy, Campbell explores how money underwrites human relationships, flowing all around us like the air we breathe - or the water we drown in. The result is a whimsical graphic essay, deeply grounded i... >Voir plus
Que lire après The lovely horrible stuffVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome correspond à un récit complet paru en 2012, écrit et illustré (en couleurs) par Eddie Campbell. Il vaut mieux être familier de ses ouvrages autobiographiques (The years have pants et The fate of the artist) pour pouvoir apprécier l'évolution de ses préoccupations et de ses réflexions.

Eddie Campbell a décomposé son ouvrage en 2 parties : (1) "And how he got that way", et (2) "Yap". La première partie évoque la relation de Campbell à l'agent à la fois d'une manière didactique (voilà ce que l'argent signifie dans sa vie), à la fois au travers des répercussions de l'économie sur sa vie. C'est ainsi que le lecteur découvre que Campbell se coupe les poils des oreilles (non, il n'y a pas beaucoup de rapport avec l'argent, c'est juste un repère relatif à son âge), que ce qui lui fait gagner de l'argent c'est de rêvasser, qu'il se retrouve souvent à gérer les impayés (réclamer de l'argent à ceux qui ne l'ont pas payé), l'importance de William Shakespeare dans sa correspondance professionnelle, les phases de développement d'une série télévisuelle qui ne verra jamais le jour, l'impact de la récession économique mondiale, et les relations pécuniaires délicates avec son beau-père. Il y a même un montage financier complexe pour qu'Eddie Campbell puisse illustrer une histoire de Batman (The order of the beasts, 2004) écrite par Daren White (avec qui il a à nouveau collaboré pour The playwright).

La deuxième partie relate son séjour sur l'île de Yap, un état de la Micronésie. Cet état est réputé pour ses sites de plongée sous-marine, et pour la nature très particulière de sa monnaie. Campbell raconte ses vacances, ainsi que ses investigations sur cette monnaie extraordinaire.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre, Campbell ne se lance pas dans une analyse économique du rôle de la monnaie dans la société. Il expose son rapport à l'agent au travers de quelques exemples de sa vie professionnelle et de sa vie privée, tout en contextualisant une partie des évolutions économiques, en particulier la récession de 2008/2009.

Dès la première page, Campbell annonce qu'il est temps d'aborder le sujet de l'argent et il semble bien dans les pages suivantes qu'il ne sera question que de ça. Mais assez vite, le lecteur observe que Campbell a disposé les anecdotes illustrant son propos de manière à poursuivre son autobiographie sélective. de fait le lecteur retrouve sa femme, l'une de ses filles (Erin), son conseiller fiscal, etc. Même le voyage à Yap relève autant d'une réflexion sur la nature de la monnaie, que de l'autobiographie du fait de plusieurs commentaires rapides sur l'ironie de l'histoire de cette monnaie et sur le comportement des autres touristes présents à Yap. Comme à son habitude, Campbell jette un regard très personnel sur ce qui l'entoure, en intégrant une part de dérision qui s'applique aussi bien à lui-même, qu'aux autres, ou aux situations.

D'un point de vue pictural, Campbell donne l'impression de se contenter d'illustrer un récit dont le moteur est ce qu'il a à raconter, plutôt qu'un point de vue esthétique. Les dessins sont au service de son monologue, et c'est tout. Il a adopté une mise en page de référence qui prédomine : 3 rangées de 3 cases par page, avec quelques variations de temps en temps. Chaque case montre les individus en train de parler et de se déplacer, ou contient une image illustrant un point particulier (une liasse de billets dont ceux situés sur le dessus s'envolent par la fenêtre), avec les phylactères de dialogues insérés dans l'illustration et les observations de Campbell situées au dessus de la case. Toutefois un regard plus attentif sur les modes d'illustration employés permet de constater que Campbell s'amuse comme un petit fou à mélanger les techniques. Ça commence dès la couverture où il mélange la trame d'un billet en fond, un portrait de lui en gravure, et un petit dessin griffonné où il s'envole grâce à un groupe de ballons. Ça continue avec la première page où certains décors sont représentés par l'insertion d'une photographie (celle de la salle à manger de Campbell). Page d'après le lecteur observe que certaines cases ne disposent pas de bordure, et que lorsque les bordures sont présentes, elles ne sont pas tracées à la règle, mais légèrement tremblées. Puis, il y a une photographie de berceau qui occupe une case (sans bordure). Au fil des pages, le lecteur pourra aussi contempler une image totalement réalisée à l'infographie (les billets qui s'envolent), une photographie travaillée avec un logiciel (personnes et décors), un dessin à la manière de l'art primitif australien, de brèves coupures de presses, des images extraites d'interviews télévisées de Campbell, des montages photographiques, etc. Tout est possible. À la fois le lecteur peut avoir l'impression que Campbell a recours à ce qu'il peut utiliser pour éviter de s'ennuyer ; à la fois il utilise avec succès tout ce qu'il peut pour éviter une impression d'uniformité soporifique.

Cette diversité de techniques est plus intégrée que dans "Fate of the artist" et il faut avoir envie de prêter attention au mode de rendu pour le remarquer. Cette diversité lui permet également de jongler avec les différents niveaux d'autofiction au point de brouiller les frontières. Par exemple lorsqu'il évoque la série télévisée avortée, les cases le montrant avec les scénaristes sont à base de photographies avec les individus concernés, sur lesquelles il a apporté des couleurs et souligné les contours à l'infographie. le lecteur voit de ses propres yeux que le récit prend la forme d'un reportage effectué sur le vif. Dans la scène suivante, il s'agit à nouveau de photographies travaillées à l'ordinateur, pour une scène se déroulant chez lui avec sa fille et sa femme. Et là il devient impossible de savoir si Campbell dépeint un événement réel, ou s'il s'agit de la vie de sa famille réinterprétée pour les besoins de l'émission de télévision. À partir de ce moment, le lecteur est amené à s'interroger sur la valeur de ce qui est montré, sa proximité au "réel", le travail de conception de la structure narrative, l'insertion d'un point de vue de l'auteur. Comme à son habitude, Campbell prend bien soin de dire au lecteur qu'il est en train de lire une oeuvre composée et structurée, et non pas un journal intime chronologique. Au-delà des différentes techniques, Campbell utilise d'autres ressources de la bande dessinée tels que les leitmotivs visuels (billets s'envolant, berceau, groupe de ballons) ce qui renforce encore la cohésion structurelle du récit, en particulier entre les 2 parties.

Avec ce tome, Eddie Campbell améliore encore son art de conteur par rapport à "Fate of the artist". Plutôt que d'opposer les différences des modes de représentation, il les intègre en en jouant pour faire ressortir des éléments spécifiques. Il entremêle naturellement ses relations à la monnaie avec sa vie personnelle pour une autobiographie très construite, aussi drôle qu'ironique, passionnante du début jusqu'à la fin. Au lieu de se ridiculiser avec un discours générique et superficiel sur l'argent, il met en lumière la spécificité des interactions entre sa production artistique et cet outil d'échange de biens.
Commenter  J’apprécie          20


Videos de Eddie Campbell (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eddie Campbell
MAG#6 Plein d'auteurs dans un seul grand bouquin qui reflète ce qu'est la bande dessinée d'aujourd'hui.
Auteurs : Boulet, Bastien Vivès, Naoki Urasawa, John Cassaday, Frederik Peeters, Emmanuel Lepage, Katsuya Terada, Paul Pope, Taiy? Matsumoto, Bob Fingerman, Atsushi Kaneko, Keiichi Koike, Eddie Campbell
Éditions : Les Humanoïdes associés
2015
autres livres classés : autobiographieVoir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1696 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}