Parmi les grands absents aux "
oeuvres complètes" de Camus, il y a ses écrits anarchistes. J'avais un professeur jadis, spécialiste de Camus, qui en parlait longuement comme d'un inclassable aux positions politiques de Camus mystérieuses.
"Quelque part entre un socialiste et un libéral."
"Un anarchiste?"
"Oh non, surtout pas."
M'enfin.
Bref, ce recueil fait un bon travail de collection des textes libertaires de Camus. On y parle d'Algérie, de la guerre civile espagnole et d'éthique des mouvements sociaux.
Il y développe une théorie en deux axes. D'un côté ce qui est juste, de l'autre ce qui est nécessaire.
- Ce qui est nécessaire doit être fait.
- Ce qui est injuste doit être dénoncé et puni.
Mais que se passe-t-il lorsque ce qui est nécessaire est injuste? Si, par exemple, pour faire la Révolution, on doit couper quelques têtes?
Un bien cela doit être fait, puni et dénoncé.
Et c'est là l'erreur des révolutions. À chaque fois, les gens qui commettent les atrocités nécessaires conservent le pouvoir et en profite pour dire que leurs crimes sont justes. Et ce nouveau régime qui se construit se fonde ensuite sur ces injustices.
(Et après avoir lu ça, relisez
Les Justes. Ça donne un tout nouvel éclairage.)