"
La chute"est la dernière oeuvre achevée d'
Albert Camus, publiée en 1956, un an avant l'obtention du
Prix Nobel de Littérature.
Dans "
L'homme révolté", on trouvait
Albert Camus arque-bouté contre toutes les tyrannies, aussi bien celle d'un seul que celle d'un parti. L'esprit de révolte dirigé au besoin contre la révolution elle-même restait la seule dignité de l'homme libre : Camus altruiste et libertaire n'était donc pas si pessimiste qu'il nous l'avait laissé croire dans son oeuvre antérieure.
Erreur !
Avec "
La chute", nous le voyons revenir au sombre désespoir qui lui fit écrire "
L'étranger" : l'histoire d'un homme coupé de tout, étranger à ce qui l'entoure et même, suprême paradoxe, à lui même , dans un monde absurde...
Mais "
La chute" va plus loin encore : le « héros" de "
L'étranger" était un sans grade, un minable, un irresponsable... Celui de "
La chute", Jean-Baptiste Clamence" est au contraire un esprit instruit -mais faux - subtil et lucide dans l'exposé d'idées qui, poussées à l'extrême, ne peuvent que confiner au nihilisme absolu, si tant est qu'on puisse associer nihilisme et absolu...
Ceux qui ont vu à l'époque, dans "
L'homme révolté", un ralliement d'
Albert Camus à l'existentialisme de
Jean-Paul Sartre "en sont pour leurs frais" : "
La chute, c'est "
L'étranger élevé au paroxysme de l'absurde. Un chef-d'oeuvre !