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Critique de dourvach


1947 : "La Peste" d'Albert CAMUS - présenté par l'auteur comme un "récit" - nous parle de la peur, du courage, de la mort côtoyée, de la communauté humaine et des "réflexes en temps de crise".

Tout d'abord, notre fascination totale devant l'oeuvre de Tibor CSERNUS, ornant cette page I de couverture de l'édition de poche "folio" de 1972 (année d'impression de l'exemplaire : 1985).

Une ville morte écrasée de chaleur, volets clos et feuilles de journaux tournoyant au ras des caniveaux dans un vent sale. Pas de rats (ils sont déjà morts, tout comme les chats).

Le Docteur Rieux lutte - au début, quasiment seul - contre "l'invisible" (et l'invincible Fléau) en sa paisible ville natale d'Oran. L'état de peste y est déclaré. Il faut protéger la population. Rieux se trouve quelques alliés sur place (tel le dénommé Tarrou) ; l'employé de Mairie Joseph Grand sauve, lui, du suicide son voisin de palier Cottard ; le journaliste Lambert veut fuir la ville close pour retrouver sa fiancée et doit s'appuyer sur les combines compliquées de la petite pègre locale (aux lourds parfums d'Espagne) pour parvenir à s'échapper de cette prison infestée...

Grandeur humaniste de CAMUS s'appuyant sur son personnage intègre, modeste, dévoué (Ah, cette empathie médicale, telle une "seconde peau" !) et si courageux - il côtoie la mort et la détresse au quotidien et risque d'être emporté par le bacille et sa contagiosité foudroyante.

Bizarre : quelque chose ne fonctionne plus à mi parcours du récit... Les personnages restent actions et discours et se semblent se désincarner peu à peu. Difficulté à parfois "bien s'y retrouver" dans ces individualités, cette "réalité prosaïque" de tant de protagonistes masculins. Camus ne semble pas à l'aise avec ses personnages, au fond... Est-ce leur nombre excessif ? La simple vitalité (sans parler de l'intériorité) de la demi-douzaine de principaux protagonistes "mis en situation" nous semble, au fond, si peu accessible...

Alors, épidémie ou guerre (Résistance ou "Kollaboration" ?) : au départ comme peut-être à l'arrivée, une humanité fourvoyée et tremblante avec cette mort invincible qui rôde - à peu près - partout.

Bien sûr, un très dense, long et lent récit-métaphore... Il nous faudra lire l'ouvrage jusqu'au bout - hélas sans passion - puis mettre le point final à cette 170ème critique d'un ouvrage qui a marqué l'Après-Guerre - et on comprend son importance...

On sent aussi "l'Apartheid" implicite dans cet univers "d'avant 1954" abordé où la figure de "L'Arabe" apparaît si peu - ou comme occultée...

On a parfois furieusement envie d'y entendre surgir le chant puissant de KHALED ( خالد حاج ابراهيم , né en 1960), "Wahran, Warhran" [1996] ou les mélopées amoureuses du tendre Cheb HASNI (الشاب حسني, né en 1968) qui habitait le Quartier Gambetta où il fut assassiné par un crétin d'intégriste frustré - pléonasme - en 1994, à l'âge de 26 ans.

Les descriptions de la Ville dans "La Peste" sont magistrales et composent une "atmosphère" (au sens simenonien) jaunâtre inoubliable - telle cette fameuse illustration "écrasante" et solaire de T. Csernus...
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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