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Critique de rotko


Pourquoi ce roman est-il réputé difficile d'accès pour les étrangers, voire les jeunes esprits français, alors qu'il a connu dès sa parution un succès immédiat ?
En 1947, la Deuxième Guerre mondiale était dans tous les esprits, et le quotidien des Français sous l'occupation se retrouve à peine masqué dans le roman. On sait que cette oeuvre se veut la chronique d'une épidemie fictive à Oran, dans les années 40. Or la mise en quarantaine de la ville offrait bien des similitudes avec ce qu'avaient vécu les contemporains : la séparation d'avec les proches, les privations, l'écoute des nouvelles à la radio, le désir de franchir des barrages, le recours aux passeurs et aux marchés clandestins, la correspondance codée, sont autant les propriétés d'une ville isolée que d'un pays coupé en deux et soumis à la surveillance de l'occupant. Les interrogations : combien de temps le mal va-t-il durer? les alternances d'espoir et de découragement, de révolte et de résignation, tel était le pain quotidien, dénominateur commun entre la « peste brune » fasciste dévalant sur l'Europe et une réelle épidémie réputée galopante.
Nul doute que ces circonstances ont su faire passer le message. D'un côté, ceux qui pactisent avec le mal, de l'autre ceux qui luttent pied à pied. Les personnages sont bien typés : le jésuite qui sait adapter ses thèses à l'état d'esprit du public, l'ancien engagé des brigades internationales qui voit les atrocités de l'adversaire mais aussi les erreurs de son camp, le militant dévoué qui ne se ménage pas, le journaliste hésitant sur la conduite à tenir et qui finit par franchir le pas.
Toutes ces conduites parlent de l'acceptation ou non de la souffrance, de la validité d'un idéal, d'une révolte foncière contre le mal, de la peine de mort et... de la durée des bonnes résolutions officielles. Même si des personnages comme Grand irritent d'autant plus que l'auteur leur décerne de provocants éloges, on reste accrochés par le livre à cause de moments privilégiés : une discussion sous la lampe, une baignade en signe de l'amitié, l'attente de l'issue fatale pour un enfant qui souffre. On passe alors sur les gros traits de caricatures humaines, et on se demande comment serait lue cette oeuvre dans des pays qui attendent ou vivent le fléau.
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