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Critique de PascalOlivier


Si on cherche un roman sensationnaliste ou outrancier, on peut passer son chemin. Albert Camus installe lentement, dans une sorte de transe littéraire hyper- réaliste, le lieu, les personnages et les éléments précurseurs de la maladie. Nous sommes immédiatement saisis par l'inquiétude, les signes sont là mais personne ne les voit, chacun étant occupé dans son quotidien.

Prenant comme personnage le docteur Rieux, La peste va nous prendre à parti pour décrire une société face à une pandémie. Tout d'abord, c'est la consternation des uns face à au déni des autres qui va créer le premier schisme de ce groupe social. La lenteur politique ne fait qu'aggraver la situation sanitaire qui bascule tranquillement et presque encore avec indifférence dans l'horreur.

D'autres personnages (Cottard, Grand, Rambert…) vont s'ajouter à ce roman et nous offrir de multiples points de vue à cette situation à la fois très complexe (comment notre personnalité réagit) et terriblement simple (un bacille tue des êtres humains). A aucun moment, Albert Camus ne se veut moralisateur et ne se sert du récit pour construire un argumentaire intellectuel, au contraire, il laisse la situation s'amplifier encore et encore, jusqu'à ce qu'apparaisse à nu notre être profond qui choisira la lutte, la fuite ou le déni.

Et bientôt, La peste se fait engloutir par la maladie, elle est là, partout, inépuisable, inarrêtable, inattaquable. Lorsque les portes de la ville se referment sur elle-même, il est déjà trop tard. Les procédures volent en éclats, les projets sont stoppés net, l'homme doit plier le genou.

La force de choisir un docteur comme protagoniste et observateur principal est de jeter aux orties toutes les considérations politiques, intellectuelles et économiques que l'on peut avoir et déclamer si on a la chance de ne pas être atteint. Ici ne reste que l'essentiel, l'organisme attaqué, la chair en souffrance, l'esprit ravagé. Même la religion se fait pulvériser par les ravages de la vague montante de la peste.

La peste est un roman profondément et subliment humaniste. L'écho avec notre situation actuelle est forcément palpable et éclairante. Et si le lecteur le plus coriace et le plus borné continue de buter sur ses positions, Albert Camus va lui démontrer que la douleur, l'impardonnable douleur, n'a pas besoin de grandes phrases et de grands hommes pour attaquer de toutes ses forces. Point de gentils ni de méchants dans cette oeuvre non manichéenne, juste des hommes qui feront le choix d'évoluer ou non vers une meilleure version d'eux-mêmes, une mutation qui englobe et dépasse leurs croyances, quelles qu'elles soient.

(Intégralité de la critique à lire sur mon blog)
Lien : https://murmuredelombre.word..
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