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EAN : 9782072472947
104 pages
Gallimard (30/08/2012)
3.4/5   15 notes
Résumé :
Un homme convoque jour après jour les souvenirs d'une enfance douloureuse et la revisite, avec force et parfois humour, entre les événements qui ont marqué sa vie et son entrée dans le monde des adultes : mort de sa mère, violence de son père et existence morose chez ses grands-parents, rythmée par les saisons et les gestes du quotidien.
Court et intense, Autour de moi est la première œuvre de Manuel Candré. La voix particulière et la colère qui émane du pers... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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La couverture du livre, rose pimpant, est trompeuse. La lecture est un choc, qui me fait vaciller. Je suis immédiatement happée par cette écriture, sous forme de journal, souvenirs de l'enfance en morceaux qui reviennent, jour après jour. le style est très simple, sans effets, et la lecture intense. J'y reconnais le monde de mon enfance, la campagne, le village, les poules qu'on n'aime pas, la mort des animaux, la complicité qui affleure chez un grand-père bourru, l'envie de liberté et les peurs de l'enfant. Mais cet enfant là a d'autres raisons d'avoir peur, la violence et la mort tellement proche.

Souvenirs d'un enfant précocement chargé de responsabilité et d'un voisinage périlleux avec la mort, ces fragments de mémoire, allers-retours dans le temps, forment un parcours clair, la construction d'un homme, une voie et une voix. Un premier roman qui donne envie de continuer à suivre cette voix.

"23.07.07
Mon chien et ma mère se ressemblent. Ils font les mêmes crises d'épilepsie sur le tapis de la chambre ou sous la table de la cuisine.
Mon chien a mordu le fil électrique de l'aspirateur de ma mère un jour de ménage. Logiquement il a tout pris dans la gueule. Ma mère est morte avant mon chien. J'ai le faible espoir qu'il passe au travers, la pensée magique que tout va s'arranger puisqu'on m'a déjà pris ma mère."

"15.04.08
Je lui ai dit que je veux qu'elle me fasse un masque et une cape de Zorro. Ma grand-mère prend un vieux jean et elle taille dedans. le premier soir, j'attends qu'il fasse bien noir et je passe le muret derrière la maison, juste devant le fossé. Je m'arrête pile à l'endroit du persil qui pousse contre le mur de la maison. Là où j'ai l'habitude de pisser. L'obscurité est totale. Est-ce qu'on voit les étoiles ? J'essaie de rester le plus longtemps possible dans le noir avec mon masque et ma cape sur le dos. Je ne bouge pas. J'écoute mon courage gronder."
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Des dizaines de vignettes expurgent une enfance de violence domestique et de tendresse obscure.

Ce premier roman de Manuel Candré, à paraître le 30 août 2012 chez Joëlle Losfeld, impressionne par sa violence subtile.

Sous forme de dizaines de vignettes plus ou moins longues, telles que pourraient s'écrire les verbatims issus de séances de psychothérapie, le narrateur dévoile, dans le désordre, mais selon une savante construction littéraire, des bribes de son enfance agitée, entre maladies des proches, omniprésence des morts, explosions de violence et de brutalité parentales, souvent noyées dans une épaisseur d'alcool effrayante...

Et pourtant... Une obscure tendresse perce bien dans la colère qui sourd du narrateur tout au long de ces réminiscences aux allures passagères de confessions. "Faire parler" rétrospectivement les enfants est un art littéraire difficile, dont Manuel Candré, à l'instar jadis du James de "Ce que savait Maisie" ou plus récemment du très réussi "Je n'ai pas peur" de Niccolo Ammaniti, se sort avec brio.

Même si ce récit ne représente pas exactement mon "genre de beauté" personnel, j'en sors impressionné.

"Ce jour-là, il fait beau et la fenêtre est grande ouverte. le voisin Boulet passe la tête pour dire bonjour. C'est un petit vieux tout sec avec un béret. Boulet, il est d'humeur à faire des blagues. Il a vu que mon grand-père tient une bonne caisse et, planté devant la fenêtre, les deux mains sur les hanches, il crie, feignant l'indignation. Quoi ? Toi, Candré, un communiste, tu manges des raviolis, ce plat de Mussolini. Mon grand-père s'empourpre, une position intenable se fait jour dans son esprit envapé. Il se lève comme un ours, Oh Bon Dieu, Boulet, t'as raison, prend l'assiette et la fout tout entière par la fenêtre. Puis il se retourne vers ma grand-mère, exultant du soulagement éprouvé. Boulet pleure littéralement de rire dans le jardin, ma grand-mère fume de rage. Cette histoire, et quelques autres, faisaient la fierté de la famille. Être ivre, de gauche, si possible impulsif, tout ça définit une sorte de patrimoine familial qu'on peut revendiquer la tête haute. Les raviolis de pépé, c'est un peu la Mona Lisa des Candré, un chef-d'oeuvre qui contient tous les principes du maître. Mon père aimait m'en raconter une autre impliquant mon grand-père et sa mère. Une histoire dégueu avec un suppositoire qui vole et des harengs qui cuisent dans la cheminée... Une de mes préférées avec celle des raviolis."
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je l'ai lu d'une traite
il m'a bouleversée par sa cruauté douce et la façon de raconter une enfance. , il n'y a pas de "suivi" mais comme c'est bien expliqué ! on vit ses tortures, ses petites joies et surtout ses souffrances d'enfance puis d'adolescence.

comme c'est bien écrit et que cela change de tout ce que j'ai pu lire sur les enfances douloureuses jusqu'à présent!
il y a de l'humour, il y a de la tristesse, du chagrin, de la fatalité et de la cruauté. je répète volontairement ce mot car c'est ce qui m'a le plus frappé. Et puis ce naturel pour raconter les pires atrocités, je pense entre autres à sa chienne. je pense à son père retenant son vin (ceux qui l'ont lu comprendront ce passage), je pense au chaton, je pense à ses parents, ses grands-parents et ce gamin au mieux de tout cela?
bref, Manuel Candré vous êtes un très bon conteur. Vous m'avez vraiment époustouflée, bravo!
j'espère que vous écrirez d'autres histoires, ou alors ce roman était une thérapie? et vous vous arrêterez là?
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Ce premier roman est écrit sous la forme d'un journal. L'auteur se remémore des souvenirs de son enfance, principalement avec les membres de sa famille. Il évoque les violences physiques et verbales très courantes qui ont cours dans cette famille. Il y est aussi beaucoup question de deuil : sa mère décède quand il est encore enfant, puis ses grands-parents et enfin son père, qui meurt après une longue descente dans l'enfer de l'alcool.
Ce journal, sorte de thérapie du narrateur, présente un style décousu : les souvenirs ne sont pas racontés de manière chronologiques, le lecteur peut avoir des difficultés pour imaginer l'âge de l'auteur au moment du souvenir qu'il évoque.
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Un sujet poignant, une lecture agréable, quoique parfois entravée par le style, pas assez structuré à mon goût, à la limite de l'incompréhension grammaticale (mais gustibus et coloribus...). Je sais que ce genre de style peut plaire à un certain public, disons, pour schématiser très grossièrement, un public qui ne jurerait que par Verticales, Arléa, ou Allia...(que j'apprécie aussi par ailleurs).
Ce qui est étrange, c'est la persistance de ce texte en mémoire : comme un bon vin, il continue à diffuser ses arômes bien après qu'on a refermé la dernière page.

je dirais pour conclure que l'auteur n'est peut-être pas encore parvenu à maturité de son écriture : on sent la poésie qui affleure, quelques belles tentatives...il suffirait de peu pour faire un très beau livre. On attend les suivants...
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critiques presse (2)
Bibliobs
05 novembre 2012
Beau travail de composition éparse, en résonance avec les caprices de la mémoire.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lhumanite
29 octobre 2012
Manuel Candré compose avec ce premier roman un texte poignant et juste, un des beaux moments de cet automne.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Bien sûr que mon père n'a pas collé cette tumeur dans la tête de ma mère mais pour le reste il l'a conduite par la main jusqu'au gouffre et il l'a gentiment poussée, tout ça par amour. La frustration à ce point-là ça rend dingue le sentiment qu'on est promis à autre chose forcément, et qu'on ne lève pas, ne serait-ce que le petit doigt, pour sortir de l'ornière et qu'au contraire, par l'inertie ou la rage tournée, on s'enfonce un peu plus à chaque coup de manivelle. Parce qu'on refuse le labeur, parce que ça signifie qu'on est laborieux et tout le corps mû par quoi, on ne sait pas, refuse cette aliénation, refuse d'être collé à la terre, ce corps il veut voler, il rêve à voler tout le temps mais il ne sait pas donner l'impulsion car rien que ça, c'est la fin des illusions par un retour de gravité. Mon père était ça. Il était pétri des rêves de grandeur qui vous interdisent de faire quoique ce soit. Cloué au sol par la toute-puissance, remâchant l'impuissance, la vie ratée scotchée sur un lit dans une cuisine à fumer des cigarettes en regardant le plafond avec la radio qui lui fait comme un cercueil. Alors tu penses ma mère avec sa boule dans la tête qu'est ce qu'elle y pouvait ? Rien de rien. Mourir, c'est tout ce qu'elle pouvait.
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Je suis là, les mains jointes, posté en une sentinelle anxieuse, à la frontière du royaume des morts. Je me tiens là, attendant qu'elle revienne.
Ne sachant plus si j'appartiens aux vivants car aussi bien je suis ce fantôme.
(p. 97)
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Mon Dieu, je suis un meurtrier de poule. Quand on arrive sur les lieux du crime, la poule s'est remise sur ses pattes et elle titube. Ses yeux sont encore voilés. Ma grand-mère la prend dans ses bras et la caresse un moment. Cette fois-ci, j'ai eu chaud, j'échappe à un invraisemblable sentiment de culpabilité.
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Mon Dieu, je suis un meurtrier de poule. Quand on arrive sur les lieux du crime, la poule s'est remise sur ses pattes et elle titube. Ses yeux sont encore voilés. Ma grand-mère la prend dans ses bras et la caresse un moment. Cette fois-ci, j'ai eu chaud, j'échappe à un invraisemblable sentiment de culpabilité.
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Video de Manuel Candré (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Manuel Candré
Manuel Candré - Le portique du front de mer .Manuel Candré vous présente son ouvrage "Le portique du front de mer" aux éditions Joëlle Losfeld. Rentrée littéraire janvier 2014. http://www.mollat.com/livres/candre-manuel-portique-front-mer-9782072528408.html Notes de Musique : Fritz Reiner - Brahms - Symphony No. 3 in F Major, Op. 90: Poco allegretto
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