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EAN : 9782072528408
160 pages
Joëlle Losfeld (16/01/2014)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Joao, Lucio, Ray Mayo et M. sont les personnages fatigués de R., cité balnéaire ensablée, à l'abandon, dans laquelle la léthargie semble avoir remplacé jusqu'à l'atmosphère. Entre la chasse aux raies des sables, les parties de I.Go, les bières et les fritures de poulpe au Zanzibar, la vie pourrait s'y écouler sans heurts, si on excepte, toufois, les mirages fantastiques qui viennent troubler l'horizon aux confins du désert. Jusqu'au jour où l'un d'eux disparaît. Com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai rêvé que j'avais lu un livre.

Dans la station balnéaire de R., «tombée en désuétude bien que d'inspiration moderne», les journées de M., le narrateur, et de ses amis, Joao, Ray Mayo et Lucio, semblent s'enliser dans des heures trop chaudes, dans un espace connu qui brutalement se dissout, entre l'océan et le désert dont soudain semblent sourdre des menaces diffuses.

Accablés de chaleur, ils partent dans le désert chasser les raies des sables, et se retrouvent en ville, égarés et flottants, se rassemblant toujours au café «Zanzibar», devant des bières et des fritures de poulpe – le seul espace familier et stable du récit. A l'instar des mirages aux apparitions de plus en plus fréquentes aux limites de la ville, dont ils sont les témoins, les projets de M. - écrire, lancer une revue de poésies électroniques – lui coulent entre les doigts comme des poignées de sable.

«J'ai l'écho diffus d'une anesthésie qui me gagne moi aussi pas à pas. Je ne sens pas que quelque chose est tapi qui va découdre l'univers plaque à plaque.»

Visions nées de la rencontre avec «Vermilion Sands» de James Graham Ballard, Manuel Candré fait se lever dans ses lignes un univers aux dimensions instables, une succession de somptueuses peintures mentales. Et dans l'égarement de ces rêves éveillés, même les couleurs du monde semblent désorientées.

«J'ouvre les rideaux, éloignant les pans jumeaux, et prends aussitôt le souffle mandarine en secousses alternées. La pièce – je me retourne à cet instant après avoir récupéré – baigne en majesté pourrie. Je regarde par la fenêtre, les arbres, tout a pris la couleur de l'air saturé. Au loin, l'océan tire sur le violet, respire calmement son chant sombre.»

Il faut accepter de s'abandonner à cette narration hypnotique. "Le portique du front de mer" semble se dissoudre dans sa propre lecture, un livre évanescent, semblable à un mirage.

«J'entends le vent. Mes amis. Ils sont encore là pour la plupart. Mais ils vont bien finir par disparaître car c'est ce que je fais toujours. Je fais disparaître mes amis. Je les dissous dans des récits. En posant des univers que je regarde s'effondrer.»
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"Le Portique du front de mer" ouvre sur un univers mal défini par des critères habituels : une station balnéaire abandonnée, un désert qui la jouxte, et des personnages inattendus : quatre garçons, oisifs, et perdus dans des contemplations insolites.
L'univers, recrée par le souvenir du narrateur, enrichi par les rêves, se nourrit aux oeuvres de J.G Ballard, et tout particulièrement à mes yeux, de la face cachée du soleil, et d'IGH la forêt de cristal.
De légères touches de science-fiction caractérisent le décor (villas équipées de voiles de béton proto-sensibles, en mode non actif, car abandonnées) et pour les personnages, « un mal des plages », sorte de léthargie caniculaire oppressante, agrémentée de mirages, semblables visuellement au flou de leurs préoccupations : écrire un roman, alimenter une revue de poésie.
Les quatre garçons, réduits à l'impuissance intellectuelle, s'abandonnent à des vibrations susceptibles de leur faire connaître un monde, au risque de s'y perdre.
Des tableaux qui font penser à des titres d' Edward Hopper, donnent des précisions quasi géométriques au flou des expériences : " l'Indécis au Précis se joint"(Verlaine)

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Un impressionnant hommage poétique qui actualise Ballard en dissolution terminale et feutrée.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/02/13/note-de-lecture-le-portique-du-front-de-mer-manuel-candre/
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Ensablement d'une apocalypse par dilution, par déception, par vibration, par flottement onirique surtout dans un paysage, dans l'inventive remémoration, dissipation, de ce qu'il doit à Vermilon Sands de J.G Ballard. Au seuil du monde, du solipsisme, du mirage, au plus près de l'incertain de nos perceptions, de la solitaire hallucination qu'est leur mise en écriture, Manuel Candré déplie l'atmosphère de cette cité balnéaire à l'abandon, le désert qui la cerne et la disparition d'un de l'un de ceux qui, entre deux bières, deux fritures de poulpes, hantent, un instant encore, ce décor qui insidieusement devient projection mentale, très fine spéculation sur les hoquets du temps. le portique du front de mer est un très beau roman sur les résonances mentales, les signes et autres suspendues révélations.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
Lhumanite
24 février 2014
Manuel Candré compose ainsi un roman jouant sur la nostalgie de l’optimisme architectural des années 1950 éteintes et les mirages d’un fantastique à peine décalé de notre univers quotidien, comme Michaux qui « met du chameau » à Honfleur.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les villas les plus improbables s’étaient construites au cours des années passées, parsemant la ville et la côte d’une épaisse couche d’architecture flamboyante ou à l’austérité minimale, blanche et de toutes les couleurs, à étage, à demi enfouies dans le sol de sable comme des bunkers abandonnés. Beaucoup d’entre elles, pour répondre à un genre de mode, étaient de nature protensensibles, c’est à dire que l’ensemble des portants réagissait à la chaleur ou aux émotions de leurs occupants.
(…)
Joao nous dit une fois avoir assisté à la mort d’une de ces maisons, mais je ne saurai lui donner crédit de tout. L’une d’elles, particulièrement, qui s’était effondrée sur ses occupants, repliant dans une crispation réflexe ses voiles de métal, broyant en une seconde une famille de six, la mère, le père et quatre enfants. On ne sut pas dire ce qui avait pu provoquer ce repli fatal amis dès lors on considéra qu’il valait mieux solder l’engouement pour les villas protosensibles et pour ce qui restait de ces dernières les figer de manière irréversible en mode non actif. À partir de ce moment, la ville s’empesa d’une langueur croissante, que vint alimenter le mal des plages à sa façon, par exemple on se promenait dans les rues mais plus rien ne respirait, tout s’était figé dans un silence pénible que rien ne venait plus faire fibrer. Jamais.
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Il peut arriver à un chasseur imprudent de se perdre pour de bon, et de gésir prostré sous le cadavre de la raie qu’il est venu abattre, cuisant à l’ombre de ses nageoires immenses, les membres inférieurs brûlés par le sable bouillant, attendant là qu’on vienne le secourir ou la nuit pour revenir à pied, parfois aussi mourir, seul avec le cadavre de la raie comme dernier parasol.
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- "Des centaines de raies des sables tournoyaient autour de l’île, dans l’air saturé de silence, accompagnant la symphonie de sable et de roches.[…] nous vîmes l’île disparaître totalement dans un remous bouillonnant de verre pilé et entraîner dans son sillage un pan du réel, dessinant dans le ventre de l’horizon, ligne stable entre deux plans, une large écorchure sombre."
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Video de Manuel Candré (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Manuel Candré
Manuel Candré - Le portique du front de mer .Manuel Candré vous présente son ouvrage "Le portique du front de mer" aux éditions Joëlle Losfeld. Rentrée littéraire janvier 2014. http://www.mollat.com/livres/candre-manuel-portique-front-mer-9782072528408.html Notes de Musique : Fritz Reiner - Brahms - Symphony No. 3 in F Major, Op. 90: Poco allegretto
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