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EAN : 9782251200057
96 pages
Les Belles Lettres (25/08/2010)
4/5   3 notes
Résumé :
« La belle mécanique n'a pas fonctionné comme prévu. Le suffrage universel, finalement conquis (plus ou moins tard selon les pays et en Italie presqu'en dernier), a déçu trop souvent ceux qui s'étaient battus pour lui et n'a pas produit les effets espérés. Au contraire, les urnes ont servi à légitimer des équilibres, des classes, un personnel politique presque immuable - et peu importe si ce dernier est diversifié et divisé.
Et si le vrai pouvoir était ailleu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Démocratie = pouvoir du peuple ? N'est-ce pas une équation un peu rapide ? Professeur de philologie grecque et latine à l'université de Bari, Luciano Canfora a publié, il y a quelques années, un essai remarqué où il dénonçait le mythe de l'invention grecque de la démocratie et le discours de célébration de ce régime à travers les siècles. Avec ces dix méditations publiées dans une nouvelle collection dirigée par Jean-Claude Zylberstein, il poursuit sa critique des "systèmes parlementaires-électifs" en questionnant cette fois l'opposition scolaire entre démocratie et tyrannie.
Sa réflexion part d'une remarque du philosophe communiste italien Antonio Gramsci (1891-1937), avancée lors de la mort de Lénine en 1924 : "Tout Etat, écrivait-il, est une dictature (...) d'un petit nombre d'hommes qui, à leur tour, s'organisent autour de l'un d'entre eux." Canfora entend montrer que cette phrase s'applique parfaitement aux démocraties contemporaines. Elles ne sont, selon lui, que des oligarchies où règnent des professionnels de la politique séparés du peuple, à moins que le vrai pouvoir n'y soit détenu par les puissances d'affaires. Les Parlements tendent aussi à devenir des chambres d'enregistrement des décisions du pouvoir exécutif. Enfin, de Machiavel à Max Weber, la théorie politique enseigne depuis longtemps que les Etats, même démocratiques, sont toujours fondés en définitive sur la force, même si les "élites dominantes" n'ont plus désormais besoin d'en "faire étalage". le pluralisme apparent des luttes électorales n'y change rien, comme en atteste aujourd'hui le cas italien. Dans ce cas extrême, le "monopole de la parole" par Berlusconi a permis, selon Canfora, l'avènement d'une "nouvelle forme de fascisme" d'autant plus "originale et sophistiquée" qu'elle repose, comme dans toute démocratie, sur le théâtre du consensus.

D'Hipparque et César à Napoléon, Mussolini ou Staline, Canfora évoque aussi plusieurs figures de tyrans de l'Antiquité et de chefs politiques contemporains. Il suggère qu'il existe des tyrannies plus démocratiques que d'autres. Ici encore, les frontières se brouillent entre régimes. Aussi, plutôt que d'opposer tyrannies et démocraties, il vaut mieux, selon l'auteur, apprendre à distinguer entre diverses formes d'oligarchies. Un ordre politique moins hypocrite que ne le sont les démocraties actuelles ne pourrait advenir, conclut-il, que si les classes dirigeantes ne croient plus en leurs vertus.



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Le philologue Canfora déploie ici un arsenal critique érudit pour dénoncer les méfaits des régimes démocratiques contemporains (surtout l'Italie de Berlusconi) qu'il dit corrompus et, suivant en cela Platon, dégénérés. L'analyse est courte, intéressante, mais part dans tous les sens à certains moments, au risque parfois de s'éloigner du sujet initial.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
p. 65
Un auteur de peu postérieur à Périclès (Aristote, l'auteur de la Constitution d'Athènes), et qui dépréciait le modèle Athénien, observe malicieusement qu'Athènes est au premier rang de toute la Grèce pour le nombre de festivités et de jours de fête. Et les fêtes signifient des animaux sacrifiés aux dieux, c'est-à-dire de la viande gratuite pour le peuple. Dans une société archaïque (et notoirement pauvre) cela aussi est une ressource politique essentielle.
En définitive, l'approbation du peuple n'était pas "achetée" mais obtenue par des moyens qui comportaient aussi une évidente utilité sociale. C'est sur ce solide consensus que Périclès a fondé sa suprématie, qu'il faisait confirmer régulièrement en se faisant élire stratège; et cela avec une continuité qui suggérait à Thucydide l'idée de princeps et à ses adversaires l'ombre terrifiante du "tyran". Tout le reste, qui apparaît à Thucydide comme ses qualités essentielles, en découle: sa parole à contre-courant; sa capacité d'affronter une baisse de popularité; "guider, plutôt que se laisser entraîner".
Au siècle suivant, Démosthène, lecteur attentif des livres de Thucydide, a voulu se poser en nouveau Périclès. Il parle à la manière de ce dernier et imite le style pédagogique de son art oratoire, mais il sait que désormais la corruption est appréciée au lieu d'être traînée devant les tribunaux; "Si l'on avoue sans détour que l'on vole, le peuple rit avec complaisance (Démosthène, Troisième philippique, 39). Le politicien corrompu, donc riche et donc puissant, suscite l'admiration et le désir de l'imiter: de faire comme lui et - sait-on jamais? - de devenir comme lui. La parole victorieuse, celle qui emporte l'adhésion de la "multitude", commençait à ne plus être indispensable.
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