AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Patrice Repusseau (Traducteur)
EAN : 9782869302914
53 pages
Payot et Rivages (01/11/1989)
  Existe en édition audio
3.7/5   169 notes
Résumé :
"Il y a tout le bonheur d'un récit qui vous brouille le regard de larmes et le cœur d'émotion. Un grand, un très grand petit livre." Michèle Gazier, Télérama.
"Une merveille d'à peine cinquante pages, toute en émotion contenue, qui nous touche secrètement, durablement." Michel Braudeau, Le Monde.
Que lire après Un été indienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 169 notes
5
6 avis
4
13 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis
Pour scolariser Bobby, ses parents ont quitté la ferme familiale sur les contreforts des Alleghanys (Virginie Occidentale). Ainsi un triste matin, le coeur brisé, le jeune garçon a dit adieu à la maison de son enfance et à ses grands-parents qu'il aimait. " On ne se donna jamais la peine de retourner là-bas ... mais peut-être qu'un jour, avant de mourir, j'y retournerai y vivre. "

En quelques pages, Truman Capote nous émeut en profondeur. Arraché brutalement de ses racines et sans retour, son jeune héros connaît (pour lui, un traumatisme indélébile) ce que nous mettons souvent des années à vivre ; pour beaucoup, la fin de l'enfance heureuse et insouciante dont faisaient partie des maisons familiales et nos chers grands-parents.

Issu du passé, l'héritage constitutif et fondateur de notre être qui ne peut disparaître. Tel le secret du grand-père de Bobby : " Vivre, laisser vivre et prendre plaisir à la vie, tout cela faisait partie du " secret " de grand-père ; recevoir l'amour et le partager. "

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Commenter  J’apprécie          810
Un été indien est ma première incursion dans l'univers de Truman Capote. Il s'agit d'une nouvelle qui raconte au travers des yeux d'un enfant, Bobby, comment celui-ci dut quitter la maison de son enfance en Virginie-Occidentale, sur les contreforts des Alleghanys, au fin fond de la campagne, laissant derrière lui ses grands-parents à jamais.
Ce départ était contraint et forcé, quitter la maison transmise pourtant de génération en génération, mais le père disait qu'il n'y avait pas le choix, c'était comme cela il fallait chercher du travail ailleurs. Ici ce n'était plus possible. Et puis Bobby était désormais en âge d'aller à l'école...
Partir de l'autre côté des montagnes, malgré le chagrin de la grand-mère, malgré les larmes de l'enfant, malgré le silence douloureux du grand-père qui voudrait confier à son petit-fils un ultime secret, comme un sortilège posé au bord du monde...
Un été indien est un voyage sans retour, sans retour vers le pays de l'enfance derrière les montagnes, un pays d'où l'on ne revient jamais.
En cinquante-trois pages, l'auteur dit cette émotion contenue dans les yeux humides d'un enfant qui regarde dans le rétroviseur un monde se refermer pour jamais dans le silence des souvenirs.
Ce sont les mots d'un enfant qui nous touchent secrètement, car derrière ces montagnes il y a les paysages, les êtres chers que nous avons laissés derrière nous.
Si les parents savaient la cruauté et le chagrin que les départs déversent dans le coeur des enfants, continueraient-ils toujours de partir vers quelque chimère improbable ?
Il suffit d'une photo pour réveiller un songe, se souvenir du chant d'un ruisseau où un grand-père les pieds nus dans l'eau s'apprêtait à révéler à l'enfant un secret qui pouvait éviter le désastre du monde.
Longtemps après, le secret apparaîtra comme une évidence...
J'ai été touché par ce récit épris de pudeur et de justesse, un texte qui résonne comme une petite musique belle et emplie de nostalgie.
Lecture à savourer les pieds nus au bord d'un ruisseau...
Commenter  J’apprécie          599
Tourner une page dans le cours de sa Vie n'est pas si anodin !
Truman Capote décrit avec justesse, pudeur et beaucoup de nostalgie ce passage douloureux à travers l'enfance de Bobby, le narrateur. Quitter ses grands-parents parce que l'herbe est plus verte ailleurs, parce que ses parents en ont décidé ainsi ! De l'attachement à… l'arrachement.
C'est pour toi Bobby, pour ton Avenir !
Troquer la chaîne de l'héritage contre le rêve américain. Vivre cet instant comme un déchirement et des années plus tard…se retourner sur ce passé. Comme des boules de billards qui heurtent les rebords de notre âme et finissent par atteindre l'abîme de nos regrets !
Commenter  J’apprécie          601
De nombreuses années séparent Bobby de la ferme de son enfance en Virginie Occidentale. Mais les moments de ce départ teinté d'une profonde tristesse, alors qu'il n'était qu'un petit garçon se préparant à rentrer à l'école, lui reviennent et emplissent les quelques pages de cette nouvelle.

Les lignes simples et limpides de Truman Capote laissent entrevoir la peine d'un grand-père qui mesure tout le vide que laissera derrière lui l'absence de son petit-fils qui va partir de l'autre côté de la montagne. Il demande alors au petit Bobby de rester dans ses souvenirs et l'implore de revenir le voir pour partager un secret. Les larmes et le regard triste émergent des pages.
Le père a décidé d'offrir à son fils la liberté, une vie meilleure que celle tirée de cette terre familiale. Un départ caché qui précipite les deux derniers jours de partage entre le grand-père et Bobby. La grand-mère était aussi dans l'ignorance mais comment peut-on ne pas ressentir ce vide imminent qui va les assaillir ?
C'est au bord d'un ruisseau où les roseaux s'agitent que Bobby allait vider son trop plein de chagrin et c'est donc là qu'il retrouve son grand-père qui lui fait promettre de lui envoyer un petit mot chaque semaine.

Une photo sur la commode, des yeux rougis, une main qui esquisse un au revoir. Tout le dépouillement de ce texte très bref renforce la douleur des départs, la fin d'une page de l'enfance, la distance qui sépare la famille, une terre qui ne sera plus pour la future génération, le vieillissement prématuré face à l'absence.

C'était lors d'un été indien qui prenait fin en laissant place à un air glacial puis à la neige.
Commenter  J’apprécie          322
Comme beaucoup, ma connaissance de Truman Capote se limitait à "De sang-froid", journalistique et glaçant. Je n'aurais jamais imaginé que l'auteur donnait également dans le registre de la pure émotion...
"Le jour où je dus quitter la maison de mon enfance en Virginie-Occidentale, sur les contreforts des Alleghanys, fut l'un des plus tristes de mon existence."
Ainsi commence cette nouvelle.
C'est que le narrateur ne quitte pas seulement une maison : le déménagement voulu par ses parents l'éloigne aussi de son environnement familier, là où, toute son enfance, il a pêché dans la rivière et s'est baladé à travers champs.
Et puis surtout, il est séparé de son grand-père.
Cette nouvelle d'une cinquantaine de pages est avant tout le portrait d'un grand-père, de la relation pudique mais forte entre lui et son petit-fils, du déchirement du départ qui fait quitter l'enfance.
L'échange de lettres entre l'enfant qui sait tout juste écrire, et ce vieil homme discret, taiseux, est particulièrement poignant.
Et terrible.
À peine cinquante pages, et tout est dit sur la très grande solitude de la vieillesse.
Traduit par Patrice Repusseau.
Challenge USA : un livre, un État (Virginie-Occidentale)
LC thématique juin 2023 : "L'auteur est un homme"
Commenter  J’apprécie          308

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Grand-père ne quittait pas son état de torpeur car il sentait bien qu'il se tramait quelque chose. Il ne parlait plus à personne et boudait dans son coin. Il réagissait toujours ainsi lorsqu'on lui cachait ce qui n'allait pas. Quand le problème s'aggravait, ce qui ne manquait jamais d'arriver, il finissait par être au courant ; et alors il me prenait sur ses genoux, m'installait confortablement et m'exposait son point de vue sur la situation.
Commenter  J’apprécie          220
... je sus que j'entrais dans un autre monde que celui que je pouvais découvrir de la maison, et aussi que j'étais parti pour un long voyage. il ne s'agissait plus d'aller en ville, cette fois, mais beaucoup plus loin ; un voyage comme j'en avais jamais fait.
Commenter  J’apprécie          346
Le silence immobile de l'automne était dans l'air. Grand-père ne quittait pas son état de torpeur car il sentait bien qu'il se tramait quelque chose. Il ne parlait plus à personne et boudait dans son coin. Il réagissait toujours ainsi quand on lui cachait ce qui n'allait pas. Quand le problème s'aggravait, ce qui ne manquait jamais d'arriver, il finissait par être au courant ; et alors il me prenait sur ses genoux, m'installait confortablement et m'exposait son point de vue sur la situation.
"Bobby" m'annonça-t-il un vendredi soir, "j'ai un secret que je voudrais te confier un de ces jours." Les yeux baissés, à petits traits vifs, il esquissait des formes dans le sable avec ses orteils. (...) Je ne détachais pas mes yeux de son visage, cherchant son regard mais, la tête penchée en avant, il continuait de fixer ses pieds nus d'un air perplexe.
"Tu vas bientôt partir. Tu me manqueras quand tu ne seras plus là. Tu vas aller vivre avec des gens que tu ne connais pas et je veux que tu te souviennes de moi et de mon secret. Reviens me voir un de ces jours et on le partagera ce secret." Puis il me regarda ; il avait l'air tellement triste !
Les larmes lui montèrent aux yeux et je sus qu'il devait être rongé par le chagrin. J'étais là, incapable de faire un geste : je ne l'avais jamais vu pleurer.
Commenter  J’apprécie          30
Je trouvai grand-père assis au bord du ruisseau. La pipe à la bouche, il observait l’eau. Elle glissait sans bruit sur les pierres en formant des rides, ou allait se prendre en gargouillant dans une petite branche. Les roseaux se balançaient au moindre souffle d’air ; aussi loin que je me souvienne, le vent jouait toujours dans ces roseaux. Grand-père ne faisait rien. Il se contentait de regarder l’eau fuir en de minuscules tourbillons qui finissaient par disparaître derrière le coude du ruisseau.
Commenter  J’apprécie          40
Maman entra à son tour et j'entendis le moteur démarrer. Tandis que la voiture s'éloignait sur le chemin, je pressai mon visage tout barbouillé de larmes contre la vitre arrière et enlevai la buée. Je reverrai toujours grand-père debout dans la cour agitant la main pour me dire au revoir. La neige voilait les arbres et les bois. Je distinguais à peine la maison - un filet de fumée s'échappait, aussi avalé par le ciel neigeux.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Truman Capote (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Truman Capote
En mai, ce qui nous plaît, c'est de lire de bonnes bande dessinées : de celles qui nous emportent, qui nous bouleversent, qui nous renversent. Voici donc venue la fin du Chant des Asturies. le tome 4 signe la conclusion d'une oeuvre majeure de l'histoire de la bande dessinée espagnole. Vous découvrirez aussi le retour de Truman Capote à Garden City, la ville où se sont déroulés les meurtres qu'il a explorés dans de sang-froid. Et parmi les nouvelles éditions : Sophie, oeuvre majeure de Muñoz et Sampayo, sera enfin réédité. Et trois titres rejoignent notre collection de poche : Les Ignorants, Martin Eden et Sang Noir.
+ Lire la suite
autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (406) Voir plus



Quiz Voir plus

Truman Capote

Truman Garcia Capote (nom de naissance Truman Streckfus Persons) est né à la Nouvelle-Orléans en ...

1904
1914
1924
1934

10 questions
113 lecteurs ont répondu
Thème : Truman CapoteCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..