Un été indien est ma première incursion dans l'univers de
Truman Capote. Il s'agit d'une nouvelle qui raconte au travers des yeux d'un enfant, Bobby, comment celui-ci dut quitter la maison de son enfance en Virginie-Occidentale, sur les contreforts des Alleghanys, au fin fond de la campagne, laissant derrière lui ses grands-parents à jamais.
Ce départ était contraint et forcé, quitter la maison transmise pourtant de génération en génération, mais le père disait qu'il n'y avait pas le choix, c'était comme cela il fallait chercher du travail ailleurs. Ici ce n'était plus possible. Et puis Bobby était désormais en âge d'aller à l'école...
Partir de l'autre côté des montagnes, malgré le chagrin de la grand-mère, malgré les larmes de l'enfant, malgré le silence douloureux du grand-père qui voudrait confier à son petit-fils un ultime secret, comme un sortilège posé au bord du monde...
Un été indien est un voyage sans retour, sans retour vers le pays de l'enfance derrière les montagnes, un pays d'où l'on ne revient jamais.
En cinquante-trois pages, l'auteur dit cette émotion contenue dans les yeux humides d'un enfant qui regarde dans le rétroviseur un monde se refermer pour jamais dans le silence des souvenirs.
Ce sont les mots d'un enfant qui nous touchent secrètement, car derrière ces montagnes il y a les paysages, les êtres chers que nous avons laissés derrière nous.
Si les parents savaient la cruauté et le chagrin que les départs déversent dans le coeur des enfants, continueraient-ils toujours de partir vers quelque chimère improbable ?
Il suffit d'une photo pour réveiller un songe, se souvenir du chant d'un ruisseau où un grand-père les pieds nus dans l'eau s'apprêtait à révéler à l'enfant un secret qui pouvait éviter le désastre du monde.
Longtemps après, le secret apparaîtra comme une évidence...
J'ai été touché par ce récit épris de pudeur et de justesse, un texte qui résonne comme une petite musique belle et emplie de nostalgie.
Lecture à savourer les pieds nus au bord d'un ruisseau...