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Laurent Lombard (Traducteur)
EAN : 9782864245711
62 pages
Editions Métailié (09/03/2006)
4.33/5   21 notes
Résumé :

Massimo Carlotto
Rien, plus rien au monde

Abrutie d'alcool et de télévision, lasse de sa vie, elle a reporté tous ses espoirs sur sa fille, et elle sombre dans la folie la plus noire. De cette tragédie, on ne connaît que son monologue intérieur banal et délirant qui nous dit la fin de la classe ouvrière, la cohabitation difficile avec les immigrés, le manque de travail, la difficulté à joindre les deux bouts quand on n'est plus producti... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
On va l'appeler Mme BO (B de banale, O d'ordinaire). Mme BO habite Turin, mais elle pourrait vivre tout aussi bien à Toulouse, Düsseldorf, Namur ou Rotterdam, ça serait la même histoire...
Les Mme BO occupent des deux-pièces-cuisine dans des quartiers populaires. Elles comptent leurs sous en pistant des promos dans les Discount's. Elles baisent avec leurs maris-ouvriers le samedi soir et/ou le dimanche après-midi entre le dessert et le match de foot. Elles rêvent de vies meilleures pour leur progéniture parce qu'elles n'y ont pas eu droit. Elles font du lèche-vitrine dans les rues commerciales, les larmes aux yeux en fixant l'inaccessible. Leurs Dieux répondent aux noms de Télé et Bouteille. Elles regardent, le dos courbé par les petits boulots successifs, à travers leurs fenêtres, encadrés de rideaux-polyester, un avenir sans perspectives...

Mme BO de Turin et son mari Arturo ont un beau brin de fille de vingt ans ("ses grandes jambes, son 95C et son cul d'enfer") qui risque de devenir, un jour, une deuxième Mme BO (horreur !). Maman BO a donc décidé que la gamine avec son physique avantageux a intérêt à se lancer dans une carrière de télévision. Mais la jeune fille, peu sensible aux suggestions de sa mère, vit, portable super-glué à l'oreille, en jeans et baskets, sa propre petite vie.
Or une fameuse goutte importune va faire basculer les destins...

Dans un long monologue d'une soixantaine de pages, "Mme BO" passe sa vie en revue et nous assistons, glacés par tant de noirceur, à l'acte de folie de cette mère de famille.
Un texte percutant avec la puissance d'un uppercut !
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Dans la région du Piémont en Italie, à Turin plus précisément, une femme de ménage de 45 ans se lamente sur ce que sont devenus ses rêves de jeunesse et passe au crible sa vie minable. Une femme sans la moindre classe devenue alcoolique par désenchantement.
Son mari, Arturo, après 16 ans de bons et loyaux services chez Fiat au poste de métallurgiste, est maintenant magasinier. Sa file de 20 ans, en qui elle fonde tous ses espoirs pour ne pas avoir plus tard la même vie malheureuse qu'elle, est un garçon manqué malgré ses jolies mensurations. Mensurations qui font espérer à sa mère qu'elle deviendra un jour une valletta. Mais la fille ne l'entend pas de cette oreille : jouer les potiches à la télé, même pour une bonne paye et un riche mari à la clé, très peu pour elle. Mieux vaut sa bande de copains et son petit boulot minable.

Cette famille piémontaise pourrait très bien être une famille de beaufs bien de chez nous : toujours à chasser les promos des discounts (sauf pour l'alcool, les cigarettes et le café au bistrot ! ), très raciste et vivant dans un foyer où la télé réalité est la seule source d'instruction !

Il faut attendre les dernières pages - et avec 50 pages à lire ça vient vite - pour avoir un regard extérieur sur ce personnage principal. Mais même avant, on comprend vite que "quelque chose" ne va pas chez cette femme complètement aigrie et pleine de regrets. On sent bien sa rage à travers son langage désabusé et "fleuri".
J'ai retrouvé le portrait que Jean-Louis Fournier avait fait des familles pauvres dans "Les mots des riches, les mots des pauvres". En revanche, dans ce récit le ton est trop grave pour qu'on puisse le qualifier d'humoristique.
Massimo Carlotto expose ici une vision très pessimiste de notre société en pleine crise financière. le tout dans un roman court et efficace !

Je remercie donc l'internaute qui m'a donné envie de le lire grâce à sa critique.
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Rien, plus rien au monde est le triste monologue intérieur d'une modeste ménagère complètement usée par une vie de routine, réduite à rêver de fortune devant les émissions people qui envahissent sa télé, coincée entre son modeste appartement et les super marchés discount voisins, délaissée par un mari qui malgré tout a plutôt l'air d'un brave gars. Sa fille sort de l'adolescence et s'amourache d'un jeune arabe, s'obstine à gaspiller le peu d'argent qu'elle gagne dans toutes les saloperies de collections accroche-gogo qui sortent, de plus en plus nombreuses, dans les kiosques à journaux. C'en est trop. Et là, le vermouth qui l'imbibe en permanence ne suffit plus à contenir la frustration pleine de rage qui couve depuis bien trop longtemps.

Ce court texte d'une soixantaine de pages est un véritable coup de poing. le style, extrêmement réaliste, colle parfaitement à l'expression de ce personnage de femme au bout du rouleau et nous met aux premières loges d'un drame ordinaire aux résonances sociales manifestes. Carlotto écrit à l'américaine : pas d'analyse pompeuse, pas de message (en apparence du moins), pas de leçon à qui que ce soit. Cette peinture incontinente d'une réalité déformée rappelle les meilleurs moments d'un Selby ou d'un Buckowski (par exemple), c'est dire.
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C'est court, férocement court, mais d'une force implacable. Tel est le triste et sombre monologue d'une mère et femme qui n'est plus que l'ombre d'elle-même.
Chronique de gens ordinaires, vivant des choses ordinaires dans un monde ordinaire et rongés à petit feu par le déclin économique de leur cité. Telle est la triste réalité de cette nouvelle qui dépeint avec réalisme et justesse les maux actuels que sont chômage, déclassement, alcoolisme d'une société dont le seul échappatoire est la téléréalité et l'adulation de lointaines beautés sensées faire rêver le pauvre et le laissé pour compte.
Ce vide culturel nous conduit à la perte. Massimo Carlotto ne prend pas mille et un détours pour nous le prouver. Si incontestablement c'est terrifiant, et dérangeant, c'est avant tout destiné à nous faire réagir.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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La narratrice raconte sa vie de famille prolétaire à Turin, son mari a perdu son job chez Fiat et les fins de mois sont compliquées. Ajoutez à cela des tensions avec sa fille de 20 ans et vous avez le tableau complet. Massimo Carlotto manie l'art du roman noir avec beaucoup de talent et c'est encore le cas dans ce court roman qui dresse le portrait d'une société Italienne peu reluisante. On sent que la mère de famille est prise dans un engrenage et on le comprend au fil des pages. le racisme, la précarité et le statut des femmes dans une société italienne qui déraille sont abordées. En peu de pages l'auteur dresse un polar réaliste et redoutable.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Rien, plus rien au monde...
Cette phrase je l'ai en moi depuis mon mariage. Le cousin d'Arturo avait joué de la guitare et avait chanté "Il cielo in una stanza" (le ciel dans une chambre) [...].
À l'époque je pensais que j'avais un avenir, que ma vie pouvait changer. J'étais jeune. Alors qu'en vingt-deux ans, cette saloperie de ciel, je l'ai jamais vu. Le plafond est toujours le même, blanc, Arturo le rafraîchit tous les deux ans et avant d'arriver au ciel, y'a encore six étages et les sabots de Mme Andreis qui, ponctuelle comme une horloge, se lève toutes les nuits à trois heures pour aller pisser.
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Oui, je me la suis méritée cette vie où les seuls rêves, tu peux les faire qu'aux chiots pendant que tu te touches. Une vie où même baiser avec ton mari, c'est une question de fric. Après son licenciement, la bite d'Arturo, elle est devenue molle. Avant, il était régulier comme une montre suisse : la nuit du samedi et le dimanche après-midi, entre le repas de midi et le début des matchs de foot, et encore il fallait que le Toro, l'équipe de Turin, joue pas à domicile.
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Arturo serait mon seul et unique homme.
J'avais ce rêve, cette fantaisie d'avoir un amant. L'dee d'aller au lit toute la vie avec mon mari me foutait un bourdon que même le vermouth arrivait pas à chasser.
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Les autres, c'est seulement un problème, des casses-couilles, et tu dois montrer les dents pour tout sinon ils en profitent et tu te fais écraser. Pour te garer, te loger, et quand tu fais la queue chez les marchands de fruits ou la poste.
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Avec les garçons, si t'arrives à éviter qu'ils se droguent et s'ils finissent pas en prison, le reste, c'est du tout cuit. Après l'école, ils vont travailler et quand ça marche pas bien à l'école, ils suivent les traces de leur père et une autre famille voit le jour. Une autre famille de minables.
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