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Critique de jjegouzo


Hervé de Carmoy s'est livré au difficile exercice de proposer non seulement un bilan de la situation américaine actuelle, mais une étude de prospective sur ses chances de compter encore dans le défi du monde contemporain, tout entier investi par la montée en puissance des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) dans l'économie mondiale. Et ce qu'il dessine, c'est rien moins que la nécessité d'une mutation, au point de comparer la présidence d'Obama à celle de Gorbatchev condamné en son temps à inventer la Perestroïka pour sauver l'URSS du naufrage.
Des signes forts viennent à l'appui de cette thèse, comme la presque disparition de General Motors en 2009, et son retournement industriel spectaculaire : GM se mit à fabriquer des voitures vertes, plus petites, plus économes, bref, une véritable révolution morale au pays de la belle américaine… Certes, l'Amérique, c'est toujours un PIB écrasant, une puissance militaire incomparable, mais une dette colossale et une armée incapable de gagner la moindre guerre, pas même celle d‘lrak. Certes, le dollar reste bien le pivot du système financier mondial et les universités américaines les plus performantes du monde. Mais la Chine talonne désormais les Etats-Unis sur ces deux terrains, sur celui de la finance en devenant le premier bailleur de fonds dans le monde, et sur le terrain de la recherche fondamentale en ouvrant à tour de bras des filières d'excellence en collaboration avec le Japon, tout comme en offrant des primes au retour conséquentes aux chercheurs d'origine chinoise exilés un peu partout en occident.
Le monde serait-il en train de tourner définitivement la page inaugurée en 1945, qui vit l'Amérique du Nord s'affirmer comme la seule super puissance de la planète ? La nouvelle donne mondiale semble l'affirmer avec force. L'emploi et l'investissement ont été captés par l'Asie Pacifique. Et ce mouvement s'est accentué du reste à la faveur de la crise financière de 2008, année qui paraît marquer la vraie entrée des nations dans un XXIème qui ne laissera pas de surprendre. En 2008 en effet, le paradigme du marché a pris le pas sur celui de la géopolitique. Et «le reste du monde» est devenu l'acteur de première importance de ce marché. Désormais, les spéculateurs ont le pouvoir de faire plier n'importe quelle puissance, qu'aucune armée ne pourra briser. La puissance est ailleurs : non pas militaire mais financière, et elle commence à prendre son nouveau visage : celui de l'Asie.
Face au défi chinois en particulier, pour Hervé de Carmoy, l'Amérique d'Obama n'a d'autre issue que de faire retour au sol américain, où les difficultés se sont multipliées ces dernières années. le poids des démographies « minoritaires » par exemple, dont la pression va aller croissante : en 2042, les minorités seront majoritaires. Quelles en seront les conséquences, dans un pays qui n'a cessé non plus de voir croître les inégalités et où toutes les richesses sont concentrées entre les mains d'une minorité Wasp ? le défi sera alors de moderniser tout l'appareil de la croissance américaine, celui de l'enrichissement des ménages aussi bien, et pour cela donc, tout son appareil politico-financier. C'est là, moins dans un repli impossible que dans l'affrontement à son destin intérieur, que les Etats-Unis trouveront l'opportunité de reconstruire leur histoire pour peser de nouveau, au rang qui est le leur, dans le nouveau concert des nations qui se met en place, certainement plus rapidement que d'aucun ne l'imagine.
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