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EAN : 9782259210294
108 pages
Plon (05/11/2009)
4/5   5 notes
Résumé :

Perdu son cœur d'épave. Eteint son cœur de cendre. Sans elle, Paris n'est plus la même ville. Son absence est la naissance de toutes les absences. Son départ a tout consumé. Alors il part vers le sud. Le train est une saignée libératrice. Il roule vers son enfance, Arles, sa ville natale. L'enfance est un refuge pour temps d'orage...

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
 
 
Recueil dans lequel, l'auteur nous entraîne
dans son voyage avec Il, Elle, leur rencontre,
leur doute, leur rupture.

Mais alors Comment recoller le verre brisé
de l'existence ?

Le bonheur serait " champ de coquelicots. "
Patrick de Carolis se questionne sur ce dont
" nous sommes faits " et sur ce que " nous
sommes ".

Alternent ensuite des réflexions sur le
Vent, le Soleil, l'Été, le Ciel.

L'auteur, enfin, nous invite à écouter " la prière
du soleil. "


Ainsi :

" I
Il a voulu partir à son tour.
Aussi brutalement
qu'elle avait décidé de le quitter.

Un voyage de courte durée.
Un tout petit exil !

Le besoin instinctif sans doute
d'ajouter sa propre distance à un éloignement subit
d'éviter les regards de compassion.

Le temps d'amortir le choc de la rupture.
Le temps de chasser de sa mémoire
un amour qui finit comme une porte qui claque.
Gommer son image.
p.9


" Effacer tout d'elle
ses yeux, son sourire, son visage.
Jusqu'à l'insolence de sa jeunesse.

Il n'a jamais pensé qu'elle se détacherait de lui.

Insouciant son coeur de lune.
Touché son coeur de cible.
Épris son coeur de sable.

Trop confiant
il a présumé de la suite
sans suite voilà tout.
Alors partir lui aussi
sans explication.
Partir pour oublier simplement
sans fracas, sans rancoeur
sans rien sinon la douleur de l'absence.

Elle a choisi Buenos Aires. le grand large.
Lui s'est cramponné au bastingage de l'Europe.
Rome, Naples, Athènes… Vols complets.
Ce sera Budapest.
p.10


" …
Comment recoller le verre brisé de l'existence ?
Ordonnance.
Délivrance.
Le futur ne s'écrit pas couleur sépia.

Alors il quitte Buda et Pest à la fois.
Il revient à son point de départ.
Elle n'est plus là.

Perdu son coeur d'épave.
Éteint son coeur de cendre.
p.15


" Sans elle, Paris n'est plus la même ville.
Son absence est la naissance de toutes les absences.
Son départ a tout consumé.

Fragile
le bonheur est un champ de coquelicots.
Le vent, seul, est maître du tableau
qu'il défait et se recompose à sa guise.
Bourrasques et tornades servent de pinceaux.

p.16


" …
Alors il part vers le sud.
Le train est une saignée libératrice.
Il roule vers son enfance, Arles, sa ville natale.

Noué par la peur de ce présent dépeuplé
sur le quai de la gare
adossé au néant
il n'ose bouger.
Peu lui importent
le parfum d'épices dans le vent
le refrain des cigales
ou les pousses du printemps.
Adieu les échappées sauvages et les regards furtifs.
Il n'a plus le goût des saveurs interdites.
Ses pensées ankylosées n'iront pas à la rencontre
de ces coeurs tapis qui attendent patiemment
derrière les murs lisses des maisons grandes
un rameau d'olivier ou un sarment d'espérance.

L'air s'est figé.
Les arbres se sont assoupis.
p.17



" II
Tout est là, en nous.
Blotti, caché.
Tout est là, apporté par le ventre de la vie.
Tout est là pour le restant de nos jours.
Incrusté, gravé.

Tout est là qui patiente :
la moindre image, le moindre son
le fracas de nos coeurs ou les douleurs muettes
ces grains de poussière silencieusement encombrants
ces brindilles crissant sous nos pas.

Tout est là qui attend son heure.
Tout ce qui a été
innocemment ignoré

négligemment oublié
volontairement enterré.
Tout.

p.21-22


" …
Nous sommes faits de tous ces livres
qui peuplent le grenier de notre solitude.
Livres lus et relus qui s'offrent en partage
et dont la seule présence nous rassure.


Nous sommes faits de fer
de soie et de champs de coton.
p.24


" Nous sommes faits du bois de ce bateau
ancré au port qui rêve de tempêtes
de ce flux et ce reflux
de cette marée qui nous ramène et nous reprend.

Nous sommes faits de ces voyages lointains
attendus mais incertains
à la fois espérés et redoutés

Nous sommes faits de tous ces inconnus
dont nous avons croisé la route
frôlé la main sans osé la prendre
de ces hommes
de ces femmes dont nous avons partagé le lit
un temps, peut-être plus.

Nous sommes faits de ces regards
qui nous ont griffés, encornés
de ces corridas permanentes
de ces flippers meurtriers
de ces journaux de 20 heures.
p.25


" …
Nous sommes faits de ces murailles
de ces forteresses
que la moindre fissure métamorphose
en frêle châteaux de sable.

Nous sommes faits de ces déserts
de ces vallées
de ces collines
de ce bleu
de ce vert.

Nous sommes faits de ces fausses libertés
chaînes de notre vanité
socle de notre orgueil.

Nous sommes faits de ces frottements lithosphériques
de ces gouttes de pluie
de ces perles de rose.
p.26


" Nous sommes ces particules
charriées par le hasard.
p.26


" Nous sommes cette contexture d'influences
obéissant aux lois de la gravitation.

Nous sommes un aimant
une boîte, un album.

Nous sommes un podium
une vitrine, un cimetière.

Nous sommes cet échafaudage vertical
grammatical, sentimental.


Nous sommes, à chaque instant, fécondés
par le pollen de toutes nos attentes.
p.27



" III
Le soir est triste
malgré les clameurs au loin sur les Lices.
p.29


Que sont devenues ces femmes au teint de nacre
ces arches célestes
ces lucarnes de l'empyrée ?
p.30



" IV
Aujourd'hui il est seul.
De nouveau seul.
Naufragé sur ce boulevard des Lices inondé de soleil.
..

Le vent pousse vers la ville une marée humaine.
Personne ne voit ni n'entend
le cri de cet oiseau aux ailes mazoutées.
p.33


" le vent s'est tu.
Le soleil cache la réalité de toutes choses.
La violence de sa lumière transperce
la cotte de mailles des feuillages protecteurs.
Sa puissance écrase l'ombre des arbres
sur l'asphalte ramolli.
Ses rayons éperonnent la peau.

Les lèvres assoiffées
ne trouvent aucun réconfort
aux fruits desséchés.

L'été se consume dans l'indifférence.
Aucune montagne de cendres
ne permet à l'homme de toucher le ciel
bien trop haut pour lui.
p.34



" V
Prendre l'allée de pas muets qui mène aux lèvres de la nuit.

Profiter des heures brunes pour habiller sa fuite.

Regarder monter
en se sentant jugé
cette boule de verre incandescent
qu'une main d'arbres brûlés ne peut plus retenir.
Écouter ce soleil dire comme une prière :
‒ Ne déserte pas ce qu'homme tu te dois.
Ton âme ne cachera pas même un puits
où se désaltérer.
p.37



" VI
Le jour qui se lève n'est pas un jour de plus.
Il est la partie manquante de son être.

Matin nouveau.
Regard naissant.
p.39



" VII
Arles…
Lieu de régénérescence.
Vase canope de la réincarnation.
C'est là que l'on vient s'étendre et se réanimer.
Arles…
Ici on vieillit vert.
p.43



" VIII
Que sont devenus les mots
déposés au pied de sa jeunesse ?
Sur quel rivage les a-t-il égarés ?

Sur le tapis de sable mouillé
ils roulent et s'entrechoquent.
Les vagues s'en amusent.
Les mots sont autant de dés
lancés après la chance.

L'écume les efface.
La plage comme la feuille redevient blanche.
p.49


" …
Mots fatigués.
Pirogues de papier qui voguent
sur les flots d'une langue morte.
Que sont devenus les mots incandescents
qui embrasent nos coeurs ?
Armée de mots.
p.50


" Soldats de la pensée.
Atomes rebelles.
Flibustiers de la parole.

Sans eux rien n'est possible.
Ils sont la clef de voûte
de la recomposition poétique de l'homme.
p.51
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Personnage public aux engagements pas toujours clairs, Patrick de Carolis est aussi et surtout ce journaliste et animateur tv qui imposa sur les chaînes publiques françaises de véritables reportages de fond sur les faits de société et sur le patrimoine culturel de notre pays.

J'ignorais qu'il fût aussi écrivain et poète. Dans Refuge pour Temps d'Orage, il propose vingt chants, poèmes en prose, qui se veulent très personnels mais sont en fait un exercice de style littéraire. L'écrivain s'imagine dans la peau d'un amoureux déçu qui se réfugie dans ses souvenirs d'enfance afin de surmonter sa souffrance.

Le résultat est assez inégal. Osant des images inédites, et grâce à sa remarquable maîtrise du verve, certains passages sont d'une grande force ; d'autres n'évoquent rien, ou au contraire tombent dans un extrême fulminant peu crédible. Le personnage du gardian et le spleen de amoureux refoulé m'ont paru artificiels et convenus, par contre l'érotisme de certains poèmes et les souvenirs personnels sur l'enfance à Arles m'ont plus touché.

Une curiosité donc, que ce petit livre, fin et séduisant, sans atteindre au chef d'oeuvre. Les références poétiques de l'auteur, que je partage, Paul Valéry, René Char, Blaise Cendrars, ne sont pas trahies, mais l'élève est encore loin de ses maîtres. Curiosité, pour moi également car il fut ma seconde expérience de livre audio. Une grande réussite de ce point de vue : la voix grave et chaude de Pierre Arditi fait merveille et habite ce texte avec talent. A noter toutefois que l'écoute de ces chants nécessite une attention soutenue, pour être appréciés sans faux sentiment d'hermétisme.
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Plus connu comme journaliste et homme de télévision,Patrick de Carolines a aussi une belle plume. Ce recueil de 2009 semble osciller tour à tour entre angoisse, passion et espoir
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un véritable chef d'oeuvre, qui explose littéralement de puissance dans sa version CD par la voix de Pierre Arditi. A croire que ce recueil a été écrit pour lui.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
I


Extrait 3

Le silence s'est accru.
Personne ne devine où il va.
Lui-même ne sait où il traîne.
Il a perdu son alphabet.
Il coud et découd
les unes après les autres
les lettres de son histoire.
Ligne après ligne
il tente de retrouver l'accès à sa mémoire
le mot de passe, la martingale gagnante.

Il marche au pas machinal d'une musique intérieure
sans songer à sortir de la répétition de ce geste immuable.

Le ciel s'est alourdi de nuages.

Il aimerait tant écarter la pluie
comme on tire les rideaux
dans un geste décidé
pour laisser pénétrer la lumière.
Les flaques d'eau sont des lacs sans fond.
Les pieds n'épousent plus le sol.
Seule une respiration imperceptible et fragile
permet la flottaison.
Ce corps de plume vogue sans voile ni gouvernail.

p.18
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I


Extrait 2

Dans la chambre le lit reste à demi vide.
Sa main caresse le drap.
Regain des jours heureux.
Il cherche la trace de son corps
l'empreinte de sa nuque sur l'oreiller.
Personne.
Solitude de l'éclopé.
Sommeil agité.
Avis de tempête force 9.
Nuit à n'en plus finir.
Ressac de la mémoire.
Résurgence des souvenirs.

Écorché son cœur d'épines.
Torturé son cœur de sang.
Trahi son cœur de pierre.

Au petit matin le vent a rendu l'âme.
Dérive affective.
Silence du naufragé.
Puis espérance de l'aube.
Mais l'horizon n'est qu'une ligne brisée.
Le jour a la couleur de la pluie.

Se lever tout de même.
L'effort est pénible.
C'est lent, c'est lourd
le poids de la tristesse.

p.11-12
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I


Extrait 1

Arrivée tardive.
Il fait froid, glacial même.
Bar de l'hôtel.
Incandescence du soir.
Réminiscence des heures chaudes.
Il pense à elle.
Il pense à ce bonheur brisé
pilé comme de la glace.
Un verre puis deux.
Mojito, cigare
Mojito encore
Bourbon Sour ensuite.
Un dernier puis un autre.
Convalescence de l'amour.

Surtout ne pas passer pour un client oublié
au fond d'un bar.
Oublié comme un objet désuet.
Savoir se retirer à temps.

p.11
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Le jour qui se lève n’est pas un jour de plus
Il est la partie manquante de son être
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I


Extrait 4

Quel est son avenir ?
Quel est son rivage ?

Quels bras ouverts l'attendent
sur le ponton introuvable de la résurrection ?

Lui, l'homme desséché au cœur assoiffé d'amour
ne refuse pas les larmes qui s'invitent.

p.19
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