AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Estelle Roudet (Traducteur)
EAN : 9782020987752
369 pages
Seuil (14/05/2010)
4.12/5   118 notes
Résumé :
1938, dans le Kentucky marqué par la pauvreté, conséquence de la dépression, et le racisme profond, la narratrice Olivia Harker, la quarantaine, s’échine à tenir avec son petit-fils William l’épicerie héritée de son père mort et héberge sa mère à moitié folle. Seule consolation, son amour payé de retour pour William et la présence des loups descendants de ceux rapportés d’Alaska par son grand-père. Mais dans l’ombre, le sinistre Arnold Phelps et sa bande font planer... >Voir plus
Que lire après Aurora, KentuckyVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 118 notes
5
6 avis
4
18 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis
J'ai l'impression de lire souvent des romans sur le quotidien misérable des américains au fin fond de leur campagne, dans le courant du 20eme siècle. Cette histoire en fait partie, avec ses masures campagnardes délabrées, et ses tacots brinquebalants, la pauvreté intellectuelle des protagonistes, l'alcoolisme, le racisme latent entre communautés.
On est au Kentucky, état rural aux populations agricoles, très marqué par la Grande Dépression, gangréné par l'affreuse mentalité du KuKluxKlan.
Autant dire que le Rêve américain et les villes prospères de l'Est sont bien loin!

La petite Olivia y vit un quotidien sordide, entre l'épicerie à bout de souffle héritée de son père, et une mère cruelle et infantile, indigne et haineuse, qui, jeune, fait des passes pour s'offrir des colifichets et finit son existence misérable dans un cabanon plus proche du poulailler.
Comment échapper à cette fatale loterie de la folie familiale des mères dénaturées et empêcher que l'histoire se répète, encore et encore?
Une longue vie qui passe, une survie faite de rencontres entre haine, rage, amertume et amour sans les mots pour le dire. Entre sa mère folle et son petit fils tant chéri, Olivia fait face envers et contre tout, maudissant ce sort et assumant ses devoirs de soutien de famille dans un quasi dénuement.

"Sans amour, il ne reste qu'un grand vide qu'on remplit avec ce qu'on a sous la main."

Un livre-témoignage sur le racisme aux Etats unis, porté par des personnages âpres et attachants. Une vision quasi documentaire de la population des Etats campagnards americains entre les deux guerres
Commenter  J’apprécie          180
Le destin d'une femme pauvre, sa résilience et son combat pour une vie digne. La mère d'Olivia ne l'aime pas et ce dès son accouchement. Certainement atteinte de maladie mentale, son mari la fait interner pour sauver la petite Olivia. Ils vont vivre leurs meilleurs années dans une région sauvage où la misère règne, mais ils sont tranquilles tous les deux. le retour d'Ida la mère va changer bien des choses, la mort de son mari aussi. L'acceptation d'Olivia de son destin n'est pas de la lâcheté, plutôt une forme de courage. Elle connaîtra un grand amour mais aussi beaucoup d'épreuves. Les cottoners règnent en maîtres en ce début du 20ème siècle. Ils s'octroient le droit de vie et de mort sur les habitants de la région. Cette femme a une grande force intérieure et je l'ai admirée au fur et à mesure des pages tournées. Une très belle histoire.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          240
Aurora Kentucky c'est avant tout un portrait de femme forte.
La vie est difficile dans cette petite ville du Kentucky au début du 20eme siècle. Les hivers sont très rudes. L'argent est rare et les habitants se débrouillent comme ils peuvent afin d'arriver à manger à leur faim. L'alcool distillé illégalement aide les hommes à supporter les difficultés de leur vie.
Le racisme bat son plein assurant les beaux jours de groupes affiliés au Ku Klux Klan.
Olivia a vécu une enfance heureuse auprès de son père aimant mais le retour à la maison de sa mère jusqu'alors internée dans un asile psychiatrique (qui nous vaut une description à la limite du soutenable de la vie des aliénés dans cet établissement des années 30) marque le commencement de ses souffrances. Sa mère la déteste et cette haine s'accentue après un accident qui coûte la vie à son père bien aimé.
Olivia livrée à elle même se retrouve rapidement enceinte...
À la quarantaine elle vit seule avec son petit fils et sa mère folle. Sa vie est faite de travail acharné mais la misère n'est jamais loin.
Soudain,les loups que son grand père avait ramenés autrefois d'Alaska sont peu à peu abattus, Olivia mène l'enquête...

J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous immerge dans un village du Kentucky des années 30, et nous permet d'imaginer les conditions de vie des habitants, leurs problèmes économiques et sociaux et surtout le racisme si présent.
Par ailleurs l'intrigue est bien construite et le suspense va crescendo dans la dernière partie du livre.
Un roman qui allie l'intérêt historique à suspense qui tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Commenter  J’apprécie          111
Olivia Harker, femme handicapée de 42 ans au "physique ingrat", c'est elle qui le dit, tient l'épicerie héritée de son père, une épicerie dans laquelle elle vend les courtepointes qu'elle fabrique avec des restes de vêtements...un commerce qui peine à la faire vivre, elle et son petit-fils William... tous deux ont une passion pour les loups...Une passion héritée de Take Harper, le père d'Olivia, dont le père a lui-même introduit les loups sur le territoire, il y a bien longtemps. Mais Take est mort, et enterré...Enterré dans le jardin.
Tout le monde ne partage pas cette passion pour les loups, sauf si on considère la chasse aux loups comme une passion...Parmi ceux-là, le sinistre Phelps et ses acolytes.
La vie n'est pas facile dans cette petite ville rurale du Kentucky au début du 20ème siècle. Les hivers sont froids et les étés très chauds. Les habitants se contentent de peu et tous ceux qui le peuvent distillent illégalement de l'alcool afin d'améliorer l'ordinaire. Olivia quant à elle reçoit occasionnellement des hommes avec lesquels elle vit plus ou moins longtemps. Ainsi, elle peut s'acheter des sous-vêtements. Rares pourtant sont ceux qui peuvent la défendre.
Olivia doit également prendre en charge et supporter Ida, sa mère folle qui a été internée en asile psychiatrique. Toutes deux se détestent, on comprendra pourquoi.
Phelps quant à lui déteste les loups qu'il chasse....il règne en seigneur sur la ville au sein du Cotton-Club, fusil en main et n'hésite pas à enfiler, de temps en temps, la sinistre cagoule du KKK...je ne vous fais pas un dessin....Le saigneur d'Aurora
Racisme, pauvreté, démence, alcool et mensonges...tous les ingrédients sont là pour faire un roman dur et angoissant mais agréable, sur cette Amérique profonde et pauvre, celle qui ne fait pas rêver, cette Amérique bien éloignée de celle des grandes villes, cette Amérique des noirs, pardon des nègres, vivant dans un autre monde, achetant dans d'autres lieux, ne se mélangeant pas aux Blancs...."Les Noirs ont leur jour pour les courses. [....] On ne sert pas les Noirs au comptoir."
Même les cimetières sont différents...
Deux mondes et Olivia, qui ignore cette opposition, cette haine. Et donc la subit en retour....
Roman sur cette violence, sur cette Amérique profonde...un petit air de "Ne tirez pas sur l'Oiseau Moqueur", un monde décrit également par d'autres comme Steinbeck ou Faulkner...on y retrouve cette pauvreté, ces vieilles guimbardes, ces gens de rien....ce plaisir de lecture et de découverte.
Bref, un roman chargé d'émotions, qui se lit avec bonheur et indignation.
Et avec une certaine forme de peur quant à l'avenir d'Olivia confrontée à Phelps.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          120
"Le long hurlement d'un loup déferle en moi comme une rage de dents. Plus haut, des détonations retentissent, leur échos s'étirant au loin jusqu'à n'être plus qu'un souvenir, à peine audible.
Personne ne vit sur ce bout de montagne à présent, hormis Ida et moi, et mon petit-fils William.
J'aime ce gamin plus que tout au monde.
Quant à Ida, c'est une autre paire de manches.
Elle habite dans le cabanon enduit de papier goudronné derrière chez nous et, bien que cet hiver soit le plus froid qu'on ait jamais connu dans le Kentucky, elle est dehors en ce moment même, emmitouflée dans une couverture, à citer la Bible et à jurer comme un charretier. Ses cheveux blancs ébouriffés comme ceux d'une démente.
Je suis l'enfant d'Ida. Ce qui fait d'elle ma maman. Et mon papa était Tate Harker. Je voudrais tellement qu'il soit là plutôt qu'enterré à côté des cabinets."............. page 1

C'elle qui parle s'appelle Olivia. Olivia Harker....Née en 1896, elle a 42 ans quand elle nous livre son histoire. Nous sommes en 1938, à Aurora dans le Kentucky... 42 ans en 1938 c'est un peu comme avoir 52 ans en 2016....
Elle est née sans amour d'une femme déjà folle et d'un père aimant... La mère Ida, folle à lier est placée pendant l'enfance et la pré adolescence de Olivia....

Olivia Harker nous raconte son enfance près de son père, dans l'épicerie familiale, ses amitiés avec la communauté noire notamment Love Alice et Junk, la passion de son père envers les animaux blessés, son amour pour Wing....et les affreux Phelps.

Les 3 frères Phelps sont la plaie d'Aurora, mais personne ne semble vouloir se mettre à travers leurs chemin. L'un d'eux sera retrouvé mort dans son propre lit, Tate Haker, en portant une livraison de gnôle aux frères leur présentera ses condoléances et recevra une rouste en guise de remerciement devant les yeux de sa fille, cachée à son insu, dans la charrette pour enfin découvrir le secret : "Savoir ce qui ce passe dans la grange des Phelps, le samedi soir"....
Tate Haker restera vague dans sa réponse, mais on y sent que des choses horribles s'y passent...

Et Olivia continue sa petite vie.

Un drame un soir de verglas basculera à jamais sa vie....
Elle rebasculera dans le bon sens, quand des années plus tard, le petit William viendra embellir ses jours...
Et plus jamais eile ne reconnaîtra la nuit.... Et elle sera plus forte que jamais....

Le livre est une ode à l'amour maternel même si là, c'est l'amour entre une grand-mère et son petit fils...

Sous cette histoire se cache une bien sinistre et cruelle histoire : c'elle de la condition des Noirs dans le Sud des Etat-Unis....
Un exemple, parmi tant d'autres : Olivia, 12 ans est assise avec Love Alice, sur les marches du magasin du blanc bien pensant Dooby, et Olivia veut acheter une glace pour elle et une pour son amie noire... Dooby refusant de les lui vendre étant donné qu'un cône est pour une Noire...
Alors Olivia, en achète qu'un et le donne à Love Alice, en prenant soin que Dooby les regarde.
Je laisse la suite à Olivia :

"Love Alice se leva et resta sans bouger, à regarder le cône, jusqu'à ce qu'il commence à fondre et à lui couler sur la main. Je lui souris de toutes mes dents, puis fit demi-tour et m'éloignai. Au bout de la rue, je me retournai.
Elle n'avait pas bougé d'un pouce.
Puis elle descendit du trottoir et laissa tomber le cône. de son pied nu, elle l'enfonça dans la bouche d'égout.
J'en eus le souffle coupé puis je compris, pendant que j'étais là, debout, que s'il existait une chose telle que la dignité, Love Alice en possédait plus que j'en aurais jamais"....p.53

Bienvenue à Aurora, Kentucky. 1938.
Si vous êtes blanc.



Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
J'ai oublié que quand on se jette dans le vide, on abandonne derrière soi ceux qui nous connaissent et qu'ils n'ont plus alors qu'à se lamenter.
Commenter  J’apprécie          80
Et bien, c’est ça le hic. On ne peut pas revenir en arrière. Même si on le pouvait, je crois qu’on referait les mêmes bêtises.
Commenter  J’apprécie          90
Les ennuis n'ont cessé d'aller et venir pour moi, comme un trop-plein de sauce dans une assiette.
Commenter  J’apprécie          120
Junk arrive et reste debout à écouter. Il est poli avec sa mère, pas comme moi avec la mienne. Je lui réponds avec insolence et lui dis tout ce que j'ai sur le coeur. Mais une pensée me vint alors : c'est vrai que je dis à Ida ce que je pense, mais je ne dis jamais ce que je ressens.
Commenter  J’apprécie          30
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les Blancs sont si prompts à blâmer les Noirs. Peut être la peur en fait elle des coupables tout désignés ? Ainsi, ayant trouvé un bouc émissaire, les Blancs n'ont plus autant besoin de se flageller ou de chercher un coupable parmi eux. p341
Commenter  J’apprécie          30

Video de Carolyn D. Wall (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carolyn D. Wall
Payot - Marque Page - Carolyn D. Wall - Aurora, Kentucky
autres livres classés : ségregationVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Carolyn D. Wall (1) Voir plus

Lecteurs (280) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3166 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}