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Bagdad, 2007. le père de Naïm est tué lors d'une intervention militaire américaine. Bouleversé, le jeune artiste pacifique s'engage auprès d'une bande armée. Sa compagne Sohrab, impuissante, décide de l'accompagner dans sa quête de vengeance. Mais les doutes naissants de Naïm grandissent à mesure que Sohrab lui rappelle l'absurdité de sa situation. de son côté, Niko Barnes, soldat américain, s'interroge sur son engagement. Il couche ses pensées dans des cahiers où se mêlent souvenirs, doutes envers sa hiérarchie et culpabilité envers les Irakiens.
Les chemins des personnages finiront par se lier au hasard d'événements sur lesquels ils n'ont aucune prise, absurdes et brutaux, car nés d'une guerre dont la justice échappe à tous. Qu'est-ce qu'un ennemi ? La vengeance peut-elle appeler autre chose qu'une violence égale en retour ?

L'histoire. Dans un contexte d'après-guerre, mais en zone encore occupée. Au final, c'est toujours la guerre.
Quelle guerre ? Guerre entre les bons et les méchants ? Qui sont les bons, qui sont les méchants ? Guerre de religions ? Pas seulement...
Etats-Unis, Irak. Musulmans (sunnites, chiites....), Juifs, Catholiques, Protestants, Hommes, Femmes... Les religions se mêlent et s'emmêlent. Les idéaux aussi.
Ce roman évoque l'histoire de jeunes gens dans une situation de guerre, chacun avec ses rêves et ses idéaux, son histoire familiale aussi, dont les destins s'entremêlent.
L'écriture est simple et limpide. Même dans ce contexte compliqué, chaque évènement de l'histoire se comprend.
On s'attache aux 3 personnages : Sohrab, Naïm et Niko. Les personnages sont dans des camps opposés, mais le lecteur ne ressent aucune préférence pour l'un ou pour l'autre.
L'auteur montre simplement que dans chaque guerre, les protagonistes d'un camp ou d'un autre, sont avant tout des êtres humains.
Tout au long de cette lecture ressort l'idée que la guerre est stupide. Dans chaque camp, il y a des personnages plus stupides, plus violents, et plus extrémistes (une minorité) ; et il y a les autres (la majorité) qui subissent, se démènent, survivent et tentent de garder leur livre-arbitre, leurs valeurs, leur vie tout simplement.
D'une guerre, personne ne ressort vainqueur.
Je conseille ce livre à tout ceux qui veulent découvrir une belle histoire d'humanité.
Quand commence la haine ? Finit elle un jour ?
Ce livre n'apporte pas de réponse, mais nous interroge, encore et encore. Sur la haine, l'amour, les valeurs, les regrets, sur l'abstrait !! Qui à la réponse ?
Ce livre est pour moi une belle découverte, moi qui n'aime pas les livres sur la guerre.
Merci à Babélio pour m'avoir permis de lire ce bel ouvrage, de découvrir aussi cet auteur. Et merci aux éditions "Les forges de Vulcain" pour ce cadeau (Merci David).
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Un très beau roman.

Naïm, jeune artiste perd son père lors d'une attaque menée par l'armée américaine. Profondément touché, il décide de s'engager dans un groupe extrémiste. Croyant mener une bataille qui poussera les USA à retirer ses troupes, il est horrifié de voir que le but de ses compagnons de révolte est de livrer une guerre sainte au monde entier.

Sa peur, ses regrets, ses remords seront amplifiés par la présence de Sohrab qui l'a suivi dans cette triste aventure. Elle cherchera à le ramener dans la lumière, mais s'aura-t-il trouver le chemin ?

Quand la tristesse prend le pas sur la raison, même les plus pacifistes demandent réparation. Dans ce cas précis, la vengeance n'est pas l'apanage des méchants.

Pourtant, le choix de Naïm se révèlera être lourd de conséquences, pour lui, mais aussi pour Sohrab, son amie de toujours, son amour.

Un très beau roman, sur le sujet terrible qu'est l'enrôlement des combattants djihadistes mais également sur la violence que gangrène même les meilleurs d'entre nous.

Sans faire de jugement, Louise Caron met en lumière les conditions de vie à Bagdad en 2007 et leurs répercussions psychologiques sur les habitants qu'ils soient américains ou autochtones.

Pas de haine dans ce roman, mais beaucoup de peine.

Difficile de contrôler ses émotions lorsqu'on vit à plusieurs milliers de kilomètres de chez soi. Difficile aussi de supporter la perte d'un membre de sa patrouille, d'un ami parfois avec qui on discutait encore le matin et qui n'est plus là quelques heures plus tard.

Difficile de supporter l'occupation du pays par des étrangers censés vous protéger quand vous ne voyez que mort et désolation autour de nous. Difficile de résister à l'appel des armes quand nos proches sont des victimes collatérales de combats qui nous dépassent et dont on ne voit pas la fin.

« Chronique des jours de cendre », est un roman à lire absolument, car il a le mérite de traiter le sujet de manière plutôt large, sans prendre parti pour l'un ou l'autre des camps.

Premier roman de Louise Caron que je lis et j'avoue que j'ai beaucoup apprécié son style que j'ai trouvé très recherché pour les parties narratives, plus direct et réaliste pour les dialogues.

Merci aux éditions « Aux forges de Vulcain de m'avoir envoyé les épreuves du roman. Ce fut un beau moment de lecture.

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Chronique des jours de cendre n'est pas un livre de "sociologie des arabo-musulmans". Même si le pays et la culture me semblent présentés avec justesse, Sohrab et Naïm me paraissent trop "occidentalisés" pour que je ressente un certain "abysse culturel" entre eux et moi. Ce n'est pas non plus un roman sur la "psychologie du terrorisme", décrivant comment un simple citoyen peut devenir du jour au lendemain un "fou de dieu". Chronique des jours de cendre est surtout un livre sur la guerre, en particulier sur le chaos et les souffrances qu'elle génère, et dans lesquels tout le monde finit par s'y perdre.

Les protagonistes du roman sont pourtant loin d'être des machines à tuer. Aussi bien Sohrab que Niko Barnes doutent du bien fondé des actions de leur propre camp. Peut-être que, en tant que marginaux, ils avaient les moyens de pouvoir remettre en question la doxa de leur milieu. Niko Barnes, malgré sa classe sociale peu élevée et sa vulgarité, est un amoureux des lettres et de Steinbeck, et ne cesse de comparer les Irakiens aux opprimés des Raisins de la Colère. Sohrab, quant à elle, est une chrétienne issue d'une minorité ethnique, et est bien plus libre et instruite que la plupart de femmes de son pays. Elle s'inquiète ainsi de la montée de l'islamisme dans son pays, une idéologie peu clémente envers les femmes. Malgré cela, tous les deux aussi vont finir par sombrer dans l'absurdité des conflits qui gangrènent le pays.

Pas à pas, on suit leurs périples et leurs luttes intérieures, et on ne peut s'empêcher de sympathiser avec eux, de ressentir leur doute, leurs déboires et leurs souffrances, jusqu'au dénouement tragique de cette histoire. Car la guerre, c'est laid, quels que soient l'époque, le lieu et le camp auxquels on appartient. En cela, l'expérience des personnages de Chronique des jours de cendre ressemble à celle d'autres personnes dans d'autres guerres, comme la guerre du Vietnam, voire peut-être de toutes les guerres qui ont existé. Par ce livre, Louise Caron a entrouvert une porte vers l'universalité de la souffrance humaine, chose dont la littérature et les arts ne cessent de s'en inspirer.
Lien : http://www.scienceballade.co..
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J'ai tellement aimé Chronique des jours de cendre, de Louise Caron (Aux Forges de Vulcain éditeur, avril 2015) que je souhaite partager. C'est un récit nécessaire, il nous offre la présence au monde et l'échange quand l'image nous réduit à l'état de consommateurs, jusques et y compris dans les guerres. le Moyen-Orien est peuplé de gens comme nous, et pas d'extra-terrestres ou d'arriérés, Louise Caron nous les fait entendre et leur voix, leurs espoirs, leurs mabitions et leurs projets résonne longtemps en ous, après que le livre est refermé. Dans Chronique des jours de cendre, nous voilà plongés dans la guerre d'Irak, en 2007, les Américains d'un côté, dont Niko Barnes qui tient son journal pour échapper à sa vie pourrie, là-bas comme ici (avec entre autres sa femme infidèle, et puis "tant de branches pourries pendaient a son arbre de vie") et de l'autre, des Bagdadis ordinaires. Ordinaires, vraiment ? Pas tant que cela, et même extraordinaires : ils vivent, dans leur diversité, couples mixtes, juifs, chrétiens, musulmans, femmes et hommes, jeunes ouverts au monde… , dont nous partageons les aspirations, mais que la guerre fracasse chaque jour davantage. Jusqu'a l'irréparable.
Sur et avec des gens comme nous, pensons-y toujours. Dans ce récit chaleureux, nous approchons les "dommages collatéraux" - ces mots criminels qui effacent l'humain - et ils ont notre visage, de terre et de lumière. Il n'est pas indifférent que l'auteur soit une femme, qui a su, avec la force de l'intrigue, conjuguer l'attention à tous, Naim et Sohrab, jeune couple d'étudiants progressistes embarqués dans une bande armée, elle pour le suivre et si possible le protéger, lui, artiste à l'identité complexe, jadis cachée et qui se révèlera dans les dernières pages. Leur destin est à l'image de ce Moyen-Orient riche de ses diversités, il apparaît comme un éclatant attentat de liberté contre tous les uniformisateurs, quelles que soient leurs armes, kalachnikov, plaintes, ou rationalisations. Et le GI Niko Barnes n'en sortira pas indemne non plus. le second tome de cette histoire (en cours de parution) narre son retour aux US…. Je l'attends !
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Merci à Babélio et aux éditions Aux forges de vulcain de m'avoir permis de découvrir une nouvelle auteure, Louise Caron et son deuxième livre "Chronique des jours de cendre".
J'apprécie beaucoup les opérations masse critique qui permettent de sélectionner et de recevoir des romans que je n'aurai sans doute pas penser lire par méconnaissance ou ignorance. Depuis que j'y participe j'ai fait des découvertes intéressantes et souvent passionnantes comme le dernier ouvrage reçu "chronique des jours de cendre".


Bagdad 2007, Saddam Hussein est mort depuis quelques mois, les américains sont présents depuis quatre ans, la vie quotidienne des bagdadis est devenue un véritable enfer. C'est dans ce contexte que nous faisons la connaissance de Naïm , de sa compagne Sohrab et de Niko Barnes.


Naïm, jeune artiste fragile décide suite au décès de son père lors d'une intervention militaire américaine de rejoindre les moudjahidin. Pour expliquer son choix il précise à sa compagne "ils (les américains) nous méprisent et se comportent en maîtres. Tu constates comme moi que l'occupation a augmenté l'insécurité et, à mon grand regret les élections n'ont rien arrangé. Les religieux de toutes tendances se combattent plus que jamais pour savoir qui aura davantage d'influence. Ils ne sont d'accord sur rien, à part sur les moyens de nous pourrir la vie".

Sohrab n'ayant pas réussi à le dissuader, prend la décision de partir avec lui. Habillée en homme, elle passera pour un petit cousin un peu simple et muet. Cette aventure sera un échec total

Niko Barnes sergent dans l'armée américaine, apprécié de ses hommes, dépressif , supporte de plus en plus mal la vie militaire, la guerre, la mort de ses copains. Pour survivre il note ses souvenirs ,ses réflexions sur un carnet et rédige les premiers chapitres d'un roman.

Peu importe de quel côté ils se trouvent, ils sont les victimes des conséquences de cette guerre qu'ils n'ont pas souhaitée (vengeance, peur, attentat, deuil... ).
Leurs chemins se croiseront pour leur plus grand malheur.

La conclusion en fermant le livre est de se dire quel gâchis cette guerre. Si elle a débarrassé l'Irak d'un dictateur, elle a amené le chaos, aggravé le conflit confessionnel entre chiites et sunnites, facilité l'implantation d'Al-Qaïda et ses affiliés.



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Un livre magnifique qui raconte la belle histoire d'une vengeance. La vengeance n'est pas belle, mais l'histoire oui. Louise Caron possède une écriture sensible qui sait toucher le coeur sans le blesser, une intelligence à fleur de peau. Ce livre est à mon sens le meilleur qu'elle a écrit à ce jour. (J'en ai lu deux autres...) Si vous hésitez à vous le procurer, cessez d'hésiter vous êtes en train de perdre votre temps.
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Ce roman coup de poing m'a happée, bouleversée, questionnée. Il est de ceux qui habitent ses lecteurs longtemps après en avoir tourné les dernières pages. Et pas uniquement parce qu'il fait écho à une brûlante actualité.

Chronique des jours de cendre nous relate l'après-guerre en Irak après la chute de Saddam Hussein, pendant la mission pseudo-démocratique des Américains.

Nous sommes en 2007.
Dans ce pays exsangue règnent l'insécurité, la violence, la religion détournée et la peur, paranoïaque, dangereuse, manipulatrice, aveugle. Une attitude, une parole, une absence, une rumeur brisent femmes et hommes, familles, destins, colportent haines et vengeances.

C'est au coeur de ce marasme que Louise Caron nous fait faire connaissance avec Sohrab Haguigui, Naïm Benali et le sergent Niko Barnes.

Parce que la guerre englue, étouffe, broie des individualités, qui se confrontent, s'opposent et se ressemblent, l'auteure a opté pour une narration à deux voix, les faisant s'alterner à chaque chapitre, nous permettant, à nous lecteurs, d'appréhender la dualité de chaque situation, sans parti-pris.

On entend d'abord celle de Sohrab.
Une jeune fille libre, cultivée et éduquée dans un esprit d'ouverture au monde par son père et qui, malgré ses convictions, décide de suivre le désir de vengeance de son petit-ami Naïm, dont le père vient d'être assassiné.
Lui, artiste et poète, à l'identité complexe et inconsciente, s'est laissé convaincre par le discours fanatico-politico-religieux de Mustafa, rattaché au groupe radical de Moqtada.

La deuxième voix est celle du sergent Niko Barnes.
Il est à la limite du burn-out et gavé de cachets en tout genre. Il est maintenu à son poste car il est très apprécié de ses hommes.
Solitaire et colérique, Barnes se confie à ses carnets qu'il noircit de ses pensées sombres et folles, de ses souvenirs, doutes et culpabilités. Il ne comprend plus sa présence en Irak, s'interroge sur sa condition de soldat, qui ne le contraint qu'à obéir. Encore, toujours.

C'est à la suite d'une horrible bavure, énième effet collatéral, que les chemins de ces deux personnages vont se croiser, se répondre, s'inverser et justifier les haines réciproques. Alors que Sohrab sombre, lui commence à émerger, à entrevoir un futur, un possible, loin de tout ce chaos.

Jusqu'à la fin, amère, empreinte de fatalité, au goût de cendre...

Jusqu'où la guerre peut-elle aller, transformer les êtres pour n'imposer que la loi de la violence, à coup de mensonges, d'humiliations, de perversion de leurs idéaux et de leur humanité ?
Y a-t-il une issue ?

Chronique des jours de cendre pose des questions qui dérangent et retranscrit tout le paradoxe de cette guerre (et de celles qui suivent), choc de cultures et de civilisations.
Ce roman fait partie des livres qui font mal, mais qui sont nécessaires et qu'il faut absolument lire!
Suite de mon article ici: http://vivrelivre19.over-blog.com/2016/02/chronique-des-jours-de-cendre-louise-caron.html
Lien : http://vivrelivre19.over-blo..
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Les Etats-Unis et l'Irak, deux pays en guerre, deux pays qui s'affrontent. Mais derrière ces pays, il y a des hommes dont on oublie souvent de parler. Ces hommes sont aussi en guerre, mais souvent, ils subissent, quelque soit leurs idées initiales face à la guerre et à « l'ennemi », ils sont fréquemment contraints à l'engagement, la haine, la colère et le désir de vengeance font leur nid, progressivement ou violemment. Ainsi, les deux mondes à échelle humaine ne sont pas si éloignés et pourtant la guerre semble sans fin… Louise Caron nous parle pour cela d'une histoire dans l'Histoire (« L'histoire commence là, petite histoire enracinée dans la grande, celle dont les armes décident, qui s'écrit en majuscule avec le sang des victimes lavé aux larmes des vaincus. ») et nous propose de rencontrer Naïm, un artiste pacifique qui s'engage après la mort de son père, de Sohrab son amie qui décide de le suivre et de Niko Barnes un Américain qui s'interroge sur les fondements de son engagement. Trois destins pris dans le tourbillon de la guerre, impuissants et ballottés par les évènements, trois vies en dérive, inexorablement. Malgré la violence, les horreurs et la dureté des évènements, avec le destin de ses personnages émouvants, Louise Caron, sans aucun parti pris, réussit le tour de force de happer le lecteur. Vaux-livres librairie.

Lien : http://www.vaux-livres.fr/af..
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Des jeunes gens, entre vingt et trente ans, fasse à des choix qui vont bouleverser leur vie et celle d'autres êtres. Mais ont-ils le choix ?

Ce roman laisse entrevoir une multitude de souffrances physiques et morales qui ne laissent pas insensibles.

Louise Caron développe le thème des « dommages collatéraux » que ce soit durant une guerre ou dans les relations entre les gens.

On a des effets miroirs. Par exemple : Naïm qui entre en guerre pour réagir à une situation intolérable et Nicko qui s'engage pour agir contre l'immobilisme, les deux le font aussi en réaction contre leur famille. Et pourtant ni l'un ni l'autre ne sont fait pour cela. Une fois engagés sur cette voie il n'y a pas de marche arrière possible. le poète et l'écrivain pris dans l'engrenage de la violence et de la lutte armée.

Sohrab suit Naïm pour le garder et le protéger, Nicko s'en va loin de Lily pour ne pas la perdre. Et finalement aucune des deux solutions ne semble être la bonne. Les nombreux témoignages forment une mosaïque. Cela m'a fait penser à ses tableaux qui forment une image et lorsqu'on s'en approche on réalise que se sont des photos assemblées. Elles sont toutes liées car nous sommes tous humains avec nos doutes, nos espoirs et nos souffrances. Instruments de puissances économiques et idéologiques qui divisent pour mieux régner.

Les histoires sont très cohérentes avec toute les petites invraisemblances que permet le roman en tant que genre littéraire, elles toutes attachantes et touchantes… Bien sûr que l'on en envie de se révolté devant certaines scènes...

Si l'on prend l'histoire de Zhouar tel qu'il la raconte on a l'image d'un homme enragé et armé, près à tout… mais au fur et à mesure qu'il raconte l'enchaînement des drames qui l'on conduit là, on se retrouve avec des instantanés… La fatalité et l'idée de cycles.

Tout au long de histoires on a des sentences, maximes, proverbes, expressions et des exhortations qui viennent soit stimuler, soit consoler.

Les personnages quoiqu'ils fassent sont confronté à leur conscience politique, à la religion, aux traditions, à la pression de la propagande, à la famille, aux non-dit et aux maux-dit … où est le libre arbitre ?

Le titre m'a beaucoup influencé car il m'a fait pensé à « chronique d'une mort annoncée »… sauf qu'ici on ne sait pas qui sera sacrifié ! En même temps on a un côté Roméo et Juliette, dans tous les cas on a la famille, la position sociale, la vengeance…

La fin est prévisible au fur et à mesure de l'avancée des événements mais il reste des rebondissements surprenants. C'est un roman avec une résonance dramatique, on sent dès le début que la justice ne peut être rendue et aucune solution n'est bonne. Quoiqu'ils choisissent ils courent à leur perte.

J'ai beaucoup aimé les mises en abîme avec les extraits du journal/roman de Nicko, les poèmes du grand-père de Sohrab et ceux de Naïm. Les différents registres de langue créent une atmosphère où les conflits et les sentiments sont exacerbés. Il y a une ambiance délétère dans ce pays détruit par eux qui se retrouve dans la position de pacificateurs, des contradictions et des paradoxes que ce roman utilise comme décor et dynamique.

J'ai trouvé amusant le fait que les titres soient une partie d'une phrase du chapitre, je me suis régalée à les repérer…

On a une alternance entre la vision de Nicko et Sohar/Naïm. Cette construction avec des histoires parallèles ne peut que conduire à la rencontre entre les deux camps, ils se croisent, se frôlent jusqu'au moments fatidiques… C'est inéluctable !

La mort et la sexualité sont deux thèmes qui se répondent et créent un climat délétère.

Vous l'aurez compris c'est un roman qui ne laisse pas insensible et prenant. J'espère ne pas en avoir trop dit, mais assez pour titiller votre curiosité !
Lien : https://latelierderamettes.w..
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Cette chronique parle de guerre, parle d'intervention américaine, parle d'islamisme, parle de musulmans, parle d'arabes, parle de religions et pourtant il ne parle pas de la Syrie, ni de Daesh. En fait, Louise Caron parle quand même de tout cela mais à travers l'intervention américaine en Irak.

Nous sommes en 2007, pratiquement quatre ans après le début de l'intervention de l'armée américaine. Sorhab, étudiante à l'université de Bagdad, décide sur un coup de tête de suivre Naïm, dont elle est amoureuse, qui vient de lui annoncer son engagement auprès des troupes d'Al-Qaida après le décès de son père. Les familles de Sorhab et Naïm ont déjà été durement touchées. Ils ne sont que la représentation de la souffrance de toutes les familles irakiennes.

Nous sommes en 2007 et Niko Barnes sert dans l'armée des Etats-Unis et participe aux opérations sur le terrain, voit ses compagnons d'armes tomber les uns après les autres, écrit dans ses carnets les pensées qu'il n'a pas le droit de livrer à ses supérieurs et rêve de les publier. Il a déjà participé aux interventions en ex-Yougoslavie. Chacune de ces guerres laisse des traces profondes dans la chair et la psychologie de ce soldat pas comme les autres qui va finir par tuer Naïm, par erreur.

Les chemins de Sorhab, de Naïm et de Niko se croisent et se recroisent jusqu'au dénouement, jusqu'à l'ultime pied de nez qui verra Sorhab mourir et Niko survivre.

Louise Caron invoque les fantômes d'êtres vivants et d'événements qui n'ont jamais eu l'occasion d'avoir la main sur leurs destins ou sur leur déroulement, subissant sans cesse la volonté de puissances inatteignables, inexorables. Les cendres évoquées par Louise Caron planent au-dessus des ces êtres et de ces événements. Abu Ghraib, Bassora, Bagdad, Saddam Hussein sont autant de lieux et de noms qui parlent à notre (in)conscient collectif, qu'on a entendu à l'envi, que nous avons intégré à notre propre histoire malgré la distance.

Louise Caron dénonce, tout au long des pages de son récit, le rôle aujourd'hui dévoyé de la religion et l'impact qu'elles ont toutes eu sur notre histoire récente, sur notre rapport à l'islam, sur notre façon de penser l'intégration et notre relation aux autres. Elle dénonce ainsi l'instrumentalisation de la religion. Elle dénonce aussi l'impossible compréhension ou réconciliation de deux visions de la vie, l'aveuglement des uns face à l'aveuglement des autres et surtout les conséquences dramatiques sur les populations civiles tant physiquement que moralement.

Cette chronique est un magnifique récit sur la vengeance, sur le destin, sur une certaine forme de fatalité, sur une autre de futilité. Louise Caron livre un récit plein d'humanité dans le sens de nature humaine dans ce qu'elle comporte de parts de lumière et d'ombres, de feux et de cendres.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-yO
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