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EAN : 9782070455973
288 pages
Gallimard (13/05/2014)
3.23/5   15 notes
Résumé :
Toute la vie d'Alejo Carpentier (1904-1980) fut marquée, d'un côté, par les dictatures ou les régimes autoritaires, de l'autre, par des vagues de troubles sanglants et d'anarchie. Dans la courte préface à l'édition française de Chasse à l'homme, l'auteur rappelle le cadre précis de l'histoire cubaine où se situe l'action : la «longue période de désordres» qui suivit la tyrannie du président Machado (1925-1933).
Chasse à l'homme est une histoire de factions dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Alejo Carpentier y Valmont (1904-1980), est un écrivain cubain, romancier, essayiste, musicologue. Fils de Jorge Julian Carpentier, un architecte français et de Lina Valmont, un professeur de langues russe, il a 12 ans quand sa famille s'installe à Paris et qu'il commence à étudier la musicologie. Quand il retourne s'installer à Cuba, Alejo Carpentier commence des études d'architecte, qu'il ne terminera pas. Il se consacre au journalisme, mais son engagement à gauche lui vaut un séjour en prison (1928), sous la présidence de Gerardo Machado, avant de l'obliger à s'exiler en France. Il y rencontre les surréalistes, dont André Breton, Paul Éluard, Louis Aragon, Jacques Prévert et Antonin Artaud. de retour à Cuba en 1939, il poursuit une carrière de journaliste et de chroniqueur de radio. En 1945 il s'installe à Caracas (Venezuela) où il vivra jusqu'en 1959. Après le triomphe de la révolution cubaine il revient à La Havane. En 1966 il devient conseiller à l'ambassade de Cuba en France où il résidera jusqu'à sa mort, victime du cancer. Ses funérailles sont célébrées à La Havane, en présence du président Fidel Castro.
Paru en 1956, Chasse à l'homme, un très court roman, vient d'être réédité.
Un jeune militant révolutionnaire, pourchassé par ses amis qu'il a trahis, s'est réfugié dans la salle d'un théâtre de la Havane quand retentissent les premières notes de la Symphonie héroïque de Beethoven. Durant les quarante-six minutes – temps d'exécution conventionnel de cette oeuvre – l'homme pourchassé, travaillé par sa conscience, va se remémorer les évènements qui l'ont amené jusqu'ici et fin de son chemin.
Autant vous dire tout de suite que ce roman s'adresse à un public exigeant. S'il s'agit d'un exercice littéraire certain, le plaisir de lecture sera moins évident pour tous. Les phrases sont souvent longues, l'écriture est travaillée et les mots sont choisis avec soin. Quant à la construction, elle est particulièrement chiadée, au point qu'il m'a fallu lire la moitié du roman avant de commencer à en comprendre le sens. Jusque là, j'étais comme une poule ayant trouvé un couteau, incapable de savoir de quoi il en retournait. le genre de bouquin qui se mérite, en somme.
Certains blogs et l'éditeur lui-même ont tendance à se prendre les pieds dans le tapis quant à la période de dictature décrite par Alejo Carpentier. Sur la quatrième de couverture du bouquin, c'est le président Gerardo Machado (de 1925 à 1933) qui est cité, conformément à la préface de 1958 rajoutée par l'auteur, donc fiable. Par contre, sur le court feuillet d'accompagnement joint pour les heureux élus comme moi, ayant reçu le livre de l'éditeur, il est fait mention de Batista (de 1933 à 1944)… Ce qui n'a, en fait, qu'une importance toute relative, le roman ayant une portée plus générale que factuelle, dénonçant les revirements, voire les reniements des révolutionnaires et ce qui en découle.
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Ce n'est pas un mauvais livre, mais mon avis est mitigé. L'histoire n'est pas limpide, bien au contraire, elle est complexe, brouillonne. J'ai eu du mal à progresser dans ma lecture. Quant au titre "Chasse à l'homme", si le héros est bien un fugitif, la chasse proprement dite est très courte. J'avais déjà eu quelques difficultés avec Alejo Carpentier pour un recueil de nouvelles. Je ne suis pas très convaincue, et ne vais pas me précipiter pour lire un autre titre de cet auteur.
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Certaines oeuvres méritent une lecture lente, une lecture qui caresse les mots et les fait rouler dans la conscience. Une lecture de la contemplation, ardente dans son décryptage mais patiente dans son déroulement. Les romans de Carpentier provoquent chez le lecteur ce ressenti unique, cette présence qui absorbe le lecteur et le mène sur des chemins non balisés, non encore répertoriés. Je crois sincèrement que l'essence même de la littérature se définit par cette capacité de mimésis, quand l'imaginaire des mots rejoint le caractère inégal de la réalité pour ne plus faire qu'un, quand le papier finit par enrober la pierre dans ce jeu sans fin de Pierre-Feuille-Ciseaux.
Le court roman est en trois parties: la première partie est essoufflée, haletante, tout en affect, négligeant la psychologie et poussant le lecteur à faire face aux vents contraires de la narration, la sueur dans les yeux, la peur qui résonne comme une grosse caisse. La deuxième partie prend la forme d'un retour en arrière mais sans pour autant délaisser les sensations physiques et primaires. Cette partie est typique des oeuvres de Carpentier, une interrogation sur le temps, son déroulement mais aussi sur ses conséquences, sa diffraction et son éparpillement. le dernier chapitre sera donc les ciseaux qui viendront ouvrir les perspectives, déchirer le papier et gratter un peu de la surface de ce caillou informe qu'on surnomme réalité.
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Hier, j'ai emprunté ce petit récit (moins de 200 pages) dans une boite à livre et en ai débuté la lecture dès mon retour.
Après 50 pages lues avec impatience je l'ai refermé, et reposé avec l'intention de ne le reprendre que pour le restituer à la boîte à livres dans laquelle je l'avais trouvé.

Pendant ces 50 pages, je suis resté en attente d'une intrigue et de quelques événements non dilués dans une prose précise et parfaitement maitrisée mais désagréables à lire.

Alejo Carpentier (1904-1980) est souvent présenté comme un pilier de la littérature de l'Amérique latine, titre que je ne lui conteste pas, mais qui ne m'a manifestement pas aidé à apprécier son roman.
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Livre court mais compliqué dans son écriture et l'histoire qu'il narre. C'est un militant révolutionnaire réfugié dans un théâtre de la Havane qui est l'objet de cette chasse prétexte prétexte à une analyse des prémices de la révolution cubaine.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Sinfonia Eroica, composta per festeggiare il souvenire di un grand'Uomo, e dedicata a Sua Alteza Serenissima il Principe di Lobkowitz, da Luigi Van Beethoven, op. 53, N° III delle Sinfonie..." Et ce fut le claquement de porte qui le fit sursauter, brisant l'orgueil puéril qu'il éprouvait à comprendre ce texte. Les franges du rideau balayèrent sa tête, puis revinrent à leur place en tournant plusieurs pages du livre. Tiré de sa lecture, il associa des idées de surdité - le Sourd, les inutiles cornets acoustiques... - à la sensation qu'il avait de percevoir à nouveau le vacarme qui l'entourait.
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La prodigieuse nouveauté, c'était Dieu. Dieu qui s'était révélé à lui dans le cigare allumé par la vieille, la veille de sa maladie. Le geste soudain qu'elle avait fait pour saisir une braise dans le fourneau, et la lever à hauteur de son visage, qu'il avait vu si souvent dans les cuisines de son enfance, s'était amplifiée en une suite de déductions écrasantes.
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D'ailleurs, ce n'était pas seulement sa faute, à lui. Conséquence de l'époque, des contingences, de l'illusion héroïque ; des paroles éblouissantes avec lesquelles on l'avait accueilli certain après-midi — lui bachelier de province, honteux de son costume mal coupé dans la boutique paternelle — derrière les murs de l'édifice sur la façade duquel, orné de colonnes majestueuses, s'étalaient sous un nom illustre les caractères elzéviriens en bronze d'un Hoc Erat In Votis … Il regardait à présent la salle de concerts, dont les chapiteaux à volutes carrées lui semblaient être une caricature de ceux qui avaient été associés à son initiation aujourd'hui détestée. Là s'affirmait la condamnation imposée par cette ville aux ordres qui dégénéraient dans la chaleur et se couvraient de lèpre, faisant servir leurs astragales à soutenir des enseignes de teinturiers, de coiffeurs, de marchands de rafraîchissements, quand la friture ne crépitait pas à l'ombre des piliers, entre des étalages de pâtés, de sorbetières et de jus de tamarin. « J'écrirai quelque chose sur ça », se disait-il, bien qu'il n'eût jamais écrit, car il ressentait un besoin urgent de s'assigner de nobles tâches. Il sortait des interminables beuveries des derniers mois, des excès auxquels se croient autorisés ceux qui courent des risques ou qui jouent leur va-tout ; et il trouvait à présent la première clarté au bout du tunnel. Il ne savait où le sort l'enverrait maintenant, car le Haut Personnage allait décider à sa convenance quelle était la voie la plus indiquée. Il ne terminerait jamais ses études d'achitecture abandonnées dès le début de la première année. Mais il acceptait par avance les métiers les plus durs, les plus médiocres salaires, le soleil sur le dos, l'huile sur la figure, le grabat et l'écuelle, comme phases d'une expiation nécessaire.
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Mais après le nécessaire, le juste, l’héroïque ; après les temps du Tribunal, ce furent les temps du butin. Libérés des représailles, les mécontents se mirent à exploiter le risque, par équipes, par bandes armées, qui trafiquaient de la violence, proposaient des tâches en échange d’une récompense, pour déchaîner à nouveau les furies à la lumière du soleil, au profit de Tel ou Tel. La police elle-même fuyait ces hommes redoutables, à la solde de puissants protecteurs, pour qui les murs des prisons avaient toujours des brèches.
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Et le museau, hurlant sur les chairs palpitantes, annonciateur du rut, lançait de tels appels que les chiens d'en bas levaient la tête et gémissaient, sans oser sortir de la limite des arrière-cours. Alors, exaspérées par l'attente elles descendaient aux alentours des villages et la brise se chargeait de l'odeur qui allume le désir des mâles, pour qu'ils viennent les briser, les pénétrer - traînées, mordues, poursuivies à coups de pierre - jusqu'à la fuite de l'aube, dans les hautes cavernes où elles mettaient bas.
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