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EAN : 9782234079212
280 pages
Stock (19/08/2015)
3.23/5   13 notes
Résumé :
Inspirés de faits réels, le bannissement, l'excommunication, l'exil et l'exploitation des membres d'une famille dans le tumulte du XXe siècle dans un texte qui oscille entre vie et mort, entre horreur et humour. Premier roman.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Par un récit sur cinq générations, Laurent Carpentier fait un "voyage aux origines", une réinvention des membres d'une famille où prolétariat et bourgeoisie, ouvriers, paysans et intellectuels, catholiques et juifs cohabitent, sur le fil rouge du communisme. Il donne voix aux exclus de la famille, du métier, des convictions politiques, de la région d'origine, cherchant par les fractures de ses anciens, à comprendre leurs caractères et à se comprendre lui même.

Il ouvre des tombes, il bouscule des ombres, difficile devoir de mémoire où l'émotion étreint en réimaginant les instants, les pensées, les paroles des disparus. Beaucoup de destinées frappées du sceau de l'errance, de l'abandon, du départ nécessaire pour vivre ou survivre, en laissant derrière soi un passé de souvenirs.
Chaque chapitre ressuscite un disparu en vision éphémère pour reconstituer peu à peu le puzzle familial où toutes ces vies de grand-père, grand-mère, père, mère, oncle, tante, frère, soeur, s'emboîtent et se répondent, toutes générations confondues.

Toujours fascinée par les récits familiaux, j'ai suivi avec plaisir le déroulé de ces multiples destinées où le contexte social ou historique, le libre arbitre, la chance, la déveine tracent des chemins individuels multiples, souvent très différents, convenus ou insolites, heureux ou dramatiques.

L'écriture coule avec aisance, à la fois libre et spontanée dans la formulation, flirtant parfois avec la grandiloquence ou l'excès. Certaines phrases peuvent en paraître un peu ampoulées.
L'auteur a mis l'accent sur le coté sombre de la famille et il ne ressort pas beaucoup de bonheur de cette grande photo sépia. Plutôt un fonctionnement familial où les sentiments ne peuvent s'exprimer, bridés, cachés, vécus comme une faiblesse. La vie est un combat et s'apparente à une lutte permanente.

Néanmoins un bel hommage à ses racines, à ceux qui l'ont élevé et une intéressante réflexion sur ce qui constitue un individu à travers les acquis familiaux antérieurs.
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Laurent Carpentier
Les Bannis
Stock
(A paraître fin août)


On avouera que, après quelques chapitres, on ne sait plus très bien qui est Raymonde et qui est Alice, qui vient de Tunis, qui de Bucarest et qui d'un village breton. On pourrait retourner en arrière, relire les pages déjà lues, nous assurer que Maurice est bien l'homme à la R10 ou Mathis un gars qui vit dans les alpages. La déportée à Sobibor, c'est Alice ou Arlette ? le fusillé, c'est Henri ou c'est Jacques ? Mais non. On revient un peu en arrière au début et puis vite on assume de se perdre, de s'en foutre, de ne plus bien discerner qui est qui dans cette famille singulière. Singulière ? Même pas. Ou plutôt singulière comme le sont, ainsi que le dit le narrateur, des milliers d'autres. Nous ajouterions même : comme toutes. La vôtre, la mienne, n'importe laquelle dès lors que nous remontons un peu loin et questionnons un peu large. Qu'est-ce qui fait alors que nous nous intéressons tant à ce livre puisque, de fait, à peine nous y sommes-nous plongés que nous nous y intéressons ? C'est que, au travers de ces portraits, ces histoires, ces vies, ce sont toutes les filiations que l'auteur interroge. le Que sais-je ? ici n'est pas le mot programmatique d'une refondation savante ni morale : c'est le préalable angoissé du Qui suis-je ? Et puisque nous en sommes aux questions, nous irons jusqu'à celle que l'on pose pour rire : d'où viens-je et dans quel état j'erre ? Elle amuse peu, elle paraît idiote, elle place son calembour sous le ciel bas et lourd d'une métaphysique pour les nuls. À bien y regarder, pourtant, parce qu'elle noue deux questions en une seule, elle désigne le coeur vif de ce roman, son noeud précisément, le lieu et le lien mystérieux dans lequel et par quoi se mêlent la provenance et l'être, les autres et la pesanteur de soi-même en soi, nos héritages et notre douloureuse, problématique, boiteuse liberté.

Dans "lignée" il y a ligne, et au bout de cette ligne il arrive qu'il y ait un ver qui se torde et qui souffre. Sauf que, contrairement au lombric, l'humain a tôt fait de se retourner vers le gars assis sur la rive et de lui demander des comptes, et de lui demander ce qu'il fout là, et de lui demander quel est le fatras de tourments et de secrets que, peut-être, parmi les éclairs bleus des libellules, il vient essayer ici de noyer dans de l'eau vive.

Se faisant le reporter de sa famille, partant gaillard questionner les morts et les vivants moins pour leur faire dire ou répéter leurs vérités que pour tenter, tel un Dionysos démembré, de se rassembler enfin, de se ré-unir, que pour tenter aussi de savoir d'où sont montées ces larmes dont le jaillissement un jour, au hasard d'un nom de village aperçu sur une route, a décidé de sa quête, Laurent Carpentier écrit un beau récit des origines, une sorte de roman de formation inversé en ce sens que les énigmes et les épreuves, cet obscur tissu des Parques, n'adviennent pas ici dans le présent d'un petit Wilhelm Meister mais, tout au rebours, furent tissées dans le passé des autres, double cachette du temps et de l'altérité (« l'impénétrable noyau de nuit » cher à Breton) qu'il s'agit de percer pour se comprendre mieux, un peu mieux, allez ne fût-ce qu'un tout petit peu mieux.

Rêve ? Illusion d'un "connais-toi toi-même" qui devrait passer d'abord par une connaissance de la famille ? Si, née dans des pleurs, la quête vise un apaisement, le narrateur le trouve-t-il à la fin et, nous qui l'accompagnons dans cette injonction socratique revue par la psychanalyse, tiendrons-nous avec ce livre le modus operandi de notre propre élucidation ? Rien n'est moins sûr. C'est peu dire que les images sur lesquelles se closent ces Bannis, images superbes mais où pointe le faux cynisme par quoi, comme d'un faux nez, se grime une détresse, c'est peu dire que ces images nous laissent, dans le silence du livre refermé, le soupçon d'un narrateur dont nous croyons peu à sa pacification.

Alors quoi ? Nous dirons-nous tout ça pour ça ? Tant de questions posées aux siens et à soi pour finir sur un mémorial perdu, inutile et pas plus consistant qu'un songe ? Eh bien non : quel que soit le ton de son dernier mot – en fait une tonalité de néant – le mémorial existe désormais et ce n'est pas celui, irréel et à vendre, invendable puisque irréel, sur quoi se referme le livre : c'est le livre lui-même, c'est le livre tout entier dont le papier se change en marbre, l'encre en cette dorure dont on orne les noms des morts sur les monuments du souvenir, les pages souples en ce granite dont, dans la région de Saint-Jean-Kerdaniel, on fait des calvaires historiés. Malgré des démarches littéraires, des styles et des tons divergents, quelque chose rapproche Laurent Carpentier de cet autre fou de la mémoire familiale qu'est Jean Rouaud. Pour nous, surtout, l'un comme l'autre par ce qu'ils nous disent – et c'est là leur commune exemplarité – nous enjoignent de questionner les nôtres, de ne pas attendre leur disparition pour regretter sottement de n'avoir pas davantage cherché à comprendre ce qu'ils vécurent, endurèrent, firent et peut-être turent. Oncles, tantes, père, mère, ascendants, bisaïeux et trisaïeules, tous ceux enfin, parce que quand nous étions enfants leur présence valait comme évidence, qui nous furent peut-être familiers mais que nous ne connûmes pas, tous ceux-là lestent nos propres zones d'ombre de leur ombre irréparable : voici la procession des spectres que la lecture des Bannis, et c'est vraiment la réussite de ce livre, nous invite à stopper net pour en ôter masques et linceuls.
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"Debout ! Les damnés de la terre !
Debout ! Les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la fin.
du passé faisons table rase.
Foule esclave, debout ! Debout !
le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !"

L'internationale premier couplet.


Qu'il est difficile de faire table rase du passé. C'est ce que nous montre Laurent Carpentier dans Les bannis. Il revient sur l'histoire de sa famille au cours de ce XXème siècle hurlant, rugissant. L'histoire des siens n'est pas si singulière que cela, c'est l'histoire de beaucoup de familles terrassées par ce siècle de conflits tant militaires que politiques.

Laurent Carpentier nous parle de sa famille da manière brouillonne, pas de manière chronologique, ce sont des bribes de souvenirs qui lui reviennent en mémoire et qui conditionnent son enquête. Les personnages défilent, chapitre après chapitre. Fine, Maurice, Jacques, des communistes bannis du parti, des juifs déportés, des gens déclassées. Ils se succèdent à un tel rythme et de manière si désordonnée qu'on ne sait plus vraiment qui est qui. Mais est-ce-là l'essentiel ?

Pour la suite, rendez vous sur mon blog, lien ci-dessous.
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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Laurent Carpentier nous livre un patchwork de vies et de drames. Il soulève le voile d'une famille, dévoilant les épreuves auxquelles chaque génération a fait face. Et l'écriture dépasse largement en émotions la fiction puisqu'il s'agit ici de sa propre famille. le désir de savoir, de comprendre, la colère, la tristesse, la compassion viennent donner à ce récit force et intensité. le récit ressemble à une série de nouvelles, reliées par le fil de l'arbre généalogique. Chaque chapitre s'attache à une personne et surtout à ce qui a fait d'elle un « banni ». Au fil de la lecture, cette idée de bannissement fait de plus en plus sens au regard des épreuves, des choix et des drames traversés par cette famille.

Je suis moins réceptive et sensible au genre de l'autobiographie mais malgré cela, j'ai apprécié cette lecture et j'ai été touchée par ce récit. L'écriture est vraiment travaillée et agréable. Les lieux et les références m'ont beaucoup parlé, notamment dans le premier chapitre, ce qui m'a amusée et attisé ma curiosité. Cette galerie de personnes est marquante et ces parcours de vie ne peuvent laisser insensible.
Lien : https://lecturesdemistinguet..
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Pour son premier roman, Laurent Carpentier, grand reporter au journal le Monde, a choisi de raconter l'histoire de sa famille au sens large, grands-parents, parents, oncles, tantes, cousins, chacun de ces personnages étant le centre d'un chapitre de quelques pages (de 3 ou 4 jusqu'à une vingtaine de pages). C'est donc petit à petit que l'on reconstitue l'histoire globale, passant de l'un à l'autre, croisant l'un, l'autre, suivant le point de vue choisi pour le chapitre en cours. Vous y croiserez des médecins (beaucoup), des juifs, des athées, et… des communistes (canal historique ou canal trotskyste)! Il y a aussi beaucoup d'exils… des bannis pour leur religion (la branche juive), par leur religion (la bretonne qui a osé vivre « dans le péché »), par leur parti politique (purge communiste). Comme dans toutes familles, il y a le vrai, le non-dit, la vérité qui peut tourner au mythe, les secrets, parfois lourds à porter. La forme choisie par Laurent Carpentier retrace sans doute les méandres qui l'ont lui-même amené à reconstituer cette histoire familiale pour arriver à l'intégrer et littéralement « vivre avec », mais n'est pas pesante pour le lecteur, bien au contraire. J'ai beaucoup aimé ce roman que je vous recommande…
Lien : http://vdujardin.com/blog/ca..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tous me veulent du bien. Aucun compte à régler. Ils m'ont légué leur sève, leur passé, leur vie, qui seule, s'est chargée de les pousser dans le vide. Ils m'ont juste généreusement offert de les accompagner. Qui suis-je, qui serais-je pour les juger ? Mes parents voulaient du passé faire table rase. Le peut-on jamais ? Le sang coule-t-il éternellement de la treille ?
J'ai bu le jus de mort au calice.
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Moi qui me suis toujours foutu des fadaises généalogiques qu'on vous serine dès le jeune âge, qui me suis toujours protégé du passé, pourquoi vois-je aujourd'hui défiler ces images troublées ?
Quelles peurs ont-elles laissées en moi, toutes ces histoires de massacres, de haine, de violence, d'impossibilité à vivre que je ramasse comme le moissonneur récolte le blé qui le nourrira ? Le malheur serait-il une raison de vivre ? Et la famille un corps cannibale dans lequel je suis allé chercher à la fois ma force de vie et mon empêchement fondamental au bonheur.
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Maurice ne se sentait vraiment pas bien. Il n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. On approchait de la Toussaint, et comme toujours à la même période, les morts se bousculaient à son chevet.
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C'est la vie qui nous échoit, pas la mort.
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Vidéo de Laurent Carpentier
Laurent Carpentier, Les bannis - le livre sur la place. Nancy 2015 .Laurent Carpentier présente "Les bannis" aux éditions Stock à l'occasion du salon le Livre sur la place à Nancy. Lauréate du prix du Monde 2015 Musique © Mollat - http://www.mollat.com/ Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/carpentier-laurent-les-bannis-9782234079212.html http://www.lelivresurlaplace.fr/ Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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