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Critique de batlamb


Dans ce recueil, Angela Carter fait glisser les contes traditionnels vers les motifs du gothique et de la poésie décadente. Les monstres des contes germent au milieu de fleurs du mal : des arums sont disposés autour de miroirs reflétant le lit conjugal de Barbe-Bleu, et des bosquets de roses de sang emprisonnent le château d'une belle au bois dormant vampirique. Contrairement à un herbier où les pages compriment les fleurs, ce sont ici les fleurs qui ouvrent et referment cette série de nouvelles, les enserrant de leur senteur capiteuse, dans une chambre chargée de symboles menaçants (« The Bloody Chamber » est le titre original de ce recueil). Les moralités d'antan sont oblitérées par ce parfum, qui excite les sens et le désir amoureux, alors même que la mort rôde.

La confrontation avec le roi des Aulnes en est la parfait illustration : le danger se dissout dans une forêt hyper-sensorielle, des descriptions vaporeuses installant une langueur teintée d'abandon qui transforme le conte en image figée, tableau raffiné de la perdition et de la perversion amoureuse.

Les héros d'Angela Carter explorent se qui se cache derrière les contes, leurs désirs sous-jacents, leurs pulsions de vie, qui sont aussi pulsions de mort. Parfois jusqu'à embrasser une nouvelle nature. Plutôt que de constituer un pantin au service d'une moralité, chaque personnage s'accomplit à travers ces contes détournés. Pour les héroïnes, qui sont ici majoritaires, cela constitue une façon d'affirmer leur féminité dans des jeux amoureux macabres.

Sous cette tension érotique, la chambre symboliste finit par éclater. Elle révèle ses artifices et laisse entrer la vie.
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