Ne voulant pas attirer l’attention en se singularisant, elle retint sa respiration et vida sa coupe. Comme elle n’était pas habituée à boire de l’alcool, elle s’attendait à ce que le vin lui brûle la gorge ; or, elle lui trouva au contraire un goût de fraise, très agréable et très doux...Mais soudain, elle eut la sensation que la pièce se mettait à tourner, lentement d’abord, comme le mouvement des vagues sur un bateau, puis de plus en plus vite, au rythme étourdissant de la musique tzigane.
Au fond de son cœur, elle ne souhaitait qu’une chose : ressembler à sa mère, être à la fois aussi douce, éminine, intelligente et éclectique qu’elle. Pourtant, cela ne résolvait pas son problème : elle avait beau savoir pêcher, chasser, monter à cheval et entretenir une maison, ce n’était pas cela qui lui donnerait du travail. Toutes les qualités de sa mère se résumaient en une seule : elle était une bonne épouse. M. Stirling le lui avait dit : puisqu’elle ressemblait tant à sa mère, la seule chose qui lui restait à faire, c’était de se marier.
Elle n’a que ce qu’elle mérite. Toujours à pleurnicher et à faire des scènes de jalousie... N’importe quel homme aurait fini par se lasser d’elle. Avec toi, c’est différent. Ton côté jeune et printanier est un piège auquel même un vieux renard se laisserait prendre.
La jeune femme était incontestablement séduisante malgré le mascara qui alourdissait ses cils et le rouge qui s’étalait sur ses lèvres et sur ses joues — ce qui en Écosse ne manquait pas de surprendre. Son rire et sa voix mélodieuse avaient le don d’illuminer la maison, comme le soleil passant à travers les nuages.
Même dans ses songes les plus noirs, Davita n’avait jamais imaginé qu’elle se retrouverait avec, en tout et pour tout, une somme inférieure à deux cents livres. Le château - propriété des Kilcraig depuis des siècles - était hypothéqué, les meubles et les tableaux déjà vendus...