Le dessin de presse dans tous ses États

« 7 janvier 2015 : l'orage qui menaçait depuis 2005, depuis l'affaire des caricatures de Mahomet dans le Jyllands-Posten, s'abat sur Charlie Hebdo ».
Le beau livre « Le dessin de presse dans tous ses États » a pour déclencheur les attentats qui ont visé le journal Charlie Hebdo, après la publication de caricatures de Mahomet, prophète de la religion musulmane. Les frères Kouachi ont perpétré cet attentat, en tuant 12 personnes, dont les dessinateurs Cabu et Charb. Une date terrible dans l'Histoire de France, qui l'unit, et qui la divise. le 7 janvier 2015 marque aussi la fin d' « un âge d'or de la presse [qui dura] durant le demi-siècle qui a précédé ce jour sanglant », et de la liberté d'expression : « Le dessinateur a gagné sa carte de presse en la signant de son sang ».
L'histoire de ce livre débute en 2006, lorsque Plantu et Kofi Annan, en réaction aux menaces proférées contre des dessinateurs danois ayant caricaturé Mahomet, créent l'association Cartooning for Peace, rassemblant 147 dessinateurs du monte entier. A l'origine de colloques, d'expositions, de rencontres et d'échanges, Cartooning for Peace se bat pour la liberté d'expression et pour les droits de l'Homme.
Et puis, le 7 janvier 2015. Après le choc, l'incompréhension, la colère, le silence, vient le slogan « Je suis Charlie », et la volonté de parler, de débattre, de « trouver la force d'échanger, malgré le tsunami d'intolérance et de violence qui déferle sur le monde ». Un colloque exceptionnel est organisé, à l'international, rassemblant politiciens, juristes, théologiens, historiens, journalistes, et bien sûr dessinateurs. le thème ? Le dessin de presse dans tous ses États. Voilà l'histoire de ce livre, l'histoire du dessin, du débat, de l'humour, de la liberté d'expression contre le fanatisme religieux et l'intolérance.
Ce magnifique livre commence par un peu d'histoire, et explique les débuts du dessin de presse, notamment la caricature de Louis-Philippe, la « poire », ou la lithographie illustrant le massacre de la rue Transnonain. On aborde ensuite la notion de liberté d'expression ; le droit au blasphème, l'(auto)censure ; le juste milieu entre liberté et responsabilité ; Internet, qui diffuse le dessin à un public auquel il n'était pas forcément destiné, mais qui représente aussi une avancée énorme pour la liberté d'expression ; la laïcité...
Les interventions des juristes, historiens et théologiens sont très intéressantes, tout comme les débats entre dessinateurs, et intelligemment illustrées par des dessinateurs du monde entier, chacun avec son humour, son style, son coup de crayon, mais tous pour passer un message de paix et de tolérance.
Mon dessein était de vous convaincre de lire ce très bel ouvrage, et j'espère que vous apprécierez ses caricatures savoureuses et ses dessins aux répliques jubilatoires !