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François Lasquin (Traducteur)
EAN : 9782879290089
265 pages
Editions de l'Olivier (20/03/1991)
4.01/5   63 notes
Résumé :

Au prix de quels sacrifices devient-on Raymond Carver ? Ce livre, composé par l'auteur en 1985, trois ans avant sa mort, est une tentative de réponse par petites touches autobiographiques à la fois poignantes et subtiles où la tendresse douloureuse affleure à l'évocation du père, des boulots minables, de la destruction par l'alcool.

Mais ce que l'on retient des nouvelles, essais et poèmes réunis dans Les Feux, c'est que Raymond Carver, au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Brûle-tout (poèmes, nouvelles, réflexions, …) que ces feux qui jettent un éclairage sur les intentions de cet auteur emblématique des USA, qui pensait que « la lucidité, ça n'a jamais fait de bien à personne. Ça rend la vie encore plus difficile. » J'ai trouvé cette lecture très instructive, mais je dois avouer que je n'y connaissais rien à propos de Carver.

Dans la partie «réflexions », l'auteur nous parle de l'importance des lectures qui sont très structurantes pour l'expérience d'écrivain, insiste sur l'importance d'une ponctuation exacte, du choix du mot et de l'ordre. Il écrit : « dans l'écriture le désordre et le débraillé me font horreur ». Je me suis étonnée d'une telle rigueur car je trouve que ses nouvelles sont écrites avec beaucoup de naturel, sans qu'on y perçoive un quelconque effort. Mais c'est probablement là la marque des plus grands. Réflexion qui aurait probablement déplu à Carver (pardon) car pour lui un écrivain, aussi grand soit-il, qu'il s'appelle Flaubert ou Balzac, reste un homme comme les autres.

Dans ses poèmes et ses nouvelles, il parle de nos petites vies ordinaires, de ces vies anonymes et qui passent inaperçues, ces vies où «tout était bon pour meubler ces interminables silences » et pour lesquelles pourtant il déborde d'amour et d'empathie.

Oui, l'univers de Carver est très particulier. D'ailleurs, il est très attaché à cette notion d'univers qui est « l'un des éléments qui permettent de distinguer un écrivain d'un autre. Pas le talent. le talent, ça court les rues. Mais un écrivain qui a une façon spéciale de voir les choses et qui donne une forme artistique à cette manière de voir est un écrivain qui a des chances de durer. »

Voir les choses … Pas étonnant que ce livre m'ait été conseillé par mon amie photographe. D'ailleurs les histoires de Carver me font penser aux photos de Peter Mitchell.

Lire Carver est une expérience étrange, qui exige patience et lâcher-prise. Il faut se laisser embarquer dans son univers et s'autoriser à se laisser surprendre au détour d'une phrase, d'une situation qui tout à coup fera écho, titillera notre sensibilité et nous touchera dans notre humanité, parfois jusqu'aux larmes.

Carver, un auteur avec lequel je n'en ai pas fini.
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Dans ce volume, Carver nous offre quatre nouvelles et, surprise, des poèmes, mais aussi une longue réflexion sur le métier de nouvelliste.
A l'âge de 20 ans, il est déjà marié et père de deux enfants. Il enfile les petits boulots comme les déménagements. Il n'a pas le temps pour se consacrer à l'écriture comme il le voudrait. Il n'a pas le temps de s'étendre. Alors la nouvelle est le format qui lui convient.
« Ma capacité d'attention m'avait fui ; je n'avais plus assez de patience pour m'essayer au roman... A l'orée de la trentaine, j'ai renoncé à tous mes rêves de grandeur."

Un métier qu'il a choisi et qu'il défend. Un format court mais précis, aux mots choisis porteurs de sens. Des mots qu'il retravaille sans cesse pour les épurer.
" Les mots, c'est finalement tout ce que nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu'il faut et que la ponctuation soit là où il faut pour qu'ils puissent dire le mieux possible ce qu'on veut leur faire dire. "
Des mots pour exprimer son amour, l'amour pour le père et pour les autres, le sens de la vie et sa vacuité, le goût et le pouvoir de l'alcool et de la cigarette, la douleur de vivre des petites gens et leur manque d'espoir...

Le regard qu'il porte sur le monde, le sien et celui des autres, est empli d'une infinie tristesse. Mais qu'on ne s'y trompe pas, son empathie pour ces personnages est immense et sincère. C'est dans les fêlures humaines qu'il plonge sa plume pour en tirer la magnificence de ses écrits. Il est le peintre des petites gens, des exclus de l'american way of life.
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Les feux/Fires 1984
Raymond Carver
essais, poèmes, nouvelles
traduit de l'américain par François Lasquin, 1991
éditions de l'Olivier, 267p


Carver est né en 38 et mort cinquante ans plus tard. Il a eu des problèmes avec l'alcool. Les enfants à nourrir, trouver des boulots, la frustration de ne pas pouvoir écrire l'ont amené à boire. Vaincre cette dépendance fut une grande fierté.
Voici ce qu'il pense de l'écriture : Tout écrivain a du talent. Mais une vision des choses unique et précise, et l'art de trouver le contexte qui permet d'exprimer cette vision sont une autre paire de manches. Un écrivain qui a une façon spéciale de voir les choses et qui donne une forme artistique à cette manière de voir est un écrivain qui a des chances de durer.
On peut placer dans un dialogue une petite phrase d'aspect anodin, mais qui fera remonter un frisson le long de la colonne vertébrale d'un lecteur (réaction qui est, selon Nabokov, le signe de la jouissance esthétique. ) C'est la manière d'écrire qui m'intéresse le plus.
Il aime Hemingway, Flanery O'Connor, John Cheever. Il aime parler des losers. Il écrit aussi pour les écrivains du passé, qu'il admire.
Sur la première de couverture, figure la reproduction d'un tableau de Hopper, Carolina Morning. Parce que l'écriture de Carver, concrète et visuelle, s'ancre dans des ambiances tranchées, séparant l'intérieur de l'extérieur, reflétant le quotidien des Américains: Carver a l'art de capter du coin de l'oeil un détail d'un intérieur, une babiole, un petit évènement, un silence, un geste, trois mots, détails réalistes qui retranscrivent les moments intimes de ses personnages par des instantanés de vie éphémère. Chez Hopper et Carver, on retrouve le vertige que donne la vacuité du quotidien.
Ses poèmes sur l'Antiquité me plaisent. J'apprécie aussi beaucoup son humour.
C'est un livre dont la lecture m'a franchement intéressée.
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Pour ceux qui aiment Carver, ou bien pour les autres qui veulent découvrir, il se trouve que c'est lui-même qui a concocté ce bouquin en 1985 soit 3 ans avant sa mort. On y trouve tout d'abord des explications quant à sa façon d'écrire et pourquoi il a voulu écrire très tôt, ce qui permet de comprendre pas mal de chose sur l'auteur. Ensuite, au milieu, on y trouve des poèmes mais je dirais que ce sont surtout pour moi des photographies, pas des poèmes au sens poésie. Puis il y a des nouvelles pur Carver, un vrai régal! Et à la fin une grande interview de lui vraiment très interessante.
J'avais raté ce bouquin à l'époque, je ne sais pourquoi, et j'ai donc lu Carver une nouvelle fois avec Grand Bonheur. J'adore ces phrases toutes simples qui vont à l'éssentiel, sans fioritures, directes et rythmées comme toujours par cette petite poésie du quotidien banal avec ses personnages qui nous ressemblent tant. Un pur Bonheur !!
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La guerre déploie une myriade de fléaux. de quelle manière survivre, alors que la vie humaine n'a plus de prix aux yeux de la hiérarchie militaire. Tamura est un de ces soldats japonais qui errent sur un champ de bataille dévasté. Nous sommes en 1945 et la guerre touche à son terme. Livré à lui-même, il connaît la faim, la peur et remue sans cesse l'envie de quitter les Philippines pour, enfin, rentrer chez lui. Shöhei Ôoka nous plonge dans l'enfer d'un désastre et s'interroge sur le rôle à tenir lorsqu'on porte un uniforme et qu'on dispose d'une arme. Jusqu'où faut-il demeurer fidèle à sa nation et doit-on songer à sauver sa peau à n'importe quel prix ? Entre solitude et désespoir, le protagoniste semble avoir abandonné toute lueur, résigné à mourir dans un coin immonde de cette campagne tropicale, loin de ceux qu'il aimerait serrer dans ses bras. L'auteur parle de l'absurdité de la guerre et de la décomposition des espoirs. Chef-d'oeuvre de la littérature asiatique, « Les feux » a été rédigé par l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Avec ce livre, partiellement autobiographique, il a remporté le prestigieux prix Yomiuri en 1951. La présente traduction est due au talent de Rose-Marie Makino-Fayolle. Un pamphlet contre la bêtise humaine et la violence que certains hommes infligent à ceux d'autres cultures, au nom d'une pseudo-suprématie ou de la volonté de s'emparer de leurs terres !
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, un ami romancier m’a dit : « Mon livre aurait été meilleur si j’avais pris le temps de l’écrire . » Ça m’a complétement scié, et à chaque fois que j’y repense ça me scie toujours autant. Mais je préfère ne pas y penser. Ça ne me regarde pas. Mais à quoi bon écrire si ce n’est pas pour donner le meilleur de nous-même à ce que nous écrivons ? Au bout du compte, tout ce que nous emporterons avec nous dans la tombe, c’est la certitude d’avoir fait de notre mieux, et d’en avoir donné la preuve par notre travail. Cet ami, j’avais envie de lui dire : « pour l’amour du ciel, change de métier. Tu trouveras sûrement une manière plus facile, et peut-être aussi plus honnête, de gagner ta vie. Ou alors fais ton métier en usant au mieux de tes capacités et de ton talent, ne te cherche pas de mauvaises excuses, ne te raconte pas d’histoires, et ne viens pas te plaindre.»
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Dans la caravane voisine de celle-ci
Une femme houspille une fillette nommée Louise.
Petite bécasse, je t’avais pourtant dit de laisser cette porte fermée!
C’est l’hiver, bon Dieu!
C’est toi qui vas payer ma note d’électricité?
Pour l’amour du ciel, essuie-toi les pieds!
Louise, qu’est-ce que je vais faire de toi?
Oh, qu’est-ce que je vais faire de toi, Louise?
Psalmodie la femme du matin au soir.
Aujourd’hui la femme et l’enfant sont sorties
Pour étendre du linge.
Dis bonjour au monsieur, dit la femme
A Louise. Louise !
C’est Louise, dit la femme
En donnant une bourrade à Louise.
Elle a perdu sa langue, dit la femme.
Mais Louise a des pinces à linge dans la bouche,
Des vêtements mouillés dans les bras. Elle abaisse
la corde à linge, la retient du menton,
y accroche une chemise
et lâche tout –
la chemise se gonfle, claque
dans le vent. Elle baisse la tête
et fait un saut en arrière – esquivant
de justesse cette forme presque humaine.

Raymond Carver, traduit de l’américain par François Lasquin (l’Olivier, poème, p.159/160)
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Ça c’est de l’amour
Qu’est-ce que vous en savez vous autres
Je vais vous dire une bonne chose
J’ai connu des mecs en taule qu’avaient plus de style
Que les gens qui glandent dans les facs
Et vont à des lectures poétiques
C’est des vampires qui viennent voir
Si le poète a des chaussettes sales
Ou s’il pue sous les bras
Croyez-moi je les décevrai pas
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Mon poème est fidèle à la réalité dans tous ses détails, sauf un: mon père est mort en juin, et non en octobre, comme le premier mot du premier vers le laisse supposer. Je voulais un mot de plus d'une syllabe, avec un peu plus de résonance. Et puis surtout, je voulais un mois mieux adapté aux sentiments que j'éprouvais au moment où j'ai écrit mon poème: un mois où les jours raccourcissent, où la lumière décline, où il y a de la fumée dans l'air, où les choses s'étiolent. Le mois de juin, c'était les jours et les nuits d'été, l'anniversaire de mon mariage, la naissance d'un de mes enfants, les cérémonies de remise de diplômes. Le mois de juin, ce n'est pas un mois pour perdre son père.
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Mon poème est fidèle à la réalité dans tous ses détails, sauf un: mon père est mort en juin, et non en octobre, comme le premier mot du premier vers le laisse supposer. Je voulais un mot de plus d'une syllabe, avec un peu plus de résonance. Et puis surtout, je voulais un mois mieux adapté aux sentiments que j'éprouvais au moment où j'ai écrit mon poème: un mois où les jours raccourcissent, où la lumière décline, où il y a de la fumée dans l'air, où les choses s'étiolent. Le mois de juin, c'était les jours et les nuits d'été, l'anniversaire de mon mariage, la naissance d'un de mes enfants, les cérémonies de remise de diplômes. Le mois de juin, ce n'est pas un mois pour perdre son père.
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Vidéo de Raymond Carver
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fanny-wallendorf-jusqu-au-prodige-53573.html Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Fanny Wallendorf a toujours eu le goût de l'écriture. Dès 7 ans, elle garde en mémoire les courts textes qu'elle produisait. Mais c'est bien par la lecture qu'elle prend le chemin de ce qui fera d'elle une romancière. Fascinée par l'écriture et le personnage du poète et écrivain américian Neal Cassady, compagnon de route de Jack Kerouac, elle traduit ses correspondances et frappe à la porte des éditions Finitude qui s'enthousiasment pour son projet. Nous sommes en 2014. Dès lors, Fanny Wallendord traduit pour cette maison plusieurs textes de Raymond Carver et Phillip Quinn Morris. Mais Fanny Wallendorf n'oublie pas la gamine qu'elle a été et les propres histoires qu'elle a envie de raconter. Elle concrétise son rêve en 2019 avec « L'appel » puis en 2021 avec « Les grands chevaux » qui révèlent une écriture sensible, poétique mais rigoureuse et exigeante. Janvier 2023, voilà le 3ème titre de Fanny Wallendorf, « Jusqu'au prodige ». Nous sommes dans les années 40, la guerre n'est pas finie mais la Résistance est en marche. Thérèse a dû fuir, la mère est morte, le père est au combat, son frère, Jean, a été d'elle. La jeune Thérèse devait trouver refuge dans une ferme du Vercors mais la femme qui devait l'accueillir étant morte, c'est le fils de la ferme qui l'a reçue et en a fait son objet, l'a enfermée. Il est le chasseur. Quatre ans plus tard, au hasard d'une inattention de son geôlier, la jeune fille parvient à s'échapper. Mais là voilà seule dans l'immensité de la forêt, sans savoir où aller, cherchant à échapper aux menaces réelles ou fantasmées. Seule le souvenir de ses proches permet à Thérèse de garder l'espoir et d'envisager un avenir en retrouvant son frère Jean. Trois jours, trois nuits dans cette forêt. le doute, la peur, l'incertitude, le désespoir… jusqu'au prodige. Le texte est écrit à la première personne du singulier, c'est bien Thérèse qui nous parle et nous entraine dans cette aventure, ce chemin parsemé de ronces qui mène vers l'âge adulte. Le roman de Fanny Wallendorf est une réussite tant par l'originalité du sujet, la construction de l'histoire et la qualité de l'écriture, belle et sensible, presqu'onirique, qui rappelle que le moindre soupçon d'espoir peut aider à se relever de toutes les épreuves. « Jusqu'au prodige » de Fanny Wallendorf est publié aux éditions Finitude.
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