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Citations sur Qu'est-ce que vous voulez voir ? (24)

— Qu'est-il arrivé ? lui ai-je demandé.
— Il paraît que c'est un radiateur d'appoint qui a pris feu. En tout cas, c'est ce qu'on m'a dit. Il y avait deux gamins dans la maison. Trois, en comptant la baby-sitter. Elle a réussi à s'en sortir, mais pas les enfants, malheureusement. La fumée les a asphyxiés.
On s'est dirigés vers chez nous, à pied. Dotty se cramponnait à mon bras et se serrait contre moi en répétant : « Oh, mon Dieu, mon Dieu ! »
La maison était illuminée par les phares des pompiers. Un homme était debout sur le toit, tenant une lance à incendie dont ne s'égouttait plus à présent qu'un petit filet d'eau. La fenêtre de la chambre avait été brisée. À l'intérieur, j'ai vu un homme qui allait et venait dans la pièce, une hache à la main. Puis la porte de devant s'est ouverte et un autre homme en est sorti, portant quelque chose. Je me suis dit que ça devait être le chien des enfants et ça m'a fichu un coup terrible.
Une camionnette de la station de télé locale était garée dehors. Un opérateur filmait, caméra à l'épaule. Des voisins battait la semelle, blottis les uns contre les autres. Certains étaient habillés, d'autres s'étaient jeté un manteau sur les épaules. Les moteurs des voitures de pompiers tournaient et de temps en temps leur radio se mettait à nasiller. Mais les badauds, eux, ne disaient rien. En les dévisageant, j'ai reconnu Rosemary, debout entre ses parents, la bouche ouverte. Puis les pompiers ont sorti les enfants de la maison, sur des brancards. De grands gaillards bottés, casqués, vêtus de longs manteaux, des hommes à l'air indestructible, qui semblaient avoir encore cent ans de vie devant eux. Ils sont sortis de la maison, chacun à un bout d'un brancard, portant les enfants.

RÊVES.
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— Ce soir, tout le monde me manque, dit-elle. Toi aussi, tu me manques. Ça fait un bon moment que tu me manques. Tu m'as tellement manqué que j'ai fini par te perdre. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais je t'ai perdu. Tu n'es plus à moi.
— Nancy, dis-je.
— Non, non, dit-elle en secouant la tête.
Elle se laissa tomber sur le canapé, face à la cheminée, et continua à secouer la tête.
— Demain, je vais prendre l'avion et je vais aller rejoindre ma mère et Richard. Après mon départ, tu n'auras qu'à appeler ta copine.
— Sûrement pas, dis-je. Je n'en ai aucune intention.
— Tu l'appelleras, dit-elle.
— Et tu appelleras Del, dis-je.
J'étais vraiment salaud de lui dire des choses pareilles.
— Tu peux faire ce qui te plaît, dit-elle en s'essuyant les yeux de la manche. Je suis sincère. Je ne veux pas te faire de scène. Mais demain je partirai à Pasco. Maintenant je vais aller me coucher. Je suis morte de fatigue. Je suis navrée, Dan. Je suis navrée pour nous deux, mais ça ne marchera pas. Tout à l'heure, ce pêcheur nous a souhaité bonne chance. ( Elle secoua la tête.) Moi aussi, je nous souhaite bonne chance. On va en avoir besoin.

APPELLE SI TU AS BESOIN DE MOI.
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La conversation des adultes s'orienta sur un sujet qu'ils avaient déjà effleuré eu peu plus tôt — celui du terrorisme. Robert était prof de dessin dans un lycée de Seattle et Carol travaillait dans une boutique de mode, non loin du marché de Pike Street. Aucun des gens qu'ils connaissaient ne comptaient se rendre en Europe ou au Moyen-Orient cet été-là. En fait, plusieurs de leurs amis avaient annulé les vacances qu'ils prévoyaient de passer en Italie ou en Grèce.
— L'Amérique d'abord, c'est ma devise, dit Robert.

VANDALES.
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Nick les aimait bien, mais il se sentait toujours un peu mal à l'aise en leur compagnie. Jamais ils n'avaient parlé de Bill Daly en sa présence ; jamais, au grand jamais, ils n'avaient ne serait-ce que mentionné son nom. Néanmoins, quand ils étaient ensemble tous les quatre, Nick avait constamment l'impression que Daly occupait au moins un quart de leurs pensées. Nick avait piqué la femme de Daly, et à présent ces vieux amis de Daly étaient chez l'homme qui avait commis cette indélicatesse, bouleversant du même coup leurs existences à tous.

VANDALES.
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— J'essayais d'arrêter de boire et je sentais bien que je n'y arriverais pas en restant chez moi, mais je ne voulais pas aller dans une clinique ou un centre de cure, vous comprenez. Mon frère avait une maison où il n'allait que l'été — c'était au mois d'octobre — alors je l'ai appelé et je lui ai demandé s'il pouvait me la prêter une semaine ou deux, le temps que je me remette d'aplomb. Il a dit que c'était d'accord. Je me suis mis à faire ma valise en me disant que j'étais heureux d'avoir une famille, heureux d'avoir un frère, heureux qu'il soit prêt à me donner un coup de main. Mais là-dessus le téléphone a sonné, c'était mon frère, et il m'a dit qu'il en avait discuté avec sa femme, il m'a dit qu'il était désolé, qu'il ne savait pas comment me dire ça, mais que sa femme avait peur que je mette le feu à la maison. Tu comprends, m'a-t-il dit, tu pourrais t'endormir avec une cigarette allumée à la main, ou oublier d'éteindre le gaz. Bref, ils avaient peur que je foute le feu à leur maison, et à son grand regret il ne pouvait pas me la prêter. J'ai dit bon, d'accord, et j'ai redéfait ma valise.

VANDALES.
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— Vous allez nous manquer, dit Pete. Ça, y a pas de doute. Ça me fait mal au cœur que vous partiez, mais c'est comme ça, on n'y peut rien, quand on a quelque chose à faire il faut bien le faire. Je ne sais pas comment vous dire ça, mais c'était vraiment un grand honneur de vous avoir dans ma maison, vu que vous êtes profs tous les deux. J'ai un profond respect pour l'éducation, même si je n'en ai pas beaucoup moi-même. […] Je vous le dis du fond du cœur, croyez-moi. Ç'a été une grand joie de vous connaître. SI jamais vous repassez dans la région, j'espère que vous viendrez nous dire un petit bonjour.

QU'EST-CE QUE VOUS VOULEZ VOIR ?
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Pour ma part je n'ai pas bu la moindre goutte d'alcool depuis six ans. Alors que pendant les dix ans qui ont suivi mon départ de l'armée, j'en sifflais au moins un litre par jour. Je ne sais pas comment j'ai fait pour arrêter de boire, mais j'y suis arrivé. Je suis allé voir mon médecin et je lui ai dit, docteur, je m'en remets à vous, je veux me débarrasser de cette saleté, aidez-moi. Il a passé deux, trois coups de fil, et voilà. Il m'a dit qu'il avait connu quelques bonshommes qui avaient eu ce problème, et qu'il l'avait eu lui-même à un certain moment de sa vie. Là-dessus, il m'a expédié dans un établissement spécialisé de Calistoga. C'est en Californie, du côté de Santa Rosa. J'y suis resté trois semaines. À mon retour, j'étais sobre et le désir de boire m'avait quitté.

QU'EST-CE QUE VOUS VOULEZ VOIR ?
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Joanne était la femme de Nick à présent. Jadis, il aurait tué pour elle. Il l'aimait toujours, elle aussi l'aimait, mais son obsession lui avait passé. Non, il n'aurait plus tué pour elle, et il avait du mal à comprendre qu'il ait pu éprouver un jour un sentiment pareil. Tuer pour elle, ou pour qui que ce soit d'autre ? Non, décidément, ça n'en valait pas la peine.

VANDALES.
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La maison où nous allions passer l'été était meublée, rien n'y manquait, même pas la vaisselle et les ustensiles de cuisine, aussi nous n'emportions que le strict nécessaire. Trois semaines plus tôt, j'avais pris ma voiture et j'avais parcouru les cinq cents kilomètres qui séparent Palo Alto d'Eureka, une petite ville du nord de la Californie, au bord du Pacifique, où j'avais loué la maison meublée en question. J'y étais allé en compagnie de Susan, la femme avec qui je sortais. Nous avions passé trois nuits dans un motel, à la périphérie de la ville. Dans la journée, j'épluchais les petites annonces et je faisais la tournée des agences. J'avais versé trois mois de loyer d'avance, en payant par chèque, sous les yeux de Susan. Plus tard, au motel, allongée dans le lit, une main posée en travers du front, elle m'avait dit :
— Je suis jalouse de ta femme. Je suis jalouse de Nancy. On entend toujours dire que la maîtresse d'un homme marié n'a qu'un rôle subalterne, que l'épouse en titre garde ses prérogatives, que c'est elle qui a le vrai pouvoir, mais jusqu'à aujourd'hui je ne l'avais jamais compris, et du reste je ne m'en souciais pas. Maintenant, c'est clair. Je suis jalouse d'elle. Jalouse de la vie qu'elle va mener avec toi dans cette maison pendant tout l'été. Je voudrais être à sa place. Je voudrais que ce soit toi et moi. Ah, qu'est-ce que je suis jalouse ! Je sais, je sais, c'est vraiment mesquin de ma part, conclut-elle.

APPELLE SI TU AS BESOIN DE MOI.
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— En tout cas, depuis qu'on a lâché nos bombes, les choses n'ont fait qu'empirer là-bas. Qu'est-ce que vous pensez, vous, de ces bombardements ? À mon avis, les Américains vont en payer les conséquences. On est tous dans le collimateur à présent.
Nick remua son café et en avala une gorgée avant de dire :
— Moi, je ne sais plus ce qu'il faut en penser. C'est vrai, quoi. Dans ma tête, je revois sans arrêt ces cadavres gisant dans une mare de sang au milieu d'un aéroport. Non, je ne sais plus. (Il remua encore son café.) Ici, j'ai entendu des mecs dire que tant qu'à faire on aurait dû balancer encore plus de bombes. Quelqu'un a même dit que pendant qu'on y était on aurait dû tout raser, qu'il n'en reste qu'un parking. Moi je ne sais pas ce qu'il faut faire ou ne pas faire là-bas. Mais il fallait bien qu'on fasse quelque chose, c'est sûr.

VANDALES.
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