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François Lasquin (Traducteur)
EAN : 9782253057123
281 pages
Le Livre de Poche (19/06/1991)
4.14/5   190 notes
Résumé :
"...
On est allés directement au magasin de spiritueux, et je l'ai attendu dans la voiture. Il est ressorti avec un sac en papier dans une main et une poche de plastique pleine de glaçons dans l'autre. Il ne marchait pas très droit. Ce n'est qu'après qu'on a redémarré que je me suis aperçue qu'il était vraiment très ivre. Il se tenait tout recroquevillé au-dessus du volant, il avait les yeux vitreux et roulait à une allure d'escargot.
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C'est la fin de l'année, ou le début de la nouvelle, je ne sais plus… Et si je sortais une bonne bouteille de whisky. Et si je sortais un bon bouquin américain. Et si je sortais justement un recueil de nouvelles de Raymond Carver. Carver, Ça fait longtemps que je n'ai pas lu Raymond. Je sens que c'est ce qu'il me faut pour accompagner mon Smoke Stack, je souffle sur la poussière qui s'envole des pages de mon bouquin, retombe au pied de mon verre au goût fumé. Voilà je suis en Amérique, une Amérique d'un autre temps certes, mais les « charmes » de la vie américaine à la sauce Carver opère toujours avec moi.

« Tais-toi, je t'en prie », supplie-je. le silence s'impose pour écouter les battements de coeurs qui cognent dans ces maisons pavillonnaires. Lorsque les volets se ferment. Ou lorsque la porte s'ouvre pour récupérer une bouteille de lait. Dis, c'est quoi cette bouteille de lait. Ecoute petit, oublie le lait, viens lire avec moi ces histoires, de couples, d'enfants ou de chiens. Il y en a pour tous les goûts, et même si tu n'aimes pas le fumé de mon whisky. Comme il y en a pour toutes les vies, du moment qu'elles soient ordinaires. Et si je mettais un 33 tours de Tom Waits ?

Avec Raymond, il ne se passe rien d'extraordinaire, simplement des tranches de vies, simples, basiques, communes. Il y est question, d'amour, un peu, de couples, souvent et de solitude, beaucoup. Rentrer avec un roman de Carver n'est jamais gage d'une grande éclat', d'un moment festif, et pourtant le plaisir y est toujours, je parle en mon nom propre. Les hommes boivent et se retrouvent seuls. Les femmes boivent aussi et se sentent seules. On discute couple et amertume autour d'un verre, d'une bière. On imagine rupture autour d'une bière, dans un bar, sans strip-teaseuse (pas d'éclat', on est toujours dans du Carver). On se sent triste dans ce bar, dans sa cuisine, la porte du frigo qui se referme sur les canettes de bières… Et souvent il y pleut sur les vitres comme sur les visages.

Il ne se passe rien... et pourtant je l'adore... cet écrivain qui peut écrire trois pages simplement sur un pauvre type qui pisse dans un urinoir...
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Raymond Carver (1938-1988), c'est le peintre de l'ordinaire, le peintre de la vérité crue, de la réalité toute nue, celle des pavillons achetés à crédit, celle des vérandas et des petits jardinets, celle des cafétérias et des restoroutes. C'est le nouvelliste de la vie sans tambour ni trompette, sans éclat ni retentissement ; de la vie tout court, de la vie toute simple, qui s'égrène avec son lot de difficultés et d'obstacles, de tracas et de peines, de malaises et de mal-être.
Il est mort d'un cancer il y a près de 25 ans mais ses nouvelles n'ont pas pris une ride tant les personnages qu'elles mettent en scène nous semblent proches, piégés par les problèmes très actuels de la vie quotidienne : les relations de couple, l'alcoolisme, le surendettement, le chômage, les passages à vide, les remises en question….
Des personnages qui nous sont familiers car ils n'ont rien d'exceptionnels. Ils sont serveurs, facteurs, ouvriers, représentants, chômeurs, maris et femmes, maîtresses ou amants…Ce sont tous des êtres ordinaires, issus de la middle-class américaine, insignifiants, modestes, des gens comme tout un chacun, ni meilleurs, ni pires comme le commun des mortels.

Dans les histoires que raconte Raymond Carver, il y a toujours des vélos d'enfants posés négligemment contre un mur, de l'alcool et des cendriers pleins, des gens qui picolent et qui fument en se demandant quand ils ont bien pu louper le coche et faire de leur vie ce temps qui s'effiloche.
Des histoires qui sentent le vécu. Qui se font l'écho de millions d'individus engluées comme des mouches dans la mélasse de leur existence étriquée et que l'auteur observe avec l'attention d'un naturaliste et la proximité de celui qui a vécu les mêmes doutes, les mêmes tourments, les mêmes petites tragédies qui vous broient un type en moins de deux.

Pas d'aigreur pourtant chez ces américains moyens, nul ressentiment, pas même la force de changer les choses, pour eux, c'est déjà trop tard. Pourtant, à un moment donné, au détour de scènes apparemment anodines et banales, ils vont toucher du doigt l'insignifiance de leur vie. C'est de ce malaise-là que l'auteur rend compte et saisit avec l'oeil net, précis et lucide du photographe, cet instant où un individu fait le constat accablant, déprimant, d'avoir raté sa vie.
En cela, l'absence de chute des histoires mises en scène, la façon abrupte de clore sans clore qui peut dans un premier temps décontenancer, n'est en définitive qu'une conséquence de cette faillite intime.
Les 22 nouvelles qui composent le recueil de « Tais-toi, je t'en prie » ne débouchent ainsi sur aucune morale, ne sont porteuses d'aucun enseignement. Elles servent juste à montrer la vie dans sa réalité brute, sans fioriture ni falbala, au détour d'une partie de pêche dans des eaux polluées, d'une infidélité avouée ou de l'attente de créanciers.

Lire Raymond Carver c'est un peu comme sillonner l'Amérique dans un vieux Pick-up Ford et se faire le témoin de la vie au rabais de toute cette frange de la population en proie aux misères d'un quotidien fait de soucis financiers et de traites à payer, de lassitude et de désillusions, de rêves avortés et de déconvenues. C'est comme regarder vivre les gens à travers les carreaux, en spectateur muet et invisible de leur déconfiture. Des portraits saisissants de réalisme, happés au plus près du réel par une plume brillante, juste et concise, d'une efficacité redoutable.
Résignation et déception ; soumission et continuité…Chez Carver, la seule route à suivre, c'est celle qui mène au bout de la vie, quand bien même elle n'a pas été telle qu'on l'avait souhaitée.
Rien de bien grave au demeurant ; juste deux doigts d'American Dream noyé dans du spiritueux.
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Voilà une lecture qui se mérite … Non à cause d'un vocabulaire recherché, que du contraire, ni d'un style trop travaillé ou d'une syntaxe alambiquée. On est ici dans l'extrême simplicité. L'épreuve réside dans la confrontation avec la banalité, l'insignifiance, la futilité de la vie humaine. Pages après pages, nous sommes ramenés à notre propre histoire, si petitement banale.

Ces nouvelles ont été écrites au siècle dernier, bien avant l'exacerbation du narcissisme et de l'égocentrisme encouragée par les réseaux sociaux, bien avant cette orgie de photos dégoulinantes de bonheur, de rencontres fabuleuses, mais éphémères, et d'aventures trépidantes de globe-trotters pantouflards. Pas sûre qu'il y ait d'ailleurs encore de la place pour ce genre de littérature dans le monde actuel.

Raymond Carver décrit de façon très lucide et sans effet romanesque (ce qui peut être très déstabilisant) la vie ordinaire de ses compatriotes, dans une sorte de photomaton géant et littéraire. Dans ses nouvelles, il jette une lumière crue sur nos petites vies, notre solitude, nos petits travers, et parfois notre part sombre. Les personnages sont jaloux, fainéants, médiocres, froussards, ennuyeux, lâches … C'est une galerie d'anti-héros.

Mais quand Raymond se met à nous parler d'amour, par exemple dans la très belle nouvelle qui donne le titre à ce livre, alors là c'est tout simplement magnifique. On peut regretter qu'il n'ait pas plus écrit sur ce thème, mais peut-être que ♫ l'amour est rare, et le bonheur aussi ♫ (comme chantait l'autre) … Je ne sais.

Le tout est révélé sans complaisance mais sans aucun jugement, un peu à la façon des reportages de l'émission belge Strip-Tease, pour ceux qui connaissent. C'est écrit sans fard, dans un souci extrême d'honnêteté, de justesse, mais c'est aussi empli d'empathie et d'humanité.

Si vous ne connaissez pas Raymond Carver, je pense que la lecture de « les feux », où l'auteur éclaire sa démarche, est indispensable et permet d'aborder son oeuvre mieux armé.
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Plus je lis Carver et plus je l'apprécie. Pourtant, à première vue, rien de bien complexe chez cet auteur là. Nul besoin de relectures. Toutes ses nouvelles se ressemblent, alors pourquoi s'échiner à lire la prose banale et un rien déprimante de ce grand gaillard au regard triste?
Comme souvent, la facilité de lecture, la simplicité du style et du propos cache un travail conséquent. Chaque phrase est léchée, sculptée, ciselée. Rien n'y manque et rien ne saurait y manquer. Carver est un équilibriste du verbe, un perfectionniste. Il aborde la nouvelle à la manière d'un poète, en cela réside sa particularité. Ce style épuré a d'ailleurs fait sa réputation. Paradoxalement, on connait plus le nouvelliste que le poète.
Mais au delà du caractère éthéré et contemplatif de son écriture, Carver a surtout l'art de susciter l'émotion. Il manie comme personne le non-dit, l'ellipse, la suggestion. Car ce qui est important dans ses histoires, c'est ce qui n'est pas dit explicitement. Sous couvert de situations banales, on touche aux fêlures, à la douleur quotidienne. Pas de chutes sensationnelles, pas de morales bienveillantes ; juste ces clichés, ces portraits-robots d'êtres au bord du désespoir. Une incursion dans l'envers du décor. Carver, c'est la face cachée de l'american way of life, des hommes et des femmes qui vivent à crédit, cumulent les jobs, se débattent dans leur mariage, survivent tant bien que mal dans le marasme du consumérisme.
Comment faire passer autant avec si peu? C'est la question que je me pose à chaque lecture. Et chaque nouvelle lecture apporte son lot de nouvelles interrogations.
Voilà pourquoi il faut lire et relire Carver, cet homme qui ne jurait que par un minimalisme forcené. Ce grand gaillard au regard triste qui avait su, en toute humilité, s'effacer derrière l'émotion pour mieux la sublimer.
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Toutes ces nouvelles suent le désespoir, le mal-être, la solitude. Mais bon sang que l'écriture est juste. Pas un mot de trop, pas d'adjectif inutile ou superflu. Tout est dit, simplement dit, cruellement dit.

Raymond Carver nous parle des petites gens engluées dans leur quotidien, ne sachant comment sortir la tête de l'eau. Ces facteurs, chômeurs, garces, voisins, représentants, mères de famille, bûcherons, couples au bord de la crise de nerfs, tous à un tournant de leur vie, celui de la prise de conscience du vide de leur vie. Les uns enviant le sort de leurs voisins, les autres rejetant la faute de leurs déboires sur leurs chiens ou leurs locataires...
Peu importe ! Ils savent le degré zéro de leur vie mais ne cherchent pas à atteindre un autre niveau. Ils vivent parce qu'il faut vivre. Ils sont résignés. Ils n'attendent rien. D'ailleurs ces nouvelles n'ont souvent pas de chute. Pourquoi faire ? Puisque rien, jamais, ne change.
Mais tous ces personnages ont un point commun : l'alcool (quelquefois la drogue, ou les deux) et la clope leur servent très souvent de dérivatif, d'échappatoire.
Même les gamins sont déjà laminés par l'indifférence, le désamour ou la lassitude de leurs parents.

C'est de l'implacable solitude dont il s'agit ici. Raymond Carver nous brosse l'envers du décor de l'American way of life et c'est terriblement cinglant.

Un grand merci à Malabar pour ce moment de lecture dérangeant et passionnant et la découverte de cet auteur.
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Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
Quand l'orchestre s'interrompit à nouveau, Ralph chercha les toilettes des yeux. Il distingua des portes qui semblaient animées d'un mouvement perpétuel à l'autre extrémité du bar et il mit le cap sur elles. Il titubait un peu. Il était ivre à présent, il le savait. Une des portes était surmontée d'un bois de cerf monté sur écusson. Un homme la poussa, entra ; un second la retint, sortit. Ralph entra à son tour et se joignit à la file qui s'était formée devant l'urinoir. Tandis qu'il attendait, il se mit à fixer d'un œil hypnotisé les deux cuisses écartées et la vulve ouverte maladroitement dessinées sur le mur au-dessus d'un distributeur de peignes en plastique. Sous le dessin, on avait griffonné : BOUFFE- MOI, et plus bas encore une autre main avait inscrit : Betty M. bouffe les minettes, RA 52275. La file avança et Ralph suivit le mouvement, le cœur serré à la pensée de cette Betty. Il accéda enfin à l'urinoir et se soulagea. Le jet lui fit l'effet d'un éclair jaillissant. II soupira, se pencha en avant et appuya son front à la paroi. Oh ! Betty, songeait-il. Sa vie avait changé, il s'en rendait bien compte. Du fond de son ivresse, il se demanda s'il existait d'autres hommes qui, en se penchant sur un incident isolé de leur vie, étaient capables d'y déceler les prémices d'une catastrophe qui bouleverserait par la suite le cours de leur destinée. Un moment encore, il resta dans cette posture puis il abaissa son regard et s'aperçut qu'il s'était pissé sur les doigts. Il alla au lavabo et, jugeant préférable de ne pas user de la barre de savon douteuse se fit couler de l'eau sur les doigts. Tandis qu'il déroulait l'essuie-mains, il approcha son visage du miroir tout piqué et se regarda dans le blanc des yeux. Un visage : que peut-il y avoir de plus banal ? Il toucha le miroir du doigt, puis s'écarta pour laisser passer un homme qui voulait user du lavabo.
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Il lui lisait des vers de Rilke, poète qu'il admirait beaucoup, lorsqu'elle s'assoupit, la tête sur son oreiller. Il aimait déclamer des vers, et il lisait bien, d'une voix sûre et bien timbrée, basse et profonde, qui quelquefois s'élevait, frémissait. Quand il lisait, il ne quittait jamais son texte des yeux et ne s'interrompait que pour puiser une cigarette dans le paquet posé sur la table de nuit. Cette voix cuivrée la plongeait dans des rêves de caravanes quittant des cités fortifiées sous la conduite d'hommes barbus en robes. Elle l'avait écouté quelques minutes puis ses paupières s'étaient fermées et elle avait lentement dérivé vers le sommeil.
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Il ne restait plus trace en lui de l'optimisme qui avait teinté sa fuite de la ville. Il s'était évaporé au soir du premier jour, tandis qu'ils roulaient vers le nord entre deux rangées ténébreuses de séquoias géants. Désormais, les pâturages de l'ouest de Washington, leurs vaches, leurs corps de ferme épars, ne semblaient plus rien lui promettre, rien en tout cas de ce qu'il désirait vraiment. Et à mesure qu'il avançait, un sentiment de révolte et de désespoir grandissait en lui.
Il maintenait la voiture à une allure régulière de quatre-vingts à l'heure - le maximum sur une route pareille. Il avait le front et la lèvre supérieure emperlés de sueur. Une odeur de trèfle forte et pénétrante imprégnait l'air tout autour d'eux. Le paysage se mit à changer. La route plongea brusquement, franchit un petit pont, remonta, puis le bitume cessa et ils se retrouvèrent sur un large chemin de terre. Il continua à rouler, soulevant derrière lui un nuage de poussière ahurissant.
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J’étais sans travail, mais je devais recevoir de nouvelles du Nord incessamment. Allongé sur le canapé, j'écoutais le bruit de la pluie. De temps en temps, je me levais pour jeter un coup d'œil à travers le rideau, des fois que le facteur s'amènerait.
Mais la rue était vide, morte.
Je ne m'étais pas recouché depuis cinq minutes que j'ai entendu quelqu'un qui gravissait les marches du perron, faisait une brève pause, puis frappait. Je suis resté coi, sachant que ça ne pouvait être le facteur. Le facteur, je connaissais son pas. Quand on est chômeur, on n'est jamais trop circonspect. Les mises en demeure et les sommations pleuvent. Tantôt elles arrivent par la poste, tantôt on vous les glisse sous la porte. Y en a même qui viennent vous voir pour discuter, surtout si on n'a pas le téléphone.
On a frappé une deuxième fois, plus fort. Ça n'augurait rien de bon.
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- Bon dieu, quelle chaleur ! dit-il. On a encore de la bière ?
- Oui, je crois qu’il en reste, répondit-elle en le suivant dans la cuisine.
Il avait les cheveux mouillés. Elle y passa les doigts tandis qu’il s’asseyait. Elle lui ouvrit une bière et s’en versa un peu pour elle-même dans une tasse. Il but à petites gorgées, le regard fixé sur la fenêtre enténébrée de l’autre côté des vitres.
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Vidéo de Raymond Carver
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/fanny-wallendorf-jusqu-au-prodige-53573.html Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Fanny Wallendorf a toujours eu le goût de l'écriture. Dès 7 ans, elle garde en mémoire les courts textes qu'elle produisait. Mais c'est bien par la lecture qu'elle prend le chemin de ce qui fera d'elle une romancière. Fascinée par l'écriture et le personnage du poète et écrivain américian Neal Cassady, compagnon de route de Jack Kerouac, elle traduit ses correspondances et frappe à la porte des éditions Finitude qui s'enthousiasment pour son projet. Nous sommes en 2014. Dès lors, Fanny Wallendord traduit pour cette maison plusieurs textes de Raymond Carver et Phillip Quinn Morris. Mais Fanny Wallendorf n'oublie pas la gamine qu'elle a été et les propres histoires qu'elle a envie de raconter. Elle concrétise son rêve en 2019 avec « L'appel » puis en 2021 avec « Les grands chevaux » qui révèlent une écriture sensible, poétique mais rigoureuse et exigeante. Janvier 2023, voilà le 3ème titre de Fanny Wallendorf, « Jusqu'au prodige ». Nous sommes dans les années 40, la guerre n'est pas finie mais la Résistance est en marche. Thérèse a dû fuir, la mère est morte, le père est au combat, son frère, Jean, a été d'elle. La jeune Thérèse devait trouver refuge dans une ferme du Vercors mais la femme qui devait l'accueillir étant morte, c'est le fils de la ferme qui l'a reçue et en a fait son objet, l'a enfermée. Il est le chasseur. Quatre ans plus tard, au hasard d'une inattention de son geôlier, la jeune fille parvient à s'échapper. Mais là voilà seule dans l'immensité de la forêt, sans savoir où aller, cherchant à échapper aux menaces réelles ou fantasmées. Seule le souvenir de ses proches permet à Thérèse de garder l'espoir et d'envisager un avenir en retrouvant son frère Jean. Trois jours, trois nuits dans cette forêt. le doute, la peur, l'incertitude, le désespoir… jusqu'au prodige. Le texte est écrit à la première personne du singulier, c'est bien Thérèse qui nous parle et nous entraine dans cette aventure, ce chemin parsemé de ronces qui mène vers l'âge adulte. Le roman de Fanny Wallendorf est une réussite tant par l'originalité du sujet, la construction de l'histoire et la qualité de l'écriture, belle et sensible, presqu'onirique, qui rappelle que le moindre soupçon d'espoir peut aider à se relever de toutes les épreuves. « Jusqu'au prodige » de Fanny Wallendorf est publié aux éditions Finitude.
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