Avec cette première rencontre de John Case, je découvre en fait que sous ce pseudo, se cache un couple d'écrivains américains, Jim et Carolyn Hougan. Je pensais qu'avec un tel titre, "Magie Noire" allait me transporter dans les fins fonds de l'Afrique Noire. Pas du tout, c'est un périple à travers les États-Unis qui m'a entrainée dans les pas d'un magicien un peu spécial.
Sean et Kevin, 6 ans, sont sous la garde de leur père, Alex Callahan, récemment divorcé. Alors qu'ils visitent un parc d'attractions, les enfants disparaissent soudainement. Les recherches n'aboutissent à rien, pas de piste sérieuse, pas de demande de rançon. Après avoir soupçonné le père, la police finit pas se désintéresser de l'affaire. Habitué par son métier de reporter à mener des enquêtes, Alex décide de prendre les choses en main et se penche sur des faits divers anciens qui lui semblent similaires parce liés à des enlèvements de jumeaux. Il part donc à travers le pays sur les traces des témoins de ces affaires passées.
J'ai trouvé ce thriller intéressant car il nous met face aux sentiments d'un père anéanti par la disparition de ses enfants. Cette impression de culpabilité qu'il ressent (il avait la garde de ses fils depuis peu), va le pousser à se battre et à tout tenter pour les retrouver. Malheureusement, la construction m'a paru très inégale : le début est laborieux et la fin presque bâclée. La véritable action démarre avec le voyage d'Alex qui nous entraine de Las Vegas et ses paillettes à la Louisiane et son culte vaudou, dans des ambiances totalement différentes. Certes, le suspense est là, on a hâte de connaitre le sort de ces jumeaux et les pages du livre défilent entre les doigts. Pourquoi alors avoir écrit un dénouement aussi rapide, sans réelles explications ? Une légère déception qui se solde par un 12/20.
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Las Vegas. Je n'y avais encore jamais mis les pieds, ça ne s'était jamais présenté. Mais comme tout le monde, je pense, j'en avais une idée assez précise : moitié clinquante, moitié sordide. Il s'avère que ma Las Vegas imaginaire n'arrive pas à la cheville de la vraie.
Les premiers kilomètres au sortir du parking Avis de l'aéroport McCarran sont effectivement sordides, aussi délabrés que n'importe quelle portion mal famée de la Route 1. Motels fatigués et casinos pitoyables disputent l'espace à des chapelles de mariage miteuses et à des entreprises commerciales marginales. (...)
Puis j'arrive au premier grand hôtel-casino, le Mandalay Bay, cuirassé d'or.
Il est immense, plus vaste que n'importe quel bâtiment de Washington, excepté peut-être le Pentagone. Et ce n'est que le premier d'une incroyable enfilade de mastodontes. Je demeure bouche bée en remontant le Strip dans ma Ford de location. Chaque hôtel est comme un parc à thème séparé, un décor de théâtre somptueux. Mandalay Bay, Luxor, New York New York, Paris, The Bellagio, Caesar's Palace... (...)
Lumières, enseignes, foules. Times Square shooté aux stéroïdes.
A Kandahar, l'équipe technique a paniqué, j'ai été le seul à poursuivre le filmage. Ça me ronge encore. Parfois, je ne peux m'empêcher de me sentir coupable : je gagne ma vie en montrant la souffrance et la mort, ce qui me vaut même de remporter des prix... (...)
"Les larmes, c'est bien, disait Thierry Tumolo, le premier producteur pour lequel j'ai travaillé. Les larmes, c'est bien... mais le sang, c'est mieux. Un peu de sang retient vraiment l'attention."
Il règne dans le poste de police un climat de lassitude qui, contre toute attente m'apaise. C'est tellement différent de l'énergie imprégnée d'adrénaline déployée chez moi. Ça me rappelle le service des immatriculations et permis de conduire.
J'ai l'impression que tous ceux qui travaillent ici, du secrétaire à l'inspecteur, voient si régulièrement de tels actes de barbarie que leur réaction émotionnelle en est émoussée. Aussi impensable que semble un crime - y compris le meurtre d'enfants -, il y a toujours un précédent, un article qui s'y réfère dans le code pénal.
Tout est affaire de procédure.
Je ne parle plus de mes enfants si je peux l'éviter, afin de prévenir la scène qui suit à chaque fois la révélation de mon cauchemar. L'expression obligatoire de sympathie fait place à la fascination puis à une répugnance à peine voilée. La fascination est facile à comprendre : elle ressortit à l'instinct qui nous pousse à contempler les accidents de voiture. La répugnance est similaire à celle que les malades du cancer ou les handicapés doivent rencontrer : même si les coups du sort ne sont pas contagieux, les gens ont peur. Il m'est arrivé une chose horrible, personne ne veut attraper ma malchance.
J'ai pratiqué la varappe avant la naissance des garçons. J'appréciais l'énergie, la précision et la concentration requises. Mais surtout, j'aimais me tester, fragmenter le risque en doses maîtrisables.
D'une certaine façon, c'était le contraire de mon travail. Quand on effectue un reportage dans une zone de combat, on réduit les risques au minimum, mais le danger n'est pas quelque chose qu'on peut contrôler. Il surgit de l'extérieur et pas en doses fragmentées.
La varappe, c'est l'inverse : vous choisissez l'endroit où vous placez le pied ou la main. Vous seul savez si vous êtes assez fort ou assez souple pour faire un tel mouvement. La malchance peut quand même jouer si vous cherchez une prise sur un rocher trompeur, mais, la plupart du temps, vous opérez dans les limites de vos capacités et de votre peur. Cela me plaisait.