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EAN : 9782917084458
235 pages
Attila (22/03/2012)
3.77/5   15 notes
Résumé :
Deux enfants conçoivent un pays imaginaire, la Schwambranie, avec son histoire, ses îles, sa faune de héros et d’ennemis... dont les noms sont choisis dans les ordonnances de leur père, médecin. Nous sommes en Russie, en 1917. Un jour éclate la révolution russe. Le livre alterne alors entre les récits du pays imaginaire et les changements apportés par le nouveau pouvoir à l’école. Nouveaux Don Quichotte et Sancho Pança, Lolia et son frère Osska sont des défenseurs a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les années ont beau passer, les cheveux pousser, être colorés, voire tomber, les nuits blanchir, Neil Armstrong mourir, la Terre accomplir de multiples circonférences autour de son étoile tutélaire, les gouvernements chuter, les poings se dresser et les journaux d'hier devenir désuets, le dernier dimanche avant la rentrée demeure toujours ce supplice qui fixe nos yeux sur l'inexorable trajectoire des aiguilles sur nos cadrans et le retour vers nos journées de labeur privées de liberté.
Les rayons du soleil sont, certes, cléments en cette après-midi et le salon de thé paisible, mais je rêve encore de mon Italie évanouie et appréhende les premières salutations de mes collègues comme autant de salves d'artillerie dans cette guerre du quotidien. Alors, mon désespoir tente de me faire jouer la grande évasion, la fugue sans prélude, à défaut d'avoir le courage de mener une révolution – attention, pas une révolution de démagogues, de bourgeois planqués, de Jenifer, de mutins de Panurge ; mais une révolution sanglante, romantique, qui me ramènerait à mon Ailleurs, loin du froid qui sévit sur le domaine de la lutte.
Alors, je « diaporamise » mes photos de vacances avec l'impression de, plus que le souvenir, posséder leur réalité matérielle, un peu comme un gamin qui collectionnait les images Panini des « chevaliers du zodiaque » et se rêvait chevalier d'or. Je cachais ces images ; les coller sur l'album aurait été les perdre car les livrer aux regards de tous, et ainsi éventer mon secret, mon monde bien à moi.
Bien sûr, j'ai grandi…
Mais c'est avec beaucoup de tendresse que j'ai retrouvé ces sensations en lisant « le Voyage Imaginaire » (Schwambrania en russe) de Léo Cassil (Éditions Attila), texte paru en 1932 en Union Soviétique et réédité en français pour la première fois depuis 1937.
Deux frères, Lolia et Osska, s'inventent une terre promise imaginaire, la Schwambranie qui leur permettra de fuir leur quotidien d'enfants, nécessairement limité. Commence alors un véritable jeu de l'esprit où le moindre évènement du monde réel sera happé puis retranscrit par ces inventeurs en culottes courtes.
Nous sommes en Russie impériale, en pleine première Guerre mondiale : bientôt, la révolution d'octobre… Tolstoï en aurait fait une fresque vertigineuse, Vassili Grossman un ouragan humaniste, Léo Cassil choisit de dessiner un monde à hauteur d'enfant et écrit un roman qui doit plus à l'inventivité qu'à l'Histoire.
Ainsi, le très jeune et brillant Osska mais à l'intelligence désordonnée n'a de cesse d'inventer des mots et expressions valises qui, s'ils concourent à la drôlerie du texte, témoignent de la créativité de Cassil. Son écriture est, par moments, jubilatoire et on sent l'auteur heureux d'écrire et prenant du plaisir à partager ses mots.
L'on pourrait rapprocher « le Voyage Imaginaire » des Bildungsroman ou romans d'apprentissage qui, foisonnant dès le XVIIIè siècle, trouvèrent leur référence avec « Illusions perdues » De Balzac. Mais si ces textes mettaient en avant des adolescents devenant adultes, Léo Cassil signe lui un roman que l'on pourrait qualifier de « transitionnel », tant paraît évident son souci de décrire la transformation de jeunes enfants dépendants en personnes autonomes différenciés capables de faire leurs choix.
Pourtant, quel est le destin d'un doudou, d'un jouet ?

La traduction titre illustre bien le roman. En russe, le titre évoque un pays imaginaire, un espace figé, alors qu'en français, il découvre bien qu'il s'agira d'une dynamique, et donc de changements.

La description de ces changements – de la Russie impériale dans la Première Guerre mondiale, à la Révolution bolchevik – puis le destin particulier de Léo Cassil comme écrivain soviétique pourraient d'ailleurs laisser perplexes.
Il ne s'agit pas de refaire l'Histoire, de juger a posteriori avec une morale de vainqueur bien à l'abri, une morale bourgeoise – Cassil, écrivain bien installé, institutionnalisé, vit son frère, sa belle-soeur et sa nièce disparaître en goulag, son roman censuré jusqu'à la déstalinisation, mais il ne peut être qualifié de dissident au contraire de Vassili Grossman ou d'Alexandre Soljenitsyne, il suivit le courant domniant – mais il importe néanmoins de comprendre ce qui dans son écriture participe du Politique.
Le malheur des écrivains tient à ce que l'Histoire les retient parfois plus pour leur idéologie que pour leurs textes ; il n'y a qu'à voir ce que la mention de Céline, expérience-limite de l'union du verbe et d'une idéologie extrême, peut susciter comme douloureuses évocations, bien au-delà de la valeur littéraire intrinsèque. La lecture – et le lecteur ? – est l'unique résolution de ce questionnement (pas indispensable à mon goût) qui n'a pas fini de faire couler d'encre tant les errances du siècle passé ont imposé en contrecoup l'urgence de qualifier ce qui est bien ou mal, ce qui est juste ou injuste.

En lisant « le Voyage Imaginaire », et en se penchant sur les pages consacrées à la Révolution en cours puis établie, le lecteur que je suis, éloigné du politique et méprisant la politique, voit avant tout dans cette écriture de l'ironie, de l'amusement, du jeu.
Les évènements ne sont pas vécus comme vecteurs idéologiques mais bien comme vecteurs du jeu, comme support du monde créé, et la digestion du quotidien de Lolia et Osska a nécessité cette appropriation de l'évènement. Appropriation neutre, éloignée de toute idéologie. Car, que la Russie se fasse impériale, soviétique, ou stalinienne, ne demeure que ce voyage, ce rêve d'enfant, qui grandissant, devient parfois de l'Art.
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Eurêka ! J'ai découvert quelqu'un d'autre qui a passé plusieurs années de son enfance à créer un pays imaginaire, doté d'Histoire, d'institutions, de héros aux noms pompeux de remèdes pharmaceutiques, de sa Reine séquestrée afin qu'elle garde le secret dans une grotte de coquillages que les Rouges transformeront en cendrier, de billets de banque, cartes de géographie, grand écusson avec blason - "cet emblème [qui] avait été la glande endocrine de la sécrétion enfantine du rêve, comme aurait dit papa." (p. 237)
Mais le jeune inventeur de la Schwambranie, pays du continent de la Grande Molaire dont la découverte est encore confidentielle, eut un douteux avantage sur le petit garçon que j'ai été : celui de concevoir son utopie en pleine Révolution bolchevique. Alors que son frère cadet et lui, depuis leur ville de province sur la Volga, étaient frappés par les échos de la guerre, les relents de l'antisémitisme, les ravages du typhus, de la famine et du froid, la mobilisation de leur père médecin, les déménagements forcés avec leur mère professeure de piano et leurs tantes nostalgiques de l'ancien régime, les deux enfants vivaient les transformations de leur monde et de leur école par le truchement du kaléidoscope de leur âge, tout en élaborant le récit oral de leur pays imaginaire qui ne leur paraissait guère plus irréel que l'utopie que les adultes de leur entourage s'attelaient à fabriquer. Pour preuve, le personnage pathétique et adorable du professeur d'Histoire, Kirikov, qui appelait ses élèves par les doux noms de Troglodytes (les lycéens) et d'Anthropomorphes (les primaires), et qui se reconnut comme un Schwambranien de marque lorsqu'on le découvrit dans les sous-sols d'une bâtisse cossue abandonnée, en train de distiller de "l'élixir du bonheur", comme un vrai alphysicien... (ou alchimiste selon les grandes personnes).

Littérature jeunesse ? Peut-être en URSS, au gré des péripéties des purges et de la déstalinisation qui virent cet ouvrage - découvert pour les Français par André Malraux qui le fit traduire à la femme de Paul Nizan, publié avec enthousiasme par Gaston Gallimard en 1937, adoré par Aragon et par Guy Debord - tour à tour interdit, censuré dans de nombreuses parties, puis "best-sellerisé" à l'instar d'un Peter Pan soviétique...
Mais actuellement, pour un lecteur adulte qui accepte de ne pas s'obnubiler à déceler le "véritable" jugement de l'auteur sur le régime soviétique (un jugement qui a d'ailleurs sans doute changé au fil des années), il est question surtout d'une prose d'une originalité intrigante, toute surréaliste, truffé de jeux de mots (les mots-valises du petit frère Osska), d'images inattendues et parfois d'un intense lyrisme. La mise en page originale et les illustrations ne détonnent pas.

"Le typhus exanthématique se balançait d'une rue à l'autre, à la cadence du pas mesuré des infirmiers et des fossoyeurs. le typhus était bruyant dans la fièvre des délires et muet dans les processions funèbres. [...]
La Schwambranie s'agitait à la recherche d'une vérité stable, changeant de gouvernants, de climats et de latitudes.
Et seule notre maison restait inébranlablement ancrée à la même latitude, à l'ancienne longitude. Elle se couvrait de rouille, s'enfonçait dans la vase, ce n'était déjà plus un navire, mais une lourde péniche échouée, devenue îlot. Les tempêtes ne pouvaient la pénétrer, car maman, craignant les courants d'air, fermait les fenêtres et les impostes.
Mais, cela va sans dire, certains changements avaient néanmoins eu lieu. Papa, par exemple, portait une tunique au lieu d'un veston. Une petite croix rouge à la boutonnière indiquait qu'il était médecin militaire. [...] Ensuite, les gens-que-l'on-ne-fréquente-pas, qui ne connaissaient auparavant que l'escalier de service, entraient tous maintenant, comme s'étant entendus à l'avance, par l'escalier de la rue. Même le porteur d'eau, pour lequel, semblait-il, il aurait été plus commode de passer par la cuisine, sonnait avec insistance à la porte de la rue. Il piétinait dans l'appartement, laissant des traces d'eau sur les meubles et par terre. Et ses seaux étaient pleins de dignité." (p. 160)
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Difficile de parler d'un livre paru en URSS en 1933 sans situer le contexte politique. A cette date, Staline arrive au sommet de son pouvoir et va pouvoir instaurer à grande échelle le climat de terreur et de délation qui est la trace qu'il a laissé dans l'histoire des grandes dictatures. Ecrire un roman dans un tel contexte est risquer, au mieux l'interdiction de publication répétitive (Boulgakov), au pire sa vie (Pilniak et d'autres). Les exemples sont déjà présents en 1933 et les années 30 vont consacrer l'impossibilité de s'écarter de l'apologie du régime soviétique. Qu'est-ce qui permet d'écrire avec un minimum de créativité dans ce carcan ? Pourquoi pas un livre réputé « pour enfants » comme le voyage imaginaire de Leo Cassil. Présentant les événements historiques des années 1914 à 1920 (première guerre mondiale, révolution menchevique, révolution bolchévique, guerre civile contre les blancs) au travers de la création d'un pays imaginaire, la Schwambranie (et de ses schwambraniens), création de deux enfants (dont le plus grand est le narrateur), Leo Cassil prend soin de ne pas froisser l'image d'Epinal du bolchevik. Il est donc publié en 1933 et passe alégrement la censure grâce à ce mélange d'innocence (une histoire pour enfants) et d'absence de critique dérangeante. La conclusion, en cas de doute, est tellement édifiante qu'on se demande presque la part d'ironie que Leo Cassil a pu y fourguer (« vous voulez du servile, on va vous en servir ! ») : le dernier chapitre, clairement ajouté après-coup (« le roman est fini, le livre va finir ») nous explique que, grâce à la révolution bolchévique, les enfants qu'ils étaient ont pu abandonner ces rêves stériles pour se consacrer au travail concret d'édification du socialisme (« les erreurs de notre passé prisonnier de la Schwambranie »)
Malgré ces efforts méritoires et la publication en 1933, le frère de Leo, Iossif, moins avisé, est arrêté en 1937 pour activités contre-révolutionnaire et fusillé un an après (complice de Pilniak ?). Sa femme est déportée 8 ans et miracle, Leo ne subit comme répression qu'une interdiction de re-publier son livre (mais les exemplaires existants restent en circulation).
Reconnaissant d'avoir été épargné (et qui songerait à le lui reprocher), Leo va conduire sa carrière sans faire de vagues jusqu'à obtenir avec La Rue du fils cadet le prix Staline 1951, livre consacré comme l'Homme véritable de Boris Polevoi à un héros soviétique de la seconde guerre mondiale.
Hors de toute considération politique, l'ouvrage est très réussi et surtout, pour l'époque, d'une très grande originalité – qui aurait pu songer à parler d'une période pareille à travers l'imagination d'enfants ? C'est donc certainement un livre à lire, d'abord pour son plaisir, ensuite pour mieux comprendre la littérature de l'époque.
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Avec ses cartes, ses images à coller, ses chapitres brefs, le voyage imaginaire se présente comme un livre pour enfants, écrit par un enfant. Il contient pourtant aussi un propos beaucoup plus ambitieux, posant en perspective le problème de la relation de l'utopie à la réalité pratique. On ne peut donc ignorer le contexte de son écriture qui place l'histoire racontée, à cheval sur l'avant et l'après de la révolution russe. Qui fait donc se bousculer d'un coté la Schwambranie, ou la construction d'une contrée idéale sortit de l'imaginaire enfantin pour lutter contre la tyrannie des adultes, et de l'autre la révolution, qui met en apparence un terme aux formes sociales rétrogrades issues de la Russie tsariste.
Ce qui est posé ici, d'une manière sous-jacente mais particulièrement insistante, c'est l'exigence de ne jamais refermer les portes de l'imaginaire et de l'utopie sous le prétexte d'une matérialité qui finirait par vider la vie de toute substance et de toute saveur. Un regard quelque peu critique sur les temps présents, laisse à penser que la leçon a été fort mal entendue.
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Punis par leur père, exclus de tout ce qui a de l'intérêt dans le monde des adultes, Lolia et son jeune frère Osska s'inventent un pays imaginaire et utopique, la Schwambranie, alors que débute la révolution Russe. La Schwambranie est largement le reflet de la réalité russe de 1917, ainsi que Leo Cassil le dit lui-même au début du roman, un pays imaginaire envahi par l'actualité politique et historique, mais aussi par des détails de la vie quotidienne des enfants (par exemple les noms des médicaments prescrits par le père médecin, tel le nom du méchant de Schwambranie, le sanguinaire châtelain Urodonal, alors un médicament pour lutter contre les calculs biliaires et rénaux), ou par leurs lectures d'enfance.

« En Schwambranie, nous habitions la grand-rue de la ville de Drandzonsk, dans une maison de diamant, au 1001e étage. En Russie, nous vivions place du Marché, dans le bourg de Pokrovsk – plus tard ville de Pokrovsk – sur la Volga, en face de Saratov, au premier étage. »

Publié initialement en 1933 en URSS, « le voyage imaginaire » est aujourd'hui un témoignage extraordinaire mais un récit relativement difficile à décoder, certainement pas un conte pour enfants, un roman oscillant entre la propagande et le soutien au nouveau régime, la dénonciation néanmoins virulente de ses décisions absurdes, un récit d'une ironie féroce, et enfin une mise en lumière de l'antisémitisme régnant alors en Russie.

Confrontée aux difficultés matérielles, à la guerre, à la famine, l'utopie peut-elle durer ? Tout en militant pour maintenir cette flamme de l'utopie, "Le voyage imaginaire" est aussi le récit de son usure et de sa disparition.
La vie de Leo Cassil offre une illustration particulièrement cruelle a posteriori de cette usure avec la disparition de son frère cadet Ossip (Osska dans le roman), mort au goulag à trente ans. Mais retenons aussi qu'une planète découverte en 1979 par un astronome Russe fut nommée Schwambrania en l'honneur de ce livre culte.

"Le voyage imaginaire", réédité par les éditions Attila en 2012 (une première en France depuis 1937 !), est une découverte étonnante, et aussi un particulièrement bel objet par sa mise en page, les polices de caractère utilisées et, comme toujours avec Attila, par ses illustrations.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Bientôt, on amena à Pokrovsk les premiers contingents de prisonniers. C'étaient des Autrichiens. En képi gris, guêtres et gros godillots (nouveaux à Pokrovsk), apeurés, tout en loques, ils étaient attroupés devant la sous-préfecture. Une foule dense de curieux les regardait sans haine. " Les Autrichiens ! " criaient les gamins. Le censeur nous conduisit vers eux pour nous faire bénéficier du spectacle instructif de l'ennemi vaincu et prisonnier. La barbe martiale du censeur écarta la foule. Nous passâmes. Les visages brunis, affamés, nous regardèrent humblement. C'était donc ça " l'ennemi" , le vrai, pas dessiné sur une image, l'ennemi vivant, le même ennemi " sous la pression des forces supérieures " duquel nos troupes, comme l'écrivaient les journaux, se " repliaient sur leurs positions ", etc. Quelques instants encore, nous nous efforçâmes de susciter en nous la haine, par des moyens artificiels, mais nous abandonnâmes promptement cette tentative. A l'égard de ces prisonniers noirauds, de ces Magyars, de ces Hongrois, de ces Tchèques, nous n'éprouvâmes plus que de la curiosité.
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C'est ainsi que nous aurions grandi, sans doute, venant grossir les rangs des gens, qui, le globe en mains, comprennent que la terre est ronde; des gens qui pêchent le poisson dans un aquarium, qui contemplent la vie à travers les carreaux de leurs fenêtres et qui apprennent l'existence de la famine par la diète que leur prescrit le médecin.
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