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Bécassine tome 2 sur 32

Joseph Porphyre Pinchon (Illustrateur)
EAN : 9782217100032
61 pages
Gautier-Languereau (03/07/1991)
3.76/5   25 notes
Résumé :
description Bécassine, c’est un personnage à rencontrer : héroïne née dans le magazine La Semaine de Suzette en 1905, elle grandit avec son siècle, vivant les événements de son temps avec ses contemporains. Cette petite Bretonne, originaire de Clocher-les-Bécasses, part travailler à Paris comme domestique chez la marquise de Grand Air… Bécassine pendant la Grande Guerre est le troisième album de la série publiée entre 1913 et 1939, témoignant des représentations de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce fac-similé d'un album de Bécassine paru en 1916 est un bien étrange objet.
Sur la forme, il est irréprochable : illustrations de Joseph Porphyre Pinchon et textes de Caumery(*), couverture cartonnée épaisse, reliure toilée rouge… Il ne lui manque que les outrages du temps (jaunissement, taches d'humidité), pour ressembler à un album tout droit sorti de la poussiéreuse malle de l'arrière-grand père entreposée au grenier, celui qui a connu les deux guerres. L'illusion est donc parfaite.
Sur le fond, il poursuit une longue série de rééditions échelonnées entre 1929 et 2011 et le bandeau rouge de l'édition « spéciale » de 2014 est là pour rappeler le centenaire de la guerre 1914-1918. Une BD commémorative et quasi-centenaire, pourquoi pas. Mais l'opération Masse critique de Babelio classifie cet album dans la catégorie « Littérature jeunesse ». Nous y voilà. Etrange et paradoxal. Une question me taraude : quelle est donc la cible de l'éditeur (Gautier-Languereau) pour cette nouvelle parution ?
Quel « jeune » d'aujourd'hui – qui considère Star Wars comme déjà dépassé depuis deux générations – peut s'enthousiasmer à la lecture de ces martiales aventures de Bécassine, dont la modernité se concrétise par la phrénologie (l'étude des caractères par les bosses du crâne, sérieusement exposée ici, je n'invente rien) et les bandes molletières ?
Soyons sérieux, cet album ne peut concerner qu'un lectorat intéressé à minima par l'Histoire, celle avec un grand H, et la représentation sans recul du premier conflit mondial, pour les jeunes et les moins jeunes, au moment où l'avenir du monde se jouait dans les tranchées.
Et sur ce plan en effet, il y a de quoi être comblé.
Faut-il voir de la naïveté, de la manipulation cynique, ou une absence totale de recul, dans le discours édulcoré sur la guerre en cours ? Comment ne pas ajuster ses clés de lecture face au déferlement de patriotisme cocardier, de morale petite-bourgeoise, d'idéologie post-coloniale, de propagande « anti-Boches », de justification décomplexée d'une hiérarchie sociale, qui servent ici d'ingrédients à la fabrication des gags ?
Le menu est donc riche, et je ne développerai ici que quelques exemples, vous pourrez facilement imaginer le reste qui est à l'avenant (ou vous procurer l'album pour le lire). Attention, nous allons maintenant oeuvrer à l'édification des foules et au formatage pédagogique de la jeunesse en ce début du XXe siècle.

1. La Guerre 1914-1918 est une aimable plaisanterie.
Alors que nos vaillants soldats se faisaient hacher-menu comme chair à pâté par la mitraille et les obus teutons dans les tranchées (pour rappel, Verdun : plus de 700.000 victimes en dix mois), arrivent dans l'hôpital où travaille Bécassine quelques vétérans blessés qui sont en tout et pour tout au nombre de 2 : le premier, Rendouillard, « souffre seulement d'une entorse qu'il s'est donnée en glissant sur un rail » (page 22) ; le second, Rouzic, « achève de se remettre d'un mauvais rhume contracté dans les tranchées » (page 24). Les autres ont l'air indemne et sont plus ou moins en convalescence. Circulez, y'a rien à voir.
Les Allemands (appelés de façon systématique « les Boches ») sont montrés à deux reprises : un avion dans le ciel de Paris largue un engin explosif qui rebondit sur le parapluie de Bécassine et tombe en s'éteignant dans un bassin du Jardin des Tuileries (page 21) ; cinq Boches faits prisonniers sont armés de balais et « obéissent au doigt et à l'oeil » à Zidore, le petit domestique mobilisé que connait Bécassine (page 35). L'ennemi est donc quasi-virtuel et les dommages de guerre sont insignifiants. Même pas peur !

2. le personnel domestique – notamment breton – a le quotient intellectuel d'une huître.
Tous les gags dont Bécassine (la petite bécasse bretonne) est la victime reposent là-dessus. En la matière, les huîtres viennent bien de Clocher-les-Bécasses, près de Quimper. C'est pratiquement une preuve.

3. Tintin au Congo et un modèle d'ouverture d'esprit et de tolérance.
Le prince de Tombouctou, « un beau nègre avec un uniforme de spahi qui lui va joliment bien » passe pour être « trop potage » (précision de l'auteur pour celles et ceux qui n'auraient pas saisi la vanne : « Bécassine veut dire sans doute anthropophage »). Ouf, tout va bien, ceci n'était en fait qu'une bonne blague imaginée pour se moquer de Bécassine.

4. Les femmes ont un cerveau.
Bécassine est habilitée à étudier pour devenir infirmière et doit passer un examen (page 31). Que l'on se rassure, elle n'y arrivera pas, renoncera et restera domestique (page 36).

Bon, j'entends déjà certains lecteurs qui hurlent en lisant ma critique (sinon sur le fond, en tout cas en raison de sa longueur). Or, je peux continuer comme ça pendant plusieurs pages. Je m'arrêterai donc ici. Vous avez bien compris que la lecture de Bécassine est devenue aujourd'hui décalée et édifiante, et – de façon sans doute involontaire, les gags officiels n'étant pas en cause – assez rigolote. Alors surtout, ne vous en privez pas !
Merci à Babelio et à l'éditeur pour ce cadeau atypique d'une opération Masse Critique.

(*) Caumery est le « presque anagramme » de Maurice, et c'est aussi le pseudonyme de Maurice Languereau, qui avec son oncle Henri Gautier donne son nom à la maison d'édition : Gautier-Languereau.
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Cela faisait bien 50 ans que je n'avais pas lu un album de Bécassine. Probablement un de ceux de ma soeur.
Grâce à Babelio et à Masse Critique, j'ai eu la chance de recevoir celui des aventures de la petite bonne Bretonne pendant la Grande Guerre. Merci donc à Babelio et aux Éditions Gautier-Languereau pour ce beau cadeau avec sa couverture d'origine dans une édition spéciale “Centenaire de la Guerre 1914-1918”.
Amateur de bandes dessinées - ô combien ! - je n'avais pas de livre de Bécassine dans ma collection. Sans doute qu'inconsciemment je la classais dans les livres pour enfants (et que j'avais passé l'âge !) et sans doute aussi pour petites filles (ce que je n'ai jamais été !). Je me rends compte aujourd'hui que j'avais probablement tort et qu'elle peut être lue par filles et garçons (bien que le style soit un peu désuet et la lecture un peu ardue) et aussi avec nostalgie par les adultes.
Née en 1905 dans la «Semaine de Suzette» pour combler une page blanche avant parution, Bécassine est l'enfant de Maurice Languereau dit Caumery pour le texte et Joseph-Porphyre Pinchon pour le dessin.
Ce genre de récit est difficile à cataloguer dans la mesure où ce n'est pas à proprement parler une bande dessinée. La première différence réside dans les textes dactylographiés sous les illustrations sous forme de légende en petits caractères, le phylactère n'étant pas encore utilisé en Europe, bien qu'ils l'ait été beaucoup plus tôt de l'autre côté de l'Atlantique avec «Yellow Kid» et «Little Nemo» entre autres. En France nous le verrons apparaître épisodiquement chez Caran-d'Ache fin XIXe, et plus tard chez Forton et Saint-Ogan. D'autre part les commissions de censure s'inquiétaient de ce que les jeunes lecteurs perdent l'habitude de lire en n'ayant que des textes brefs dans les fameuses bulles !
La deuxième différence est que les dessins ne sont pas encadrés façon vignettes typiques des BD et que rares sont les éléments graphiques donnant l'impression de suite de mouvements, ou de sentiments. On parlera dans ce cas précis davantage d'illustrations légendées, avec malgré tout beaucoup de décors et d'arrière-plans, d'où l'appellation d' «illustrés».
Il reste de tout ceci un charme indéniable et une fraîcheur qui ne s'est pas évaporée un siècle plus tard. Les dessins, je l'ai dit, sont tout simples malgré une recherche évidente dans les costumes (il fallait que cela fasse vrai), les postures des personnages qui sont à dessein exagérés, n'ayant pas encore les codes graphiques de la BD qui arriveront avec Zig & Puce et surtout avec Tintin. En ce qui concerne les textes, toujours placés sous forme de légendes, ils sont très prolixes, décrivant à la fois l'action, les dialogues, les sentiments, les dessins (!) et même en aparté, les pensées de Bécassine ou de ses acolytes. le ton de la narration est volontairement simple, sans être simpliste, s'adressant à des enfants. le vocabulaire employé est très riche et permettait au lecteur de se cultiver tout en se distrayant.
Quant à l'histoire on pourrait presque dire qu'elle est réelle, se situant volontairement dans le cadre de la Grande Guerre mais à travers les yeux et l'esprit naïf de l'héroïne. Cette petite bonne Bretonne venue travailler à Paris chez Madame de Grand-Air à une époque où il était bien vu de «se placer», n'a pas poussé très loin les études et l'orthographe dont elle use devait faire grincer des dents plus d'un instituteur tombant sur ses aventures. Mais sa naïveté est touchante, elle prend tout ce qu'on lui dit au pied de la lettre et son caractère, courageux, opiniâtre et fait de bons sentiments, la conduit inexorablement à provoquer des catastrophes ou des situations comiques souvent à son désavantage. L'aimable Madame de Grand-Air, consciente de la simplicité de sa bonne lui pardonne volontiers ses erreurs et tente à chaque fois de lui expliquer la réalité des choses. Les multiples historiettes de l'album vont conduire Bécassine de Dieppe à Paris, puis en Touraine et dans sa Bretagne natale à Clocher-les-Bécasses, ou elle aura bien des aventures, avant de rejoindre sa maîtresse et aller jusqu'en Alsace où elle trouvera de nombreux petits amis parmi les enfants qui la connaissent grâce à leur lecture de la “Semaine de Suzette”
La parution en 1915 de cet album met en avant la bravoure de nombreux personnages, et même à travers les situations cocasses, on exalte le sentiment patriotique. Mais il ne faut pas se méprendre sur le ton donné aux textes de Caumery. Loin de tomber dans un optimisme béat, c'est une peinture de la France de l'époque, faite de régions regroupées autour du drapeau tricolore, fière de son histoire avec un idéal de liberté et de courage.
Certains esprits chagrins (encore eux !) ont critiqué violemment ces livres pointant d'un doigt accusateur l'ignorance des personnages décrits par les auteurs, mais combien de français du début du XXe siècle allaient au-delà du certificat d'études ? La révolution Industrielle n'avait pas encore dépeuplé les campagnes et les traditions y étaient encore très riches. On a aussi fustigé l'image donnée des Bretons de Clocher-les-Bécasses, mais Bécassine aurait très bien pu être Berrichonne, Provençale, Chtimi ou Béarnaise… Loin d'être la honte d'une région elle est devenue l'un de ses porte-drapeaux et il n'est qu'à voir le succès des festivals d'été en Bretagne pour se rendre compte de la prégnance de sa culture.
En conclusion j'ai passé réellement un bon moment en compagnie d'Annaïck Labornez (son vrai nom), et de ses compères et commères au milieu d'aventures souvent hilarantes sans être humiliantes.
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P'tite question? Qui est Annaïk Labornez?

Vous avez trouvé?
C'est l'incontournable Bécassine, native de Clocher-les-Bécasses, la petite bonne bretonne des bandes dessinées de nos grands-mères, qui garde bon pied bon oeil malgré le temps qui passe, car elle a fêté son centenaire en 2005!

En juillet 1914, la mobilisation approche et Mme la marquise de Grand-Air va devoir se séparer de son valet Zidore, transformer sa propriété en hôpital de convalescence et supporter le patriotisme effréné et l'hyper-activité de sa Bécassine, toujours naïve, godiche, gaffeuse et bête comme ses pieds.
Elle est bien brave, La Bécassine, mais elle épuise son entourage, et est expédiée en villégiature au pays pour soulager les nerfs de sa maitresse. Elle devient pour un temps le pire cauchemar des administrés de son village.
Toujours "coeur tendre" à défaut de cervelle, elle tente d'être infirmière, devient marraine de guerre, et finit par une escapade en Alsace pour la gloire de la Patrie reconstituée.
Cocorico!

Cela faisait bien longtemps que je n'avais ouvert un album de Bécassine. Un incontournable même si elle parait maintenant bien vieillotte dans la littérature enfantine. Je réalise aussi à quel point ces histoires s'adressaient peu aux enfants et devaient refléter une condescendance convenue de la bourgeoisie pour les petites bonnes sans instruction qui débarquaient à la capitale pour travailler dans les "bonnes maisons".

Les éditions Gauthier-Languereau rééditent trois albums avec les couvertures d'origine pour le centenaire de la première guerre mondiale (avec celui ci, Bécassine mobilisée et Bécassine chez les alliés) Je les remercie pour ce partenariat de lecture.
Bécassine fait partie du patrimoine, comme Tintin pour les belges. Si on la lit moins, elle reste dans nos coeurs et nos souvenirs d'enfance.

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Première fois que je lis un album de Bécassine, alias Annaïk le Bornez...
Drôle, dense, les gags, construits sur la naïveté de Bécassine, les initiatives farfelues et les farces que son entourage lui fait, ont du inspirer Gaston Lagaffe. J'ai franchement ri ! J'aime bien aussi le dessin, très précis, expressif et réaliste. Autre intérêt historique : La grande guerre y apparaît comme presque anodine, lointaine, les blessés sont à peine égratignés, aucun mort n'est à déplorer et les couplets à la gloire de la France contre les méchants boches relèvent d'une propagande révélatrice de l'époque !
Enfin, une surprise : un soldat malien est traité quasiment comme ses collègues blancs.

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Le titre de la bande dessinée est " Bécassine Pendant la Grande Guerre " et l'auteur est Caumery.
J'ai trouvé le texte facile à comprendre et les images très créatives et très réussies.
Par contre, il y a pour moi, trop de lecture et les images n'illustrent pas toujours bien le texte .
e que j'ai le plus apprécié dans cette BD, c'est Bécassine, le personnage principal, car elle voyage beaucoup, vit beaucoup d'aventures et fait beaucoup de rencontres avec des inconnus. Durant la lecture, je n'ai pas eu d'émotions particulières à cause de la longueur du texte.

Critique rédigée par Léa
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
M. Proey-Minans chez qui Bécassine et Zidore se rendirent en quittant la gare, est passionné pour la phrénologie, qui est l'étude des caractères d'après les bosses du crâne. Quand nos deux voyageurs entrèrent dans son bureau, ils le virent occupé à écrire tout en consultant fréquemment une tête de plâtre sur laquelle étaient tracés des carrés et de nombreuses inscriptions.
(...)
« Verriez-vous, mon enfant, un inconvénient à ce que je vous palpasse le crâne ?
- M'sieu peut bien palpasser tant que ça y dira.
- Veuillez donc retirer votre coiffe. »
Bécassine s'exécuta.
Alors, M. Proey-Minans promena lentement ses doigts sur la boule qui sert de tête à Bécassine.
« Parfait ! murmurait-il : voici la bonté, le dévouement, la simplicité d'esprit... Quel document pour l'ouvrage que je prépare ! »
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« Dis-moi Zidore, pourquoi qu'y faut être inquiète en ce moment quand on est française ?
- Parce qu'il va peut-être y avoir la guerre, Mam'zelle Bécassine.
- La guerre ! Avec qui ?
- Avec tous les Boches de la Bochie !
- Ah ! » fait Bécassine.
Elle croit devoir prendre la figure de quelqu'un qui a compris, et elle n'a rien compris du tout. La guerre elle ne sait pas au juste en quoi ça consiste ; les Boches et la Bochie, elle n'en a jamais entendu parler. Mais elle se ferait hacher menu plutôt que d'avouer son ignorance.
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< < Dis-moi, Zidore, pourquoi qu'y faut être inquiète en ce moment quand on est française ?
- Parce qu'y va peut-être y avoir la guerre, Mam'zelle Bécassine.
- La guerre ! Avec qui ?
- Avec tous les Boches de la Bochie !
- Ah ! > > fait Bécassine.
Elle croit devoir prendre la figure de quelqu'un qui a compris, et elle n'a rien compris du tout. La guerre elle ne sait pas au juste en quoi cela consiste ; les Boches et Bochie, elle n'en a jamais entendu parler. Mais elle se ferait hacher plutôt que d'avouer son ignorance.
Vite, elle monte dans la chambre d'Yvonne, se rappelant qu'il y a sur la table un atlas. Elle regarde longuement les cartes, la table alphabétique ; pas de Boches, pas de Bochie. Pourtant Mlle Yvonne lui a dit que tous les peuples du monde ont leur nom marqué là-dedans. Alors sa figure s'illumine et elle se précipite au salon.
Maîtres et domestiques y sont assemblés, très émus.
< < C'est la guerre dit Bertrand, qui vient du village. La mobilisation est affiché. Je pars demain.
- Moi, j'vais, m'engager, > > crie Zidore, Mme Grand-Air pleure doucement. Son chagrin navre Bécassine ; mais elle va la calmer.
Elle s'approche de sa maîtresse, et lui parlant à l'oreille :
< < Faut pas que Madame se fasse du mauvais sang comme ça. Possible qu'y aura la guerre, mais comme c'est avec des gens qui n'existent pas, ça ne présente guère de risques.> >
L'excellente Mme de Grand-Air, pour lui laisser passer une nuit paisible, n'a pas détrompé tout de suite Bécassine ; le lendemain seulement, elle lui a révélé que la Bochie c'est l'Allemagne, que la guerre sera terrible. Et Bécassine fond en larmes.
Mais Bertrand et Isidore entreprennent de la consoler.
< < Vous faites pas de bile, Mam'zelle Bécassine
- On les aura, les Boches
- Ben sûr qu'on les aura, avec des z'héros comme vous, > > affirme Bécassine, riant à travers ses larmes.
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Je mets la main à la plume pour écrire ce qui suis, qu'est peut-être les dernières lignes que je tracerai, vu que je me demande si les chagrins et l'inquiétude vont pas me conduire avant l'âge au trépas, et même plus loin.
C'est Isidore qu'est l'objet de mes désolations. Au début qu'il a été parti au régiment, il m'a écrit des lettres gentilles : qu'il travaillait bien, qu'il commençait à savoir se tenir sur son cheval sans trop le prendre par le cou... qu'il astiquait son canon si tellement brillant qu'il pouvait faire sa raie en se mirant dedans ; enfin tout ce que doit faire un bon militaire versé dans l'artillerie. Ça allait bien.
Et puis voilà qu'un jour il me marque dans sa lettre que son capitaine lui a parlé, qu'il lui a fait des compliments et qu'alors il espère passer bientôt brigadier.
Et dans les lettres d'après, il revenait tout le temps là-dessus : C'est mon rêve, qu'il disait, de commander des hommes de leur dire une, deux, une, deux, pour les faire marcher au pas... et d'avoir des galons sur les manches que quand je viendrai en permission, ça fera l'admiration de tout le monde dans la rue... Ça a commencé à m'inquiéter, vu que, comme chacun sait, c'est l'ambition qui perd les hommes.
Faut bien dire : l'ambition et les idées de grandeur c'est pas d'aujourd'hui que c'est le défaut de Zidore, la preuve que tout petit, quand il jouait à l'éléphant avec le fils de la charcutière... en se couvrant tous les deux d'une toile grise, il voulait toujours faire les jambes de devant, et ça amenait entre eux des disputes et des batailles.
Alors pensant à tout ça, je décide que je vais lui écrire sur les dangers de l'ambition en mettant des exemples historiques, vu que l'historique ça impressionne davantage.
Me voilà à chercher mes exemples dans les livres de Mlle Yvonne.
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Vers le milieu de juillet 1914, Mme la marquise de Grand-Air s'installa dans sa propriété qu'elle possède aux environs de Dieppe. Sa petite fille Yvonne et son neveu Bertrand l'accompagnaient.
Bécassine qui avait eu un congé, rejoignit sa maîtresse le matin du samedi 1er août. Elle la trouva fatiguée et soucieuse.
< < C'est-y des fois que Madame aurait des ennuis ? demanda t-elle.
- Pas des ennuis, Bécassine, de graves inquiétudes. Il faudrait ne pas être française pour ne pas se sentir inquiète en ce moment.> >
Bécassine qui n'a pas lu les journaux, reste abasourdie. Elle se cherche des motifs d'inquiétude et ne s'en trouve pas. Pourtant, elle est française, bien française.
Elle va demander l'explication du mystère à l'office où sont réunis la cuisinière Marie, le jardinier Firmin et le jeune Zidore, son préféré, son confident. Eux aussi sont mornes et sombres.
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Video de Caumery (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Caumery
Caumery et Pinchon. Bécassine au studio.
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