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Guglielmo Cavallo (Directeur de publication)Roger Chartier (Directeur de publication)Jean-Pierre Bardos (Traducteur)Marie-Claude Auger (Traducteur)
EAN : 9782020487009
590 pages
Seuil (13/10/2001)
4.37/5   15 notes
Résumé :
L'acte d'écrire n'est pas simple et il a évolué, du volumen au codex, de l'imprimerie à l'électronique. On n'a pas toujours lu de la même manière un texte ou plusieurs, un manuscrit ou un livre, rapidement ou attentivement, à voix haute ou en silence, seul ou en public, pour s'instruire ou se distraire...
C'est une sorte de parcours historique des méthodes de lecture et des habitudes des lecteurs que propose ce livre, dans des lieux ou à des moments exemplair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est d'une richesse formidable mais pourtant difficile d'accès.
Son propos, très ambitieux, est de reconstituer une histoire de la lecture, de la Grèce antique à notre monde contemporain hyper-sophistiqué mais pourtant très superficiel.
Du fait de sa complexité, je l'ai parcouru sans lui conserver son ensemble, par paragraphes dissociés comme le seraient des articles de journaux. Et j'y ai trouvé un réel un plaisir.
Cette perspective complète du phénomène "lecture" est impressionnante. La première partie, suivant l'introduction, fait un historique dans le sens purement "historien" du sujet. Puis dès la deuxième partie qui s'intéresse au monde grec antique et sa relation de l'écrit avec le gestuel par le Théâtre, les auteurs sortent du carcan de l'historique pour partir vers toutes les relations qu'ils ont pu imaginer de l'Humain avec la lecture.
Ils passeront par le politique, le religieux, le scolastique, la subversion et par toutes les manières de lire et d'écrire qu'ont empruntées les différentes civilisations depuis l'antiquité.
J'ai ouvert ce livre passionnant avec modestie, je ne l'ai pas lu en sa totalité, une bonne part de son propos m'a échappé mais pourtant je m'y suis frotté avec plaisir et lui donne un autre rendez-vous que je ne manquerai pas.
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Assez gros volume lu en une grosse semaine. Fort intéressant, mais quelque fois les liens d'histoire logique mon échappés. Les "démonstrations" des différents "intervenants" étaient assez bien rédigées mais je regrette qu'il n'y avait pas d'illustration de leurs propos (des graphiques de données?) ou de reproduction des documents iconographique-historiques sur lesquels ils se basaient. Certains chapitres m'ont semblé plus ardus que d'autres. Surtout peut-être celui de la lecture chez les juifs ou la lecture et les protestants. le premier chapitre sur la lecture chez les grecs anciens m'a beaucoup impressionnée, surtout après la préface qui me semblait fort ardue.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
chapitre Lire pour lire : un avenir de la lecture p 405

Contrôle et limites

Presque toutes les campagnes d'alphabétisation de masse entreprise au XXème siècle au niveau national ou mondial (par l'UNESCO par exemple) que ce soit dans les pays développés ou dans les anciennes colonies, ont porté avant tout sur le développement de la lecture et non de l'écriture. Selon toute évidence ce choix est le résultat conscient de la vocation pédagogique des institutions qui, partout, ont élaboré les idéologies et les méthodologies de l'apprentissage : l'école dans les sociétés bourgeoise et l'Eglise (concurrente mais d'accord sur ce point), le monde des bibliothécaires (en particulier dans les pays anglo-sanxons), qui a élaboré l'idéologie démocratique de la lecture publique, l'industrie éditoriale, intéressée à la création d'un lectorat toujours plus large et non pas aux progrès à la capacité à écrire. Et il y a quelque chose de plus à la base de ce choix universel, commun à toutes les autorités et à tous les pouvoirs : l'idée que la lecture était, avant l'âge de la télévision, le meilleur véhicule de la diffusion des valeurs et des idéologies, et donc le plus facilement régulable une fois qu'on aurait réussi à contrôler les processus de production, et surtout de distribution et conservation des textes. Au contraire, l'écriture est une capacité individuelle et complètement libre, qui peut s'exercer n'importe où, pour produire ce que l'on veut, hors de tout contrôle et, à la limite, de toute censure.
Il est vrai qu'aux niveaux les plus élevés et dans la culture officielle, la production écrite est contrôlable, avec brutalité ou en douceur. Michel Foucault l'a parfaitement démontré dans "L'Ordre du discours" (...) Comparativement pourtant, le contrôle de la lecture est plus direct et plus facile, et certainement plus indolore. Pour qu'il fonctionne il suffit que les lectures du public à alphabétiser à éduquer (donc à endoctriner) soient autoritairement dirigées vers un corpus d'oeuvre déterminées et non vers d'autres, donc vers un canon, plus ou moins large, libéral ou restrictif, mais qui reste un canon imposé, c'est à dire une valeur indiscutable, à prendre comme tel.
Selon la définition courante, un canon est une "liste d'oeuvres ou d'auteurs proposée comme norme, comme modèle". Toute culture écrite en a compté un ou plusieurs, considérés comme valides soit dans l'absolu soit dans des milieux particuliers (religieux, littéraire, etc). Notre tradition littéraire occidentale a élaboré le sien, suffisamment vaste pour satisfaire l'industrie éditoriale, mais aussi assez rigide pour assurer la reproduction des valeurs idéologiques, culturelles et politiques qui sont à la base de la vision du monde occidental depuis deux siècles, et qui va des oeuvres d'Homère à celles des "maîtres à penser" du Collège de France.
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Pour compliquer encore les choses, on voit apparaître en différents lieux des symptômes de refus déclaré du "canon" dans des secteurs de plus en plus vastes du public, refus qui ne semble pas conditionné par le marché mais par des orientations idéologiques précises. C'est ce qui se passe par exemple en Allemagne de l'Est, jadis paradis du marché du livre avec un très grand nombre de lecteurs assidus, formés à la consommation du livres et à l'observance d'un "canon" traditionnel épuré par la censure, car, comme dans tous les pays de l'Est avant 1989, la lecture comme pratique culturelle de masse avait la faveur du régime. Aujourd'hui, ces lecteurs refusent catégoriquement les produits de l'édition locale, les classiques, les romans, les auteurs du sous-canon marxiste, et se jettent avec une avidité désordonnée sur tout ce qu'offre le marché du livre de l'Allemagne de l'Ouest : la Trivialliteratur, les livres sur les hobbies, les romans policiers, la science-fiction, les livres sur le tourisme, etc. Les maisons d'éditions de l'ancienne Allemagne de l'Est connaissent une grave crise, l'Union des écrivains a été dissoute, et on a vu se créer aux environs de Leipzig les premières décharges de livres du monde, une nouveauté du paysage urbain (...) qui constitue peut-être le premier signal d'un rejet plus étendu, même s'il est encore souterrain.
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Scandée par les trois révolutions qui ont transformé les pratiques entre Moyen Age et XXe siècle, l'histoire de la lecture met en évidence quelques modèles majeurs qui furent successivement dominants. Le premier d'entre eux, analysé dans ce livre, peut être qualifié d' "humaniste". Il caractérise les lectures savantes du temps de la Renaissance à partir d'une technique intellectuelle spécifique : celle des "lieux communs".
Deux objets sont, tout à la fois, les supports et les symboles de cette manière de lire. Le premier est la roue à livres. Son existence est ancienne, mais les ingénieurs de la Renaissance se sont efforcés de la perfectionner grâce aux progrès de la mécanique. Mue par une série d'engrenages, la roue à livres permet au lecteur de faire apparaître simultanément devant lui plusieurs livres ouverts, disposés sur chacun des pupitres que comporte l'appareil. La lecture qu'autorise un tel instrument est une lecture de plusieurs livres à la fois. Le lecteur qui la pratique est un lecteur qui confronte, compare, collationne les textes, qui les lit pour en extraire citations et exemples, et qui les annote de façon à repérer et indexer plus facilement les passages qui ont retenu son attention.
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En France aussi, les lecteurs populaires refusaient de se plier aux prescriptions des bibliothécaires. Dans les années 1880 et 1890, les romans représentaient plus de la moitié des prêts des bibliothèques municipales de Paris. Les bibliothécaires soutenus par la société "Franklin" déploraient régulièrement que leurs clients préfèrent aux ouvrages sérieux les livres d'Alexandre Dumas ou "Notre Dame de Paris".
Il y avait pourtant une strate de la classe ouvrière qui cherchait vaillamment à s'émanciper de l'ignorance et de la dépendance. Webb estime que les deux tiers des ouvriers anglais savaient lire avant 1870.
Leur soif d'apprendre n'était que partiellement satisfaite par les "Mechanics' Institutes" qui dispensaient une formation professionnelle et morale à une élite d'artisans.
(extrait de "Les classes laborieuses : lectures imposées, lectures dérobées", chapitre du volume paru aux éditions "Points" en 2001)
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Entre la fin du XIe siècle et le XIVe intervient une nouvelle étape de l'histoire de la lecture. Les villes renaissent, et avec elles les écoles, qui sont des lieux du livre. L'alphabétisation se développe, l'écrit progresse à tous les niveaux, usages du livre et objets du livre se diversifient. (...)
On commence à lire beaucoup et d'une manière différente. Il ne s'agit plus simplement de comprendre la lettre de l'écrit(littera) : ce n'est que la première étape, à partir de laquelle il faut passer au sens (sensus) du texte pour atteindre à la sententia, la doctrine dans toute sa profondeur. (...)
En somme, comme le montre l'étude de Jacqueline Hamesse, c'est le livre comme instrument de travail intellectuel qui vient de naître. Le livre est devenu la fontaine où l'on va puiser le savoir, ou plutôt les savoirs, il n'est plus le dépositaire d'une connaissance à ruminer ou simplement à conserver.
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>Bibliothéconomie et sciences de l'information>Lecture et utilisation des autres média d'information>Comportements et habitudes de lecture (15)
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