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EAN : 9782253061472
209 pages
Le Livre de Poche (01/10/1992)
3.89/5   28 notes
Résumé :
Coups de sang, coups de rage, coups de gueule...
Tout ce que Cavanna ne peut extérioriser depuis que n'existe plus Charlie-Hebdo l'étouffe et le fait bouillir. II fallait que ça sorte, et voilà, cela donne Coups de sang Ses grands thèmes d'indignation: la corrida, la chasse, la vivisection, la pollution, la publicité envahissante, le sport-magouille, la réussite par le fric; les fausses sciences.
C'est un-réquisitoire enragé et documenté sur une- human... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Bonjour !
Aujourd'hui, chronique de « Coups de sang » de mon cher François Cavanna. Bon, faire la chronique de chroniques en gros, vous voyez le topo ? Nous sommes en 1991, quelques années après la mort d'Hara-Kiri (par excès de procès – à l'époque, il paraît qu'on pouvait tout dire …) et un peu avant la renaissance de Charlie-Hebdo. La plume de Cavanna est là, bien acérée, et nous emporte dans son extraordinaire humanité où il n'y a pas de place pour les pousse-mégots, les mollassons de la pensarde et les enculeurs de mouches en goguette. C'est net, franc, sec comme un coup de trique. Tous les maux de notre société y passent, et il pourrait tout aussi bien rédiger le même livre aujourd'hui, il serait tout autant d'actualité. Ses arguments coups de poings sont solides car ils procèdent du plus naturel bon sens. C'est ce qui fait toute la force de cet ouvrage. Cavanna ressent une profonde solidarité avec tout ce qui est vivant, tout se qui peut souffrir, être plongé dans l'angoisse. Non seulement les jolies petits animaux domestiques, mais les plus décriées, « les bêtes moches ». Vous comprenez pourquoi j'ai les boules lorsque ma femme écrase une pauvre araignée ? Ben voilà ! Il déteste donc cette notion subjective de « Beauté » tout autant que ce qui a trait à de la torture animale : Chasse, corrida et autres « traditions à la con » qui ne sont que le reflet de l'ennui de l'homme. Et puis il y a aussi la publicité. Celle qui nous lobotomise par sa récurrence et sa bêtise. La société de consommation est une permanente provocation, elle propose des choses inaccessibles à la majorité des gens, crée de la frustration et de la révolte dans les milieux les plus pauvres. C'est marrant, je viens de lire « Chien blanc » de Romain Gary (1971) : même constat avec quasiment les mêmes concepts… La lobotomie prend encore bien des formes : Politique (qu'il renvoie dos à dos avec la mafia), réforme de l'orthographe, sport télévisé, religion, tourisme… Il conclue sur le fait que l'homme est un être intelligent, dans le sens ou il possède la faculté de penser, contrairement aux bêtes. Malheureusement, il n'est pas assez intelligent, son cerveau reptilien prenant toujours le dessus il reste sujet à ses pulsions : « L'homme est un crocodile qui possède la bombe atomique ». Tout est dit et ça fout la trouille ! Pour étayer ses raisonnements, il nous propose une foule d'exemples, chacun détaillé et argumenté : l'immolation des moutons en signe de protestation, la corrida, la corne de rhinocéros, la chasse, les chiens et les chats qui nous vénèrent, la torture des animaux dans les laboratoires cosmétiques, le foie gras, les cigognes, Kipling, le pape, l'horoscope, les croyances, le fanatisme, l'enfer, la femme dans la pub, la musique à la télé, le chauvinisme, les marques, la charité, la brosse à dents, la société du fric, la mafia, le chômage et les retraites, l'art moderne, la science… Tout est d'un modernisme redoutable, comme déjà dit… Est-ce que ça ne changera que lorsque tout aura pété ? Même pas sûr... Merci Monsieur Cavanna, et vous, chers amis, lisez tous cet excellent bouquin, meilleur que n'importe quel dictionnaire de la bêtise… Ce sera toujours ça de gagné...
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Cavanna, ex-journaliste pamphlétaire et chroniqueur du défunt journal satirique "Charlie Hebdo" ne bénéficiait déjà plus d'un espace d'expression lorsqu'il a rédigé les chroniques qui composent ce recueil, mais sa hargne n'en est pas pour autant ramollie !

Recueil de chroniques rageuses dans lesquelles l'auteur passe au crible un certain nombre de faits d'actualité du début des années '90... faits qui s'avèrent encore et toujours d'actualité malgré les 20 années qui nous séparent de leur rédaction : médiocrité crasse de la publicité sous toutes ses formes, scandale du chômage, dogmes imbéciles de la religion et du conformisme consumériste, hypocrisie du monde politique, sans oublier quelques saillies dans lesquelles l'auteur hurle sa haine des gens qui maltraitent les animaux...

Sa hargne verbale est salutaire, son écriture est comme un lavage de cerveau mais dans le bon sens du terme : Cavanna vous ouvre les yeux sur le monde dans lequel nous vivons et nous vautrons comme des gorets, dans une pauvre existence formatée.

Chacun se reconnaîtra car aucun de nous n'est épargné et il y a des raisons d'entamer une remise en cause des fondements de notre vision de l'existence.

On n'a pas là une écriture qui caresse le lecteur dans le sens du poil, on se retrouve très souvent dans l'inconfort moral le plus total, mais après tout, pourquoi la "littérature" devrait nous conforter dans notre train-train quotidien ?...
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Ce réquisitoire engagé - et enragé - date de 1991. Charlie-Hebdo disparu en 1982, Cavanna n'avait plus l'occasion de s'exprimer dans ses pages. C'est donc dans cet ouvrage qu'il crie son indignation avec sa truculence coutumière : coups de sang contre la chasse, la corrida, et en général la maltraitance des animaux, les fausses sciences, la publicité, le crétinisme de la télévision (et encore en 91, on n'avait pas encore atteint les abîmes de la débilité), le sport spectacle…
Je suis tout acquise et depuis longtemps aux causes que Cavanna défend. Cet écrivain a une réelle capacité à prendre de la hauteur, à voir les choses d'un point de vue original. Son plaidoyer pour l'animal est bouleversant. Ah ! C'est sûr qu'il ne prend pas de pincettes pour nous jeter notre comportement à la figure ! Mais on est ici dans une logique «billet d'humeur» au ton volontairement violent et excessif. Et d'ailleurs, vous le connaissez, ce coléreux aux coups de gueule légendaires !
Il était comme ça, et on l'aimait aussi pour ça. Et puis, dans ce monde si souvent indifférent, quelle qualité rare que celle d'avoir gardé la capacité de s'indigner.
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Pour moi, Cavanna continue de s'indigner, d'apostropher, de chercher la petite et la grosse bête!
Toujours, toujours avec lucidité, générosité, truculence et ...élégance.
S' il existe un ailleurs, après la mort, on ne doit pas s'y ennuyer avec Cavanna!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La publicité s'adresse aux imbéciles. Et aux brutes. Toujours. Elle ne fait pas le détail. Elle ne peut pas. Elle doit obtenir l'effet maximum sur le plus grand nombre. [...] La publicité est le plus puissant des agents de nivellement par le bas ou, pour parler plus cru, d'abrutissement du populo.
Le mauvais goût ne lui fait pas peur. Le mot est faible quand il s'agit des réclames des fabricants de cochonailles, conserves de viande, enfin de tout ce qui touche à la bouffe. On y voit des cochons hilares, des boeufs heureux, des agneaux bouclés proclamant bien haut leur joie d'être dévorés sous le label de telle ou telle marque, ou assaisonnés avec telles ou telles épices.
"Que Maille qui m'aille !" proclame le boeuf, riant à gorge déployée. Il n'a pas plus la trouille du calembour merdeux (la forme la plus méprisable de ce qu'on ose appeler "l'esprit") que des mâchoires des dévorants, le brave boeuf ! Il est fou de joie à l'idée que ses morceaux de choix seront assaisonnés par cette moutarde haut-de-gamme ! Et le "logo" de Fleury-Michon, ce cochon rose qui cligne de l'oeil au gourmand, comme une pute racolant sur le trottoir ! Encore ne fait-elle que prêter son cul pour un petit moment, la pute. Il n'est pas question de la débiter en saucisses.
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A cause de vous, touristes, sales cons, tristes cons, une ville n'est plus une ville qui vit sa vie de ville. Elle est en représentation. Pour un public, le pire des publics : vous. Elle joue un rôle, son propre rôle. Et elle en remet. Oh, là là ! Des tonnes. Elle joue le rôle d'une ville du bon vieux temps, le bon vieux Paris sympa et pas fier comme dans Yves Montand et dans Balzac (Balzac ? Une espèce de sous-Dickens bouffeur de grenouilles,si vous voyez.) Vous, bien sûr, vous marchez. Vous avez payé. Vous ne voyez pas, vous êtes trop cons, et de toute façon vous ne voulez pas voir, que la ville fait semblant. C'est du décor. Tout bidon. Même le vrai vieux est maquillé en faux vieux. Et ça vous tire des glapissements ravis et prévus. Patates, va ! Déchets. Fausses couches. Clones. Vous êtes des clones. Dommage qu'on ait cloné les plus moches. Ou alors ils sont vraiment tous comme ça, chez vous ? Aussi dégueulasses ? Je n'irai certes pas vous voir, dans votre pays de cons. Moi, touriste ? Qu'on me les coupe si jamais.
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L'homme aime tuer. Tuer pour tuer. L'homme aime le massacre... Alors, pourquoi pas moi ? Qu'est-ce que je fous sur cette planète d'assassins ? Oh, bon dieu, partout le sang, le plaisir du sang, la volupté d'écraser, de dominer, d'anéantir la beauté qu'on ne peut avoir, d'abattre l'oiseau en plein vol...
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Si vraiment c'est un dieu qui a créé ce cloaque d'horreur et de désespoir avec la mort au bout, alors c'est un tel salaud qu'il vaut mieux qu'il n'y en ait pas.
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Peuples, pourquoi êtes-vous si beaux, si nobles, si dignes, si généreux, si hospitaliers, quand vous crevez de faim, et devenez-vous si laids, si gras, si arrogants, si cons, quand vous avez régulièrement le ventre plein ?
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Videos de François Cavanna (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Cavanna
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées. Invité : François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
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