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EAN : 9782253036395
349 pages
Le Livre de Poche (30/08/1997)
3.62/5   160 notes
Résumé :
« Trente-cinq ans. L'âge des ogresses qui rôdent, claquant des mâchoires. L'âge des mantes religieuses. Les redoutables divorcées de trente-cinq ans. Petit homme triste qui rêve d'un gros doux cul pour y poser ta tête, petit homme triste, si tu en vois une à l'horizon, fuis à toutes jambes, fuis ! »

Sur leurs hauts talons pointus, belles mille fois plus qu'à dix-huit ans, tendres et juteuses, et malheureuses, et tellement, tellement, tellement compréh... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Comment ?! GaletteSaucisse qui note un ouvrage de Cavanna en dessous de 5 étoiles ?

Eh bien oui. Dieu seul sait à quel point cela me fend le coeur. Mais c'est la triste réalité : je n'ai pas aimé Les yeux plus grands que le ventre. Et tu ne peux pas savoir comment ça me fait mal.

Ah, bien sûr, c'est pas le fait que je n'ai pas aimé un livre d'un gus que je vénère comme Cavanna qui m'emmerde. La preuve en est qu'il y quand même quelques chansons que je ne peux pas écouter de Brassens, le seul qui à mes yeux égale le bon anarchiste artistiquement et moustacheusement parlant. C'est pourtant pas ça qui m'empêche de dormir la nuit.

Non, ce qui me rend si triste, c'est que je n'ai pas aimé l'Homme, avec un grand H, dont on suit l'histoire. Ce qui met à mal un des principes fondamentaux que j'ai, à savoir la dissociation de l'oeuvre de l'artiste.
Ouais, j'suis ce genre de réac' là. le genre à dire aux féministes extrémistes (regarde bien le « extrémiste », et ne va pas crier que je suis misogyne, sinon je te fous mon poing sur la gueule, sauf le respect que je te dois, et caetera, tu connais la chanson) que, si je n'ai pas aimé J'accuse de Polanski, c'est seulement parce qu'il y avait des longueurs. Et, j'avoue, voir Dujardin jouer un rôle dramatique sans penser à OSS 117, c'est beaucoup trop dur.
Bon, c'est pas le sujet. Je n'sais même plus de quoi je voulais te parler.

Ah si, j'y suis. Bon, Cavanna l'humain-derrière-le-livre.

Bah oui, ce même Cavanna tout perdu qui me brisait le coeur dans Les Russkoffs, le même qui me parlait de la mort de son papa en me faisant chialer comme un veau – je crois que la seule fois que j'ai pleuré autant, c'était en regardant le Tombeau des Lucioles, donc tu vois ce que j'veux dire -, eh bien là, j'ai eu envie de le gifler.

Oui, moi la pacifiste bêlante – comme dit le poète que tu auras reconnu, si tu connais tes classiques, auquel cas je t'aime et t'embrasse -, oui, j'ai eu envie de le gifler.

Bonne mère, comme j'ai honte.

Citons un exemple.

Gabrielle, la gentille maîtresse très brave et follement amoureuse, organise un séjour à Venise avec son amant – Cavanna himself, si t'as suivi – pour faire genre c'est un voyage de noces. Tu m'as compris tu m'as. Bon. Tu connais le bonhomme maintenant, tu sais qu'il n'aime pas trop les voyages et les touristes et les beauf' et les gens et tout le toutim. Et donc ce con, arrivé à l'hôtel, alors qu'elle lui propose de visiter un peu, de faire une promenade en gondole (j'avoue, plus cliché, tu meurs), il lui répond (je te cite le texte, j'aime le travail bien fait) :

- Va te promener ! Tu es à Venise, merde. Laisse tomber ton vieux birbe. Moi, je reste au lit, pas envie de traîner ma crève dans cette cohue. Tu me raconteras.

Bon, mets-toi deux secondes à la place de la demoiselle. Tu as réussi à traîner ton vieux moustachu que tu aimes d'amour à Venise, rêve d'enfant, c'est pas grave d'être niais, moi je te juge pas. Et ton vieux moustachu te sort un truc pareil, préférant ses polars à la Higgins Clark à tes miches que tu as d'ailleurs apparemment très jolies. Mais ton derrière digne d'une Callipyge n'est pas le sujet.

C'eût été moi, et pourtant, Dieu (s'il existe) seul sait à quel point je préfère largement une réplique cinglante à une tarte à cinq doigts, je te jure que ses moustaches, aussi belles furent-elles, auraient valdingué à l'autre bout de la pièce.

Mais elle, non. Brave fille rongée par l'amour, elle préfère rester.

Sympa, les vacances.

C'est ça que je n'aime pas. Cette faiblesse. Pourtant, d'habitude, la faiblesse m'émeut. Me tire des larmes, parfois. Mais là, non. J'avais envie de les gifler tous les deux, lui parce que j'aime pas spécialement les délires adultérins suivis de pleurs « Ah, mais j'aime tellement ma femme et tellement ma maîtresse, laquelle choisir, et puis ça me fait trop mal de faire du mal à ma femme mais je sais que j'en fais à ma maîtresse aussi », et elle pour la réveiller et lui gueuler de partir se faire un autre gus, moustachu anarchiste si c'est le genre qu'elle aime, auquel cas j'aurais pu lui présenter Monsieur Chabance s'il n'était pas mort. C'est con, hein, à trois semaines près, ça passait.

Et puis bon, quand au bout de quinze pages, tu te farcis une scène de crise d'hémorroïdes suivies d'une scène de fesses comme seul Cavanna sait faire – ne compte pas sur moi pour citer le texte, espèce de petit cochon –, t'as pas trop envie de lire la suite. Surtout pour moi qui, après la vie sexuelle de mes grands-parents et Alain Bauer mangeant des huîtres, la dernière chose que je veux voir, c'est bien la santé du cul de Cavanna. Ah oui, et mention spéciale pour la description sur plusieurs pages du cul de Gabrielle, un cul à faire pâlir de jalousie la Callipyge, mais là je me répète.

Après, bien sûr, c'est toujours très bien écrit, et il y a des passages que j'ai bien aimés. Quand il parle de ses chiens, de sa mère, ou quand il parle de... de...

Attends, à part ses chiens et sa mère, quels sont les autres passages que j'ai appréciés ?

Bonne question. Moi j'ai la réponse. Je t'ai même habilement mené à cette question parce que je ne savais pas comment amener ce constat. Ce procédé a un nom, me disait Monsieur Chabance, mais j'ai oublié. Ce doit être un truc assez voisin de la manipulation. Enfin bref, voici ma réponse à la question :

Cavanna a un ton donneur de leçons.

C'est dit. C'est la première fois que je trouve ce ton presque condescendant (En deux mots ? Bonne question...) dans ses lignes. La première fois que je lis ses paragraphes en diagonale parce que son côté « j'suis anticonformiste et regarde-z-y comment j'te l'montre pour que tu vois que t'es une sale merde obsédée par la quête de normalité » me donnait envie de foutre ce livre au feu. Ce qui est, tu en conviendras, un sacrilège de type qualitatif.

Oui, j'aimais bien aller pêcher avec mon grand-père. Oui, j'aime manger la côte de boeuf que prépare ma grand'mère. Et pourtant, je suis la première à réfléchir quant à l'hypothèse du rétablissement de la peine de mort lorsque je retrouve une portée de chatons laissés pour compte, voguant sur la Marne dans une bassine percée, ou quand, au fin fond du bois de Vincennes, je découvre un pauvre chien attaché à un chêne, vraisemblablement depuis plusieurs jours (eh oui, on n'arrête pas le progrès…). Mérité-je pourtant d'être cataloguée comme individu sans âme, parce que je vais pêcher les oursins et cueillir les escargots ?

Pour en revenir à l'histoire d'adultères, qui est pour ainsi dire le sujet principal du bouquin, t'as qu'à voir la première de couverture, c'est que ce con m'a fait chanceler dans mes convictions.

Calme-toi, je t'explique.

Moi, je suis pas vraiment partisane du fait d'aller voir ailleurs, même quand tu t'ennuies. (Oui, enfoncer des portes ouvertes, c'est ma passion.) En revanche, je peux accepter l'idée que tu trompes ta femme/ton mari/ton chien t'inquiètes je te juge pas, seulement si tu 1) as de bonnes raisons et 2) es sûr qu'elle/il est d'accord. Et qu'il n'y a pas de sentiments amoureux derrière, hein, ah bah oui, sinon c'est pas drôle. Un p'tit coup entre deux portes, dans un hôtel un peu glauque si tu veux, ou à Venise si c'est ce qu'elle préfère, pourquoi pas. Mais à partir du moment où tu n'es plus fidèle sur le plan amoureux à ta donzelle ou ton damoiseau, là, j'aime pas, et, j'ai pas peur de te le dire : tu me dégoûtes, parce que ça veut dire que tu ne peux pas être digne de confiance. On peut en discuter, mais moi, je me méfierai quand même.

Or, le petit coeur qui bat dans la petite poitrine, c'est ce qui arrive à notre François préféré. Hé oui. Non content de tromper sa gentille épouse, il tombe amoureux – et comment ! – de sa maîtresse. Et ça me gêne. D'autant qu'il se place en victime, comme je l'ai dit plus haut.

J'ajoute à mon idée qu'il y a quand même des cas où, à mon sens, si tu tombes amoureux de ta maîtresse/amant/ton chien tant qu'il est consentant, ne me turlupine pas trop. Prenons un exemple :

Michel – j'aime bien ce prénom -, environ soixante-cinq ans, moustachu si ça te chante, retraité ni riche ni pauvre, genre mec lambda. Michel, il est marié depuis plus de quarante ans avec la Denise. Sauf que la Denise, ça fait quarante ans qu'elle a une maladie dégueulasse bien fourbe, admettons la sclérose en plaques, et qu'elle sait qu'elle va finir façon jardinière de légumes dans un lit médicalisé à regarder Mentalist. Pauvre Denise. Mais Michel, qui sait que la santé de Denise ne va pas aller en s'arrangeant, est quand même très très amoureux d'elle. du coup, il décide de rester.

C'est beau, hein.

Sauf que, forcément, la cinquantaine, tu connais, et la mobilité de la Denise commence à se dégrader. Si bien qu'elle n'est plus que dans son lit médicalisé, à regarder Mentalist comme je viens de te le dire.

Quand tu vois le gigot, si tu connectes les deux neurones qu'il te reste et que tu fais preuve d'un peu de bon sens, tu te doutes que le Michel, niveau jeu de la bête à deux dos, il se fait un peu chier.

Alors, Michel va voir ailleurs.

Et paf, il tombe amoureux. La fille, je te laisse l'imaginer. Plus jeune ou bien plus vieille, blonde ou bien brune, sosie d'Andie MacDowell ou bien de Christine Boutin, c'est toi qui choisis, Camarade. Toujours est-il que cette demoiselle lui plaît, et qu'il l'aime comme jamais il croit avoir aimé.

Eh bien là, dans ce cas précis, même si Bonhomme est amoureux de sa maîtresse, ça ne me dérange pas, tant qu'il fout pas sa Denise dans un hospice. Tant qu'il s'occupe de sa Denise, toujours avec amour même si c'est pas drôle tous les jours, moi, j'ai rien contre.

Mais bon, comme dit l'autre, les poissons volants ça existe, mais ça forme pas la majorité du genre.

Je précise que je ne suis absolument pas idéaliste, à penser que des histoires comme ça, ça existe. J'en connais personnellement. A ceci près qu'ils ne s'appellent pas Denise et Michel.

Bon, j'suis un peu sortie de mon chemin, je l'avoue. C'est pas grave, ça me rappellera l'heureux temps où je me prenais des 4 en dissertation parce que je faisais des hors-sujets. Ah... Nostalgie, larme à l'oeil, et en avant.

Pour en revenir à Cavanna, le pire dans cette histoire, c'est que j'ai acheté Lune de miel et Crève, Ducon ! chez mon libraire samedi dernier. En plus, il n'y avait pas format poche, et j'ai donc dû raquer comme un porc.

Mais alors, du coup, j'ai moyen envie de continuer sur le sentier autobiographique du sieur Cavanna. J'ai peur de retrouver un côté moralisateur qu'il n'y avait pas dans les autres livres. Un côté vieux con, en somme.

Bon, je vais m'arrêter là. J'vais aller pleurer sur mes désillusions et l'horreur humaine en écoutant Brassens. Lui, au moins, je sais qu'il a eu des maîtresses, donc je ne serais pas surprise.
Allez, la bonne journée.
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François Cavanna est un écrivain et dessinateur humoristique français né en 1923 à Paris. Il s'associe avec Georges Bernier et quelques autres pour fonder en 1960 le magazine Hara-Kiri (mensuel), puis en 1969 Hara-Kiri Hebdo qui deviendra ensuite Charlie Hebdo. En 2011 dans son ouvrage Lune de miel, François Cavanna révèle publiquement être atteint de la maladie de Parkinson, qu'il qualifie de « salope infâme ». Paru en 1983, Les yeux plus grands que le ventre achève sa série autobiographique comprenant Les Ritals (1978), Les Russkoffs (1979) et Bête et méchant (1981).
Les autobiographies sont souvent pathétiques. Soit l'auteur cherchera à se montrer sous un jour flatteur, soit il jouera la vérité et révélera des traits de son caractère fatalement humain donc moins glorieux que ce que le mythe pouvait nous laisser espérer. Dans les deux cas, l'homme public qu'on a aimé redescend de son piédestal. C'est un peu le cas avec ce bouquin où Cavanna se livre comme à confesse, un comble pour cet anticlérical. Ceux qui ne l'aiment pas y verront un con, ceux qui lui gardent une place dans leur coeur – comme moi - pour avoir été l'un des mentors de leur jeunesse, lui trouveront des excuses.
Si le récit est parsemé de souvenirs en tout genres (et parfois disparates voire sans ligne directrice très précise) tels ses animaux chiens et chats, ses maisons, un peu de son travail au journal, sa mère… le fil rouge, axe principal du bouquin, ce sont les femmes. Ses femmes. Et là, s'il a beaucoup à écrire, le lecteur pourrait avoir aussi beaucoup à dire sur la « gestion » de sa vie privée. D'un côté il y a Tita et ses cinq enfants avec laquelle il vit maritalement et de l'autre, il y a Gabrielle, beaucoup plus jeune que lui approchant de la soixantaine, un enfant, avec qui il a une relation profonde. le lecteur l'aura compris, quand Cavanna évoque les yeux plus gros que le ventre, il faut lire, plus gros que le bas-ventre !
La plus grande partie du texte est consacré à ce partage de temps et d'efforts (« je cours de l'une à l'autre, c'est exténuant ») entre ces deux femmes qu'il aime, d'un amour vrai et sincère (« Je vous aime tant ! Une seule me manque, tout est perdu… ») qu'il voudrait le plus honnête possible mais qu'il a bien du mal à conduire, utilisant lâchetés et non-dits pour se maintenir à flots entre les deux femmes. Encore a-t-il bien de la chance que Tita soit relativement bienveillante… Cavanna multiplie les mea culpa mais lui-même n'est pas dupe de la situation, ses relations avec les femmes ne sont guère glorieuses, au point de lâcher un dépité « Si les lecteurs de Charlie-Hebdo savaient ! »
Sinon il y est question aussi de mai 68 auquel il n'a pas participé pour cause d'hémorroïdes, de très belles pages sur son chien Nicolas, de passages très sensuels et humides sur les Femmes qui évoquent les BD de Crumb… On retrouve le style de Cavanna, mélange de poésie en prose et de mots crus et juteux, d'expressions datée et de phrases aux tournures vieillottes qui charment le lecteur plus très jeune lui non plus, d'adresses au lecteur comme s'il était témoin, d'émotions comme savent nous les procurer les écrivains attachés à la terre et au travail manuel. Et le récit s'achevant sur une astucieuse mise en mots de son propre décès inventé, on ne peut imaginer point final plus explicite.
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Il y a du très bon et du moins bon dans ce livre. Cavanna se raconte dans sa période quinquagénaire, ses amours, sa vie privée. Beaucoup de digressions sur ses états d'âme face à son vieillissement, ce qu'il a raté, gâché, alternent avec des passages savoureux sur les femmes (un peu datés il est vrai), des analyses très fines sur les comportements humains, une auto-critique en tant qu'homme ordinaire, le tout dans un langage truculent et imagé. Mais sa double vie avec Tina et Gabrielle ne justifiait pas les 350 pages de ce roman un peu lourdement autobiographique.
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Cavanna pris entre deux feux de l'amour!
La lecture de ces "Yeux plus gros que le ventre", m'a laissé comme un malaise, un goût amer aussi.
Cavanna est irrésolu. En même temps, il fuit plus loin de Paris... Là ou reste encore de la campagne, des champs.
Son histoire est à la fois banale et triste, et intenable. Son démon de midi le tourmente, et il est impuissant, hagard.
Cavanna partage tout avec son lecteur: le palpitant, le poignant, le nostalgique mais aussi le mal-être et ces crises qui viennent tard, cette morne folie qui le prend.
Eh oui! Cavanna est un homme comme les autres, sous maints aspects (et pas les plus reluisants).
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Cavanna insupportable et attachant.
Quatrième partie d'une autobiographie commencée avec « Les Ritals » suivi par « Les Russkoffs » puis « Bête et méchant », « les yeux plus grands que le ventre » raconte l'histoire d'un quinquagénaire, l'auteur, partagé entre son amour pour sa femme qu'il ne peut laisser et son amour pour sa maîtresse qu'il ne peut quitter. Cavanna dresse un portrait de lui-même fidèle au personnage public que l'on connait, bougon, grossier, misanthrope mais nous parle aussi de ses angoisses d'amoureux, de cet amour inextinguible qu'il porte aux femmes, de son manque de résistance face à leur force d'attraction, de sa condition de mâle faible face à leur détermination de femelle à vouloir construire un nid.
Je commence donc par le milieu le récit plus ou moins romancé de la vie de Cavanna et je redécouvre ce que j'avais déjà perçu de lui dans « La belle fille sur le tas d'ordure » dans lequel il crie sa colère contre les tueurs, les casseurs, les destructeurs de la planète. Cavanna est sensible à la beauté naturelle, celle des bêtes, celle des plantes, il aime le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles des arbres, il aime les couleurs du jour et les ombres de la nuit, il aime la vie et tout ce qu'elle crée. On retrouve cette sensibilité ici, son refus de blesser, de détruire et toute la tendresse qu'il n'a pas appris à exprimer, qu'il jette sur le papier parce qu'il ne sait pas quoi en faire, parce qu'il ne sait pas en parler aux gens qui l'entourent, à celles qui n'attendent que ça et qui l'ont deviné. J'ai aimé cette volonté de sauver tout ce qui peut l'être, animaux, arbres dans ses lieux de vie qu'il a presque sanctuariser comme pour concrétiser, pour garder et enfermer tout l'amour qu'il éprouve, qu'il cultive pour les femmes de sa vie. Et si vous ne voyez pas le rapport et bien il faut lire ce livre.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Les religions politiques sont les utopies. Leur moyen d'action : les révolutions.
L'anticonformisme est le marchepied du conformisme.
La révolution est le marchepied du despotisme.
Ceux qui, la révolution faite, continuent à croire à l'utopie sont des déviationnistes. Ils meurent généralement de mort violente.
Le rêve utopiste-type :
Refaire la Révolution (avec majuscule), SANS les erreurs des révolutions précédentes. Refaire l'U.R.S.S. sans le Goulag. Rejouer 1789 sans la Terreur et sans Bonaparte.
Ils n'ont pas compris, ils ne veulent pas comprendre (cramponnés à leur rêve, à leur besoin religieux d'un paradis à portée de la main) qu'il n'existe qu'un pouvoir, toujours le même (le "pouvoir du fusil" du petit père Mao, toujours despotique. Car le pouvoir ne peut pas échapper au despotisme. Peu importent les idéologies de départ, les sacrifices, les bonnes intentions et les sincérités. Les circonstances sont implacables, le pouvoir leur est soumis. La démocratie elle-même, tyrannie du plus grand nombre (c'est-à-dire des plus bêtes et des moins informés), est un despotisme camouflé sous des apparences bonasses (tant que les gars qui en profitent ne sont pas menacés).

Axiome : le pouvoir est toujours de droite. Qu'il le veuille ou non.
Le pouvoir est au bout du fusil, mais c'est le pouvoir du fusil.

Il ne s'agit pas de juger. Les choses sont ce qu'elles sont. C'est implacable comme une loi biologique, c'est-à-dire physique (c'en est une en effet). [...]
- Mais c'est fataliste !
- Je n'y peux rien.
- Mais c'est pessimiste !
- En effet. Citez-moi une seule révolution qui ne soit pas tombée dans le despotisme ou dans la contre-révolution, citez-moi une seule vie d'homme qui ne se soit pas terminée par la mort, alors je réexaminerai tout ça dans le sens optimiste.
- Mais le pessimisme est de droite !
- Nous y voilà ! Tu es soulagé, tu as trouvé l'étiquette. A mon tour : l'optimisme est un mensonge.
- Qu'importe ! Il est généreux.
- Non. Il est fourbe. Croire en l'utopie possible, c'est devenir proie consentante et participante du prochain despotisme. Ou partie prenante. C'est se vouer à être victime ou bourreau.
- T'es pas marrant.
- Oh, si. Quand je veux. Tu connais la dernière histoire belge ?
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S’ils le voyaient, le fracassant éditorialiste, champion de toutes les libertés, promoteur de toutes les licences, conchieur de familles, vomisseur de convenances, déchiqueteur de hiérarchies, empaleur de petits jésus, s’ils me voyaient, moi, la grande gueule, moi, le vieux ricanant, le sceptique à tout crin, s’ils me voyaient, jaune de teint et l’œil hagard, vivant cet amour en épais phallocrate d’un autre âge empêtré dans ses contradictions merdeuses, se rongeant le foie, clamant ses bobos à la une, oscillant de Dumas fils à Feydeau, du drame pompier à l’amant en caleçon dans l’armoire avec le pan de chemise qui dépasse, triste zinzin ahuri dans ce siècle tonitruant, hibou effaré dans ce Luna-Park… Oh, qu’ils rigoleraient les sales cons !
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Je me suis toujours senti dans la vie comme le gars pas du coin tombé dans un bistrot d'habitués. Ils ont l'air tellement solides, les autres. Tellement consistants. En prise directe. Je n'ai jamais osé parler de cette espèce de flou, de ce voile ou je ne sais quoi qu'il y a entre moi et la réalité. Comment dire ? L'impression de ne pas tout à fait être là.
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Je sais quand ça m'emmerde et quand ça m'amuse. Et quand ça m'emmerde, je ne peux pas arriver à me persuader que ça m'amuse. Je cherche pas à faire l'original, j'ai personne à épater, je sais seulement que l'ennui est pour moi une souffrance aigüe, violente, insoutenable. Les autres, je sais pas, ils sont sans doute moins douillets, alors je fuis les occasions de m'emmerder...
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Les bateaux mouches se courent au cul, à se toucher, ils sont énormes et laids à dégueuler. Quel est le salaud qui a osé, pour faire voir Paris, lancer sur la Seine d'aussi épouvantables saletés ? « Modernes » dans le sens le plus hideux, le plus péquenot du terme, dégoulinants de clinquant de Foire du Trône, ils traînent sur l'eau sale qu'ils battent en neige, en neige merdeuse, leurs cargaisons de bons cons que ça ne gêne pas du tout d'être les fausses notes de cette harmonie qu'on les invite à admirer à coups de gueuloir sonorisé. La nuit, obscènes chenilles lumineuses, ils t'arrachent les yeux par la violence de leurs projecteurs serrés à la queue leu leu de la proue à la poupe et qui balaient sans pitié les façades riveraines, fouillant jusqu'au moindre recoin les appartements aux lambris vénérables. Je passe sur le Pont-Neuf, m'émerveillant une fois de plus de la fantastique capacité du con moyen à supporter la contradiction, sans laquelle rien ne serait possible. Sans elle, on ne pourrait pas lui chanter à tout moment, au con moyen et même légèrement supérieur, l'amour des belles choses, le culte du passé, la douce harmonie du vieux Paris tout ça tout ça, et en même temps lui imposer des ordures qui sont autant de coups de poing dans la gueule. On ne pourrait pas lui chanter la verdure, les petits oiseaux, la vie simple et rustique, déplorer le béton, les autoroutes et les H.L.M. Et en même temps lui construire des H.L.M. de béton au bord des autoroutes. On ne pourrait pas, en somme, se foutre de sa gueule. Heureusement, ça ne le gêne pas, il est content comme ça, et bon, tant mieux pour lui. Ceux que ça gêne, qu'ils crèvent.
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Vidéo de François Cavanna
1/5 François Cavanna : À voix nue (1994 / France Culture). La semaine du 23 juin 2014, France Culture rediffusait une série de cinq entretiens enregistrés avec François Cavanna en 1994 pour l'émission “À voix nue”. Par Ludovic Sellier. Réalisation : Christine Robert. Rediffusion de l'émission du 17/01/1994. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. 1) La mémoire de la ville : de la "folie patrimoniale" au "tout progrès"
François Cavanna est né en février 1923 (et décédé le 29 janvier 2014) d'un père italien et maçon et d'une mère morvandiode, et si l'usage de son prénom s'est un peu perdu, il a conservé son accent des faubourgs. Ecrivain, après avoir débuté dans la presse comme dessinateur, Cavanna est devenu rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" et le fondateur de "Hara Kiri", il a conservé le goût de la formule et les saveurs d'une langue truffée d'onomatopées. Invité : François Cavanna
Thèmes : Littérature| Littérature Contemporaine| Mémoires| Presse Ecrite| François Cavanna| Charlie Hebdo
Source : France Culture
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Hommage à François Cavanna

Né à Paris en ...

1913
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