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EAN : 9782266281744
192 pages
Pocket (15/02/2018)
3.83/5   12 notes
Résumé :
L'auteur retrace l'histoire de sa famille prise dans la tourmente de l'histoire, et de son sort pendant la Seconde Guerre mondiale. Un récit intime qui parle aussi des valeurs universelles qui dépassent largement le cadre familial.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est un livre courageux que nous livrent les Editions Perrin. Courageux de la part de l'éditeur, qui fait oeuvre de mémoire et édite un récit de vie, ou plutôt un récit de famille vu à travers le prisme de la première moitié du XXè siécle. Courageux de la part de la famille qui a souhaité (et s'est certainement battue pour) éditer les mémoires de leur parent. Courageux, enfin, de la part d'Hubert Cavert, né Herbert Kawer et renommé "à la française" pour éviter d'être trop visible quand l'occupant allemand et ses séides français ont (dans un rush de désespoir) déporté les Juifs par milliers vers les camps.

Beaucoup de familles ont ces récits, et il n'est pas évident de les mettre en forme. Hubert Cavert a souhaité laisser à ses enfants, et sûrement ses petits-enfants (voire plus loin) un témoignage. Pour savoir d'où ils viennent. Car c'est en sachant d'où on vient que l'on peut décider d'où aller.

Je comprends la démarche de Hubert/Herbert, je viens d'une famille que la Seconde Guerre mondiale n'a pas épargné. Rien de comparable avec Herbert Kawer, dont beaucoup de proches ne sont jamais revenus des camps. Dont son père. Il y a une volonté d'expurger, de sortir ce qu'il a vécu, ce besoin de montrer qu'il est devenu tel qu'il est suite aux épreuves. Et qu'il a su à chaque fois rebâtir une cellule familiale.

Il nous livre un message d'amour, emballé dans un témoignage. Dans une constellation familiale, concept très à la mode voici des années. Il se replace au milieu des siens en débutant le récit bien avant sa naissance. Puis il nous fournit un récit teinté d'adolescence, il a 17 ans quand finit la guerre, l'âge de l'insouciance (normalement) qui va rimer avec une nouvelle famille, deux femmes républicaines et anarchistes, dont une a fui Franco. Cet aspect du récit est intéressant, quand il fait le pont entre les exodes, entre les combats.

Hélas, courageux ne veut pas dire efficace. Et on se perd souvent dans les méandres de la mémoire, du récit. Il y a des moments forts, quand il décrit la montée du nazisme en Autriche ou ses multiples déplacements dans le Sud-Est français, avec des papiers falsifiés. Mais c'est inégal.

J'ai toutefois retrouvé chez Hubert Cavert cette même pudeur qui empreint les anciens de ma famille, que l'on arrivera à faire parler de la guerre (très rarement, à force d'insistance et de persuasion), mais jamais, ô grand jamais, de l'après... de la libération, de la solitude, de la vie après la perte d'être chers. J'aurais aimé qu'Hubert Cavert nous parle de 1946... et d'après. Pour moi, il s'arrête trop tôt. Mais les témoignages sont faits pour exister et être conservés, pour ne jamais oublier.

Merci à Babelio (Masse critique de janvier 2017) et aux Editions Perrin pour ce beau moment.
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Ce récit n'aurait au départ jamais dû être publié : c'est un manuscrit qu'Hubert Cavert a laissé à ses enfants, afin que la mémoire de leur famille ne se perde pas. Ces derniers ont montré le témoignage à un historien, qui les a encouragés à le publier...
Hubert Cavert raconte l'histoire de ses ancêtres dans l'Autriche de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe. D'un côté, la famille de sa grand-mère paternelle, des juifs pratiquants, et de l'autre celle de sa mère, avec une mère au sacré caractère dont le but principal est la réussite sociale de ses enfants. On passe ensuite à l'enfance du narrateur, avec son père, sa grand-mère et une servante (ses parents se sont vite séparés). Puis arrive l'Anschluss, l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, en 1938, alors que celui qui est encore Herbert Kawer n'a que dix ans. Lui et sa famille sont désormais pointés du doigt en tant que juifs. Ils vont donc fuir : sa mère à Londres, Herbert et son père en France. Ils se rendent d'abord à Bordeaux, puis à Millas, dans les Pyrénées-Orientales - et c'est à ce moment qu'ils francisent leur nom. Quand son père est déporté, le petit Hubert est recueilli par une résistante locale.
Ce récit n'aurait jamais dû être un livre, donc on ne peut pas le juger comme tel. Si le tout début est assez lent, car on a juste une succession de faits sur l'histoire des ancêtres du narrateur, le reste devient ensuite passionnant et agréable à lire. L'auteur dépeint sa famille avec beaucoup d'humour et rend son récit très authentique en insérant de nombreuses expressions en allemand. Il se moque volontiers de lui-même et de ses proches, et ne fait pas un plaidoyer pour sa religion comme on pourrait s'y attendre : il ironise sur le contraste entre sa grand-mère croyante et son père qui ne l'est pas, mais lui fait faire ces entorses à la religion en cachette, et se définit lui-même comme agnostique. La partie sur la guerre n'est pas particulièrement pathétique et ne cherche pas à nous émouvoir : s'il a perdu ses proches, lui-même n'a pas directement souffert de la guerre. Il ne se lamente pas sur son sort, mais nous livre avec simplicité son expérience, celle d'un petit garçon déraciné mais qui a trouvé un nouveau pays et une nouvelle famille.
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C'est toujours avec intérêt que j'ouvre un livre "gagné" à la Masse critique Babelio, jusqu'ici je n'ai eu que de bonnes surprises. Cela me permet de lire des bouquins que peut-être je n'achèterais pas autrement, parce que je ne tomberais pas dessus et parce que j'en ai déjà beaucoup à lire. Encore une fois donc, merci Babelio.
Depuis quelque temps on voit sortir des bouquins de témoignages, parfois romancés, qui se passent en Allemagne (ici en Autriche), pendant, ou juste avant ou après la seconde guerre mondiale. C'est très intéressant car si on a lu beaucoup de récits de Français ou autres alliés, ceci est assez nouveau, du moins pour moi.
Hubert Cavert, qui s'appelait à sa naissance (en 1928) Herbert Kawer et vivait à Vienne en Autriche, a laissé des mémoires que son fils Denis a fait publier, avec l'aide d'un historien. Il commence avec ses ascendants, au milieu du XIXe siècle et explique le chemin suivi par les juifs issus de différentes régions d'Europe, souvent rurales, parfois très différents les uns des autres, qui se retrouvaient à Vienne par exemple.
Les informations si elles sont nombreuses sont faciles à lire car c'est très vivant. le récit s'arrête en 1945, bien que l'auteur ait vécu encore de nombreuses années. Il a voulu laisser ce témoignage pour ses descendants.
Un petit bémol pour moi qui ne parle pas allemand, il y a beaucoup d'expressions dans cette langue, traduites soit dans le texte, soit en notes de bas de pages. Cela ne m'a pas empêchée d'aller au bout mais il vaut mieux le savoir.
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1928 : Herbert KAWER naît dans une famille juive aisée de Vienne en Autriche.
Ses parents se séparent rapidement et Herbert est élevé par son père, médecin humaniste qui, malgré une vie professionnelle chronophage parvient à lui assurer une vie heureuse. Malheureusement, la famille aimante ne peut dissimuler les nuages menaçants qui s'accumulent à l'horizon : les « Chemises brunes, en uniforme et brassard à croix gammée » et le « journal populaire rempli de caricatures antisémites ». Puis vient le jour où on emmène le père brosser les trottoirs à genoux…
L'horreur s'accroît. Les grandes nations occidentales, dans toute leur lâcheté, font mine de ne rien voir.
Après une tentative de suicide, le docteur Kawer fait le choix d'émigrer en France où son fils le rejoint. Puis c'est le temps de la faim, des bombes, de la vie cachée, de l'arrestation du père (le 23 février 1943) que Herbert, devenu Hubert, ne reverra jamais, mais aussi de belles rencontres humaines : un directeur d'école, un réfugié catalan, et pour finir deux femmes de coeur liées à la résistance qui deviendront ses mères de substitution.
Inutile de dire que j'ai énormément apprécié « La mémoire des Kawer » de Hubert Cavert. Ce n'est pas un roman mais un témoignage facile à lire, émouvant et intéressant. Il met en perspective l'histoire d'une famille juive avec le contexte historique de l'Empire des Habsbourg à la chute du IIIème Reich.
Je remercie Babélio et les éditions Perrin de m'avoir fait découvrir « Cette voix qui vient du passé »
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Certains témoignages nous aident à mieux saisir comment l'histoire peut influencer la vie des hommes. Celui d'Hubert Cavert est à ce titre exemplaire. Ce jeune autrichien de confession israélite qui naquit Herbert Kawer en 1928 grandit à Vienne alors que le péril nazi ne faisait que croître. En 1938 il fuit la capitale autrichienne en train pour rejoindre son père à Bordeaux . Commence une vie compliquée avec son père où il s'agit de survivre en conservant sa dignité. Son père s'épuisa rapidement pour assurer leur subsistance, il doivent bientôt fuir dans les Pyrénées orientales Son père est arrêté le 23 février 1943 par la gendarmerie, Herbert ne le reverra jamais. Il est immédiatement pris en charge par
un réseau de résistance et confié aux bons soins de Marinette Brugat et de Palmire Vial. Avec les deux femmes celui qui est devenu Hubert va progressivement s'enraciner dans le village de Pia où il devient le petit de la Carbonera.
Devenu adulte Herbert Kawer possède une carte d'idendité française au nom d'Hubert Cavert mais peu connaissent son histoire qu'il garde secrètement enfouie dans son coeur. Ce n'est qu'à la veille de sa mort qu'il confiera un manuscrit qui reprend l'histoire de sa famille puis son parcours quand il dut quitter Vienne.
Grâce aux éditions Perrin le manuscrit est devenu un remarquable ouvrage autant par l'émouvant témoignage personnel tout en retenue de Cavert que par l'incroyable plongée dans l'histoire européenne qu'il nous propose. C'est une voix du passé qui nous permet de saisir dans quelle tourmente de nombreuses familles juives de la vieille Europe furent entrainées. On découvre l'histoire de la famille Kawer, de 1866 - quand l'empire des Habsbourg parvient à atteindre un équilibre respectueux des minorités – à la chute du III eme Reich. Certaines pages sont fortement évocatrices, restituant avec finesse un monde définitivement englouti par la guerre. On ne peut manquer d'être à la fois ému et édifié par ce récit poignant où les paradoxes de l'histoire anéantissent ou sauvent des êtres dans une infernale loterie.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)


Lien : http://www.culture-chronique..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je laissais derrière moi une partie de ma famille et la terre de mes ancêtres. Je n'avais plus de racines. Je partais vers l'inconnu, vers un pays étranger dont j'ignorais tout, et la langue et les coutumes.
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Je suis resté profondément agnostique. Cependant, en souvenir des miens, de mes grands-parents et de mon père, j'ai essayé de transmettre par l'esprit à mes enfants la bénédiction que j'ai reçue de mon père, leur grand-père.
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Grand-mère Sträussler intervint dans le débat, elle devait connaître la meilleure solution. "Laisse-le partir, Olli, avec le gosse. Que veux-tu qu'un homme fasse avec un enfant de 18 mois ? Dans trois mois, il te renverra le petit et il te demandera pardon. Tu garderas ton fils et je te trouverai un autre mari."
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