Juste avant les primaires et la présidentielle, qui promettent d'être riches en dérapages de la part des candidats, sort ce petit livre revenant sur une quarantaine de paroles et actions malheureuses de personnalités politiques ces dernières décennies, avec une prédilection pour les dernières années et pour nos deux derniers (et futurs ?) présidents de la République, champions toutes catégories en termes de bourdes.
Au-delà de cet aspect bêtisier, souvent amusant mais parfois consternant, le premier auteur prend le temps de contextualiser les propos, d'en donner les répercussions et réactions. Tout cela est bienvenu et très intéressant. Je regrette simplement que les auteurs aient choisi certains propos qui relèvent plus de l'anecdote ou du lapsus, comme la ''bravitude'' de
Ségolène Royal, et laissent de côté des propos bien plus discutables sur le fond (quid de Copé parlant des pains au chocolat volés aux enfants dans les écoles pendant le ramadan par exemple, du bruit et de l'odeur de Chirac ou du détail de l'histoire de le Pen père ? - le FN est d'ailleurs curieusement complètement oublié dans ce livre…). C'est un choix éditorial que je peux comprendre, qui évite d'entrer dans les débats politiques, mais qui pour le coup met en valeur les aspects les plus superficiels de la politique, déjà bien assez commentés sur Internet ou par les journalistes de bas étage.
On le voit aussi dans les analyses du second auteur : pour chaque ''bourde'', il donne en effet son avis d'expert en communication, donne des conseils a posteriori et juge de la gravité de la faute. C'est cette seconde partie, qui devait apporter sa plus-value au livre, qui m'a le plus gêné : c'est en effet la communication et le paraître qui sont jugés, et pas le fond et les propos, au point parfois de critiquer le trop grand naturel ou la sincérité de politiques et même de valoriser le mensonge (pour lui, une ministre de la Culture devrait par exemple laisser croire qu'elle a lu toute l'oeuvre d'un prix Nobel de littérature même si ce n'est pas le cas). La parole ne devrait ainsi pas être liée aux actes et aux convictions, mais travaillée uniquement à des fins électoralistes ou d'apparence.
Les auteurs ne se sont manifestement pas rendus compte qu'ils communiquent eux-mêmes très mal en donnant une image finalement négative des communicants, qui s'attachent plus au superficiel et aux apparences, à l'image d'ailleurs de notre société et de nos hommes et femmes politiques actuels. Au moins le bouquin est-il intéressant de ce point de vue là, même si ce n'était sans doute pas le but recherché par les auteurs !