Lucienne a découvert très tôt les plaisirs de la chair, découverte renforcée par son premier travail chez un couple de bourgeois qui l'associe à leurs jeux. Aussi, quand son oncle la rappelle pour la marier au premier venu, elle prend la poudre d'escampette. Après quelques errements dans Paris, elle se retrouve aux Odalisques, maison close d'excellente réputation.
Devenue « Lulu-bath-au-pieu », Lucienne écrit dans un journal ses journées : ses clients, leurs désirs et leurs états d'âme, les sorties en ville, la vie en dehors du travail, ...
Tout l'intérêt du livre vient de l'argot abondamment utilisé. L'auteur était spécialisé dans le « français non conventionnel ». Et ajouter de l'argot fin 19ème siècle à un domaine déjà riche en métaphores en tout genre forme un mélange jubilatoire. À découvrir, ne serait-ce que pour apprendre ce que signifie « être sous presse », « se mettre à la colle » ou simplement découvrir l'origine de « thune ».
Commenter  J’apprécie         273
Attention, le titre est bien trouvé !
On le lit, on le lâche plus! et il sait nous donner des idées.....
A ne pas mettre entre toutes les mains ! Il faut savoir qu'il ne vous laissera pas indifférentes Mesdames ( et pourquoi pas Messieurs ).
Commenter  J’apprécie         21
Tous les mois, c'est l'usage, chacune de nous fait son compte avec madame. Comme monsieur se plaît à le répéter, les Odalisques sont une grande famille où personne n'a rien à cacher à personne, de sorte que l'heure des comptes me rappelle les jours de confession de mon enfance avec l'abbé Ballandin, le vicaire de la Trinité. Qu'il s'agisse de nos péchés de gamines ou de nos passes de femmes de maison, c'est toujours la même question : « Combien de fois, mon enfant ? »
Enfin, Lucienne, peux-tu m'expliquer pourquoi les hommes bien élevés se donnent tant de mal pour enjôler une femme qui ne sait pas dire non et qui ne supporterait pas qu'on lui dise non ? Ils sont aveugles ou stupides ?
Elle a raison, Irma. Si nous baissons les yeux, elle ou moi, quand un beau garçon nous sollicite, ce n'est pas par pudeur, comme le croient souvent les jeunes gens, c'est pour soupeser discrètement ce qu'ils ont dans la braguette tandis qu'ils nous débitent des fadaises. Ce sont de ces vérités qu'on ne peut pas écrire dans un roman honnête, et dont M. Zola n'a pas la moindre idée, bien qu'elles soient vieilles comme le monde.
C'est un vrai Chérubin, mon client. Il grignote sou par sou depuis six semaines sur sa vaisselle de poche du trimestre pour aller, enfin, « voir les femmes », et maintenant qu'il les a vues, il donnerait tout ce qu'il n'a plus pour prendre la poudre d'escampette.
Jacques Cellard lit "Souvenirs d'une gamine effrontée" (éditions Balland) est le n°26 de la série cinématographique "Lire".
Réalisé le 28 août 1988 à Braine (France).