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Elisabeth Beyer (Traducteur)Aleksandar Grujicic (Traducteur)
EAN : 9782742792153
427 pages
Actes Sud (28/08/2010)
4.12/5   80 notes
Résumé :
Madrid, 23 févrer 1981. Tout le Parlement est pris en otage. Près de 400 députés plongent sous les fauteuils de l'hémicycle et trois hommes, debout, affrontent leur destin. Chronique des événements.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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J'entre dans ce livre sur la pointe des pieds et je suis happée par la montée en puissance du texte, me laissant emporter puis subjuguée par la fin et jusqu'à la dernière ligne.
Il se fomente un coup d'état qui se propage dans l'hémicycle du congrès Espagnol ce 23 février 1981.
"Tout le monde à terre !" ; "A terre !" ; "Ne bougez pas !" ; crient les gardes civils.
Les balles fusent et pourtant trois hommes restent debout. Ils se dressent pour désobéir à l'injonction des militaires qui leur est intimée tandis que disparaissent sous leurs sièges les quelques 400 députés. Qui sont ces trois hommes ? de quelle éthique relève ce geste de résistance ? Existe-t-il une suprématie de l'éthique en politique ? le numéro un se nomme Adolfo Suárez, phalangiste, franquiste, puis assurant la Transition démocratique, le deuxième, c'est le général Gutiérrez Mellado, franquiste, ancien putschiste de 1936 et enfin le troisième, Santiago Carrillo le secrétaire général du parti communiste. Ce sont des héros. Ils sont prêts à mourir pour l'honneur et à force de conviction, ils n'ont plus rien à perdre. Mais n'ayons crainte, si c'est l'Anatomie d'un instant, chaque homme nous sera présenté ainsi que son parcours, militaire, politique, de vie, dans la plus grande lucidité mais surtout dans une recherche de vérité. La progression du récit est irréprochable et l'auteur veille à notre accessibilité quant à la compréhension du récit, des hommes et pour la concordance des événements. L'écriture est belle et forte puisqu'elle met en présence ces trois hommes en particulier qui sont à la fois si différents et si proches, quand bien même ils auront traversé l'histoire de façon tout à fait opposée et c'est finalement cette multitude de portraits qui crée la richesse de ce livre en lui donnant une portée et une lecture universelle.
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Nom de code 23-F, aujourd'hui il suffit de le googliser pour atterrir sur youtube et y voir comment a été restituée en différé aux espagnols l'irruption filmée du commando putschiste, lors de ce fameux coup d'état du 23 février 1981 au Congrès madrilène. C'est ce film, plus précisément le geste du président Suarez, qui fournira le point d'entrée des investigations de l'auteur, soucieux de nous préciser en prologue ses hésitations à aborder le monstre hybride de la bonne façon. Dans un premier temps il l'a romancé, avant d'y renoncer : «... en fait, rien de ce que j'aurais pu imaginer sur le 23 février ne me touchait ni ne m'exaltait autant et ne pouvait se montrer plus complexe et plus éloquent que la réalité pure du 23 février». Alors il s'est plongé dans le labyrinthe de la vérité historique. Rien de plus qu'une habitude, pour ne pas dire une obsession chez Javier Cercas. Ici encore son récit développe le ton singulier du romancier historien soucieux de démêler l'imbroglio des fils relationnels entre les différents protagonistes, de plonger aussi dans leur passé, d'analyser l'écheveau sans fin des faits, des paroles et des gestes, mais aussi de dérouler la pelote de l'imagination quand la vérité se défile. Car tout n'est pas figé, tout n'est pas avoué, tout n'est pas révélé. Le passé n'existe pas on le sait, ça n'est qu'une représentation au présent de choses révolues. Quant au présent, il avance inéluctablement.
Et autant prévenir le lecteur, démêler l'histoire du 23-F est une entreprise ardue, j'imagine même pas le travail de l'auteur au vu des efforts de concentration qu'il m'a fallu pour simplement le lire. On s'y perd forcément un peu entre les différentes parties, communistes et fachistes, socialistes et royalistes, militaires, renseignements généraux, coup d'état et contre-coup d'état, trahisons, collusions ou ententes improbables. On est en pleine Transition démocratique post-franquiste, Adolfo Suarez ne fait plus vraiment l'affaire après son démantèlement express du système franquiste, le coup d'état est imminent, il gronde en sourdine, il semble inéluctable dans ce pays à la tradition putschiste. Et il aura lieu, la démission surprise de Suarez précipite les choses du côté des militaires restés pour la plupart fidèles aux idéaux franquistes. Un coup d'état qui se voulait mou pour mettre en place un gouvernement de coalition avec un militaire à sa tête, mais le crépitement sec des balles dans l'hémicycle annonce encore l'écho du dérapage et son avortement à venir par l'entremise royale.
Une enquête difficile à démêler, une vérité difficile à figer, pour un livre au travail de fourmi difficile à restituer. J'aurais pu entrer dans un résumé des personnages et vous parler du lieutenant-colonel Tejero, d'Armada ou de Milans les conspirateurs principaux du putsch, du général Mellado, de Carillo le communiste et de Suarez les traîtres du gouvernement de Transition, du rôle ambigu de Cortina des services de renseignements de l'AOME, pour forcément en oublier et me perdre dans la confusion de l'incomplet. Peut-être que l'anatomie d'un instant ne se plie tout simplement pas aux règles convenues d'un compte-rendu, peut-être que l'histoire sous l'angle du vrai est trop complexe à démêler et résumer, mais peut-être suffit-il de dire que la passion folle de l'auteur envers la vérité a de grandes chances de déteindre sur le lecteur. Pour peu qu'il ait l'envie, ou le courage de s'y plonger.
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Voilà un instant qui dure...500 pages, et 500 pages denses, touffues, presque sans paragraphe, 500 pages d'enquêtes quasi journalistiques, d'investigations poussées et d'interrogations impitoyables de toutes les données du sujet.

Et quel sujet ! 500 pages sur le coup d'état manqué du 23 février 1981 où un "quarteron de généraux" franquistes a failli, quelques années seulement après la mort de Franco et au tout début de la Transition , renvoyer l'Espagne à ses vieux démons dictatoriaux, à ses nostalgies mal éteintes d'une junte au pouvoir , sa prétendue fidélité à la monarchie cachant mal son désir de reprendre en mains, avec l'aide des forces les plus réactionnaires du pays-Opus Dei etc ..- une Espagne qui s'orientait doucement vers la démocratie et s'ouvrait enfin vers le reste de l'Europe ...

Le 23-F- comme disent les Espagnols se trouve donc décortiqué sous le scalpel aigu de Javier Cercas, anatomiste sans concession.

Mais, me direz-vous, où est l’œuvre romanesque, derrière cette enquête pleine d'exigence de vérité et cette analyse factuelle exhaustive d'une seule journée? Où sont les personnages, où va se fixer notre nécessaire identification? où notre rejet? où notre inquiétude et notre goût des péripéties? où ,même, notre réflexion si on s'en tient aux faits et rien qu'aux faits? où enfin notre goût immodéré pour le style, la structure, si c'est l'Histoire et elle seule qui a force de loi?

C'est là que Cercas, une fois de plus, m'épate et me sidère: ce roman VRAI est aussi un VRAI roman!

La structure n’est pas –et heureusement- une plate chronologie de la fameuse journée : elle part d’un document photographique –et même télévisuel, car toute la prise d’otages des membres du Congrès siégeant en séance a été filmée par la télévision espagnole – et épouse trois gestes, ceux de trois personnages emblématiques : ceux des trois seuls hommes qui ont refusé de se jeter à terre à l’arrivée des militaires, tirant à tout va dans l’hémicycle : Santiago Carillo, député communiste, leader du PCE, le général Gutierrez Mellado, ancien franquiste, vice-président et ministre du gouvernement Suarez, et enfin le président Adolfo Suarez lui-même, venu assister à sa dernière séance du Congrès, où il devait donner sa démission officielle avant de procéder à l’élection d’ un nouveau président.

Suarez reste assis à son banc de président malgré la fusillade qui crépite autour de lui, Mellado se met en écran entre son président et les putschistes armés , et Carillo, à l’extrême gauche de l’hémicycle affectée aux les communistes, fraîchement réintégrés à la vie politique espagnole après en avoir été bannis, va s’asseoir bien en face de Suarez, qui a été l’artisan de cette réintégration et est devenu son ami, et fume ostensiblement sous la mitraille…

Cercas se livre à une analyse fine, empathique et toujours pertinente de ces trois hommes, de ces trois héros qui ont en commun , outre leur fermeté et leur courage, d’être des hommes politiquement finis, critiqués violemment par leur propre camp et qui recouvrent le 23 février, en l’espace de 24 longues heures, une sorte de grandeur et de panache qui efface leurs erreurs passées et fait disparaître les hommes derrière l’aura de la fonction, inaugurant ainsi la naissance véridique de la démocratie espagnole.

Le style participe de cette mise en scène des trois gestes : il tâtonne, se répète, se cherche, s’élabore en lentes volutes, comme on affine un diamant, comme on patine une sculpture, comme on accorde des instruments avant de faire jouer l’orchestre…ainsi le lecteur retrouve les mêmes phrases, les mêmes mots mais agencés d’autre façon, dans une trame de plus en plus serrée, dans une perspective de plus en plus signifiante - comme s’affirme progressivement la vérité, comme montent dans le bain du révélateur les traits d’abord flous de la photo avant de se fixer , bien nets, en noir et blanc, sur le papier .

Cette dissection patiente n’a pas mis en pièces les personnages, non, elle les a constitués, elle les révèle comme dans le film de Rossellini, Le Général della Rovere, le misérable fasciste infiltré au sein des partisans par les Allemands sous l’identité glorieuse du Général résistant, finit par se sentir l’âme d’un héros et d’un vrai partisan : la fonction a créé le héros…

Pour nous, l’Anatomie d’un Instant a créé les corps et les âmes de personnages héroïques, historiques et éminemment romanesques. De cette anatomie des trois gestes, presque identiques, nous percevons, enfin, les différences et comment l’un –Suarez- se dégage des deux autres.

Et là on touche à l’émotion, à l’émotion pure. Je ne peux résister au plaisir de citer Cercas :
« Le geste de Suarez est presque identique au leur, mais en même temps nous sentons qu’il est différent et plus complexe, ou du moins c’est ainsi que je le sens, sans doute parce que je sens aussi que son sens complet m’échappe.IL est vrai que c’est un geste de courage et un geste de grâce et un geste de rébellion, un geste souverain de liberté et un geste de comédien, le geste d’un homme fini qui conçoit la politique comme une aventure, et qui essaie tel un agonisant de se légitimer, et qui pour un moment , semble incarner pleinement la démocratie, un geste d’autorité et un geste de rédemption individuelle, et peut-être collective, le dernier geste purement politique d’un pur homme politique, et pour cette raison éminemment violent ; tout cela est vrai, mais il est aussi vrai que, pour une raison ou pour une autre, cet inventaire de définitions ne satisfait ni le sentiment, ni l’instinct, ni l’intelligence, comme si le geste de Suarez était un geste inépuisable ou inexplicable ou absurde, ou comme s’il contenait un nombre infini de gestes. »

Qui peut dire qu’il ne s’agit pas là d’un style, au sens où il est une écriture exactement au moule du sujet ?

Qui , après la lecture de ce « pavé » et malgré certaines longueurs ou reprises un peu lassantes, ne se trouve pas emporté, bouleversé par le personnage de Suarez, ce Della Rovere espagnol ? Qui ne clôt pas ce livre en étant tragiquement conscient de la fragilité nécessaire et de la grandeur admirable de toute démocratie ?


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Dans un de mes ( nombreux) petits carnets, j'avais copié des mots de Javier Cercas lors d'un entretien :
"Ecrire ne sert à rien, le langage ne sert à rien, mais il me faut continuer. Ecrire, c'est peut être la seule façon de trouver une illusion aux choses de la vie. Vous avez lu l'éloge funèbre de David Grossman à son fils de 20 ans mort au Liban? Il a écrit un chef d'oeuvre. Je ne veux pas avoir à écrire ce genre de chef d'oeuvre. Plus je vieillis, plus je ne crois qu'en l'honnêteté personnelle. C'est peu."
Et bien, c'est déjà beaucoup?

J'avais beaucoup aimé Les soldats de Salamine, et surtout A la vitesse de la lumière, une réflexion très intelligente et sensible sur l'écriture .
Là, je dois bien dire que j'ai eu plus de mal pour cette description du coup d'état manqué du 23 février 1981, dont à dire vrai, je n'avais jamais entendu parler.. il fallait que ce soit Cercas, parce que sinon.. j'ai failli lâcher prise!
En fait, l'histoire de l'Espagne m'est presque tout à fait étrangère et cela me semble une évidence que cette lecture doit être plus facile pour ceux qui en savent un peu plus...
Mais j'aime Javier Cercas, son écriture, son honnêteté intellectuelle qui le pousse à s'interroger constamment sur les motivations des personnages qu'il étudie. Et les siennes propres. Son art de passer du général au particulier. Et inversement.

Le titre est particulièrement bien choisi. Tel un anatomiste minutieux, obsédé par une image, Cercas va disséquer , observer, noter, parcourir des centaines de documents, établir des relations, comparer , réfléchir , revenir en arrière, expliquer, recommencer.Pour tenter de rester au plus près de la vérité des faits. de leur contexte et de leurs conséquences historiques. Et de pouvoir se glisser dans la peau des personnages qu'il décrit, à partir de l'instant où il les décrit, un instant plein de violence dont on voit quelques images dans une vidéo que j'ai retrouvée.

Trois hommes ne se sont pas couchés pour éviter les balles donc une mort probable, ce sont eux bien sûr qui vont intéresser Cercas. Et en particulier Adolfo Suarez, le chef du gouvernement sortant , pour lequel Cercas n'éprouvait aucune sympathie .
Dans son prologue, il écrit:
"Je l'avais toujours pris pour un arriviste du franquisme qui avait prospéré en courbant l'échine à force de révérences, un homme politique opportuniste, réactionnaire, bigot, superficiel et roué, qui incarnait tout ce que je détestais le plus dans mon pays et que j'identifiais, je le crains, avec mon père, suariste obstiné."

Première allusion à sa propre histoire , que l'on retrouvera très brièvement aussi mais de très émouvante façon, à la toute fin du livre, dévoilant la logique de cet ouvrage.

Si c'est bien sûr possible d'étudier la genèse d'un coup d'état, de le décrire, d'en suivre les conséquences dans le temps, est-il vraiment possible de comprendre pourquoi certains n'ont pas le même instinct, la même logique de survie que les autres? C'est là peut être qu'intervient le romancier,et ces pages à la fois complexes et désarmantes, mais aussi magnifiques de sincérité( en spoiler, je trouve cet extrait très beau, mais c'est long..)



C'est long? Oui.. le livre est très long à lire, très dense, touffu, il y a de nombreux moments où je me suis sentie dépassée et perdue. Mais j'aime les écrivains qui s'interrogent encore et encore..Et , de ce fouillis de points de vue, de faits réels, de suppositions , finit par émerger un récit que l'on lit comme un roman, brillant, et finalement assez passionnant et qui parle de bien d'autres choses que cet évènement historique.




Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Cet instant, c'est celui de la nuit du 23 février 1981 à Madrid, lors du coup d'état manqué dans le parlement espagnol, les députés pris en otage et la ville de Valence envahie par l'armée.
Je me souviens de cet épisode qui fut aussi relaté à la télévision française de l'époque.
L'auteur relate cet évènement des prémices à la suite, c'est-à-dire au procès des militaires putschistes. Il analyse en profondeur l'évolution politique et le caractère des différents protagonistes, en particulier s'agissant d'Adolfo Suarez, chef du gouvernement démissionnaire.
Ce livre est extrêmement documenté et fouillé, il m'a passionnée, malgré la difficulté du sujet traité. Seules les parenthèses (ou...ou) m'ont un peu gênée.
J'ajoute que ce livre est finalement un bel hommage au père de Javier Cercas.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire se répète. Marx a remarqué que les hauts faits et les grands personnages apparaissent deux fois dans l'histoire, la première fois dans une tragédie et la seconde dans une farce, comme si, lors des mutations profondes, les hommes, effrayés par leur responsabilité, convoquaient les esprits du passé, adoptaient leurs noms, leurs gestes et leurs devises pour représenter, usant de ce déguisement prestigieux et de ce faux langage, une nouvelle scène historique, comme s'il s'agissait d'une conjuration des morts. Concernant le 23 février, l'intuition de Marx se vérifie, même si elle semble incomplète. La légende est partiellement fausse : le général Pavía n'avait pas fait irruption dans le Congrès à cheval mais à pied ; sous ses ordres... (p.192)
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Le geste de Suarez est presque identique au leur, mais en même temps nous sentons qu’il est différent et plus complexe, ou du moins c’est ainsi que je le sens, sans doute parce que je sens aussi que son sens complet m’échappe.IL est vrai que c’est un geste de courage et un geste de grâce et un geste de rébellion, un geste souverain de liberté et un geste de comédien, le geste d’un homme fini qui conçoit la politique comme une aventure, et qui essaie tel un agonisant de se légitimer, et qui pour un moment , semble incarner pleinement la démocratie, un geste d’autorité et un geste de rédemption individuelle, et peut-être collective, le dernier geste purement politique d’un pur homme politique, et pour cette raison éminemment violent ; tout cela est vrai, mais il est aussi vrai que, pour une raison ou pour une autre, cet inventaire de définitions ne satisfait ni le sentiment, ni l’instinct, ni l’intelligence, comme si le geste de Suarez était un geste inépuisable ou inexplicable ou absurde, ou comme s’il contenait un nombre infini de gestes.
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C'est précisément à ce moment-là que se mirent à pleuvoir sur lui hommages, prix et distinctions honorifiques, qu'il retrouva l'amitié du roi, la confiance de ses successeurs à la présidence du gouvernement, la faveur populaire, qu'il obtint tout ce qu'il avait souhaité et imaginé d'obtenir, même si c'était un peu faux et forcé et précipité mais surtout venu trop tard, parce que Suarez s'en allait déjà ou s'en était déjà allé; il contemplait son effondrement final sans trop le comprendre et mendiait à ceux qui croisaient son chemin une prière pour sa femme et sa fille, comme si son âme s'était définitivement égarée dans un labyrinthe d'autocompassion contrite et de douloureuses méditations sur les fruits coupables de l'égoïsme et qu'il s'était définitivement transformé en vieux prince pécheur et repenti d'un roman de Dostoïevski.
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..Tejero était tout sauf un bouffon de fête foraine; il était quelque chose de beaucoup plus dangereux. Il était un idéaliste prêt à transformer ses idéaux en réalité, prêt coûte que coûte à rester loyal envers ceux qu'il considérait comme les siens, prêt à imposer le bien et à éliminer le mal par la force.Si le 23 février Tejero montra qu'il était bien d'autres choses encore, c'était surtout parce qu'il était un idéaliste. Que les idéaux de Tejero nous paraissent pervers et anachroniques ne détermine pas la bonté ou la malignité de ses intentions, car le mal se construit souvent avec le bien et peut-être le bien avec le mal.
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J'aime beaucoup Javier Cercas, "les soldats de Salamine" est peut-être le plus beau livre que j'ai lu.
"Anatomie d'un instant" est un livre essentiel par son thème (la tentative de coup d'état aux Cortes en 1981), mais d'une lecture un peu aride.
Je n'en suis qu'à la première partie qui expose les racines du coup d'état (le"placenta" comme dit l'auteur) et je n'aime pas trop son procédé de répétition de certaines expressions marquantes mais qui finissent pas perdre de leur substance.
Je ne manquerai pas de vous tenir au courant de mes impressions par la suite !
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