Un petit bout de femme-enfant part au bout du monde avec l'inséparable copine et des rêves rimbaldiens plein la tête. A l'arrivée du charter, l'Asie, ses merveilles et ses maléfices, son humanité grouillante et la mort au coin de la rue, ses parfums enivrants et sa merde, sa misère et sa splendeur. Les rencontres aussi, les passions et les nécessaires séparations.
Tout cela décrit , inventé ou magnifié par une écriture étincelante, gorgée de jeunesse et de désir, ciselée et précise, échevelée et baroque. Ombres et lumière, choc des cultures entre princes, occidentaux décadents et cette post lycéenne nourrie de littérature et assoiffée d'ailleurs, à la sensibilité indéniable, absorbant les effluves et les miasmes de l'orient par tous les pores et restituant au lecteur éberlué les clés des religions, mythologies et civilisations de ce continent asiatique qui semble avoir été fabriqué uniquement pour la belle Muriel (et ses lecteurs captivés).
Un trésor de ma bibliothèque, lu et relu au fil des années. Comme
Cendrars, avec son style propre de parigote lettrée, l'auteur nous fait vivre un kaléidoscope de visions et de sensations.
Muriel Cerf est décédée, touchée par la maladie après avoir échappé à tant de pièges lors de ses voyages de jeunesse; elle laisse entre autres ce livre flamboyant qui n'a pas fini de faire voyager les âmes aventureuses ,mais casanières..