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EAN : 9782742780211
294 pages
Actes Sud (07/11/2008)
3.9/5   94 notes
Résumé :
Partir, c'est mourir un peu... Pour Muriel, c'est avant tout quitter Paris, mégapole inhumaine et aseptisée. Plonger dans les âpres sentiers de la découverte... En route pour l'Asie ! Avec d'abord la moisissure géante de Bombay, ses guenilleux, le corps fardé de cendre sacrée. Puis Katmandou, confuse, bourgeonnante, livrée à Kâli la noire. Calcutta, paradis pour crève-la-faim mais aussi Bangkok et ses déesses cradingues. Singapour, jardin des délices... Et si tout c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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J'aurais dû lire ce livre, il y a des années, lorsque je commençais à voyager. Cette lecture arrive un peu tard pour moi. Ma découverte de l'Asie ne s'est pas du tout faite de cette manière. Ce fut beaucoup plus calme et posé. Et d'une manière générale, ce livre semble assez daté. L'époque des années 70 où tout le monde, et pas seulement les hippies, partait à la découverte de ce continent à la recherche de soi-même. C'est un récit de voyage mais aussi d'initiation, comme tous les voyages. L'auteure a 20 ans et comme elle le dit elle même c'est pour fuir sa famille, son quotidien qu'elle part à l'autre bout du monde. Normal.
Le rythme est vif, les phrases tombent comme des couperets pour décrire une réalité déconcertante pour l'occidental. Je pense qu'à l'époque, c'était assez novateur pour les récits de voyages. Mais le revers est que tout s'enchaîne trop vite pour moi. Je ne m'y retrouve pas et j'ai du mal à suivre Muriel Cerf dans ses pérégrinations et ses découvertes. Je suis passé à côté.
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Un petit bout de femme-enfant part au bout du monde avec l'inséparable copine et des rêves rimbaldiens plein la tête. A l'arrivée du charter, l'Asie, ses merveilles et ses maléfices, son humanité grouillante et la mort au coin de la rue, ses parfums enivrants et sa merde, sa misère et sa splendeur. Les rencontres aussi, les passions et les nécessaires séparations.
Tout cela décrit , inventé ou magnifié par une écriture étincelante, gorgée de jeunesse et de désir, ciselée et précise, échevelée et baroque. Ombres et lumière, choc des cultures entre princes, occidentaux décadents et cette post lycéenne nourrie de littérature et assoiffée d'ailleurs, à la sensibilité indéniable, absorbant les effluves et les miasmes de l'orient par tous les pores et restituant au lecteur éberlué les clés des religions, mythologies et civilisations de ce continent asiatique qui semble avoir été fabriqué uniquement pour la belle Muriel (et ses lecteurs captivés).
Un trésor de ma bibliothèque, lu et relu au fil des années. Comme Cendrars, avec son style propre de parigote lettrée, l'auteur nous fait vivre un kaléidoscope de visions et de sensations.Muriel Cerf est décédée, touchée par la maladie après avoir échappé à tant de pièges lors de ses voyages de jeunesse; elle laisse entre autres ce livre flamboyant qui n'a pas fini de faire voyager les âmes aventureuses ,mais casanières..
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Un titre qui claque comme un étendard au vent, comme un manifeste pour une jeunesse qui ne veut pas tricher, qui veut ressentir jusqu'au plus profond d'elle-même ce que signifie changer de vie, abandonner le confort des cités occidentales pour rencontrer l'insolite, le danger et le renversement des valeurs. Ce titre a sûrement contribué au succès du livre de Muriel Cerf et c'est tant mieux. Là où un Nicolas Bouvier ("L'usage du monde") transportait sur la route de l'Orient sa sagesse philosophique teintée de mélancolie, Muriel Cerf déboule, elle, avec une énergie toute juvénile, avec une gourmandise échevelée, une soif de toutes sortes de conquêtes, spirituelles et charnelles tout à la fois. Sans aucun plan préconçu, elle s'offre à l'aventure et aux rencontres, elle embrasse le monde jusqu'à l'enivrement et parfois jusqu'à l'épuisement.

Cette débauche d'énergie, ce foisonnement rimbaldien nous est transmis comme par effraction grâce à une langue sauvage, vibrante, magnifique. Comment a-t-elle pu garder assez de souffle pour nous transmettre tout cela ?, se demande-t-on en refermant le livre. Ce fut pour moi un rare privilège que d'avoir pu accompagner Muriel Cerf dans ce superbe "antivoyage", où les mots s'accordent si bien aux sensations.
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Quand j'ai découvert Muriel cerf à l'époque,,je peux dire que j'ai été eblouie autant par son physique que par son écriture,je n'ai jamais retrouvé une telle intensité ....j'ai lu plusieurs de ses ouvrages ; moi je trouvais que c'était une merveille de romancière...la vie a passé avec ses occupations..j'ai moins lu et l'ai perdue de vue...je le regrette à présent que je suis revenue à la lecture et c'est sur une critique de Babelio que j'ai découvert qu'elle avait quitté la vie....son "Antivoyage" et les autres ont toujours fait partie de mon carton de livres dans tous mes déménagements ....je me demande pourquoi elle a été si peu connue,sans doute est elle arrivée trop tôt dans le système de réseau de clientélisme ...
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Après avoir moi-même humé les vents népalais sur les rives du lac de Pokhara, je peux attester que seule Muriel Cerf a su effacer l'espace et le temps où l'on retrouve intacte l'odeur de patchouli prisonnière des étoles chamarrées aux cous des filles.
Les phrases de ce récit sont tellement ciselées et percutantes qu'elles pourraient être toutes alignées comme des citations par les « babeliotes » avides de faire partager leur douces bien qu'acerbes mélopées, qu'il serait plus simple de recopier le livre entier !
Les phrases coulent telles du Bach, leurs petites musiques enchantent comme l'eau claire des torrents himalayens. le texte lui, oscille entre Jimmy Hendrix et Janis Joplin, les rifs verbaux tempétueux répondent aux solos de termes rocailleux bourrés de hasch.
Etrange mélange des « Chemins de Katmandou » de Barjavel et de « L'herbe bleue » de Béatrice Sparks. Mais, qui suis-je pour faire une critique sur un bouquin plébiscité par Monsieur Malraux et « culte » dès sa sortie ?
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Vegetable thali" sur un plateau d'argent où sont disposées en cercle une dizaine de petites coupes contenant les légumes et les sauces...On ferme les yeux, on pique au hasard au bout de la fourchette, et c'est une explosion de plaisirs variés, violents comme un incendie au fond du palais. On a envie de tout mélanger, la confiture de mangue épicée, gluante, orange comme le soleil, le safran délicat, les poivrons verts, le gingembre sucré-salé, la coriandre, les cardamones, les petit pois baignant dans l'huile rouge. (Page 46)
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Etrange bout du monde, Bali, où l'on fait flamber les os des morts en les fourrant dans le ventre de lions en carton, où toute la population des villages reste des nuits entières à regarder le théâtre d'ombres, le wayang-kulit, à la lumière de la pleine lune, comme d'autres la télévision. Alors j'y vais, je fonce devant moi pour aller chercher le dernier rayon vert du soleil sur la mer des Tropiques et celui des yeux de Coulino, ma tendre et infidèle sœur de voyage, avec l'impression que je suis vraiment sur le point d'arriver quelque part, dans un port tiède et parfumé où je pourrai jeter l'ancre.
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J’ai vu Devi l’épouse de Civa laver sa culotte dans les fontaines de Katmandou, Kâli la noire s’épouiller avec la minutie d’une mère babouin, Radhâ la bergère chiquer le bétel et cracher par terre des jets de salive rouges, les bayadères d’Anghor continuer leur ronde déhanchée à Bangkok le long de Patpong Road et faire le tapin à Klong Toï, j’ai filé cent baths à Lakshimi sortie de sa mer de lait pour me masser le dos au Takara Palace, j’ai croisé le fatal regard de la princesse Sita parmi les beautés en cage d’un bordel de Bombay, les apsaras de Khajurâho ont dansé rien que pour moi et j’ai pénétré dans le gynécée de Siddhârtha avant qu’il ne devienne Bouddha quand il veillait encore sur le sommeil de ses femmes.
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Dans cette espèce de prison sous la mer flottent des visages ectoplasmiques brouillés par les vapeurs de la cuisine et des joints. Un barbouillage d'ocre et de rouge couvre les murs d'un réseau imprécis comme les reflets entrelacés par les vagues au plafond d'une grotte. Cet endroit flou, humide et hors du monde baigne dans une telle tristesse qu'on n'a qu'une envie, c'est d'y accrocher ses rêves en couleurs sur les murs suintants et de les regarder pendre par les pieds comme des chauve-souris. C'est le refuge, la planque, le cloaque tiède où il ne fait jamais ni trop chaud ni trop froid, où on se sent en fuite, protégé, coupé du monde, on barbote avec masochisme dans cet égout où personne ne viendra vous chercher, algue parmi les algues flottant dans ce nulle part, plongé dans la grisaille indulgente et le roupillon enfumé. (p. 142)
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Pour la première fois je sens l'énervement qui monte devant ces visages jaunes et ces yeux bruns, j'ai le vertige, le grand malaise de la plongée, il est enfin arrivé le moment dégueulasse où par peur et par instinct on devient raciste, bestial, où on se sent au fond des tripes l'envie de les écraser tous comme des insectes, de creuser des trous dans cette multitude, multiplitude, infinitude, de leur botter les fesses vertement pourvu qu'ils arrêtent en toute innocence leur certitude qu'il n'y a rien de mieux à faire que de rester là à ruminer – cette certitude qui nous rend tous dingues et mortellement jaloux. Devant ce formidable déploiement de force d'inertie, mon côté français, cartésien, emmerdant, individualiste et agressif m'explose à la gueule comme un pétard inattendu.
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Videos de Muriel Cerf (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Muriel Cerf
Tout le monde en parle : [émission du 7 janvier 2006] Murief Cerf, invitée pour son livre "Bertrand Cantat ou le chant des automates" s'accroche violemment avec Lio-chanteuse au sujet de l'approche "indulgente" qu'elle envisage dans son livre à propos du meurtre de Marie Trintignant par Bertrand Cantat. Lio déchiffre une certaine forme "d'absolution" ( de Cantat) dans le livre de Muriel Cerf. Images d'archive INA Institut National de l'Audiovisuel
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Chez Muriel Cerf

Dans le journal Le Monde du 31 octobre 1975, Muriel Cerf déclarait à propos de son premier ouvrage (paru en 1974 au Mercure de France) apprécié de toute une génération, décrié par d'autres : Je ne répondais pas à une mode. Je me suis sentie propulsée en Asie sans motivation particulière, sinon celle d'une nécessité biologique.

La voyageuse du soir
Partir
L'antivoyage
Les chemins de Katmandou
Voir Bali et mourir

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