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EAN : 9782266156806
256 pages
Pocket (21/12/2005)
3.74/5   80 notes
Résumé :

Plume à la main ou caméra au poing, Hervé Chabalier couvre toutes les guerres depuis plus de trente ans. Pour son premier livre, il a choisi de raconter la sienne, contre l'alcool. Les drames d'une vie, ses succès et ses belles aventures, l'envoûtement et le dégoût provoqués par cette maîtresse insatiable et destructrice, ses longues défaites et sa victoire sur lui-même... Un récit intime qui fra... >Voir plus
Que lire après Le dernier pour la route : Chronique d'un divorce avec l'alcoolVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un jour d'août 2002, peu après le décès de son père, ce brillant reporter, fondateur de l'agence CAPA s'est reconnu alcoolique et a décidé de s'en sortir .
Il démonte le fil de journées pour s'apercevoir que sa vie ne tourne désormais plus qu'autour de l'alcool, que celui-ci est devenu sa préoccupation majeure. Ne jamais manquer de vin est de loin préférable à tout ce qui avait fait sa vie jusque là. Il prend conscience que ni son amour pour sa femme, ni sa passion du métier, ni ses solides amitiés ne priment sur l'alcool.
Il part alors pour la Suisse, dans un établissement de désintoxication.
Hervé Chabalier se veut lucide. Il a touché le fond, il va s'en sortir. Et s'il évoque une vie aussi riche que tragique, il dissèque le cheminement intime qui l'a conduit lui et pas un autre à cet état.
Il est le seul responsable même s'il a de fortes circonstances atténuantes qui en auraient fait plonger plus d'un également. Avec l'hérédité qui a sans doute sa part en la personne d'un grand-père alcoolique. Avec la responsabilité supposée même cinquante ans plus tard de la mort d'une petite soeur adorée. Et puis plus récemment le décès de sa deuxième fille, à l'âge de trois mois, et enfin la terrible maladie orpheline de son fils.
En quelques semaines, il découvre le « lâcher prise », la solidarité immense des alcooliques anonymes qui le laissait plus que sceptique jusqu'alors. Il s'avoue humble et dépendant lui qui se voulait battant et vainqueur toujours. Il a trouvé plus fort que lui : l'alcool et l'accepte.
Mais pourtant, jamais cette « chronique d'un divorce avec l'alcool » n'est pesante. L'humour et le talent du journaliste sont toujours là avec ses formules caustiques quand il fait la différence entre les maladies "présentables", l'asthme, le diabète opposées à l'alcoolisme, ce mot qui évoque clochard, dépravé, vicieux, amoral.
Ce livre est essentiel, salutaire même pour tous ceux qui vivent la maladie alcoolique au quotidien. Qu'ils en soient eux-mêmes victimes, ou qu'un de leurs proches le soient.

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Avant de voir le film avec Cluzet, j'ai eu envie de lire les mots de Chabalier. Sous la forme d'un journal quotidien lors de ses 40 jours de clinique de sevrage, l'auteur nous livre (se livre) la chronique de son divorce avec l'alcool mais aussi (et surtout) le pourquoi et le comment de la dégringolade d'un alcoolique célèbre mais anonyme, comme tous les autres...
Fascinante, cette capacité à se remettre en question. Tout au long de son séjour, l'auteur émeut par sa franchise, force le respect par son charisme, donne de l'optimisme et de la confiance dans la vie, dans le genre humain, dans l'avenir quand on pense qu'il n'y en a plus...
De belles pages sur la perte d'un être cher (ouille, le vécu de ce type... on en deviendrait alcoolo-dépendant pour moins que ça !), sur la maladie, sur le repli sur soi... Mais aussi quelques moments très vrais sur le quotidien en clinique psy, le partage, l'ouverture aux autres, éclopés de la vie, parenthèse de rafistolage pour coeurs et corps cabossés qui sonne juste et vraie.
Je n'ai pas cherché à savoir si son sevrage avait perduré, mais je l'espère sincèrement, ce monsieur le mériterait.
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Les phrases d'Hervé Chabalier sont courtes, elles frappent le lecteur, visent toujours juste. Il reste extrêmement lucide, honnête avec lui-même, ne se ment pas (ou plus).
Sa crainte de ne pas s'en sortir, on la ressent, elle est palpable. L'effort incroyable qu'il faut faire pour entrer en cure, soutenir le regard de l'Autre (parfois accusateur, parfois réconfortant, souvent miroir effrayant) et ne pas s'enfuir, s'accrocher, ne pas perdre l'estime de soi, la foi en sa capacité de récupération…tout cela, on l'imagine et on admire la ténacité dont l'auteur a fait preuve.
La plus grande guerre que cet homme a mené se situe à une autre échelle que tous les conflits qu'il a couverts par le passé. Il s'agit de pouvoir « se regarder le dedans » comme il l'écrit si bien, de baisser les armes face aux autres, s'avouer faillible et fragile aussi, pour comprendre ce qui nous a mené à être dominé par l'alcool, et remporter jour après jour une nouvelle victoire sur soi. On est touché par les drames familiaux qui émaillent sa vie mais aussi par ses nombreux succès et réussites professionnelles qui se trouvent ternis par l'auto-destruction qu'il a entreprise.
Ce livre est assez éprouvant à lire car c'est un récit de souffrance, de difficultés au quotidien qui peuvent mettre mal à l'aise. Hervé Chabalier nous ressemble, c'est quelqu'un d'intelligent, de fort, mais aussi quelqu'un de blessé.
S'il est tombé, on le peut tous.
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Je ne sais pas si je suis alcoolique, mais je sais que j'ai arrêté de boire de l'alcool, comme l'a fait l'auteur de ce récit.
Plus une goutte depuis des années. Quand je lis le livre d'Hervé Chabalier, je partage avec lui toutes les bonnes raisons qui me poussaient à boire: l'alcool c'est super... je n'ai que des bons souvenirs de l'alcool...Et c'est justement aussi pour cela que j'ai arrêté.
J'ai été tout proche du moment où l'alcool allait devenir la chose la plus importante dans ma vie. Ce moment, Hervé l'a touché et il le raconte. L'alcoolique ne s'arrête pas de boire tant qu'il n'a pas touché le fond; quand à ses yeux, sa déchéance est complète.
J'ai moins de mérites et de courage qu'Hervé. J'ai arrêté pourtant, je ne pense pas avoir touché le fond, je ne pense pas avoir eu marre d'en avoir eu marre.
Hervé n'a plus jamais bu. Pour le reste de sa vie, il est et il restera alcoolique.
Je ne sais pas si je reboirai un jour de l'alcool. J'essaye juste, jours après jours, de ne pas boire le prochain verre.
Je ne sais pas si je suis alcoolique mais je fais comme si je l'étais.
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Hervé Chabalier prend le temps, à raison d'un chapitre pour chaque journéee mémorable, de revenir sur ses pensées et interactions dans ce centre de la Métairie.

Nous suivons au fil des pages comment le cheminement vers l'abstinence de la consommation d'alcool s'organise, quelles sont les moments cruciaux et les questionnements du lecteur.

Bien entendu, il incarne l'espoir et la détermination d'un français privilégié, riche et entouré de surcroît. Alors, son "succès" dans l'abstinence me surprend moins que ses compagnons, riches également mais moins entourés.
Son écriture peut parfois être hautaine mais je ne peux pas aller à l'encontre de l'objectif de son livre : montrer que le chemin de l'abstinence est possible et souhaitable pour certains.

Je ne suis pas certaine que considérer la méthode anglo-saxonne comme un unique moyen d'arrêter l'alcool soit une bonne chose mais en tous les cas, ça a été celui de Hervé Chabalier et je ne peux que l'en féliciter.

Son écriture est agréable à lire, il emploi un usage neutre et informé et tente aussi de nous donner les clefs de lecture qui lui semblaient pertinents. Cela est remarquable. Encore une fois, j'aimerais pouvoir lire un livre de personnes d'autres catégories de la population. Mais là n'est pas le sujet.
Bravo pour ce travail Hervé Chabalier !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne sommes peut-être pas les rois du Kama Sutra, les trapézistes du plumard, des détonateurs d'orgasmes, mais nous nous sommes beaucoup employés à le devenir. Peut mieux faire sûrement. Mais travailleur. C'est incontestable.
(...)
Sans rien se dire, nous voici tous rivalisant de grossièreté, comme si notre jean fouterie servait de cache-misère à une sexualité devenue par la force de notre maitre, l'alcool, la marque la plus lamentable, la plus accusatrice aussi, de notre impuissance.
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Appliqué, perfectionniste comme toujours, j’avais déjà préparé le papier qu’il me faudrait écrire sur Auschwitz. Je le relisais, le corrigeais, le ciselais dans le wagon avec la meute – une vingtaine de confrères – venue ici pour rendre compte, comme moi. Chacun avec son style, son cœur, son métier. Et puis, à l’aube, il gelait, les grilles se sont ouvertes, le train a pénétré dans le calme assourdissant des camps. Jamais je n’ai ressenti, même aux plus sanglants, aux plus dégueulasses, aux plus dramatiques de mes reportages de guerre, un si grand effroi et une aussi forte appartenance à l’humanité. Un incroyable tournis de compassion, de culpabilité, de fraternité, de honte, d’amour m’a chaviré. J’ai jeté mon papier « prêt à porter ». J’ai bu une gorgée de la bouteille de vodka enfermée dans mon sac et j’ai écrit, ma plume guidée par la détresse et le trop-plein d’émotion, par l’espoir aussi.
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Nous étions en 1958. De Gaulle commençait à décoloniser, avec ses nègres-blancs bien élevés, le Sénégalais Senghor et l’Ivoirien Houphouët, promus quarante-cinq ans plus tard sages d’une Afrique qui continue sa quête pour la dignité, la vraie : manger, se soigner, décider, exister. Un formidable leurre, on disait « la Communauté franco-africaine ». Dans les marchés, les rues, les haut-parleurs vissés sur des 403 breaks gueulaient sur un air de meringué : « Le gouvernement nous invite à voter, pour créer la Communauté. Faudra dire oui ou bien faudra dire non. Mais quand on se marie, ce qu’il faut dire c’est oui. »
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Alors on boit un verre en regardant loin derrière dans la glace du comptoir
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Il me faut l’exorciser. J’ai besoin d’aide. Je le sens. Il est fort, il cajole, il envoûte, il finira par me tuer. Là où je vais, on dit qu’ils savent le combattre. J’ai hâte et j’ai peur. Cinq semaines pour tenter d’en sortir. Ils me l’ont dit au téléphone : c’est le tarif pour une cure rédemptrice. Ils vont me laver le foie, le cerveau, l’humeur, le cœur. Que restera-t-il de mon âme ?
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Video de Hervé Chabalier (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Chabalier
Le Dernier pour la route, Bande-annonce VF
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