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Citations sur Le merveilleux (17)

Ce que je ne dirais pour rien au monde à un Anglais, je l’avoue, va comprendre pourquoi, à un Irlandais : je cois bien que je suis tiraillé entre ce qu’on m’a fourré dans la tête depuis l’enfance et surtout dans la Royal Navy, et ce que j’ai vu de mes propres yeux. Pour faire bonne figure et être accepté par les nôtres, c’est comme si je me sentais obligé de clamer que nous sommes supérieurs, nous Occidentaux, et que les Indiens et tous ces peuples d’outre-mer, quels qu’ils soient, surtout s’ils ont la peau basanée, sont des singes imbéciles. Mais dans l’intimité de mon âme, je sais que ce n’est pas la vérité, et que le quota d’ânes bâtés est le même partout ; celui des gens brillants également. Il y a en Inde des indigènes fascinants, qui l’emportent en grandeur de sentiments et en élévation de l’esprit sur la plupart des Blancs. Voilà qui est dit. Et puis, je traine cette culpabilité, vois-tu, qui ne cesse de grandir à mesure que passent les mois. Maintenant que je n’ai plus de crétins du même acabit que ma pauvre personne pour m’encourager à penser qu’on peut gruger ces moricauds sans dommage, je me retrouve acculé à la vérité vraie : j’ai escroqué beaucoup de ces gens, des âmes simples qui se sont fait dépouiller sans comprendre. Le plus effrayant, c’est d’avoir pris conscience de l’ampleur de la chose. Car je n’étais pas seul à agir ainsi.
Qu’est-ce que l’Empire britannique, sinon une gigantesque entreprise de pillage de peuples qui ne nous sont rien, et surtout qui ne nous avaient rien demandé ?
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Tandis qu'il tirait le tissu de sa couverture sur son coprs décharné, il songea aux ravissements, aux beautés de l'existence, à tous ceux qu'il avait aimés. Avant de sombrer dans un sommeil infini, il eut une dernière pensée pour les pierres bleues qu'il avait cueillies, avec tant de peine mais tant de fierté, au flanc des immenses montagnes.
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Ensuite, il a appelé un bonhomme ridiculement petit, plus tordu qu'un pied de vigne, chauve si ce n'étaient quelques touffes noirâtres qui lui poussaient sur le caillou au petit bonheur. Pour couronner le tout, un œil lui sortait de la tête comme s'il avait envie d'aller voir ailleurs. ce type ne respirait pas exactement la santé, et cela n'inspirait pas une confiance aveugle quant à ses capacités à soigner les autres.
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Il fabriquait des outils à lame de fer, mais il refusait absolument de forger des armes de combat. Si quelque fou désirait se servir d'une de ses faucilles ou d'un de ses couteaux pour s'en prendre à un autre humain, libre à lui. On pouvait de toute façon aussi bien tuer quelqu'un à coups de bâton, et à mains nues tant qu'on y était. En revanche, nul outil fait pour assassiner - une épée, un poignard de guerre - n'était jamais sorti de sa forge, et il entendit que cela persistât. Il avait le cœur trop pur pour se persuader qu'il ne serait pas responsable de l'usage qu'on en ferait.
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Au cœur de la roche mère gorgée de silicium, de fer, de titane et d'aluminium, s'introduisit le magma, lors des mouvements capricieux de l'écorce terrestre ; des forces colossales exercèrent leur pression. La chaleur irradia, puis s'en alla, irradia de nouveau. Mille alchimies complotèrent à la création de la pierre, qui enfin naquit. Quand l’œuvre fut achevée, elle demeura tapie dans le ventre de la montagne. Longtemps, très longtemps, le saphir attendit son heure.
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Quand on détestait, on empoisonnait toujours une part de soi, et s'il fallait combattre -dans certaines situations, c'était bien inévitable -, au moins devait-on s'efforcer de le faire sans y glisser trop d'exécration.
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Le vieil homme était forgeron, ainsi que l'avaient été ses pères, et les pères de ses pères. Comme il avait cru que le serait son fils. Il fabriquait des outils à lame de fer mais il refusait absolument de forger des armes de combat. Si quelque fou désirait se servir d'une de ses faucilles ou d'un de ses couteaux pour s'en prendre à un autre humain, libre à lui. On pouvait de toute façon aussi bien tuer quelqu'un à coups de bâton, et à mains nues tant qu'on y était. En revanche, nul outil fait pour assassiner - une épée, un poignard de guerre - n'était jamais sorti de sa forge, et il entendait que cela persistât. Il avait le cœur trop pur pour se persuader qu'il ne serait pas responsable de l'usage qu'on en ferait. Il n'avait pas le cynisme du marchand de canons. S'il armait une personne, son karma, se disait-il, en serait tout aussi chargé que celui du meurtrier.
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Calé contre le bloc protecteur, le vieil homme examina encore le corindon ; c’était un spécimen d’un bleu profond, soyeux, velouté, qui rayonnait dans le clair-obscur. Une pierre extraordinaire.
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Qu'est-ce que l'Empire britannique, sinon une gigantesque entreprise de pillage de peuples qui ne nous sont rien, et surtout, qui ne nous avaient rien demandé ? J'ai lu un ouvrage sur les débuts de la conquête espagnole de l'Amérique du Sud en 1512 par un certain Juan Ponce de Léon (un ancien compagnon de Christophe Colomb), et le récit rend malade de dégoût.La curée, les meurtres gratuits sur les populations désarmées, la sauvagerie et la cupidité...Les Américains du Nord, eux, nous ont chassés pour gagner leur indépendance, mais ils ne sont jamais que nos proches descendants, après tout.Des colons, eux aussi.Et ils s'apprêtent à terminer avec leurs peuplades indigènes ce que nous avions entrepris.Les Peaux-Rouges pourraient bien être rayés de la carte du monde.Au moins en Inde, cela est-il impossible : la population est bien trop nombreuse, on l'estime à deux cents millions d'âmes.
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Les indiens ne sont pas résignés, non.C'est plutôt qu'ils profitent de ce qui leur est donné, même si c'est peu, car ils sont conscients de leur fragilité devant les désirs de leurs dieux.Nous pourrions nous en inspirer...nous montrer plus modestes face aux malices du monde, oui, certainement.
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