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EAN : 9782868072559
Sous la cape (01/07/2014)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Un journal à la périphérie de la ville et de la réalité

Monsieur Victor soigne sa déprime en vagabondant entre autoroute et campagne péri-urbaine. Il croise Edmond, le garde champêtre et fait des photos pour sa voisine, Mathilde, avec son vieux Rolleiflex. Mais Mathilde disparaît et lui devient transparent...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un billet hommage à un artiste présent ici sur Babelio de manière très discrète. Puisse-t-il ne pas trop m'en vouloir de cette lumière un peu crue, sans doute maladroite, faite sur son travail, sa passion plutôt devrais-je dire.
J'ai trouvé une pépite dans un océan de banalités : le blog d'un homme qui est à la fois photographe, plasticien me semble-t-il, vidéaste, écrivain. D'un artiste qui a assurément plusieurs cordes à son arc. Frédéric Chagnard. Son blog, élégant et soigné, est devenu pour moi un passage obligé après une journée chargée, un moyen de me déconnecter, de me ressourcer, comme une douceur pour se recentrer.
Il contient certes de magnifiques photos notamment de Léo (je vous laisse découvrir qui est Monsieur Léo) ; des interludes hypnotiques, sorte de photos animées, de vidéos en plan fixe sur des scènes en mouvement (feu, arbres au vent…), interludes totalement immersifs alliant images et sons ; des animations surprenantes comme ces petites boites à savourer comme on ouvrirait doucement le papier brillant d'un bonbon sans savoir ce qui se cache dedans (ces animations m'ont un peu fait penser aux animations du plasticien Pierrick Sorin dont j'adore le travail)…et une bibliographie. C'est là que j'ai eu connaissance de ce livre, entre autres livres dont il est l'auteur, qui allie le récit aux photos. Et là encore, la lecture de ce court livre, qui s'apparente à une nouvelle, m'a étonnée, marquée et surtout beaucoup émue.

« Je suis retournée dans la plaine cet après-midi. Il y faisait triste et humide. En se retirant des terres, la rivière avait laissé derrière elle de grandes mares stagnantes et des fanes de maïs accrochées aux barbelés des clôtures. Pris au piège de la décrue, un petit poisson gisait, perdu dans la boue ».

Monsieur Victor marche en pleine campagne, il a besoin de marcher, conseil de son médecin, ce qui lui a donné envie de ressortir son vieil appareil 6x6, lui qui était photographe autrefois. Avant l'hôpital. Appareil en bandoulière, au cours de ses balades il capture avec cet outil mythique les paysages croisés, chemins et champs inondés, corbeaux, voies ferrées. Il ne le fait pas uniquement pour lui, il prend en photo pour ensuite montrer le paysage volé à Mathilde qui ne peut plus aller les voir, les lui montrer, les lui raconter, Mathilde dernière habitante avec lui d'un vieil immeuble promis à la démolition. Une amitié lie Mathilde et Victor, amitié faite d'entraide, de solitude partagée, d'attentions, de peurs quant à leur vie après la démolition de leur immeuble. Une amitié qui les lie au-delà de la mort. Avec entêtement, Victor refuse peu à peu l'inéluctable, jette les courriers du tribunal, et continue à marcher et à photographier. A éprouver des sentiments non avouables aussi, ce d'autant plus qu'il a décidé d'arrêter son traitement.

A chaque photo mentionnée dans le texte, celle-ci nous est montrée, offerte. Un cadeau quand on aime la photo, quand on en fait, les plans sont superbes, et épousent le texte avec délicatesse et beauté. Texte et photographies se font écho, se répondent, on retrouve dans les deux la même sensibilité, la même pudeur, la même mélancolie. de nombreuses photos de chemins bordés d'arbres encore nus, ces chemins de vie courbes, souvent entravés, parfois totalement noirs lorsqu'ils sont souterrains avec cependant toujours une lumière, même pâle, tout au fond…des photos de nuages lourds et bas qui se frottent aux branches des arbres, des photos champêtres lorsque le printemps revient. Des photos qui se font preuves quand les paysages deviennent instables. Ma préférée, celle dans laquelle j'aimerais pouvoir me transporter, est celle prise en plein été dans les champs de tabac, prise au niveau du sol, ce qui donne une cathédrale de plans dans laquelle nous devinons les odeurs, l'ombre, la musicalité, les insectes…

« Je ferme les yeux. Sous la brise tiède, la musique des peupliers m'emporte. La terre m'enlace, libre comme je n'ai jamais été. Je rêve déjà ».
Je lis ces lignes et je vois l'un des interludes du blog, celui des arbres au vent…

Pudeur et épure sont les maitres mots de ce petit texte qui m'a touché droit au coeur. L'histoire d'une solitude, à la fois nourrie mais aussi illuminée par la passion de la photographie. de l'importance d'avoir une telle passion lorsque la fragilité devient notre quotidien. Les photos en noir et blanc, d'une poésie sombre, présentes à chaque chapitre, renforcent l'atmosphère inquiétante qui se dégage de cet écrit. La toute dernière tombe comme un couperet. Une fin digne d'une grande nouvelle. Chapeau bas Monsieur Chagnard !

Adresse du blog : https://www.fredericchagnard.com/info
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
17 novembre. J'ai passé toute ma soirée dans la salle de bain, à faire des tirages. Cela faisait des années que je n'avais pas veillé si tard.
Et ce matin, vers dix heures, je suis descendu sonner chez Mathilde. À travers sa porte, j'ai entendu le léger frottement de ses pantoufles, son pas traînant sur le lino de l'entrée, et je l'ai suivie, comme toujours, dans sa petite cuisine.
Sur la toile cirée, elle avait laissé le programme télé ouvert à la page des mots croisés et sa vieille paire de lunettes, celle pour voir de près, avec la branche rafistolée au sparadrap. La pièce sentait encore le café au lait.
Je lui ai tendu la photo. Elle a mis ses lunettes et l'a regardée longtemps.

(incipit)
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