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EAN : 9782070123100
320 pages
Gallimard (02/04/2009)
3.15/5   50 notes
Résumé :
Premier flic noir à intégrer un groupe d’investigations après les émeutes interraciales de l’année passée, Désiré Saint-Pierre est aussi dealer à ses heures, dans son quartier, ghetto Sud de la ville Blanche. Mais un accident tout bête vient bouleverser cette belle ordonnance. Une voiture avec Désiré dedans. Un mur. La rencontre des deux.
Le policier se réveille d’un long coma, défiguré, atteint d’un syndrome d’indifférence massive à la douleur.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Après la découverte de l'excellent Bois-aux-Renards d'Antoine Chainas, j'ai eu envie de découvrir ses romans plus anciens.
Anaisthesia, s'il est moins abouti, témoigne de la même puissance d'écriture et d'un attachement viscéral aux mots, surtout lorsqu'ils appartiennent à des lexiques peu usités, comme si cette rareté leur conférait un prestige ésotérique.
L'auteur joue ainsi avec des vocabulaires techniques, designe des objets par leurs mensurations, se gargarise de descriptions anatomiques et de termes médicaux abscons pour signifier des blessures.
Cette écriture, quasi encyclopédique, a un indéniable pouvoir lyrique et hypnotique jusque dans la saturation. Elle crée une atmosphère toute singulière qui peut même faire passer l'intrigue au second plan.

Le narrateur est un policier noir, Désiré Saint-Pierre, défiguré et rendu insensible à la douleur et aux émotions suite à un grave accident de voiture. Il vit avec Rachel, une toxico devenue zombie dans un appartement infâme dans un quartier de dealers . Il consomme également de la drogue et trempe dans différents traffics, comme ses collègues tout aussi corrompus.
Mais son administration veut faire de lui un  modèle de flic noir pour redorer l'image de la police et son équipe est chargée de trouver la trace d'une tueuse en série qui dépose une bague sur ses victimes.

Antoine Chainas ne cache pas son intérêt pour un univers trash et marginal , dans lequel les addictions, la misère et la folie déshumanisent totalement ses personnages.
C'est ainsi qu'il se focalise davantage sur les corps plutôt que sur la psychologie. Les mutilations touchent ici de nombreux personnages, que ce soit le visage de Désiré, le nez manquant de la tueuse, son goût pour les hommes défigurés ou les patients de l' hôpital psychiatrique.
Dans les différents conflits qui vont les opposer, il ne manquera jamais de zoomer sur les blessures de ses personnages avec une précision anatomique qui suscite la répulsion.

Malgré le choix de ce registre délibérément glauque qui alterne les phrases très courtes, purement descriptives, et les descriptions plus longues et clairement technicistes, le propos d'Antoine Chainas fait parfois un détour du côté du politique. Car il s'agit aussi de dénoncer les ghettos créés par le racisme et la grande pauvreté qui rendent possible une société dégénérée.

"J'essaierais de lui expliquer comment ils nous domptent. Comment ils nous font aller exactement où ils veulent qu'on aille. Comment ils nous font entrer dans les cases. Avec leurs lois et leurs décrets. Avec leurs postes de télévision, leurs antennes paraboliques et leurs bouquets satellite. Avec les programmes ethno-thematiques qu'ils nous proposent : quinze émissions de radio, une de télé et trois magazines. Avec les boulots qu'ils nous offrent, les mondes qu'ils nous ferment, l'oubli en point de mire.
Avec leurs supermarchés, avec leurs revenus d'insertion, avec leurs réhabilitations, avec leurs associations de quartier, avec leurs réclames...
Avec toutes ces choses qui ne seront jamais les nôtres. "
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Anaisthêsia fait partie de ces livres auxquels je pourrais attribuer 1 ou 5 étoiles selon l'angle d'attaque de ma chronique. Côté pile, un roman noir de noir, entre 85% et 90% de noir comme pour le chocolat. Côté pile encore, un style incroyablement maîtrisé (avec, notamment, toutes ces digressions techniques). Et une structure bien en place et un rythme efficace.

Côté face, des personnages caricaturaux auxquels on a du mal à s'attacher. Une absence de propos social ou sociétal, voire humain. Et un récit qui condense à peu près tous les éléments qui font le succès d'un polar: flics pourris, tueuse en série impitoyable, orgies sexuelles, maladie rare dont est atteint le personnage principal.

Désiré Saint-Pierre est un flic noir au sein d'une brigade blanche. Il revient suite à un accident de voiture dont on va découvrir les détails, tenants et aboutissants au cours du livre. C'est finalement le "vrai" sujet du roman, avec aveux, rebondissements, lutte de pouvoir et rédemption à la clé. de retour dans l'équipe, il va capturer la tueuse à la bague, redoutable tueuse en série, dont on va peu à peu également récupérer des éléments de son passé. Ensuite, tout part en "live" comme disent les jeunes, et vu que plus personne ne contrôle plus rien, on se doute bien que le mur va arriver à toute vitesse.

Ce serait faire un mauvais procès à Antoine Chainas que de raccrocher son roman/ses idées à d'autres auteurs... les maladies rares ont été longtemps le "domaine" de Grangé (ou de Cornwell). Les flics pourris sont légions dans le polar, mais j'ai souvent pensé à Izzo dans le rapport flic/ville. Les gangs peuvent se rattacher à d'autres auteurs. Les déviances sexuelles à d'autres, etc. Je répète, mauvais procès. Antoine Chainas n'a pas besoin d'autrui pour exister. Il a une écriture personnelle qui m'a plu dès la première ligne.

L'univers décrit par Chainas manque un peu de corps, de contenu. On fait l'impasse sur toute une série de détails sociax ou sociétaux qui auraient pu venir à point nommé pour apporter une dimension intéressante au roman. L'auteur se concentre sur les interactions entre les personnages, ce qui ne veut pas dire qu'on se focalise sur l'humain... j'ai dit "interactions". A l'instar de Désiré Saint-Pierre qui est atteint d'un trouble neurologique rare qui le prive de sensations (physiques ou émotionnelles), tout le monde dépeint par Chainas semble atteint d'indifférence et d'insensibilité. Je rejoint jfponge en me disant que c'est peut-être aussi cela qu'il faut retenir du roman.
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Un polar déjanté qui décrit les aventures d'un flic noir, camé, dealer à ses moments perdus dans le quartier mal famé qu'il n'a jamais voulu quitter. À la suite d'un accident qui a failli lui coûter la vie il se retrouve doté d'une parfaite insensibilité à la douleur. Voilà donc notre "créature" partie pour des aventures incroyables au pays des malfaisants, flics et voyous compris, à la poursuite de l'insaisissable "Tueuse aux bagues". La morale de l'histoire : "tous pourris", comme on s'en doute. Tous les lieux communs du nihilisme intégral et de la théorie du complot sont au rendez-vous. Malgré une apparente parenté, tenant au langage crû et aux situations cauchemardesques, on est loin, très loin d'une littérature engagée utilisant le polar comme un moyen de sédition pour changer la société. Ici, nulle morale, nulle dénonciation ne sont au rendez-vous. le lecteur subit passivement le choc des situations horribles, de la cruauté gratuite, sans aucune échappatoire possible. Une vision de l'avenir qui nous attend ? Ou bien est-on bel et bien dans le monde d'aujourd'hui, celui que nos yeux refusent de voir ?
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Je recherché un livre trash. Mon libraire m'a conseillé "Anaisthésia ".Je ne demanderais plus rien à mon libraire.

Désiré Saint Pierre, flic noir défiguré et devenu insensible à cause d'un accident de voiture se voit contrait d'infiltré un club privé de débauches sexuelles afin de trouver " la tueuse aux bagues " …

Au vu des commentaires et de la vie de l'auteur je m'attendais vraiment à un roman décalé, atypique sur fond de violence et de non conformisme. Au final, je n'ai pas vraiment accroché à l'histoire, que je trouve plutôt sans intérêt…Je ne sais pas j'ai du rater quelque chose car j'ai sentie tout de même un certain talent de l'auteur – qui je reconnais - est sacrément bien documenté sur certaines pratiques médical, procédures mortuaires…
Les " Voix des Morts " en début de chaques chapitres ont apporté un certain dynamisme au livre mais qu'on ne retrouve pas dans le texte lui-même.

C'est bien dommage tout cela monsieur Chainas car Anaisthésia aurais pu être beaucoup plus trash, car appart le début du roman qui est glauque à souhait, la tueuse aux bagues qui perd son nez et notre Désiré qui ne représente pas le stéréotype du flic landa le reste n'est qu'une banal histoire policière.
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Désiré Saint-Pierre est un flic plutôt atypique. Premier inspecteur noir à être intégré dans un groupe d'intervention d'investigation criminelle au titre de la discrimination positive, une enfilade de promotions devrait s'ouvrir devant lui. Mais il n'en est rien. Désiré a provoqué un grave accident en conduisant camé au dernier degré son véhicule de fonction. Il en a réchappé avec un handicap bizarre : il ne ressent plus aucune douleur et il s'est retrouvé au placard car son visage rafistolé fait peur aux témoins. de plus, dealer à ses heures et amant d'une camée, il doit rendre des comptes au parrain de sa cité pour une histoire de stock de cocaïne disparue tout en menant une enquête difficile sur une mystérieuse « Tueuse aux bagues »...
Aux limites du pur roman policier et du thriller à l'américaine, « Anaisthêsia » est surtout un formidable roman noir qui prend le lecteur dès la première page et ne le lâche plus tant il est pris par l'ambiance glauque de la banlieue avec sa violence, son racisme ordinaire, ses rancoeurs et sa paranoïa sous-jacente. Antoine Chainas sait parfaitement recréer des atmosphères, des situations ou des lieux en ne s'intéressant que secondairement à l'intrigue policière (le lecteur ne saura jamais ce qui se cache derrière la mystérieuse « Organisation » qui téléguide la tueuse en série...) Mais qu'importe ! le lecteur aura été plongé dans la réalité des morgues, des commissariats peuplés de flics plus ou moins bras cassés, des partouzes et orgies répugnantes de notables et dans l'horreur des asiles psychiatriques. le tout décrit avec force détails techniques ou anatomiques que certains pourront trouver outranciers. Mais si l'auteur, qui n'est ni un tiède ni un mou, franchit parfois la ligne blanche de l'improbable et de l'excès, cela n'en donne que plus de puissance à son propos car tout n'est pas à prendre au premier degré. Un regard honnête, lucide, ironique et un peu désenchanté sur notre société, ça n'a pas de prix et c'est courageux dans le contexte actuel. Excellent travail, Mister Chainas ! Les amateurs du genre ne devraient pas rater ce petit bijou qu'on reçoit comme un crochet au plexus.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Derrière les murs bétonnés, juste à côté de la colonne porte-tube, ils se déshabillèrent. Le silence n'était troublé que par le doux ronronnement de l'amplificateur de brillance.
En attente.

Une heure avant, ils avaient ingéré le baryum en solution buvable diluée à soixante et onze pour cent, n'éprouvant, juste après la déglutition, qu'une sensation de brûlure diffuse sur la langue. Comme lorsque la maldodextrine des hosties s'incrustait aux pourtours des papilles.

Ils s'allongèrent sur la table de radiologie FPF conforme aux recommandations de la Société Française d'Imagerie et approuvée par le Conseil des Enseignants, la Fédération Nationale ainsi que le Syndicat des Hospitaliers Radiologues.
Le contact de leur peau sur les paravents plombés aux normes Euratom 97/43 était froid. Vivifiant, en un certain sens.

Le ronronnement de l'amplificateur s'accentua jusqu'à ce que la pulsation atteigne la vitesse de croisière de 1,2 Roentgen/minute et produise un léger sifflement rappelant celui d'un ascenseur. Dans le cas présent, il était impossible de savoir s'il montait ou descendait.

Sous les arceaux isocentriques, le corps bombardé par plusieurs dizaines de méga-électrons-volts, ils firent l'amour.
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Tu comprends maintenant ce qu'est le pouvoir. Le vrai pouvoir, le seul. Celui qui libère les entraves. Celui qui inverse les valeurs. Celui qui porte l'avilissement ultime. Celui que vous [les hommes] laissez échapper chaque jour et celui que nous [les femmes] gagnons. Vous avez déjà perdu une bataille qui n'a jamais existé. Nous n'avons plus besoin de vous. Ni pour jouir, ni pour faire des enfants. Ni pour manger, ni pour survivre. Ni pour faire nos courses, ni pour payer les factures. Ni pour l'éducation, ni pour le dressage. Ni pour la joie, ni pour l'accomplissement. Vous êtes des animaux en voie de disparition. "Une denrée périssable"[...] (p.154/155)
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A l'arrière de ma tête, l'hémoglobine, aidée par la fibrine endogène, a coagulé. Je suis tenté d'arracher la croûte. Ce serait bien de sentir quelque chose
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