AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070140992
320 pages
Gallimard (12/09/2013)
3.35/5   90 notes
Résumé :
« Cet endroit donne tout son sens à notre combat, Patrick. Les gens de l extérieur pensent que nous nous barricadons par peur d autrui, par étroitesse d esprit. Mais nous ne sommes pas hermétiques, bien au contraire.

Et ceux qui nous taxent de racisme ont tort aussi. Personne n' est plus ouvert sur le monde que nous. Qui voyez-vous ici ? Des Suisses, des Norvégiens, des Suédois, des Américains, des Anglais...

. Des banquiers internatio... >Voir plus
Que lire après PurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,35

sur 90 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
6 avis
2
4 avis
1
2 avis
Un sujet fort et un traitement original. Voilà de quoi proposer un roman noir qui sort du lot et qui marque les esprits.

Pur me donnait l'impression de faire partie de ces romans-là.

Déjà avec ses thèmes qui me parlent tout particulièrement : montée de l'extrémisme, manipulation des médias, perte de valeurs des institutions… Il y avait de quoi réussir un roman qui laissait une impression durable, avec une belle base de réflexion.

L'autre bonne idée de départ est le traitement alléchant du sujet, qui décrit notre société légèrement déformée. Une sorte de dystopie contemporaine (oui je sais, c'est assez contradictoire), comme un très léger glissement de la réalité, avec ces grandes résidences fermées au monde, où l'élitisme (et le racisme, utilisons le mot) sont la norme.

Une énorme envie de cette lecture pour l'amateur de romans noirs et d'anticipation que je suis, et qui est pourtant retombée comme un soufflé… La faute à une intrigue qui tient sur deux timbres-poste et à un traitement où l'émotion n'a pas sa place.

La trame de base est donc attirante, mais le récit en lui-même tombe très vite dans un classicisme assez décevant. Quant on rajoute que l'histoire ne prend jamais son envol, à mon sens, vous comprendrez mieux ma déception.

Antoine Chainas sait écrire, très bien écrire même. Il n'empêche, son style m'a paru ampoulé, assez m'as-tu-vu par moments et m'a irrité plus d'une fois. Oui, Chainas connait sur le bout des doigts les noms savants de toutes les parties du corps humain, ou sait nous décrire durant de (longues) pages certaines techniques d'art martiaux…. Et alors ? C'est simple, le roman est assez court (300 pages) et pourtant cette sensation de remplissage est régulièrement présente…

Un exemple, pris un peu au hasard :

"Une brise fraîche, portée par une masse d'air maritime dans la troposphère, leur apportait un soulagement ponctuel via les corpuscules de Meissner du derme papillaire".

Une écriture clinique, mettant en avant des personnages assez caricaturaux, pour lesquels je n'ai pas éprouvé l'once de l'embryon du début d'une empathie, qui pourtant serait nécessaire pour donner du relief à ce sujet brûlant.

Récit sans surprise donc, avec certains personnages secondaires à peine ébauchés, une atmosphère générale qui ne tient pas ses promesses et une écriture ronflante qui essaye de cacher le vide. Ce sont un peu trop de failles, à mon goût personnel…

J'avais beaucoup apprécié le récit de l'auteur dans le recueil de nouvelles Brèves de noir. le style y était également froid et pourtant ça fonctionnait parfaitement. Sans doute parce qu'à coté de ça, l'auteur n'en faisait pas trop.

Au final, ce récit ambitieux, mais qui se vide de sa substance au fur et à mesure, aura été une cruelle désillusion. Un rendez-vous complétement raté entre l'auteur et le lecteur que je suis. Mes mots sont un peu durs, mais ils sont à la hauteur de ma grande déception, surtout que je reste convaincu qu'Antoine Chainas a un vrai talent.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          367
Patrick Martin recouvre ses esprits en contrebas d'une autoroute du sud de la France, non loin de sa voiture dans laquelle sa femme est morte. Cet accident prend bien vite une autre dimension que celle d'un simple fait divers. Patrick aurait eu, avant le drame, une altercation avec deux jeunes arabes sur une aire d'autoroute et ceux-ci l'auraient poursuivi. Dans ce Midi où les plus riches se terrent dans des résidences sécurisées, où le maire entend se faire réélire en fustigeant les populations basanées qui participent de l'insécurité et en s'appuyant sur le groupuscule d'extrême-droite Force et Honneur, Patrick Martin devient un symbole et peut-être plus encore, une arme manipulée par ceux qui voudraient capitaliser sur les violences intercommunautaires.

En l'espace de quelques années Antoine Chainas s'est imposé comme un des auteurs phares de la nouvelle Série Noire. Avec Pur, son cinquième roman dans la collection noire de Gallimard, celui qui s'est fait remarquer par son sens de la provocation et son audace stylistique semble s'assagir un peu.

De fait, Antoine Chainas aborde un sujet à la mode chez les auteurs français de la Série Noire, de Dominique Manotti à Jérôme Leroy en passant par DOA ou Elsa Marpeau : manipulations médiatiques, collusions entre les politiques et la police, montée des extrémismes et division de plus en plus marquée de la communauté française. Pour qui a lu par exemple Versus ou Anaisthêsia, du même Chainas, l'attente est là d'un roman provocateur, prenant le lecteur à rebrousse poil.

Mais Chainas ne choisit pas cette voie-là. Suivant une trame classique, alternant les points de vues des personnages pour un récit choral, il décrit au jour le jour l'enchaînement des événements jusqu'à une issue que l'on présumera fatale pour certains d'entre eux, le tout servant à mettre en exergue la manière dont un fait divers peut, si l'opinion y a bien été préparée, favoriser l'accession au pouvoir où le renforcement d'un parti. D'aucuns ont vu dans Pur une légère dystopie, sur ce que risque de devenir la France. Pourtant, à l'exception du thème des gated communities, ces grandes résidences fermées vivant en autarcie très développées en Amérique du Sud, en Afrique ou aux États-Unis – partout où le fossé ne cesse de se creuser entre les plus riches et les plus pauvres et où les premiers entendent défendre à tout prix leurs biens –, qui n'ont pas encore l'ampleur que leur donne Chainas dans son roman, Pur parle plutôt du présent et du passé très récent. Des faits divers instrumentalisés aux émeutes de 2005 en passant par l'intrigue sur le sniper qui n'est pas sans rappeler le sniper de Washington qui a défrayé la chronique en 2002, on a déjà vu en vrai tout les éléments que relie Antoine Chainas pour le besoin de son intrigue.

Alors Chainas le fait avec un certain talent et avec intelligence ; il sait construire une histoire, sait comment enchaîner les points de vue et les événements pour accrocher le lecteur. Il y a seulement que celui qui a déjà lu et aimé Chainas peut trouver tout cela un peu fade et attendu par rapport à ce à quoi il a été habitué de la part de cet auteur.

Si l'on reconnaitra la plume bien particulière de Chainas, ses descriptions cliniques et souvent même organiques et/ou techniques (« Les mouvements du bassin de la jeune fille contre le pelvis de l'Arabe arrachèrent une grande portion du ventre de Julien. Ceux qui prétendaient que ce genre de blessures s'infligeait au niveau du coeur se trompaient, Julien s'en aperçut à la seconde. Les coups étaient portés en direction des tripes, des intestins remplis d'un repas à moitié digéré mélangé aux capsules de kétamine, là où les contractions péristaltiques évacuaient la merde. le coeur n'avait rien à voir là-dedans. »), l'auteur use moins systématiquement de ce procédé passée la première partie du livre et adopte un style plus passe partout et sans doute aussi plus accessible à un lectorat plus large. En effet, si d'aucuns trouveront le style de Chainas ampoulé, artificiel, ou m'as-tu vu, il est à tout le moins singulier, on regrette pour notre part de le voir se diluer au fur et à mesure qu'avance le roman jusqu'à disparaître au profit d'une écriture passe-partout sans vrai relief.

De la même manière en ce qui concerne les personnages, on retrouve d'un côté, chez Patrick Martin, homme aisé à la recherche de coupables mais comme détaché des événements, chez Julien, adolescent reclus dans une gated-community en proie au doute sur les relations de ses semblables avec l'extérieur et sur le bien fondé de l'action de son charismatique père, ou chez Durantal, flic obèse à la voracité suicidaire désabusé mais mû par un autre incommensurable appétit, de vérité, tous les trois décrits avec justesse, tous les trois ambigus et véritables personnages tragiques, la vision acerbe et aigüe de Chainas. Tandis que d'un autre côté, d'Alice la policière métisse arriviste et revancharde au Révérend, père de Julien et maître illuminé de la communauté fermée des Hauts-Lacs, en passant par le chef de Force et Honneur ou la belle-famille de Patrick Martin, les personnages secondaires apparaissent monolithiques, archétypaux, voire caricaturaux quand ce n'est pas tout bonnement inutiles. Ainsi en va-t-il de ce Révérend qui n'a finalement qu'un lointain rapport avec le reste de l'intrigue mais phagocyte une grande partie du roman.

En fin de compte Pur apparaît comme un bon roman noir, très bien mené dans sa première partie, honnête, sans plus, dans la seconde, qui souffre sans doute d'arriver à la suite de toute une série de romans autour des mêmes thèmes et n'échappe donc pas au sentiment de déjà vu. Reste que pour ceux qui n'ont pas encore lu Antoine Chainas ou qui ont pu être rebutés par son style si particulier, il présente l'avantage d'être plus abordable (plus lisse ?) que ses livres précédents et peut-être donc une bonne porte d'entrée dans cette oeuvre déjà riche.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          80
Un sniper sévit depuis quelques temps dans une région du sud de la France. Son terrain de chasse ? Un long ruban autoroutier qui dévide ses flots de véhicules au quotidien. Sa cible ? Des immigrés. C'est dans ce contexte tendu que Patrick va perdre sa femme dans un accident de voiture. Il accuse des arabes d'avoir tiré sur sa voiture. L'événement va attiser les rancoeurs mal contenues, les médias et groupuscules locaux s'empressant d'activer les braises. L'embrasement n'est pas loin…

Dès les premiers mots, la noirceur du roman est posée, le malaise est palpable, vient affleurer aux interstices des mots : « son visage était d'une surprenante beauté ». Car le tour de force de l'auteur, c'est de poser la noirceur par contraste. En ce sens, l'écriture est chirurgicale, s'attachant aux descriptions physiques des corps en zoomant sur ses parties, une écriture en pièces détachées en somme. Dès lors, les émotions passent à la trappe. Patrick apparaît d'ailleurs comme le prototype du personnage dénué d'affects, vide, déjà dans un au-delà du sensible. « Pur » est un roman d'anticipation d'une blancheur clinique, aussi glacial que réaliste. Les personnages sont disséqués sous l'écriture millimétrée d'Antoine Chainas. Au premier plan, c'est la peur de l'autre qu'il décrit avec brio, le visage de l'autre dans sa monstrueuse altérité. Alors, on se barricade derrière des « enclosure », sorte de paradis où la vie s'est arrêtée dans sa pureté morne. On s'y ennuie ferme sous l'oeil des caméras qui n'admettent que l'identique.
Et dès les premiers mots, le lecteur sait qu'il ne pourra s'arrêter en chemin. Il sera tenu en haleine d'un bout à l'autre, à la faveur d'un revirement inattendu : car l'autre, celui qu'on redoute peut-être le plus, est sans doute plus proche de soi qu'on ne le croit…
Commenter  J’apprécie          120
Appuyer là où ça fait mal, braquer les projecteurs sur les plaies de notre belle société moderne, évoluée... Telle semble être la marotte d'Antoine Chaînas, quoique le terme a un côté ludique et un peu péjoratif qui ne reflète pas vraiment le travail de cet auteur implacable et exigeant.

C'est cette fois aux dérives sécuritaires, alimentées par le fossé grandissant entre les diverses catégories sociales de la population, qu'il s'attaque. "Pur" dépeint un monde dans lequel la fracture sociale et l'incommunicabilité entre les communautés semblent être parvenues à un point de non-retour. Ceux qui détiennent l'argent et le pouvoir imposent leurs lois, et vivent en retrait d'une réalité qui leur est de plus en plus étrangère, dans l'indifférence tout aussi glaçante de citoyens qui, par lâcheté ou simple commodité, préfèrent se voiler la face.

Et pour donner plus de force à son propos, il crée un contexte inspiré du réel, dont il amplifie certains éléments. Une caricature assez subtile pour lui permettre de rester dans le domaine du plausible, voire d'un futur probable -?-, et c'est bien ce qui est effrayant...

Nous sommes dans une commune du sud-est de la France. Des résidences luxueuses, aseptisées, et ultra sécurisées, abritent, sur des critères d'admission draconiens (être riche ne suffit pas, il convient aussi de montrer face blanche...), les membres d'une élite qui y vit en quasi autarcie. Les groupuscules d'extrême droite, très actifs, écument à la nuit tombée, avec la complicité tacite de la police municipale et des élus locaux, le centre-ville, où ils s'adonnent au bastonnage en règle de tout individu au faciès suspect.

A l'approche des élections municipales, la tension est à son comble : plusieurs meurtres de maghrébins sont imputés à celui que l'on surnomme dorénavant "le sniper de l'autoroute", sans que se profile le moindre début de piste. A cela s'ajoute l'accident qui vient de coûter la vie à une jeune et riche femme blanche, dont le mari, qui conduisait le véhicule, est persuadé que leur sortie de route est le fait de deux arabes croisés précédemment sur une aire de repos.

Patrick Martin, le mari en question, est un personnage froid et sûr de lui. Son travail consiste à élaborer les formulaires qu'utilisent les résidences privées pour sélectionner leurs richissimes occupants, la dimension ségrégationniste de sa tâche ne lui posant aucun cas de conscience. Nous assistons à la macabre croisade qu'il entreprend dans le but de punir ceux qu'il pense coupables de la mort de son épouse, tout en suivant en alternance deux autres personnages...
...Julien, adolescent, habite les Hauts Lacs, une de ces enclaves où les nantis se barricadent, entouré d'un père manipulateur et tyrannique, et d'une mère que les anti-dépresseurs rendent perpétuellement absente.
...L'inspecteur Durantal, en fin de carrière, est membre de l'équipe chargé des enquêtes sur le sniper, et la mort de la femme de Patrick. Il détonne, parmi la galerie d'individus cyniques, cruels et ambitieux brossée par l'auteur. L'extrême perméabilité de cet homme sensible à la souffrance et aux malheurs des autres s'est traduit par une obésité devenue au fil du temps incapacitante.

La succession des chapitres dédiés à ces héros disparates, ainsi que l'écriture directe et précise d'Antoine Chaînas, font de "Pur" un roman à l'intrigue efficace, à la lecture duquel on ne ressent pas cette lourdeur ambiante qui fait d'un "Versus", par exemple, un texte étouffant.
Pour autant, l'auteur nous livre une fois de plus un titre au propos désespéré, sa clairvoyance nous amenant à nous interroger sur les limites et les dangers de ces fléaux -malheureusement- d'actualité : la montée des extrémismes, et la tentation du repli sur soi qui en découle.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
Commenter  J’apprécie          40
Sans vraiment signer un roman d'anticipation, Chainas a choisi de situer son action dans le futur, mais un futur très proche.

Patrick Martin est une sorte de Mr tout le monde (avec un nom pareil, on s'en doute un peu), mais un Mr tout le monde supérieur. Un CSP+ comme on dit. Cadre, éduqué, friqué. Avec sa femme Sophia, ils forment un couple modèle, deux beaux blonds en pleine forme et bien assortis.

Puis leur voiture percute une barrière de sécurité sur l'autoroute et Sophia meurt dans l'accident.
Le roman débute ainsi, juste après l'accident.
Patrick, hébété, est interrogé par la police, mais il ne se souvient pas bien. Juste une détonation avant de quitter la route. Son récit comporte des incohérences qui intriguent Durantal, le flic chargé de l'enquête. Il faut dire que l'affaire doit être traitée avec délicatesse vu le contexte. Depuis quelques temps, un sniper dégomme des maghrébins sur de aires d'autoroute. Si Patrick et sa femme ont été victimes d'une vengeance à l'aveugle, il ne faudra pas grand chose pour mettre le feu aux poudres, les tensions sociales sont déjà vives, le racisme et la haine bien présents (un groupuscule d'extrême droite a déjà pris possession de la vieille ville) et les élections municipales approchent...
Le noeud de l'intrigue est là: comment l'accident s'est-il produit?
Et aussi: Comment les politiques vont-ils manoeuvrer pour utiliser cet accident de la route comme un détonateur puissant qui les servira?

Chainas alterne les points de vue des différents protagonistes, les personnages sont fouillés, bien construits, mais on ne parvient pas à s'attacher à eux. Ils traînent tous des casseroles qui ne les rendent pas très sympathiques, comme le flic énorme qui s'empiffre jusqu'à l'autodestruction, la fliquette ambitieuse et sans scrupules, Patrick Martin et son absence de sentiments. C'est aussi le style Chainas qui veut ça: froid, détaché, descriptions cliniques voire médicales; le corps réagit mais il n'y a pas de place pour les sentiments.

J'avais aimé ce style dans ses romans précédents, mais il était alors poussé à l'extrême, il ne ressemblait à aucun autre, il traînait avec lui tout un univers (tordu certes mais original). Chainas est un auteur au style très particulier, qu'on adore ou qu'on vomit (qu'on adore vomir?) mais cette fois il va moins loin, il est plus tiède, plus correct (ce qui est un peu paradoxal puisqu'il s'agit d'un roman qui nous parle d'extrême - extrême droite notamment). En mettant de l'eau dans son vin, Chainas a perdu un peu de sa spécificité, ce qui m'a un peu déçue, je n'ai pas trouvé ce que j'étais venu chercher.

CEPENDANT

Pur est un roman intelligent et bien ficelé, qui égratigne un peu tout le monde - les médias, les politiques - et met le doigt sur les dérives de notre société, une société de communication paradoxalement propice à l'enferment, au repli sur soi et la peur de l'autre.

Un bon moment de lecture dont il serait dommage de se priver.

Ceux qui redoutaient d'aborder Chainas (à raison) peuvent avec Pur se lancer sans crainte . Réjouissons-nous s'il trouve de nouveaux lecteurs...
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
Telerama
11 septembre 2013
Peu connu encore, Antoine Chainas est, à 42 ans, un des espoirs de la littérature noire française.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
"Il avait pourtant connu des ghettos, la ville de son enfance en était devenu un, et n'avait jamais eu peur d'en arpenter les rues. Cependant, la cité Karl Man Hopf dépassait en taille et en volume tout ce qu'il avait côtoyé jusqu'alors. Les façades en béton ocre s'étiraient sur des centaines de mètres dans un ordre terrifiant. Patrick songea que des êtres humains vivaient là, à l'intérieur, empilés, rangés dans une promiscuité incestueuse. Il les imaginait à la nuit tombée, sortir tels des cafards de tous les interstices possibles, grouiller comme des vers sur une carcasse laissée à pourrir. Des gens se contentaient de ces conditions. Pire, ils s'y complaisaient, pensait-il. Il fallait bien qu'ils y trouvent un plaisir quelconque pour accepter cette existence sordide faite de loyers modérés et d'assistanat social. Il se représentait les cris des mères, les vociférations incessantes des postes de télévision, les voitures customisées et les Mobylettes virevoltant sur les parkings délaissés, identiques à d'anciennes zones de guerre." (pp. 213-214)
Commenter  J’apprécie          20
L'un comme l'autre n'étaient pas du genre à se lamenter sur l'iniquité du sort ou à s'interroger sans fin sur les raisons du drame. Ils partageaient le sentiment que la victimisation avait fait plus de dégâts au cours des cinquantes dernières années que les deux guerres précédentes. Cette faculté typiquement nationale à se plaindre sans cesse, à pleurnicher, avait conduit à la LDH, aux Chiennes de garde, à SOS Racisme. Elle avait fait le bonheur des ligues de défense des Juifs, des homosexuels, des sans-papiers, permis aux syndicats et au droit de grève de perdurer, autorisé les revendications assumées des non-fumeurs, des Indignés, des parents des handicapés... Un maillage complet du territoire participant à une ambiance de terreur procédurière qui paralysait les forces vives. Elle avait amené au pouvoir des filous opportunistes et des incompétentes qui ne devaient l'obtention de leur poste qu'au respect des quotas et de la discrimination positive. L'aristocratie - au sens étymologique du terme - s'était transformée en vulgaire oligarchie. Le pays était devenu une nation de mendiants et d'assistés, une contre peuplée d'enfants gâtés et de consommateurs : une République faible, corrompue, avec laquelle ni Jean ni Patrick n'avaient éprouvé la moindre affinité.
Commenter  J’apprécie          00
"Les paysages presque tous identiques, les aires de repos et les bretelles d'accès interchangeables, les autres véhicules et les poids lourds lancés à toute allure, les zones de péage qui les engrangeaient avec un appétit insatiable, les voies de décélération et les bandes d'arrêt d'urgence, le tracé rectiligne de la chaussée qui violait les gigantesques étendues vierges de toute construction, chaque détail déclenchait en lui un léger sentiment d'oppression qu'il réfrénait aussitôt". (p. 157)
Commenter  J’apprécie          10
L’espionnage rituel auquel ils se livraient conférait à leurs journées de désœuvrement un surcroît de clandestinité assez piquant. Et il en était ainsi de la plupart des habitants. Les conversations du matin portaient souvent sur qui avait regardé qui la veille, et quel résident avait fait quoi, quand, où. Mieux qu’un blockbuster ou une rave, plus intense qu’un saut à l’élastique ou un week-end ski à Gstaad, des anecdotes, des faits et gestes minuscules, à deux pas de chez soi.
Commenter  J’apprécie          10
Cet univers, avec ses propres codes, ses propres règles, dévoyés ou pas, leur appartenait. Toutefois, Julien avait la conviction qu’ailleurs, à l’extérieur, les choses étaient différentes. Les gens ne vivaient pas selon les mêmes normes, les mêmes lois.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Antoine Chainas (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antoine Chainas
13 janv. 2023 #lecture #litteraturefrancaise #editionsgallimard Un accident de voiture au beau milieu de nulle part laisse une fillette orpheline et estropiée, Chloé, sauvée in extremis par trois hommes et une guérisseuse
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (198) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..