Helios

Tout d'abord un grand merci aux éditions 2024 et à l'équipe de Babelio pour m'avoir permis de découvrir ce petit bijou graphique.

Il faut savoir que j'ai toujours eu une admiration sans bornes pour qui est capable par le dessin de dérouler une trame narrative cohérente, non seulement belle pour l'oeil, prompte à attiser l'imaginaire. Ici le bonus c'est que les couleurs sont particulièrement splendides de profondeur et de nuances.
L'histoire est simple et nous est expliquée en quelques lignes en début d'ouvrage : un jour, le soleil a arrêté sa course au seuil de l'horizon. Pour dénouer le mystère, une expédition se met en route. C'est cette quête qui se joue sous nos yeux.
La traversée des divers paysages de cette Terre hostile n'est pas sans danger pour les protagonistes aux atours chatoyants. On perd du monde au fil des pages mais jamais la quête ne fléchit et le chemin se trace vers cette lumière.
Climats, créatures, reliefs se succèdent et ne se ressemblent pas, comme des tableaux en marche dans lesquels évolue cette entité groupe, unie et pourtant mixte s'effilochant au fil des pages, fondant comme évaporée par le soleil approchant.
Le talent d'Etienne CHAIZE tient dans cet art du fondu de couleur, cette brume qui contient, quand l'oeil s'y attarde, un foisonnement de détails : ruines, menaces animales ou humanoïdes. Une sensation de lenteur qui se dégage de cette palette et pourtant derrière le caractère flânant de l'ensemble, une violence et une soudaineté que seules savent contenir les grandes quêtes héroïques. Le grain du papier est lui d'une rugosité extraordinaire et fait que les doigts se posent presque instinctivement sur les pages pour suivre les volutes et caresser les aplats.
Sans un mot, tout est dit avec finesse et précision. O merveilleux Helios !

Un grand merci à Babelio et à la maison d'édition 2024 pour ce livre reçu lors d'une masse critique.
Pour commencer Helios est un magnifique objet-livre, avec son grand format, sa reliure apparente ou encore le choix de son papier. Les couleurs sont elles aussi sublimes. Très vives et très profondes, elles participent à la compréhension du récit et nous guident dans l'évolution de cette épopée.
C'est une histoire sans texte, juste une introduction de quelques lignes. Il semble même que les mots auraient été de trop. En effet, et comme dit précédemment, les couleurs participent à la compréhension du récit mais pas que, tout le travail de l'illustration se suffit à lui-même.
Les paysages que l'on traverse avec le roi et son royaume sont riches de détails. Chaque page est différente et nous renvoie à la fois dans un univers de science-fiction, dans une épaisse forêt digne d'Avatar, ou encore dans un univers proche de l'Atlantide, etc...
A chaque fois que j'ouvre Helios je découvre de nouveaux éléments dans le décor.
Ma seule crainte, avant de le recevoir, était l'esthétique des personnages. Au premier abord ils me paraissaient trop différents de l'esthétique du paysage et puis finalement ils s'intègrent bien à l'ensemble de l'illustration.
Helios est pour moi une très belle découverte, ainsi que les éditions 2024 que je ne connaissais pas.
J'espère pouvoir découvrir prochainement leurs autres ouvrages.

Le soleil est fixe.
une immense boule qui illumine d'une lumière rasante des paysage immenses se déployant sur les immenses pages de cet album.
De petits protagonistes géométriques s'expliquent en silence : l'un arrive près du roi et le convainc de partir vers ce soleil immobile.

Pour le faire repartir ?
pour se jeter dedans ?
Pour en libérer le pays ?

Ils partent donc à travers les pages au chromatisme extrêmement dense vers ce soleil. Une longue procession en grand habit d'apparat !

L'album a une force visuelle hors du commun, sans doute en partie grace à l'usage de rose fluo à la place du magenta. C'est une énorme déferlante qui nous arrive bien en face.

« Un soir lointain, le soleil fige sa course et se pose sur l'horizon. Plongé dans un crépuscule sans fin, le Royaume décline et désespère.

Un jour, un voyageur se présente à la Cour ; il persuade le Roi d'aller jusqu'au Soleil pour le prier de reprendre son cycle. Alors, le Roi se met en route, à la tête d'une longue procession. Page après page, ils se heurtent à des obstacles qui réduisent le nombre des pénitents, et seuls sept d'entre eux atteindront finalement le sommet où repose Helios… » (synopsis éditeur).

Je ne connaissais pas le travail de cet artiste jusqu'à ce que le festival BD de Colomiers ne lui consacre (cette année) une exposition.

Bijou. Voyage silencieux dans cet album où tout se devine, tout se comprend grâce à l'observation. Monde merveilleux, nouveau, magique, triste, captivant, inquiétant. La première lecture est semblable à une exploration. On scrute davantage les personnages avant de remarquer les détails des paysages qu'ils traversent. Faune et flore sont gigantesques comparés à eux. Puis, en fin d'album, l'auteur fait les présentations. Chacun de ses petits personnages a un nom voire une fonction. Alors fort de cette connaissance, on reprend la lecture… on repart une nouvelle fois.
En double page, les illustrations d'Etienne Chaize qu'on ne se lasse pas de regarder, de scruter. On y revient sans cesse. On cherche le personnage que l'on avait aperçu précédemment : où est-il ? que fait-il ? qu'est-il devenu ? L'album est court mais le dépaysement est grand.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..

Alors oui, les puristes vont dire que l'étonnant Helios n'est pas à proprement parlé un album de BD, et on ne pourra pas leur donner tort puisque dans les 40 pages de cet immense bouquin (presque 30cm sur 40 tout de même !), pas l'ombre d'une bulle, d'un phylactère ni même d'une case. Mais, on l'a vu déjà chez B.O BD, les éditions 2024 n'ont pas l'habitude de rentrer dans les moules, et chaque fois le résultat est enthousiasmant !

Helios est une suite de tableaux étendus sur des doubles pages narrant la quête d'un peuple pour retrouver le Soleil. Et si chez Corneille ils partirent cinq cent pour se retrouver trois mille, ici la kyrielle de suivants va se réduire comme peau de chagrin au fil des épreuves traversées et des ennemis rencontrés (serpent géant, ombres noires, désert aride,…).


La force des graphismes de Chaize, somme d'influences aussi variées que diverses, réside dans l'accumulation –et même parfois la dissimulation- de détails au sein de compositions ambitieuses et colorées à la puissance narrative manifeste. La présentation du livre, en reliure cousue particulière (« à la Suisse » nous indique l'éditeur) permet d'apprécier à sa juste valeur cette épopée visuelle qui, certes, se lit vite, mais mérite qu'on y revienne pour redécouvrir toutes ses subtilités.

A lire évidement en musique: http://bobd.over-blog.com/2016/07/vers-le-soleil-helios-vs-careful-with-that-axe-eugene.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..