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EAN : 9782246785699
336 pages
Grasset (01/08/2011)
4.27/5   1699 notes
Résumé :
"Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais ét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (271) Voir plus Ajouter une critique
4,27

sur 1699 notes
En commençant "Retour à Killybegs", j'ai immédiatement été plongée dans l'atmosphère de mon enfance, quand tous les jours, les journaux, la radio ou la télévision annonçait que l'IRA avait frappé ou entamait un processus de paix, cette atmosphère de terreur qui entourait l'idée même de l'Irlande, de Belfast, d'armée révolutionnaire.
Car effectivement, ce livre nous fait pénétrer au coeur de l'Armée Révolutionnaire Irlandaise, cette IRA qui défrayait la chronique quotidiennement, faisant passer ses acteurs pour des dangereux fous furieux ou des héros, c'est selon, et déclenchait les répliques sanglantes des britanniques. C'est donc tout un pan de l'histoire irlandaise que l'auteur rappelle ici, la misère des années noires, le déchirement de l'Irlande en deux pays, l'édification d'une frontière et la création de l'Ulster, l'oppression britannique et la résistance irlandaise, puis plus tard les grèves de la faim et les prisons encombrées de prisonniers qui voulaient se voir reconnaître le statut de prisonniers politiques que les britanniques leur refusaient.
Et ce qui m'a frappée, c'est d'abord l'extraordinaire solidarité qui unit tous ces soldats de l'Ira, qui pousse un jeune type de 20 ans à continuer une grève de la faim jusqu'à la mort, relayé par un autre jeune type de 20 ans... La solidarité, la fraternité, et soudain au milieu de ces frères, un traître ! Un traître qui, à la veille d'être démasqué, était salué et connu de tous, chéri par sa famille, ses frères d'arme, leurs femmes et leurs enfants, et qui du jour au lendemain, devient l'Ennemi. Je n'ai pas lu les précédents livres de Sorj Chalandon, mais dans Retour à Killybegs, il décortique avec pertinence les ressorts qui transforment un patriote acharné en marionnette des britanniques. Et ce "retournement" permet de revenir sur les motivations de l'IRA, des britanniques et de déjouer tout manichéisme : il n'y a pas de bon ou de mauvais patriote, la cause de l'IRA n'est pas que juste et bonne et les britanniques ne sont pas que des enfoirés : la guerre, c'est sale et les idéaux n'y ont pas leur place...
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Ceux qui auront lu "Mon traitre" liront forcément "Retour à Killybegs", la lecture indispensable pour savoir et peut-être comprendre pourquoi Tyrone Meehan a trahi.
Dans le premier livre Antoine nous racontait son Irlande, dans celui-ci Tyrone va nous donner un autre éclairage, le sien, certaines scènes seront fascinantes car vécues par les deux hommes mais racontées cette fois par Tyrone, c'est terriblement efficace en terme d'émotions et de psychologie.
L'auteur nous offre ici un récit d'une force phénoménale en même temps qu'un cours d'histoire magistral, pour moi jusqu'à cette lecture, le conflit nord irlandais c'était l'IRA contre l'armée anglaise, les opprimés contre les oppresseurs, c'est en fait bien plus compliqué que cela.
Ce récit va décrypter le pourquoi d'une haine poussée à son paroxysme entre deux communautés, entre voisins de rue souvent, une haine tellement viscérale qu'il faut être irlandais pour la comprendre et ce quel que soit le drapeau que l'on vénère.
Ce qui fait la force de cette histoire est que tout ce qui est écrit est vrai bien que romancé, on comprend comment l'engagement commence dès l'enfance avec une rage et une haine chevillées au corps.
On comprend les règles impitoyables qui régissent les comportements et verrouillent les coeurs d'un peuple, pas seulement des combattants.
On sera stupéfait d'apprendre la "position" discutable des catholiques nord irlandais dans le conflit pendant la seconde guerre mondiale, compréhensible bien qu'indéfendable aujourd'hui.
Les descriptions des conditions inhumaines de détentions font froid dans le dos pour les gens que nous sommes aujourd'hui, même rétrospectivement, il s'agit d'une histoire vraie rappelons-le. Quand je pense que Tyrone fut libéré en janvier 1981 après 13 ans d'incarcération le jour même ou je fêtais mes 18 ans et ma majorité toute neuve à une heure d'avion de là...
Je ne vais rien dévoiler de plus, simplement dire que ce scénario n'a rien à envier aux plus brillants romans d'espionnage, que la perversité humaine n'a pas de limites, dire aussi que certaines destinées sont vraiment cruelles, quel roman, quelle histoire !
A la fin il sera compliqué d'avoir un jugement je crois, c'est un récit éprouvant psychologiquement, un récit hors norme et un livre unique.
J'avais pris une énorme claque avec "Mon traitre", j'en ai pris une autre avec "Retour à Killybegs" !
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L'IRA ? Tous des terroristes !
C'est ce que j'ai entendu durant toute ma jeunesse, et à vrai dire, je ne me suis jamais posé la question de savoir si c'était vrai. La politique m'intéresse assez peu…et ceci est un euphémisme !

Donc, au départ, je n'avais pas choisi ce roman de Sorj Chalandon pour son thème : l'histoire d'un Irlandais pur sang qui se bat pour son pays, pour sa cause, pour la liberté. Mais l'auteur m'avait émue, avait touché une corde sensible dans un autre de ses romans : « Une promesse ».
Eh bien, je l'avoue, cette fibre a encore vibré en moi à la lecture de « Retour à Killibegs ». Oui, j'ai suivi avec grand intérêt la trajectoire apparemment très droite de Tyrone, engagé dans l'IRA très jeune, emprisonné dans des conditions ignobles, populaire et admiré. Mais surtout, j'ai frémi lorsqu'il a trahi….Oui ! Il a trahi ! Mais cette trahison, je la comprenais ! « Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne », clame le héros, personne ne pourrait jamais le comprendre. Mais moi, je dis que si ! L'auteur s'est tellement bien fondu dans son personnage qu'il a réussi ce tour de force de me faire admettre la trahison et même de me faire complètement adhérer au traître.

Je ne veux pas en dire plus. J'ai vécu une semaine dans la guerre puis dans les arrangements, les compromissions, et c'est assez. Comme le héros, « je n'en pouvais plus de cette guerre, de ces héros, de cette communauté étouffante. J'étais fatigué. Fatigué de combattre, de manifester, fatigué de prison, fatigué de clandestinité et de silence, fatigué des prières répétées depuis l'enfance, fatigué de haine, de colère et de peur, fatigué de nos peaux terreuses, de nos chaussures percées, de nos manteaux de pluie mouillés à l'intérieur. »

Fatiguée, oui, mais totalement, indéfectiblement conquise par la poésie de Sorj Chalandon, par la beauté de ses mots, le diamant de ses phrases.

Et en Irlande, oui, j'irai un jour, poursuivie par ses fantômes à l'envie si légitime de liberté…

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Dans un conflit, il y a les gentils d'un côté, les méchants de l'autre : voilà ce que je pensais quand j'étais petite.
Adolescente, je ne comprenais pas comment Bobby Sands et les neufs autres avaient pu se laisser mourir de faim. Cela m'était inconcevable.
Et puis... j'ai grandi.
Le monde m'est apparu tel qu'il est : ni noir, ni blanc, mais gris. Et bien évidemment, les hommes qui le composent aussi.
Sorj Chalandon l'a très bien compris, et le fait magistralement comprendre au lecteur à travers son portrait tout en nuance de Tyrone Meehan.
On peut être un traître et n'être ni bon ni méchant. Être humain, tout simplement.
Tyrone Meehan, le traître de Mon traître, est le narrateur de ce livre. Il nous dit : "Je veux écrire. Pas avouer, encore moins expliquer mais raconter, laisser une trace."
Tyrone raconte, mais pas de façon directe. Il raconte son enfance, il raconte sa vie, il raconte l'Irlande, il raconte son engagement. Sa trahison, il ne la raconte pas frontalement : c'est au lecteur de comprendre entre les lignes, de reconstituer le puzzle. De comprendre pourquoi.
Par petites touches, Sorj Chalandon nous révèle qui est Tyrone Meehan. Il nous en dresse un portrait subtil, un beau portrait d'homme.
J'avais adoré la lecture de Mon traître, et j'ai retrouvé dans ce Retour à Killybegs nombre d'ingrédients qui m'avaient tant plu : l'Irlande et ses hommes rudes et fiers, les amitiés viriles, les engagements des uns et des autres.
J'ai aimé retrouver l'écriture de Sorj Chalandon. Une écriture qui sait être en même temps tendre et violente, toujours aussi poétique et qui vous touche au coeur.
Je prête peut-être à l'auteur des intentions qu'il n'a pas eues, mais ce Retour à Killybegs m'a semblé venir d'un besoin profond de ne pas se contenter du premier roman, pour donner au lecteur une vision plus juste de Tyrone Meehan, pour donner au traître une occasion de s'expliquer. Comme si Sorj Chalandon ne voulait pas que le lecteur reste sur une mauvaise impression. Comme s'il voulait que le lecteur comprenne le traître dont il se fait presque l'avocat.
Dans ce roman, Tyrone Meehan apparaît encore plus humain. Il ne demande pas d'indulgence mais ne veut pas non plus d'acharnement. Son histoire m'a touchée : monsieur Chalandon, vous avez gagné !
Un roman magnifique, un portrait bouleversant.
Je vais m'empresser de lire d'autres titres de cet auteur.
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Mon traître m'avait bouleversée mais m'avait laissée sur ma faim. Cette histoire m'avait pris aux tripes et avait éveillé l'envie de connaître les vraies raisons qui ont mené le traître à commettre cet acte impardonnable.
Pour moi il était surtout question de comprendre ses motivations afin de pouvoir l'accepter.

Mais il n'y pas que cela dans Retour à Killybegs.
Sorj Chalandon veut nous expliquer le contexte, c'est donc tout un pan de l'histoire de la lutte pour l'indépendance nationaliste irlandaise qui sera décortiqué. Un pays coupé en deux, déchiré, miséreux, opprimé et face à la menace permanente de la terreur.
La résistance a un visage, des motivations, des hommes forts et courageux prêts à mourir pour la cause, prêts à subir les pires ignominies en prison, pourchassés par les anglais mais aussi par les irlandais « de l'autre côté »

Des années de lutte, de dévotion et d'espoir broyés par le temps qui passe, par les défaites, par la fatigue et par le désespoir. Une armée en déroute, un mouvement en lambeaux… On comprend les tourments et les afflictions d'une âme pure rendue grise par la contingence, la fatigue et la soif de paix.

On comprend mieux l'engrenage fatidique qui a conduit le traître à mourir seul face aux fantômes de son enfance et à ses mensonges, face à une cause trop lourde à porter.
Dans mon traître la phrase : « Personne ne naît tout à fait salaud, petit Français. le salaud, c'est parfois un gars formidable qui renonce » prend ici tout son sens.

À travers le récit poignant d'une trahison, Sorj Chalandon rend hommage aux Irlandais du Nord qui menèrent une guerre sans concession pour retrouver leur liberté et leur dignité.

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critiques presse (10)
Ricochet
07 juin 2019
Cette nouvelle bande dessinée de Pierre Alary démontre certainement qu’une illustration sortie des tripes de son créateur peut valoir mille descriptions en mots. Poignant et captivant.
Lire la critique sur le site : Ricochet
BDGest
05 mars 2019
Humanisant cette lutte, ses prisonniers, ses victimes, ces séquences apportent une teinte de désespoir qui s'ajoute au désarroi de son entourage avec la révélation de sa faute. Car plus que la surprise et des explications, c'est l'expression et le ressenti du malaise et de la fatalité du sort de Tyrone, qui est contée ici. Avec force, vigueur, tristesse et talent. Pierre Alary réussit son Retour à Killybegs, qui n'aura comme défaut que de devoir être apprécié avec (après en fait) son album précédent. Il y a pire comme contrainte.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
04 mars 2019
En s’emparant du livre de Chalandon (Grand Prix de l’Académie Française 2011), Pierre Alary, responsable à part entière de cette adaptation, a recours à une narration qui permet d’appréhender la complexité de cette histoire. Son trait sec et nerveux, de même que le travail monochrome confèrent à ce récit une ambiance décalée imprégnée d’effets sépia, à l’image de la mémoire du vieil homme.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
15 février 2019
Un chef d'œuvre, tout simplement. Une belle histoire qui en dit long sur le conflit irlandais, sur l'IRA et sur certaines idées patriotiques. Vous n'en reviendrez pas indemne.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LeMonde
10 novembre 2011
Retour à Killybegs n'est pas qu'un complément à Mon traître : plus puissant, plus subtil, c'est l'histoire d'une âme pure rendue grise par la contingence, la fatigue et la soif de paix.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
02 novembre 2011
Retour à Killybegs respire la passion et le désespoir d'un homme qui, un jour, n'a pas eu le choix et s'est enfoncé dans la nuit et dans la honte. L'observation du journaliste et le lyrisme du romancier sont réunis dans ce beau livre éperdu d'amour pour un pays blessé et d'empathie pour ses habitants.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
31 octobre 2011
Parce que ce drame est aussi celui de Sorj Chalandon, et parce qu'il continue, malgré lui, à aimer le traître, Retour à Killybegs est un roman éminemment personnel. Ce retour sur un drame personnel est aussi un retour sur un drame collectif. Tragique.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Bibliobs
24 octobre 2011
Emouvant, poignant, le roman de Sorj Chalandon a les allures d'une épopée tragique, à l'image de l'histoire de l'Irlande, pays déchiré, pays meurtri. C'est un livre d'une humanité profonde, merveilleusement écrit. Avec des mots, avec des larmes de silence.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
15 septembre 2011
Sorj Chalandon revient sur l'histoire de Tyrone Meehan, activiste de l'IRA devenu traître. Il imagine son retour au village natal. […] Ce récit, syncopé, épuré, est une parfaite réussite.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
30 août 2011
Un roman puissant, qui raconte la trahison d'un combattant catholique irlandais. Le tumulte de l'histoire récente, la tourmente d'un destin.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (293) Voir plus Ajouter une citation
Le regard d'Antoine a été l'un des plus beaux jamais portés sur moi, et aussi l'un des derniers.
Lorsque le petit Français me regardait, je m'aimais. Je m'aimais dans ce qu'il croyait de moi, dans ce qu'il disait de moi, dans ce qu'il espérait. Je m'aimais, lorsqu'il marchait à mes côtés comme l'aide de camp d'un général. Lorsqu'il prenait soin de moi. Qu'il me protégeait de son innocence. Je m'aimais, dans ses attentions, dans la fierté qu'il me portait. Je m'aimais, dans cette dignité qu'il me prêtait, dans ce courage, dans cet honneur. J'aimais de lui tout ce que son coeur disait de moi. Lorsque Antoine me regardait, il voyait le Fianna triomphant, le compagnon de Tom Williams, le rebelle de Crumlin, l'insoumis de Long Kesh. Lorsqu'il me regardait, Danny Finley était vivant.
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Mon oncle ne buvait plus depuis 10 ans.
Un soir, il avait renversé sa voiture, heurtant un poteau, puis un arbre et roulant dans le fossé. Hilda et lui revenaient de chez le médecin. Les analyses de sa femme n'étaient pas bonnes. Ils n'auraient pas d'enfant, jamais. Rien d'autre qu'elle et lui, chaque matin, chaque soir, tous les jours de la vie. Et il en serait ainsi jusqu'à ce que l'un parte et que l'autre le suive.
En chemin, ils avaient bu pour oublier. Ils avaient traversé la frontière en criant, hurlant adieu aux Brits par la fenêtre ouverte. Et vive la République ! Et revoilà enfin le pays ! Et il a dérapé sur son sol. La voiture s'est retournée. Lawrence a vécu. Hilda est morte.
Depuis, mon oncle avait remplacé l'ivresse par le silence.
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Et puis j'ai vu mon premier mort de guerre, à quelques mètres de là. Un bras qui dépassait d'une couverture, brancard posé sur le trottoir. Le bras d'une femme, avec sa chemise de nuit soudée à la chair. Séanna a posé une main sur mes yeux. Je me suis dégagé.
− Laisse-le regarder, a lâché mon oncle.
D'un geste, j'ai repoussé mon frère. J'ai regardé. Le bras de la femme, sa main aux ongles faits, sa peau qui pendait du coude jusqu'au poignet comme une manche arrachée. Nous sommes passés tout près. La forme de sa tête sous l'étoffe, sa poitrine et puis rien, la couverture affaissée au niveau de la taille. Plus de jambes. Dans la rue, un crieur de journaux vendait le "Belfast Telegraph". Il hurlait des centaines de morts, un millier de blessés. Moi, j'ai vu un bras. Je n'ai pas pleuré. J'ai fait comme tous ceux qui passaient. Mon index et mon majeur sur mon front, ma poitrine, mon épaule gauche, mon épaule droite. Au nom du père et de tous les autres. J'avais décidé de ne plus être un enfant.
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[Ma femme Sheila] m'avait aimé parce que je combattais et avait préparé son fils à combattre. Des femmes portaient les armes à nos côtés, transportaient des bombes ou collectaient des renseignements mais Sheila avait fait un autre choix. C'était une militante, pas un soldat. Avec Cathy, Liz, Roselyn, Joelle, Aude, Trish et tellement d'autres, elles étaient le coeur même de notre résistance. Elles pansaient nos plaies, elles s'asseyaient en chantant devant les roues des blindés, elles bloquaient les quartiers en tablier de ménage, elles allaient chercher leur homme au fond du pub pour l'obliger à se relever. Quand l'ennemi entrait dans le ghetto, elles étaient les premières à l'accueillir. En robe de chambre, en chemise de nuit, pieds nus parfois, à genoux au milieu des rues, raclant le sol de leurs couvercles de poubelle, elles étaient notre alarme. Elles manifestaient sans cesse pour la liberté de l'Irlande. En rang par trois, sans un cri, portant la photo de leur emprisonné ou la couronne fleurie de leur mort. Et elles entraînaient avec elles une armée de landaus.
Pour vivre avec le sourire de son mari dans un cadre de deuil, soigner son fils qui rentre au petit jour, tenir la main de son enfant au dernier souffle du jeûne, il faut un coeur barbelé. Et Sheila était de ces femmes.
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Des femmes portaient les armes à nos côtés, transportaient des bombes ou collectaient des renseignements mais Sheila avait fait un autre choix. c’était une militante, pas un soldat.
Avec Cathy, Liz, Roselyn, Joelle, Aude, Trish, et tellement d’autres, elles étaient le cœur même de notre résistance. Elles pansaient nos plaies, elles s’asseyaient en chantant devant les roues des blindés, elles bloquaient les quartiers en tablier de ménage, elles allaient chercher leur homme au fond du pub pour l’obliger à se relever. Quand l’ennemi entrait dans le ghetto, elles étaient les premières à l’accueillir. en robe de chambre, en chemise de nuit, pieds nus parfois, a genoux au milieu des rues, raclant le sol de leurs couvercles de poubelle, elles étaient notre alarme. Elles manifestaient sans cesse pour la liberté de l’Irlande. En rang par trois, sans un cri, pourtant la photo de leur emprisonné ou la couronne fleurie de leur mort. Et elles entraînaient avec elles une armée de landaus.
Pour vivre avec le sourire de son mari dans un cadre de deuil, soigner son fils qui rentre au petit jour, tenir la main de son enfant au dernier souffle du jeûne, il faut un coeur barbelé.
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Vidéo de Sorj Chalandon
Rencontre avec Sorj Chalandon autour de son roman l'enragé paru aux éditions Grasset.


Sorj Chalandon, après 34 ans à Libération, est aujourd'hui journaliste au Canard enchaîné. Ancien grand reporter, prix Albert-Londres (1988), il est l'auteur de 10 romans, tous parus chez Grasset. le Petit Bonzi (2005), Une promesse (2006, prix Médicis), Mon traître (2008), La Légende de nos pères (2009), Retour à Killybegs (2011), le Quatrième Mur (2013), Profession du père (2015), le Jour d'avant (2017), Une joie féroce (2019) et Enfant de salaud (2021).
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13/01/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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