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sur 1700 notes
Coup de poing.

De Sorj Chalandon j'ai lu mon traître il y a quelques mois et ensuite le quatrième mur. J'ai beaucoup aimé ces deux romans. Une amie m'a fortement incitée à lire retour à Killybegs, sorte de suite à mon traître.

Il s'agit plutôt du point de vue du traître après celui du petit luthier français et soutien de l'Ira et des irlandais catholiques qui luttaient depuis des décennies pour une Irlande réunifiee contre la domination britannique.

Tyrone Meehan a vécu en Irlande du Sud, indépendante. Son père, ancien combattant de la cause irlandaise, a sombré après la séparation entre l'eire et l'Irlande du Nord. de là sans doute vient le poison qui irrigue le fils.

Après la mort du père, le frère de la mère accueille en Irlande du Nord Tyrone, ses frères et soeurs et la mère. le traître a 16 ans.

Dans les ghettos nationalistes d'Irlandais catholiques, misère, colère, haine et injustice font loi contre les loyalistes protestants et les britanniques, les Brits.

Embrigadement, enrôlement des jeunes gens dans les rangs de l'Ira, mouvement terroriste mais garant d'une certaine fierté de cette communauté qui combat pour un idéal contre ceux qui les oppriment.

Nous souffrons avec eux comme nous pouvons ressentir de l'incompréhension envers les attentats qu'ils fomentent et qui occasionnent des morts de civils innocents.

Côté loyalistes et britanniques nous pouvons ressentir le même dilemme : pourquoi une telle violence envers les mouvements de libération de l'Irlande et le besoin de protéger leurs proches contre des attentats criminels et politiques.

Tout ce livre n'est que dilemme et gris : ni blanc ni noir. Les bourreaux se font victimes et vice versa.

Pourquoi Tyrone, grande figure de l'Ira, trahira son camp ? Qui sommes-nous pour le juger ? En ces temps où de jeunes activistes de l'Ira meurent suite à une grève de la faim dans les prisons britanniques, Tyrone trahit les siens.

Je me souviens de ces visages des grévistes de la faim à la télé, à l'époque où trois chaînes existaient, la litanie des noms des décédés à chaque journal du soir. Je me souviens des attentats et crimes d'un côté comme de l'autre dans les journaux ! J'avais 15 ou 16 ans.

Ce livre est un coup de poing car il relate des faits d'une histoire récente et tragique. Il n'épuise pas le débat sur les bons et les méchants ; tout le monde est tour à tour l'un et l'autre.

Le style magnifique de Chalandon épouse l'arrêt de la respiration régulière du traître. Tout va vite, courtes phrases poétiques. La forme rejoint le fond



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Après avoir lu Mon traitre, il m'a semblé naturel d'en lire la suite ou plutôt la seconde version. Cette version donc, qui donne la parole au fameux traitre permet de comprendre. de comprendre ce que c'est de vivre en Irlande avec un père trop nationaliste pour s'occuper de sa famille, de comprendre l'occupation britannique et la lutte. Et puis, au fil du roman, on voit aussi le poids du mensonge et de la trahison, l'engrenage qui conduit à se livrer aux Britanniques et à se persuader qu'on le fait pour une bonne cause. Bref, c'est un magnifique roman à lire à la suite du premier.
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J'ai préféré Retour à Killybegs de Sorj Chalandon à Mon traître, mais je ne l'aurais sans doute pas tant aimé si je n'avais pas lu ce dernier.

Tyrone Meehan naît le 8 mars 1925 dans un foyer irlandais, républicain et pauvre. Son père, ancien de l'IRA, boit et bat ses enfants. Après sa mort, la famille de Tyrone se réfugie chez son oncle maternel à Belfast. Tyrone rencontre une autre forme de violence, celle de la guerre. Je ne dévoile rien en disant que Tyrone a trahi sa cause. La dédicace du livre est claire :
« À ceux qui ont aimé un traître ».
Retour à Killybegs, qui est plus puissant que Mon traître, raconte l'histoire du point de vue de Tyrone. Mais il vaut mieux la lire après pour l'apprécier pleinement. J'ai aimé la description de cette guerre et de ses horreurs vues de l'intérieur. Et des problèmes moraux que la guerre pose.

En revanche, je n'ai pas été convaincue par les motifs de la trahison, même si la mise en place est surprenante avec presque un air bon enfant. Tout est dans le presque.

Lien : https://dequoilire.com/retou..
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Dans la continuité de Mon traître, Retour à Killybegs est un roman qui nous emporte.
Le personnage de Tyrone est un personnage très émouvant et ambigu. On voudrait le secouer pour lui demander d'être plus explicite dans ses émotions, dans ses réponses, mais c'est un taiseux alors on accepte.

Ce qui est paradoxale c'est que ce roman est un roman intimiste c'est les doutes, le parcours d'un homme, d'un soldat, et même si on a quelques brèves explications on reste malgré tout dans le flou.

Et après tout c'est ce qui rend ce livre aussi poignant.
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Coup de coeur pour ce roman, qui est la suite de "Mon traître" de Sorj Chalandon. C'est un autre versant d'une même histoire en quelque sorte qui achève une tragédie irlandaise. 

Pour le comprendre , en saisir le sens, la chair,  l'âme ou l'esprit, il faut d'abord, à mon avis, avoir lu "mon traitre". 

Ici, le sujet c'est la guerre fratricide entre les protestants et les catholiques d'Irlande du Nord depuis les années 40 (début de l'engagement de Meehan à 2006 en passant par 1998 (date du début du processus de paix). 

Dans ce roman, le personnage principal, Tyrone Meehan, revenu dans la maison de son enfance à Killybegs, fait un flashback sur sa vie, qui est celle d'un de ces Irlandais catholiques, refusant l'humiliation subie, leurs révoltes, leurs combats avec l'IRA (l'armée Républicaine Irlandaise), sur leurs terres de Belfast, Derry, que les Anglais et leurs bataillons écossais ou gallois occupent, ou ils patrouillent, pourchassent les rebelles et l'IRA . L'IRA de Meehan, une armée clandestine, interdite, qui est partout, dans les rues, les pubs, les prisons harcèle l'occupant depuis 1969, provoque des attentats. On se souvient de la grève de la faim tragique de Bobby Sands en 1981, ce sera un traumatisme et une source de questionnement pour les militants de l'IRA et le début d'un tournant politique, le temps du Sinn Fein (parti nationaliste irlandais). 

S'il s'agit d'appréhender les choix, les décisions de Tyrone Meehan, Sorj Chalandon nous fait comprendre qu'un homme, tout héros qu'il paraît, est pris dans le tourbillon de la grande Histoire. le processus de paix nécessaire a précipité des politiques parfois dures à a accepter. Si, à l'écriture, Chalandon ne dénonce pas de salaud définitif dans les camps protestants ou catholiques, quand le MI-5 (services secrets anglais) s'y met, le complot prend forme...  dénonciations, meurtres, manipulation, le contre espionnage anglais connait la musique pour mettre le bordel... 

On voit, avec la tendresse que Sorj Chalandon a pour ses personnages, qu'il a vécu ces moments importants de l'Irlande, sur place au contact de ses habitants et de leur cause "a nation once again", et comme ses personnages, il met ses tripes sur la table.

On vit intensément ce roman magnifique, noir, aux couleurs orange et verte du drapeau, avec ses drames, ses souffrances, ses trahisons, ces pudeurs, ses fiertés.

C'est un très bon moment de lecture !
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Dans ce roman Tyrone meehan, le traître, devient le narrateur. Il va raconter sa vie de son enfance passée sous les coups d'un père alcoolique au moment où il écrit ses mémoires retiré dans la maison de celui-ci, en passant par ce qui l'a mené à la trahison.

J'ai davantage retrouvé dans ce livre l'humanité pure qui m'avait tant plu dans le quatrième mur. Un portrait de la guerre dans toute son horreur avec ce qu'elle a à la fois de vain et d' inévitable. Sorj Chalandon réussi à avoir un parti pris sans réduire la problématique à une opposition camp du bien/ camp du mal.
On est immergé dans les pensées de cet individu complexe, on saisit les rouages de ce qui l'a fait tel qu'il est. La part de ce que la vie impose par la naissance et celle, beaucoup plus ténue des choix et de leurs conséquences.
Toujours cette écriture forte et poétique qui me hape complètement. J'en ressors un peu vidée et la tête pleine de questionnements. J'adore.




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Eh bien, voici sans doute et enfin le livre qui m'a le plus touché. Enfin ! et merci Sorj Chalandon. Franchement ce que j'ai lu de plus émouvant, et surtout de plus juste. L'histoire de l'Irlande m'a toujours vraiment intéressé, rarement quelqu'un en avait aussi bien rapporté cette ambiance, si lourde.
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Cet roman qui évoque l'histoire de l'Irlande du nord m'a semblé désuet et pour tout dire, je me suis un peu ennuyé. C'est terrible mais cette guerre est passée aujourd'hui aux oubliettes. il y a toujours chez Chalandon le douloureux rapport père/fils sans doute lié à sa propre histoire... mais je n'ai pas accroché.
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Comme chantait U2 (dont je ne suis pas fan, que les choses soient claires) : "I can't live with or without you", et voilà qui sied bien à Sorj Chalandon, qui s'exorcise ici de Denis Donaldson, son ami nord-irlandais, son traître.

Après "Mon traître", justement, où il romançait cette histoire d'amitié et de trahison entre un jeune Français naïf et romantique (Antoine), et une figure historique et respectée de l'IRA (Meehan, inspiré de Donaldson), Chalandon reprend son récit depuis le tout début, comme pour essayer de comprendre, d'expliquer -et de faire la paix avec lui-même ?
Retour à Killybegs, donc, où Tyrone Meehan voit le jour en 1925, au sein d'une famille nombreuse mais pas heureuse, la faute à la misère et à un père héroïque, alcoolique et violent. Enfui à Belfast à 15 ans, il s'acoquine rapidement avec l'IRA, est de tous les combats contre les Britanniques et les loyalistes, et devient, au fil des années, une gloire du nationalisme irlandais. Qu'il finit par trahir. Pourquoi ? Comment ?

Roman douloureux, dans lequel Sorj Chalandon se met dans la tête de Tyrone Meehan et déroule 80 ans d'histoire nord-irlandaise. On y croise des personnages réels (Tom Williams, pendu à 19 ans ; Bobby Sands, mort de faim à 27 ans), on découvre l'ignominie absolue des autorités britanniques en Ulster, et on mesure la détermination hallucinante des nationalistes. Tout ce livre est aussi une réflexion sur l'engagement.
Tyrone Meehan ne cherche pas à s'excuser, mais il nous fait part de ses certitudes et de ses regrets. Des rêves qui le portaient et de la haine qui l'animait, des coups donnés et des coups reçus, de la guerre, de la prison, de la pauvreté, de la dignité. Il n'y a pas de héros ni de zéro, il n'y a qu'un homme. Forcément, le roman prend aux tripes.
Je l'ai dévoré avec bonheur et affliction. Bonheur, parce qu'en tant que fan de Chalandon, de son écriture, de sa générosité, de la justesse des causes qu'il défend, j'ai été pleinement comblée. Affliction, parce que l'histoire est celle des vaincus, remplie de solitude, de violence, de désillusion. Toutefois, ce roman vibre aussi d'une intensité fiévreuse et rageuse, et c'est pourquoi sa lecture me semble incontournable : c'est l'hommage magnifique d'un romancier à un combattant qui incarnait l'idéalisme républicain, et qu'il considérait comme un ami.

Alors, lisez-le. Et vous ne pourrez plus vivre sans le souvenir de Tyrone Meehan.
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J'avais découvert les personnages de Tyrone Meehan et d'Antoine le luthier dans un précédent livre de Sorj Chalandon « Le traitre ». Ma fille m'a prêté ce livre en me disant que ‘en saurai plus sur ce « traitre ». Effectivement, j'en sais plus mais j'ai encore beaucoup de questions.
Un livre dédié à la vie de Tyrone Meehan et de sa famille. Un livre dur, fascinant et qui tout nous narrant son parcours, nous fait plonger dans les réflexions humaines. Meehan, après un parcours exemplaire de résistant et d'activiste, va trahir. Pourquoi, comment ? Je ne vais pas vous livrer le secret, je vous laisse le découvrir.
Ce livre, remarquablement écrit, me soulève trois questions :
La première est celle du double jeu que Tyrone va jouer pendant 20 ans. Peut-on être soi-même et quelqu'un d'autre ? J'avais lu, il y a quelques années, un livre d'un auteur américain, Ken Jacobson, qui parlait des gens qui, pendant la seconde guerre mondiale, avait du vivre sous une autre identité pour échapper aux Allemands et qui, longtemps après la fin de la guerre, ne savaient plus qui ils étaient.
La deuxième porte sur l'image de soi, celle que vous voulez donner ou celle que les autres vous collent. Tyrol est prisonnier d'une image, celle du héros exemplaire et line peut s'en sortir. Comment it-on avec l'image que vous attribue les autres ?
La troisième est celle du poids de la famille. Tyoe a été fortement influencé par son père. Mais, à priori, il sera seul à aller aussi loin dans cette démarche de résistant. Un seul de ses frères y entrera mais renoncera finalement. Les autres vont émigrer. Alors, est-ce pour l'amour et l'admiration de sa femme, Sheila, qu'il va aller au bout du chemin ? La chute n'en sera que plus rude.
U très beau livre sur l'Irlande, une sale guerre et la notion de fidélité. Après tout, qui n'a jamais trahi ses croyances ? Onn'en sort que plus interrogatif sur soi-même.
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