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EAN : 9782266188623
157 pages
Pocket (01/10/2009)
3.79/5   7 notes
Résumé :
L'art de la guerre est la plus ancienne et traditionnelle des activités humaines, mais son exercice, depuis 1945 et le feu nucléaire, se manifeste surtout par des conflits irréguliers : guérillas et terrorismes dans lesquels les puissances occidentales, depuis le Vietnam, ne l'ont presque jamais emporté. L'affrontement contemporain entre insurgés et Etats n'est plus ce combat dans lequel le plus fort l'emporte sur le faible. L'enjeu, plus que jamais, réside dans l'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En parallèle à la baisse progressive du nombre de guerres interétatiques depuis 1945, Gérard Chaliand s'interroge sur la difficulté des troupes occidentales à l'emporter dans un contexte de guerres irrégulières. Alors que la supériorité de l'armement est systématiquement du côté des troupes régulières, ces dernières essuient des défaites cinglantes lorsqu'elles se voient confrontées à des guérillas. Comment expliquer ce paradoxe ? Pour l'auteur il faut d'abord retracer l'évolution historique de l'art de la guerre, ce qui amène à deux constats. Premièrement, et en corrélation avec la nature même de la guérilla, les populations sont aujourd'hui partie prenante des guerres asymétriques. Deuxièmement, un conflit ne peut être gagné que grâce à une volonté politique supérieure à celle de l'adversaire. S'emparer du pouvoir ne se limite donc plus à déposer par la force tel souverain ou tel leader politique, il correspond désormais à un incessant travail politique de mobilisation et d'encadrement. On le voit bien en Afghanistan ou en Irak, où la guerre ne pourra être gagnée par les occidentaux qu'en obtenant l'adhésion tacite d'une majorité de la population. Et Gérard Chaliand de pointer le concept de « dyssimétrie décisive » mis en exergue par le général français André Beaufre au début des années 1970 : un avantage stratégique, logistique et matériel, quel qu'il soit, ne peut à long terme l'emporter sur une idéologie politique exhortant à tous les sacrifices. La victoire militaire devient vaine si, au bout du compte, le vaincu n'admet pas sa défaite. Cette « dyssimétrie décisive » des guerres asymétriques découle deux grandes mutations : le renversement du poids démographique entre Nord et Sud, et, processus encore plus récent, le refus de plus en plus affirmé de la mort par les sociétés occidentales.

La démarche discursive de l'auteur s'avère pertinente dans la mesure où il appuie son analyse sur une rétrospective historique. Il revient sur l'antagonisme fondamental qui caractérisait la période située entre le IVe siècle av. J.-C. et le XVIe siècle ap. J.-C., qui n'était autre que celui entre nomades et sédentaires. de fait, c'est le foyer perturbateur issu des steppes centre-asiatiques qui déterminera pendant longtemps l'éclosion et la formation des grandes puissances caucasiennes. le retour sur la période coloniale permet également de nous éclairer sur les stratégies indirectes employées par les insurgés. Les guerres coloniales de l'époque victorienne introduisent l'apparition de la guérilla, et le parcours à travers le monde d'un Garnet Wolseley témoigne d'un empire colonial déjà en proie aux pressions centrifuges. En redonnant à la polémologie son « épaisseur historique », Gérard Chaliand s'affirme comme un spécialiste crédible des problèmes politiques et stratégiques des conflits armés.
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Les guerres irrégulières depuis trente ans changent-elles l'art de la guerre ?

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/12/10/note-de-lecture-le-nouvel-art-de-la-guerre-gerard-chaliand/

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La guerre d’Irak, jusqu’à la prise de Bagdad en avril 2003, est un succès opérationnel dû à l’immense supériorité technologique des États-Unis. Mais ce succès n’est pas décisif, dans la mesure où l’adversaire ne reconnaît pas sa défaite.
La guerre irrégulière, qui se traduit par la guérilla et le terrorisme, se met rapidement en place, tandis que le Pentagone ne consent pas à reconnaître l’importance du phénomène, qu’il attribue à une activité sporadique condamnée à dépérir.
L’aspect inédit de cette guerre tenait au fait que, contrairement à toutes les autres guerres irrégulières des soixante dernières années, entamées avec peu d’hommes, peu d’armes, peu de moyens financiers, peu de soutien populaire, l’insurrection sunnite était l’expression du noyau d’un État. issus des services secrets, des fedayin, ou de la garde républicaine spéciale, les éléments qui combattaient disposaient d’armes, de renseignements, de savoir-faire, de moyens et du soutien d’une partie croissante de la population sunnite, à mesure que celle-ci était politiquement marginalisée par les mesures édictées par Paul Bremer.
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Existe-t-il un nouvel art de la guerre ? Ou bien réside-t-il dans la capacité à constamment s’adapter à des conditions toujours changeantes, qu’il convient dès lors de s’efforcer à comprendre ? Les transformations de la guerre au cours des trois dernières décennies ont été importantes sur le plan technologique, mais la véritable révolution dans les affaires militaires concerne avant toute chose la dimension sociale de la stratégie, qui est intimement liée au contexte démographique et à l’évolution des mentalités dans les pays occidentaux.
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Dans l’esprit des Européens, la guerre coloniale était considérée comme une forme mineure de la guerre. L’infériorité numérique des troupes européennes, qui avoisinait généralement un rapport de un pour dix, était de règle. Mais outre leur puissance de feu supérieure, surtout à partir de 1870, elles demeuraient plus disciplinées et mieux encadrées. Si bien qu’en dehors de quelques revers, le ratio de leurs pertes et de celles de l’adversaire était en moyenne de un pour cinquante. (…) N’ayant nécessité qu’une mise modeste, la guerre coloniale a connu des succès sans commune mesure avec les moyens engagés. Les empires ont été tenus avec des forces réduites, l’Inde étant à cet égard exemplaire. La paix n’a pas régné pour autant, loin de là, mais les révoltes, fort nombreuses, sont quasiment toujours restées locales. Les Guerres grises (1978), de René Pélissier, illustrent parfaitement la fréquence quasi ininterrompue des insurrections coloniales, avec l’exemple du Portugal en Angola. (…)
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La stratégie maoïste est fondée sur le temps. Seul celui-ci permet, à force d’organisation et de mobilisation, de transformer graduellement durant le combat sa faiblesse initiale en force, ou, si l’on préfère, de passer d’une stratégie de défense à une stratégie offensive. La liaison entre le politique et le militaire est ici constante. Il s’agit de s’implanter auprès de populations et dans des zones où l’on veut organiser un « contre État », au sein duquel des hiérarchies parallèles remplacent l’administration. (…) Ce progrès dépend en grande partie de la tenue des militants du parti, qui doit contraster, par un souci de respecter les populations et de les aider, avec l’armée, qu’elle soit étrangère ou représentante de l’État, qui se comporte avec brutalité avec les administrés.
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C’est durant ces guerres coloniales fondées sur des stratégies indirectes du côté des résistants ou des insurgés que l’on s’aperçoit que la victoire militaire n’a de sens qui si l’adversaire admet sa défaite.
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Vidéo de Gérard Chaliand
Echange entre Gérard Chaliand, géostratège, aventurier, écrivain et Xavier Fos, président de stratégies françaises. Le spécialiste des relations géopolitiques répond à de nombreuses questions, dans un grand entretien. Gérard Chaliand, dont Hubert Védrine estime que c’est l’un des meilleurs géostratèges contemporains, évoque la Russie de Vladimir Poutine et la situation en Ukraine. Gérard Chaliand a accepté de répondre à nos questions. Quelle va être la conclusion du conflit en Ukraine ? Quelles conséquences a ce conflit sur l’OTAN ? Pourquoi le reflux de l’Occident est inéluctable ? Xavier Fos interroge l’auteur de plus de 60 ouvrages de stratégie militaire, de géostratégie. Gérard Chaliand revient sur la situation politique aux Etats-Unis (Biden vs Trump). Xavier Fos, président de stratégies françaises fait l’interview de Gérard Chaliand. L’écrivain décrit les spécificités de l’Afghanistan et les raisons pour lesquelles ce petit pays a réussi à repousser l’URSS et les Etats-Unis . Gérard Chaliand parle du conflit entre Israël et le Hamas. Le poète rencontre le club stratégies françaises. Gérard Chaliand explique son expérience au Moyen Orient, et notamment auprès des kurdes. Il évoque l’amour à travers les continents. Le spécialiste du monde nous explique le cheminement de la passion amoureuse. Il raconte comment la poésie a éclairé sa route. Gérard Chaliand explique ses origines arméniennes et le rapport qu’il a à ce pays natal.
+ Lire la suite
>Sciences sociales>Administration publique>Art et science militaires (143)
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