AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Moosbrugger


Chamfort s'inscrit dans la tradition des moralistes classiques tels que La Rochefoucauld ou La Bruyère pour nous livrer son « Produit de la civilisation perfectionnée ».

n°277 « Un homme d'esprit est perdu s'il ne joint pas à l'esprit l'énergie de caractère. Quand on a la lanterne de Diogène, il faut avoir son bâton. »

L'entrée, très copieuse, se compose des « Maximes et pensées », qui est une collection d'aphorismes sur des sujets divers (La solitude, l'esprit, l'esclavage…). Nous percevons de suite ce qui est touchant avec ce moraliste : nous ressentons une véritable présence à travers ces aphorismes, l'expression d'une âme revêche, orgueilleuse, sans compromis aucun. Un sale caractère qui a des choses à nous dire et qui n'hésite pas à s'impliquer ! C'est finalement tout le contraire des généralités très impersonnelles des Caractères de la Bruyère. En outre, Chamfort plaisait beaucoup à Nietzsche et nous comprenons pourquoi durant cette lecture. D'ailleurs, il nous faudra déjà parler ici des entremets, car comme avec les yaourts, vous pourrez constater que la philosophie du moustachu contient des vrais morceaux de Chamfort !

Mais Il est temps d'attaquer le plat de résistance, les « Caractères et anecdotes », qui se composent d'une collections d'indiscrétions concernant les personnages en vue de l'époque, gens de la cours , nobles, artistes, penseurs et membres du clergé. Ceux-ci relatent certains faits croustillants transmis depuis l'époque de Louis XIV, jusqu'aux faits rapportés par ouï-dire, ou dont Chamfort a été témoin, ayant cours durant le règne de Louis XV et de Louis XVI. Ces savoureuses et -supposément- véridiques histoires s'amassaient sur des petits billets que Chamfort conservait et qui furent publiés par son ami Guinguené. On y découvre un sens miraculeux de la concision et de la chute, et surtout un humour fin et corsé comme du gibier. D'ailleurs, après pourtant plusieurs lectures, ces anecdotes parviennent encore à me faire marrer ! Tout ceci est encore meilleur qu'une farce de Molière

Enfin, Les «Petits dialogues philosophiques » composeront le fromage, mais je pense que vous n'aurez plus assez faim pour apprécier ces derniers traits d'esprit...

L'introduction de Camus présente un peu l'auteur et son oeuvre. le caractère et la vie de Chamfort, misanthrope éminent (un chapitre de ses Caractères ne se nomme pas pour rien « du goût de la retraite et de la dignité du caractère »), sont en eux même des aspects indispensables pour qui veut ressentir tout l'âpreté et l'originalité de cette gastronomie unique, d'un auteur impitoyable aussi bien pour les absurdités de l'absolutisme que pour les débordements de la Révolution française.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}