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EAN : 9782742737338
110 pages
Actes Sud (08/04/2002)
3.61/5   14 notes
Résumé :

Khadija est marocaine. A trente-cinq ans, elle est architecte mais sa réussite sociale n'a que peu d'importance à ses yeux : Khadija vient de divorcer. Totalement brisée, elle n'a d'autre choix que de retourner vivre dans la maison de son père. Dans ce lieu magnifié par l'enfance mais qui n'a rien perdu de sa splendeur tout orientale, une cérémonie se prépare. le jeune frère de Khadija se marie et déjà ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une belle découverte [ ***pour ma 600 ème critique !] que cette auteure marocaine, dont j'ai acquis le premier roman, à sa parution, en 1999. Je ressens quelque honte à avoir tant tardé avant d'aller le rechercher sur mes rayonnages . ..Je l'avais débuté il y a un moment, et un autre ouvrage a dû accaparer mon attention, et je l'avais à nouveau mis en attente !!

Cette fois, je me suis "houspillée" de la plus belle manière pour enfin faire
connaissance avec cette dame de la littérature marocaine. Auteure mais aussi anthropologue, qui s'est beaucoup intéressée à la condition des femmes dans son pays...

Un style très poétique, des phrases qui se déploient d'autant plus lorsqu'elles évoquent les senteurs et les couleurs du Maroc de son enfance...mais aussi de ce Maroc ancestral dans la vie intime des femmes marocaines, l'omniprésence des croyances, des contes, des légendes que les grand-mères, mères transmettent à leurs petites filles et leurs
filles...

Une jeune femme, la narratrice, Khadija, 35 ans, architecte, après un divorce douloureux, n'a comme choix que de réintégrer le toit paternel , avec ses trois filles.
Même si Khadija a réussi socialement, comme architecte, l'échec de son mariage est vécu comme un échec lancinant et violent. Cette douleur personnelle est d'autant plus ravivée qu'au moment où elle revient dans la maison de son père, toute la famille prépare la cérémonie du mariage de l'un de ses frères...

"Et alors, pourquoi faudrait-il une maison pour une enfance, toujours la même, vers laquelle on reviendrait inévitablement, la maison de son père, tellement belle qu'on finirait par y échouer comme une barque à la dérive ? Ou alors faudrait-il toute sa vie s'acharner à bâtir une maison presque semblable, toujours dans l'ombre de la première..."(p.18)

Heureusement, elle y retrouve sa complice de toujours, sa cousine, Malika, avec qui elle peut parler et évoquer leur enfance commune, leurs souvenirs, leur éducation, leurs joies et chagrins de petites filles. Et elles, elles sont relativement privilégiées... elles n'ont pas eu à travailler , enfants, comme domestiques, ce qui était courant pour les petits enfants des classes trop pauvres !!

Un beau portrait d'une tante : Aïcha, adorée de ses deux nièces. Une personne belle et joyeuse, mais qui tombera malade, sera amputée partiellement de sa féminité...
Autre "maladie" (ou considérée comme telle) non exprimée: son célibat, sa vie auprès de ses parents , à s'occuper de ses neveux et nièces, frères et soeurs... sans s'être mariée, elle-même , ni avoir enfanté...
Même si elle est adorée , aimée par son talent à s'occuper de la maisonnée,
à raconter des contes, des légendes, à égayer toutes et tous, elle reste une femme qui n'a pas vécu sa destinée de "Femme , épouse et mère" comme il se doit !

Un roman attachant qui à la fois dit la beauté d'une enfance remplie de couleurs, et d'odeurs... mais aussi la pression des traditions, des usages qui soumettent, réduisent et limitent les droits ainsi que les choix des femmes. Tout cela est écrit avec élégance, poésie, fermeté, sans acrimonie, ni aigreur...

Juste quelques lignes de révolte contre les petites filles de familles pauvres,
issues le plus souvent des campagnes... défavorisées , avec des progénitures trop nombreuses, exploitées dans des familles de la ville, plus aisées !
"Un monde ancien, policé et violent, où de petites servantes dorment en boule sur des matelas de fortune, posés à même le sol, dans un recoin de la cuisine qui sent encore la coriandre et les amandes " (p. 60)

Je vais acquérir son deuxième ouvrage traduit, pour poursuivre la connaissance de cette auteure, qui m'a immensément touchée, par son
style et l'amour très contrasté mais authentique pour son pays... roman qui, je me rends compte, vient de paraître chez Actes Sud (toujours), en mars 2017 , intitulé "Mourir est un enchantement"...
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C'est un livre d'atmosphère, une grande maison au Maroc, des femmes qui préparent un mariage, qui racontent et se racontent des histoires et des légendes pleines de sens cachés ; il y a des étoffes dans de grandes armoires, des senteurs, et des chambres fraiches à l'abri des persiennes.

Khadija, architecte, est revenue dans la maison de ses parents, avec ses trois fillettes, lorsqu'elle s'est séparée de son mari ; pour elle, qui construit de belles demeures aux terrasses ombragées, c'était "la seule maison possible".
Que devient une femme sans homme dans le Maroc encore très contraint par le poids des traditions ? Il y a bien eu Aïcha, une tante adorée de ses nièces mais sans le statut de l'épouse et de la mère, la fille adorée de son père, une beauté solitaire partie trop tôt.
Khadija retrouve sa cousine Malika, sa complice, sa meilleure amie, venue de Paris pour la cérémonie ; mariée depuis cinq ans déjà et dont le ventre ne se remplit pas...

C'est une famille où toutes et tous n'ont pas "réussi" de la même façon et donc, où des écarts blessants se sont creusés ; omniprésence de la mère, toute puissante reine de la famille, qui compare, exige mais aussi aime et protège ; l'ancien Maroc n'est plus, regrette-t-elle.

Très belle écriture, fine et évocatrice - les belles djellaba de flanelle ou de laine fine, les doigts chargés de bagues, les chevelures magnifiques - font de ce récit un véritable joyau ; un petit livre, mais en quelques phrases tout est dit, un long poème : c'est très beau !

Premières phrases : " C'est pour elle la seule maison possible. Pas seulement à cause de l'allée d'orangers dont les branches alourdies de fruits exhalent en hiver une odeur si suave qu'elle enveloppe comme une haleine le visiteur happé dès le portail massif ouvert à grand bruit par le gardien alerté depuis la cour intérieure, où il vaque nonchalamment à d'improbables réparations. Comme tous les habitants de la maison, Khadija guette le premier envol de la course folle de Boujemàa. Puis elle identifie le vrombissement de la voiture paternelle chargée de victuailles, la farine et l'huile en quantité, le sucre et la menthe, la viande et les poulets vivants qu'il faudra égorger et plumer dès le lendemain."
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Un livre poignant par l'écriture très respectueuse de la souffrance et de l'humiliation d'une femme confrontée au divorce dans une famille construite sur le mariage. Maroc, certes, mais croisement des destins ordinaires. Qu'est-ce que la réussite à l'aune des valeurs familiales : l'indépendance, la réussite du couple, l'accomplissement de soi ?
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deux etoiles pour l'ambiance et la très belle prose. Sinon le contenu on connait, les traditions musulmanes, la complicité des femmes entre elles, la relation inter generationnelle...
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Un très beau roman qui évoque la vie de femmes au Maroc à la veille des noces du frère de l'héroïne. Des souvenirs naissent et on se laisse emporter par la magnifique écriture de Yasmine Chami-Kettani. À découvrir ! Détails sur le blog.
Lien : https://bibliblog.net/ceremo..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Malika dit encore d'une voie adoucie jusqu'au chuchotement: la fragilité d'un décor, comment peux-tu vivre dans un décor, comment peux-tu habiter un décor ? Tu construis des maisons, et c'est toi qui me l'as dit, les habitants y sont comme des âmes en peine, des maisons énormes comme des forteresses, il n'y a plus de place pour les jardins, rien que des carcasses enflées jusqu'à l'explosion, qui disent la puissance usurpée de leurs propriétaires. Alors quoi ? Est-ce nous, qui ne savons plus habiter nos maisons, ou sommes-nous tellement dépossédés de nous mêmes que nos maisons nous rejettent comme nous nous sommes rejetés nous-mêmes ? (p. 13)
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(...) une femme avec un sein dépareillé, mais où est passé l'autre, Aïcha incrédule effleure la chair sans conséquence du côté gauche, un seul sein, c'est bien suffisant pour une femme solitaire, que ferait-elle du deuxième ? Le destin de Aïcha, l'aimée, la convoitée, entre ses parents restée comme une femme impossible. Et la voilà séparée des autres à jamais, plus de bain pour Aïcha, elle l'a décidé, orgueilleuse, retranchée dans son sein droit comme dans une citadelle. (p. 90)
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"Aujourd'hui, l'avidité ronge les coeurs comme les détergents creusent le sol de fissures imperceptibles à l'oeil nu, mais un jour, alors que tu chemines avec une impavide sérénité, le sol familier s'effondre et tu découvres le vide."
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Le coeur d'une mère se gonfle d'orgueil lorsqu'elle voit ses fils devenir des hommes qui font frémir les filles et trembler les pères. Mais le coeur d'une mère qui voit sa fille embellir chaque jour, son corps plus souple, sa taille plus fine, ses seins plus gonflés, une langueur au fond des prunelles, de combien d'appréhension ne lui faut-il pas s'émouvoir ? La voilà devenue une proie pour tous ces chasseurs à l'affût, mais les chasseurs, ce sont mes fils, et je n'ai pas eu à trembler pour eux. (p. 68-69)
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Et alors, pourquoi faudrait-il une maison pour une enfance, toujours la même, vers laquelle on reviendrait inévitablement, la maison de son père, tellement belle qu'on finirait par y échouer comme une barque à la dérive ? Ou alors faudrait-il toute sa vie s'acharner à bâtir une maison presque semblable, toujours dans l'ombre de la première...(p.18)
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0:00:15 Introduction 0:01:02 Clément Camar-Mercier 0:11:47 Yasmine Chami 0:22:56 Sylvain Coher 0:33:49 Lyonel Trouillot 0:44:09 Clara Arnaud 0:55:03 Loïc Merle 1:06:13 Mathias Enard
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