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EAN : 978B00JOWPU4G
(14/04/2014)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: Novembre
L'érable nu frissonne, et de jaunes débris
Chaque sentier se couvre et chaque seuil s'encombre.
La rafale à travers les branches a des cris
Plaintifs comme le glas qui sanglote dans l'ombre.
Les bruits assourdissants croissent sous les grands bois
Agités et tordus comme une sombre houle.
Les hommes de chantier sont par... >Voir plus
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L’Ouiatchouan
Au poète Virgile Rossel.


Il tonne ? Non. Le lac brise sur le rivage ?
Non. Regardons, tournés vers la forêt sauvage,
Entre deux rocs abrupts, se dérouler sans fin
Le fluide rideau d’argent clair et d’or fin
Dont une extrémité tombe à pic d’une cime
Et l’autre tourne au fond d’un insondable abîme :
C’est l’Ouiatchouan qui plonge et clame éperdument
Dans son vertigineux entonnoir écumant
Où le soleil, dorant, au loin, frêne, orme et tremble
Ose à peine glisser une lueur qui tremble.
Approchons !... La clameur grandit incessamment.
Approchons ! approchons encore !... En ce moment
Nous sentons sous nos pas émus frémir la combe...
Et le fracas du mur s’écroulant sous la bombe,
Les craquements du cèdre en proie à l’ouragan,
Les rauques meuglements du farouche océan
Qui se rue, écumeux, à l’assaut des falaises,
Les crépitations des pins et des mélèzes,
Allumés par l’éclair incendiant nos bois,
Le bramement des daims et des cerfs aux abois,
Les éclats de la foudre et du bronze qui tonne,
Les râlements du glas dans la bise d’automne,
Le hurlement des loups, le grognement des ours,
Les sifflements du vent, les longs grondements sourds
Du volcan vomissant la lave et la ruine,
La plainte des mineurs enterrés dans la mine,
Tous ces sinistres bruits, tous ces affreux sanglots
Des hommes, des forêts, du feu, du fer, des flots,
Des éléments rageurs, des fauves en démence,
S’élèvent des remous fumants du gouffre immense.
Approchons !... approchons !... Le tonnerre des eaux
Ici nous assourdit, ébranle nos cerveaux,
Nous grise, nous écrase ; et, la paupière close,
Tremblant sur les cailloux où notre pied se pose,
Nous rêvons, nous voyons, dans l’ombre du grand bois
Se glisser, l’arc au poing, le féroce Iroquois ;
Nous entendons, parmi le fracas formidable
Du torrent qui se tord dans le gouffre insondable,
Les longs cris éperdus de prisonniers hurons
Scalpés et brûlés vifs par des hommes-démons,
Les lamentations d’une jeune victime
Qu’un sachem, le front nu, va lancer à l’abîme
Pour calmer la fureur des puissants manitous...
Par moments les grands flots échevelés et fous
— Que nos yeux trompés voient choir du ciel sur la terre —
Dans un apaisement subit, semblent se taire.
Et soudain notre oreille émerveillée entend
L’ineffable solo d’un rossignol chantant
Sur un mouvant rameau qui surplombe la chute.
Mais aussitôt des trils de hautbois et de flûte,
Des sons mystérieux, d’indicibles accords,
Des éclats de clairons, de bugles et de cors,
Auxquels le sifflement de la balle se mêle,
Couvrent l’hymne suave et pur de Philomèle,
Et, redits par l’écho dolent comme un adieu,
Montent vers l’impassible infini du ciel bleu.
Puis ce concert sans nom, dont la plage frissonne,
Redevient un long bruit discordant, monotone,
Étourdissant, sinistre, effroyable, angoissant….

p.110-111-112
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Novembre


L’érable nu frissonne, et de jaunes débris
Chaque sentier se couvre et chaque seuil s’encombre.
La rafale à travers les branches a des cris
Plaintifs comme le glas qui sanglote dans l’ombre.

Les bruits assourdissants croissent sous les grands bois
Agités et tordus comme une sombre houle.
Les hommes de chantier sont partis pour cinq mois,
Et le grand pin rugueux sous la hache s’écroule.

Un souffle sépulcral passe sur les vallons,
Les coteaux, les étangs, les forêts et les chaumes ;
Et quelquefois, la nuit, tout à coup nous tremblons
En croyant voir au loin errer de blancs fantômes.

Sous le soleil mourant tout est froid, sombre, amer,
Tout fuit dans l’air qui pleure et sur l’onde qui fume ;
Et les derniers hauts-bords, voyant poindre l’hiver,
Quittent nos ports glacés et plongent dans la brume.

Nul chantre ailé ne reste au bocage engourdi ;
Et, le soir, sur le ciel, qu’un rayon vague éclaire,
On voit se profiler, tourné vers le Midi,
Des canards migrateurs le vol triangulaire.

Au foyer chacun est morne, chacun est seul.
L’aspect du ciel blafard vous attriste et vous navre...
Et la neige déjà déroule son linceul
Sur l’arbre renversé – comme sur un cadavre.

C’est le mois des souleurs*, des regrets, des adieux...
Les cœurs sentent le froid des marbres mortuaires ;
Et des foules en deuil, des larmes dans les yeux,
Vont s’incliner devant les croix des cimetières.

p.67-68
* (Familier) Frayeur subite, saisissement, serrement de cœur.
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JUIN


Très tard le soleil sombre à l’horizon fumant,
Qui garde dans la nuit ses luisantes traînées.
Le fécond Prairial sous un clair firmament
Prodigue la splendeur des plus longues journées.

Une flamme de vie emplit l’immensité.
Le bleu de l’eau miroite. Adieu la nostalgie !
L’Été s’épanouit dans toute sa beauté,
Dans toute sa verdeur et toute sa magie.

Des vagues de lumière inondent les halliers ;
Les oiseaux de leurs chants enivrent les bocages,
Et, gais et turbulents comme eux, les écoliers
― Les vacances ont lui ― s’évadent de leurs cages.

Sur les arbres, les fleurs, les ondes, les sillons,
Partout nous entendons vibrer l’âme des choses…
Nous voyons par milliers éclore papillons,
Anémones et lis, trèfles, muguets et roses.

Et l’écureuil criard et le bouvreuil siffleur
De nos vastes forêts font tressaillir les dômes…
Les pruniers, les sureaux, les pommiers, sont en fleur,
Et nul mois canadien ne verse autant d’arômes.

Des souffles caressants frangent nos grandes eaux.
Un invisible encens flotte sur chaque grève ;
Et, tels les pins, les foins, les mousses, les roseaux,
Nous sentons en nous plus de chaleur, plus de sève.

Nous aimons mieux nos bois, nos champs ; nous aimons mieux
Nos pères, dont le culte à nos foyers persiste.
Et dans l’air embaumé vibre l’écho joyeux
Des chants et des vivats de la Saint-Jean-Baptiste.

p.57-58
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Octobre


Le ciel est tout couvert de nuages marbrés.
L’écho vibre au lointain comme un bronze d’alarmes.
Chaque nuit le gel mord les rameaux diaprés,
Et les feuilles des bois tombent comme des larmes.

Il vente, il grêle, il pleut. Les lourds torrents gonflés
Dans les vallons déserts grondent comme les fauves.
Pour des bords plus cléments les maestros ailés
Désertent, inquiets, les bosquets demi-chauves.

Des rayons hésitants tombent comme à regret
Du sombre firmament sur la terre alarmée...
Adieu les fleurs ! adieu les chants sous la ramée !
Adieu les rendez-vous au bord de la forêt !

Mais, comme le flambeau divin de l’Espérance
Fait envoler la nuit de tout cœur douloureux,
Le radieux soleil percera de ses feux
La brume qui dérobe aux yeux l’azur immense.

Midi flamboie encore, et les pêcheurs, toujours
Patients, sur les eaux laissent flotter leurs lièges.
Les vieux trappeurs, campés au fond des grands bois sourds,
Le fusil sous le bras, vont visiter leurs pièges.

De l’aube jusqu’au soir, sur le sol morne et froid,
Qui berce au vent sapins, ormes, frênes, érables,
Retentissent des chocs sinistres, formidables,
Où se mêlent des cris de triomphe et d’effroi.

Ce sont les défricheurs qui causent ces vacarmes :
Avec le fer brutal ils renversent les fûts
D’arbres portant jusqu’à l’éther leurs fronts touffus...
Et les feuilles toujours tombent comme des larmes.

p.65-66
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Dans la forêt
Au poète Henri Allorge.

À travers les fourrés de la forêt déserte
Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon,
Depuis une heure, y teint d’or et de vermillon
Un frais ruisseau d’argent – frangé de mousse verte –
Qui fredonne et bénit sans doute en sa chanson
Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon
À travers les fourrés de la forêt déserte.

En gazouillant parmi les cailloux pailletés,
L’eau nous semble égrener un chapelet d’opale.
À l’aurore, posé sur la branche natale,
Un oiseau chanteur dit la splendeur des étés.
Et, pendant qu’il épand sa flamme musicale,
L’eau nous semble égrener un chapelet d’opale
En gazouillant parmi les cailloux pailletés.

Vers le soir ; un grand cerf s’approche, pour y boire,
En suivant un sentier creusé sous les rameaux.
La brise y fait jaser les pins et les ormeaux ;
Mais, dès que tout se tait dans l’ombre morne et noire,
Dès que l’autel astral luit de tous ses émaux,
– En suivant un sentier creusé sous les rameaux,
Vers le soir, un grand cerf s’approche, pour y boire.

Tout à coup il bondit, au hasard de la fuite,
Si la clameur des chiens retentit au lointain ;
Il court furtivement, il court jusqu’au matin.
Sa narine est en feu, tout son être palpite,
Chaque fois qu’il retourne au courant argentin,
Si la clameur des chiens retentit au lointain,
Tout à coup il bondit, au hasard de la fuite.

Comme le cerf, au bord du frais ruisseau des bois,
Le poète est saisi de tremblements fébriles.
En entendant au loin la meute des zoïles
Qui lui jette ses longs et farouches abois,
Penché pour boire au flot de l’art divin, parfois
Le poète est saisi de tremblements fébriles,
Comme le cerf, au bord du frais ruisseau des bois.

p.118-119
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