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EAN : 9782070325313
208 pages
Gallimard (03/11/1989)
4.21/5   50 notes
Résumé :
« Soupçonnons que la poésie soit une situation entre les alliages de la vie, l'approche de la douleur, l'élection exhortée, et le baisement en ce moment même. Elle ne se séparerait de son vrai cœur que si le plein découvrait sa fatalité, le combat commencerait alors entre le vide et la communion. Dans ce monde transposé, il nous resterait à faire le court éloge d'une Soupçonnée, la seule qui garde force de mots jusqu'au bord des larmes. Sa jeune démence aux douze di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est un magnifique (petit) recueil de poésie (et de mini récits) et la dernière oeuvre de René Char. Un peu compliqué, certes, mais derrière ces difficultés on trouve une profonde sensibilité de l'auteur qui éveille la nôtre. À découvrir pour les amoureux de jolis textes.
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Après avoir lu il y a peu Effilage du sac de jute, je reviens vers René Char, vers ce qui restera comme son dernier recueil : Éloge d'une Soupçonnée.
Publié à titre posthume chez Gallimard en 1988, il fut réédité l'année suivante chez Poésie Gallimard, avec en ajout d'autres écrits du poète, Fenêtres Dormantes et Porte sur le Toit, Chants de la Balandrane et Les Voisinages de van Gogh.

Tout au long des pages, je retrouve la même émotion, la même conscience devenue familière, celle d'un homme qui n'abandonna jamais l'ombre d'une pensée, d'un combat, pas même l'ombre d'un poème. René Char ne déserta jamais le miroir des songes, ni l'offrande du réel, de l'Histoire aussi.

Dans une suite de poèmes en prose ou en vers libres, l'écriture de René Char se fait inquiétude, déception mais aussi espoir. le poète ne nourrit son rapport, sa présence au monde que dans une mise à distance de celui-ci. Il méprisait les vanités, les prétentions, la futilité de ses contemporains. Esprit exigent, René Char revendiquait une liberté vraie, intransigeante, une lucidité dans les actes et dans les mots.

« La seule liberté, le seul état de la liberté que j'ai éprouvé sans réserve, c'est dans la poésie que je l'ai atteint, dans ses larmes et dans l'éclat de quelques êtres venus à moi de trois lointains, celui de l'amour me multipliant. »*

Lire René Char m'est essentiel. Chacun de ses recueils sont comme une présence fortifiante. Il y a toujours chez lui cette écriture à hauteur d'homme, cette pensée fraternelle, sans faiblesse, sans renoncement qui me touche.
Choses, éléments, plantes, animaux, René Char captait d'instinct les signaux et son verbe restitue (aujourd'hui encore) cette grâce simple, ce souffle profane et terrestre qui hantait les sentiers, les paysages de son quotidien, qui vont du lever du jour jusqu'à la venue de la nuit.

« La poésie domine l'absurde. Elle est l'absurde suprême : la cruche élevée à hauteur de la bouche amoureuse emplissant celle-ci de désir et de soif, de distance et d'abandon. Elle est l'inconstance dans la fidélité. Elle envoisine l'isolé. »**

Son ultime éloge, René Char l'a réservé à la poésie, à cette Soupçonnée qui est la part révélée et souveraine de tout ce qu'il a vécu, de tout ce qui s'énonce et se tait, de tout ce qui ouvre et réduit notre existence.

« […] Dans ce monde transposé, il nous resterait à faire le court éloge d'une Soupçonnée, la seule qui garde force de mots jusqu'au bord des larmes […].»***


(*) extrait de « Riche de Larmes » in « Éloge d'une soupçonnée » - p.177
(**) extrait de « Tous partis! » in « Fenêtres dormantes et porte sur le toit » - pp.56-57
(***) extrait de « Bestiaire dans mon trèfle » in « Éloge d'une soupçonnée » p.181
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Depuis longtemps je caressais l'envie de lire ce poète, cet enfant du pays. le moins qu'on puisse dire c'est que sa poésie n'est pas à la portée de tout le monde, du moins dans ce recueil là! Une sorte d'ivresse s'empare du lecteur, surtout quand il évoque le plateau des Claparèdes que je connais très bien, le Ventoux, où encore la Sorgue qui coule près de chez moi. mais R Char s'adresse à une sensibilité spéciale, il ébranle en nous des portes insoupçonnées, et quelques fois, on sent l'étincelle du génie nous éclairer. Mais atteindre le sommet de ce poète est ici un art difficile et pour un premier essai il n'est pas évident. Compliqué, difficile et parfois charmant. Désarmant très souvent....
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Difficile de se faire une idée sur René Char à travers ce petit recueil de poésies et textes divers...

Remise à l'éditeur dans sa version définitive peu de temps avant le décès de l'auteur, "Éloge d'une soupçonnée" est une petite plaquette d'une trentaine de pages qui, néanmoins, engage à aller plus loin avec René Char...

A approfondir, pour ma part.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
RICHE DE LARMES

Merveilleux moment que celui où l'homme n'avait nul besoin de silex, de brandons pour appeler le feu à lui mais où le feu surgissait sur ses pas, faisant de cet homme une lumière de toujours et une torche interrogative.

[…]

Pourquoi changer la pente du chemin qui conduit du bas jusqu'au sommet et que nous n'avons pas le temps ni la force de parcourir en entier ?

L'art est fait d'oppression, de tragédie, criblées discontinûment par l'irruption d'une joie qui inonde son site, puis repart. Laissons l'énergie et retournons à l'énergie. La mesure du Temps ? L'étincelle sous les traits de laquelle nous apparaissons et redisparaissons dans la fable.

La seule liberté, le seul état de liberté que j'ai éprouvé sans réserve, c'est dans la poésie que je l'ai atteint, dans ses larmes et dans l'éclat de quelques êtres venus à moi de trois lointains, celui de l'amour me multipliant.

La zone d'écriture si difficile d'accès, nue au bas de l'abrupt, mais retirée à lui.

Il faut à tout moment expulser de soi ce qui trouble cette source, et couche jonc et roseaux, chers à l'Aimée. Plus de place, sur la planète, même en se serrant.

pp. 175-178
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LÉGÈRETÉ DE LA TERRE

Le repos, la planche de vivre ? Nous tombons. Je vous écris en cours de chute. C’est ainsi que j’éprouve l’état d’être au monde. L’homme se défait aussi sûrement qu’il fut jadis composé. La roue du destin tourne à l’envers et ses dents nous déchiquettent. Nous prendrons feu bientôt du fait de l’accélération de la chute. L’amour, ce frein sublime, est rompu, hors d’usage.
Rien de cela n’est écrit sur le ciel assigné, ni dans le livre convoité qui se hâte au rythme des battements de notre cœur, puis se brise alors que notre cœur continue de battre.

p. 46, Fenêtres dormantes et porte sur le toit, 1973-1979, III, « Comment te trouves-tu là ? Petite marmite, mais tu es blessée ! »
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L'Amante

Tant la passion m'avait saisi pour cette amante délectable, moi non exempt d'épanchement et d'oscillante lubricité, je devais, ne devais pas mourir en sourdine ou modifié, reconnu des seules paupières de mon amante. Les nuits de nouveauté sauvage avaient retrouvé l'ardente salive communicante, et parfumé son appartenance fiévreuse. Mille précautions altérées me conviaient à la plus voluptueuse chair qui soit. À nos mains un désir d'outre destin, quelle crainte à nos lèvres demain?
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LES VENTS GALACTIQUES

- Que fait ton amour, alors que, la maison achevée, tu t’occupes de dresser pour lui un parterre de fleurs, d’élargir une allée de graviers nains, de broder et d’ajouter la calotte nocturne du ciel pour l’arrière de sa tête ?

- Jalonnant la campagne, il jouit d’une autre aise, il creuse des fossés, il enjôle des murs, il rêve d’un cheval gris qui piaffe sous les pommiers.

p. 69, Effilage du sac de jute, 1978-1979
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L'instant est une particule concédée par le temps et enflammée par nous.
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Videos de René Char (57) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de René Char
Les grands classiques du répertoire N°1 : René Char. “Claire”, suivi de “Fêtes des Arbres et du Chasseur” - Première diffusion sur la Radiodiffusion-Télévision Française : 14/05/1955. Réalisation : Alain Trutat. Musique originale : Pierick Houdy. Chef d'orchestre : Pierre Michel Le Conte. Avec Jacqueline Pagnol, Pierre Vaneck, Roger Blin, Madeleine Sylvain, Jean Mauvais, Pierre Leproux, Gaetan Jor, Jean-Jacques Morvan, Jean Péméja, Roger Pigaut, Jean Topart, Paul Emile Deiber, Lucienne Bogaert, Pierre Larquey, Michel Dumur, Catherine Goetgheluck. Et Cyril Dives à la guitare et l’Orchestre National de la RTF. “Claire” Dans cette suite, René Char suit le cours d’une rivière à laquelle il donne le nom familier de Claire. Il imagine que dans les villages et les lieux qu’elle traverse vivent, participant de l’existence de tous, des jeunes filles et des jeunes femmes appelées également Claire. Mais elles ne sont que des personnifications vivantes de la rivière elle-même. Claire est celle que le poète attend, la “Rencontrée” qui seule lui permet de chasser ses fantômes et de continuer à vivre. Claire est une et plusieurs, toutes celles qui “aiment, rêvent, attendent, souffrent, questionnent, espèrent, travaillent”. À travers les personnages d’un chef d’opérations dans le maquis puis d’un chargé de mission de la Résistance, ce sont ses propres contradictions qu’interroge le poète des “Feuillets d’Hypnos”. Dans “Claire”, il poursuit sous une forme dramatique son analyse à la fois poétique et politique du réel, avoue ses déceptions face à l’hostilité d’un monde qui aurait dû changer et s’est reconstruit, étranger à cette espérance. “Fêtes des Arbres et du chasseur” Poème pour voix et guitare. Deux joueurs de guitare sont assis en plein air dans l’attente du chasseur. Ils échangent des poèmes. Thèmes : Création Radiophonique| Radiodiffusion-Télévision Française| Grands Classiques| Poésie| France Culture| René Char
Source : France Culture
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