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Pierre Escudé (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782714309273
365 pages
José Corti (19/10/2006)
4.44/5   8 notes
Résumé :

Pour quelles raisons lire aujourd'hui, et prendre plaisir à lire, ce " récit anecdotique " dont Charcot lui-même nous dit malicieusement dans l'Avant-propos qu'il n'a " aucune prétention littéraire " ? Cent ans après son édition et soixante-dix ans après la mort de son célèbre auteur, Le Français au Pôle Sud de Jean-Baptiste Charcot pourrait bien être l'un de nos plus grands livres d'aventur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est sans doute parce que l'éditeur José Corti, à l'image si particulière et au catalogue bien fourni, s'est décidé à publier, cent ans après son original chez Flammarion, une nouvelle version du livre issu de la première expédition maritime en Antarctique de Jean-Baptiste Charcot, que l'appétit du lecteur avide et curieux fut réveillé.
Riche en aventure, cette signature garantit également une certaine qualité littéraire, rendant la lecture de ce livre particulièrement enrichissante, alors que nous n'étions pas revenu croiser dans ces parages depuis le magnifique voyage de Jean-Paul Kauffmann à Kerguelen ( dans « L'arche des Kerguelen - Voyage aux îles de la Désolation » ).

Du bien bel ouvrage, dans le fond comme la forme, pour ce récit d'une expédition-modèle au doux parfum de terra incognita ; de son financement limité et laborieux à réunir, à son indéfectible équipage, on y suit toutes les étapes de sa préparation, à travers une longue introduction de l'amiral Fournier.

Le coeur de l'ouvrage en est bien-sûr son journal de bord, tenu de manière talentueuse et littéraire par Charcot lui-même.
Les annexes scientifiques de la première édition ont été remplacées ici par une longue postface contemporaine de Pierre Escudé, concentrée sur l'héritage littéraire que ce texte a engendré dans l'oeuvre de Jean Giono, achevant de justifier cette publication chez un éditeur si « marqué » par une certaine littérature… celle des contes et du symbolisme, et bien-sûr celle de Julien Gracq

Un cahier central reproduit plusieurs photographies de l'expédition de manière sobre et émouvante, renforçant la proximité et la sympathie pour cet équipage si soudé dans sa diversité, modèle de courage et d'abnégation devant l'hypothétique promesse de découvertes, elles n'entrainant que d'obscurs palmes académiques et l'occasion de nommer quelques tas de cailloux gelés.

Une véritable passion anime tous ces hommes, des machines jusqu'au pont, accompagnée cette fois-ci — plutôt rare pour l'époque — d'une farouche volonté de respecter, voire de préserver la Nature.
Le rapport qu'entretient le capitaine Charcot avec les différentes espèces de pingouins / manchots rencontrées là-bas dépasse la simple anecdote mignonne ; elle revêt un caractère quasi-central dans son récit, le naturaliste devant la tentation de l'ethnologue… Ils y représentent le peuple indigène avec lequel on fraternise, tentant de ne pas bouleverser leurs habitudes… l'anthropomorphisme y servant avant tout sa plume…

On se prend à explorer les cartes de ces terres où l'on n'accostera jamais, prenant rendez-vous pour une prochaine aventure, retrouvant à cette occasion Rallier du Baty — élève de la marine marchande, alors promis à un brillant avenir sous le commandement Charcot — que nous saluerons quelques années plus tard pour ses aventures aux Kerguelen, enfantant d'un livre intitulé : « On peut aller loin avec des coeurs volontaires »

Ou comment une dose de romantisme, accompagnée d'un brin d'humanisme, permettent de garder un peu de confiance devant cette « folie » humaine que représente son besoin de tout explorer ( ou bien malheureusement de « conquérir » ? ), écho alpestre de ces « conquérants de l'inutile ».
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 mars 2007
Lecture jeune, n°121 - Belle idée que cette réédition du « récit anecdotique » publié par Jean- Baptiste Charcot à son retour de l’expédition qu’il conduisit dans l’Antarctique de juin 1903 à mai 1905. Ce récit se compose principalement de son journal de bord, qu’il enrichit d’une longue introduction où nous découvrons les objectifs et les acteurs de cette formidable aventure. Il s’agit, écrit-il, d’une curiosité de savant - découvrir des terres nouvelles, les cartographier, inventorier la faune, étudier la météorologie… -, mais aussi d’une envie de damer le pion aux Anglais et aux Nordiques déjà bien engagés dans ces mers. Le Français au Pôle Sud est un journal écrit pour soi, où Charcot relate ses difficultés et ses joies avec sobriété et modestie. Durant ces vingt-deux mois d’héroïsme permanent, c’est toujours ses compagnons qu’il met en avant, qu’il s’agisse de pomper après une énorme avarie ou de pousser la baleinière embourbée dans la glace fondante. Malheureusement, le lecteur a beaucoup de mal à le suivre en raison d’un cruel défaut de cartes. Il se perd dans ses allées et venues, le récit en devient répétitif. Et pourtant ! La langue est belle, claire, souvent comique quand Charcot évoque ses démêlés avec les pingouins ou les icebergs. Elle se fait lyrique et chaleureuse dès qu’il est question d’homme. Réseau de lecture : on complétera ce témoignage avec le beau documentaire de Serge Kahn, Jean-Baptiste Charcot, explorateur des mers, navigateur de pôles (Glénat, 2006), illustré avec des documents de la famille Charcot. A noter que l’Année polaire internationale débute en mars 2007. Elle comportera une traversée terrestre de l’Antarctique dont Charcot aurait rêvé. ndlr Michelle Brillatz
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
27 Janvier 1904. – À 8 heures du soir, nous avons appareillé quittant la baie Orange et nous dirigeant vers le Sud. Notre court séjour dans ce coin perdu a été comme une sorte de transition entre la vie civilisée et le monde nouveau et désert vers lequel nous nous dirigions. L’Expédition commence pour de bon et les pensées qui, depuis de longs mois, ne m’ont pas quitté, se pressent et m’assaillent avec plus de force et de ténacité que jamais.
Réussirons-nous ? Et parviendrons-nous à justifier la confiance de ceux qui nous ont soutenus et aidés ? C’est une dure partie que nous jouons et les critiques si largement prodiguées au départ le seront encore plus au retour si nous revenons bredouilles.
Il ne s’agit même pas ici de « vaincre ou mourir », il faut à tout prix réussir, car notre perte même justifierait tout ce qui a pu être dit et ne compenserait pas les sacrifices consentis. Si l’Expédition revient, combien, hélas ! de ces braves compagnons maintenant si pleins de vie et d’ardeur, si heureux de se lancer dans les aventures de l’inconnu, répondront alors à l’appel ?
C’est une formidable responsabilité que j’ai assumée, et dont je sens plus aujourd’hui que jamais le poids énorme ; j’ai seulement un but à atteindre, mais encore dois-je y parvenir en ménageant les dix-neuf existences de ceux qui m’accompagnent.
Mes collaborateurs sont décidés et travailleurs, l’équipage admirable, plein d’enthousiasme, comme le prouve ce souhait du 1er janvier fait en me serrant la main : «… que vous nous emmeniez très très loin, plus loin que les autres ». Nos vivres, nos approvisionnements en général sont abondants et supérieurs à ceux de la majorité des expéditions, la coque du bateau est bonne à tous les points de vue, nous sommes suffisamment bien montés pour nos travaux scientifiques, but de l’expédition, mais la voilure, un peu trop petite et mal équilibrée, nous empêche de virer de bord vent debout, et la machine, déjà beaucoup trop faible, me cause de sérieuses inquiétudes sur son bon fonctionnement. C’est bien entendu à moi, et à juste titre d’ailleurs, que seront faits tous les reproches, si quelque accident arrive, et cependant était-ce possible de remettre encore un départ déjà trop tardif ? Était-ce ma faute si, l’argent manquant, j’ai dû agir avec économie ? N’est-ce pas un tour de force d’être arrivé à ce résultat avec les faibles moyens dont je disposais au milieu des ennuis et des entraves qui m’assaillaient dans le temps si court que j’avais devant moi ? C’est déjà bien beau de pouvoir partir enfin, malgré toute la malchance des débuts de l’expédition qui, jusqu’à Buenos Aires, semblait ne pas vouloir nous quitter.
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Video de Jean-Baptiste Charcot (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Baptiste Charcot
Jean-Baptiste Charcot, explorateur des mers, navigateur des pôles. Médecin de formation comme le souhaitait son père Jean-Martin, Jean-Baptiste Charcot sera finalement marin de vocation. Il découvrira de nouvelles terres et naviguera plus de trente ans dans les mers polaires. Très respectueux de la nature, il sera le premier à considérer ces régions comme un terrain de travail et non comme un champ de courses... Récit d’une vie en compagnie de Serge Kahn, auteur de Charcot, explorateur des mers, navigateur des pôles.
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