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EAN : 9782710370031
176 pages
La Table ronde (10/01/2013)
3.75/5   4 notes
Résumé :
«Je ne sais rien faire, sinon répéter ce geste de Madame G. Ce geste d'inviter les enfants au restaurant.» Voilà sans doute, parmi tant d'autres, le legs le plus précieux de Madame G. au futur père maladroit qu'elle prit sous son aile quelque cinquante ans plus tôt. Tour à tour incarnation d'un désir enfantin, grand-mère élective, discrète bailleuse de fonds ou dépositaire des plus grands secrets, elle fait partie de ces gens qui traversent une existence et en devie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un livre attirant par la photo du bandeau de couverture, un titre douloureux...et j'ai eu envie de découvrir cet auteur dont je ne connaissais rien.
Yves Charnet est un adulte sans enfance, ou plutôt une enfance cernée par deux femmes, sa mère et Madame G, à qui les mots de ce livre rendent un vibrant hommage.

"C'est de ma mère que je n'arrive pas à parler. Dans ce livre sur Madame G, ce livre à tort ou à travers, ce livre comme un vieux disque rayé. Je suis malade. Complètement malade. Madame G. est une mère inaltérable. Ma mère inaltérée."

Les souvenirs affluent, dans le désordre, les chapitres sont courts, quelques lignes quelquefois. Madame G est là, presque à chaque page, cette femme amie de sa mère et institutrice comme elle, qui lui a donné beaucoup de tendresse et l'amour des livres, peut-être aussi des rêves de célébrité.
La mort de Madame G, qu'il n'a jamais tutoyé ni appelé par son prénom semble avoir déclenché ce livre-confession. Il le dit lui-même c'est un livre d'amour et de folie. Marie-Pierre, son unique amour qu'il a perdu. Rachida, comme une passion, mais il ne peut lui donner plus. Il se traite même de porc....
L'auteur joue avec les mots : " à perte de vie" " les mots imprononcés" " ce bébé perdu ce bébé merdu". " cet enfermaman" C'est normal à la Charité sur Loire.
Je ne sais si c'est un livre impudique, sans doute un peu. C'est un livre hommage en tout cas, un livre de mémoire où s'invitent de nombreux personnages de la chanson du cinéma et de la politique..

" Ce livre à vau-l'eau sur la mémoire en crue"

C'est exactement cela et j'ai beaucoup aimé cette atmosphère, cette détresse d'un homme avec un "père zéro" qui dit " je n'ai pas de place dans ma vie".
Madame G, cette grand-mère d'adoption, est le fil ténu qui lui a permis d'avancer mais la tristesse durera toujours...Yves Charnet ne semble pas avoir fait son deuil.
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Merci à La Table Ronde pour ce livre et à masse critique, j'ai très envie de lire Prose du fils et de poursuivre la découverte de cet auteur à la prose si poétique.

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Dans ce livre aux allures de carnet de notes jetées deci delà au fil du temps, Yves Charnet nous invite dans les méandres de sa vie. Ce sont des phrases courtes, telles des gifles qui nous font cheminer dans sa nostalgie du passé.
Malgré toute la bienveillance de Mme G, qu'il considère comme sa grand-mère, et qui l'a initié notamment à la littérature, il ne trouvera jamais le bonheur dans sa vie d'adulte. Pourtant, dans le microcosme qu'il formait avec Mme G et sa mère célibataire pendant son enfance, tout était mis en oeuvre pour en faire un héros de l'ascension sociale à laquelle la gauche Mitterrandienne faisait rêver. Il ne peut faire le deuil de ce passé au bonheur candide.
Cette autobiographie poétique est émaillée de références à divers domaines artistiques : Pialat, Van Gogh, Baudelaire, Nougaro, Ajar, Trénet ou encore Sardou. Parsemés tout au long du livre, de nombreux jeux de mots nous tiennent en alerte comme pour ne pas sombrer dans sa propre mélancolie presque maladive.
Détail amusant : lorsque je lisais ce livre, les mots suivants me venaient sans cesse à l'esprit : ritournelle, mélancolie, mémoire et mort. Et en page 153, je retrouve ces mots sur quelques lignes comme pour confirmer mon ressenti…..
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Comment cerner ce livre, si ce n'est en le comparant à un nodule marin : une concrétion minérale formée de cercles concentriques autour d'un noyau ? La comparaison vient forcément à l'esprit, quand on s'avance dans les sept dizaines de textes denses qui composent ce volume assez inclassable.
Autofiction, remémoration, roman familial, traversée poétique, exercice de détestation, hymne à l'amitié, aventure langagière… ? Il y a en effet de tout cela, le plus souvent séduisant, parfois aussi irritant. Autrefois on aurait parlé de miscellanées, sorte de mosaïque littéraire, de « mélange » sans véritable principe directeur. Aujourd'hui l'on s'attacherait davantage à l'aspect fragmentaire de la chose, tel un gage de modernité. Si rien ici n'apparaît linéaire, il n'en reste pas moins qu'Yves Charnet, sous cette semblance hétéroclite, raconte bel et bien une histoire, la sienne. Changeant continûment la focale, recourant aux masques et autres écrans, affectant de s'effacer pour, au bout du compte, composer le portrait d'un écrivain malaisément classable. Ne déclare-t-il pas lui-même situer son existence littéraire hors de toutes les cases existantes ? L'enfant sans père des bords de Loire (« La Bâtardise. C'est un mal incurable. Un cancer de l'identité. Je fais partie des nés troués »), qui partit de Nevers pour intégrer Normale Sup et plus tard vint s'installer à Toulouse, y enseignant un temps à SUPAREO, propose en effet une littérature singulière qui ne paraît pas craindre le risque de la confidentialité. Il y a en lui quelques chose des « exagérés » de la Révolution, ces hébertistes dont le journal « le Père Duschesne », avec ses gros mots, ses provocations, ses vindictes et ses outrances avait retenu l'attention de Roland Barthes dans « le Degré zéro de l'écriture », tel le contrefeu à une pensée totalitaire.
Au centre, même s'il affecte de choisir l'ombre, se tient donc l'écrivain en sismographe de l'époque, inventant en effet sa langue énervée et exagérée, avec ses créations et ses distorsions, à la façon des rappeurs, malgré l'apparente distance de leurs champs de références respectifs. Chez lui Serge Lama et Claude Nougaro, Michel Sardou et Léo Ferré, Michel Jonasz ou encore Dalida. Au cinéma Jean Gabin, Alain Delon, Claude Sautet et Lino Ventura. En littérature Rabelais, Antoine Blondin, Michel Deguy, les dialogues de Michel Audiard, Georges Perros, Pierre Bergounioux et par-dessus tout la proximité avec Denis Tillinac, « cet inénarrable anar. » Certes reflets d'une époque maintenant éloignée, mais qui dessinent en creux, les uns et les autres, un profil en lequel un « anarchiste minutieux » à l'égal de l'autre se donne à reconnaître. Juste à côté de celui qui écrit, placé par lui dans la lumière, se tient l'autre figure majeure, qui donne au livre son titre : son ami Christian Thorel, connu en 1996, qui en 1978 avait repris à Toulouse, rue Léon Gambetta, la librairie « Ombres blanches » pour en faire l'une des toutes meilleures librairies indépendantes de France. Récit en forme de kaléidoscope d'une amitié : « Sans lui cette ville ne serait pas la même (…) C'est un point d'appui pour vous. Un point de repère. Vous le considérez. Comme un sorcier des signes. » Avec infiniment de délicatesse Yves Charnet évoque cette relation au long cours entre deux êtres assez peu semblables et ce qui en constitue le fond, l'ininterrompue conversation, faite de mots comme de silences, qu'ils entretiennent depuis tant d'années.
Tout cela dit dans une langue qui aime à s'affranchir des usages graphiques traditionnels et des joliesses du beau style. Faisant mouche quand il est question des « ratuvus» ou d'un être « admiraimé. » Flirtant avec le mauvais goût, quand il est question de la « makronie », un usage du K qui renvoie à son omniprésence dans un passé pourtant sans commune mesure avec le présent. Yves Charnet ne réfrène ni ses admirations ni ses détestations. Ainsi ses appréciations radicales du confinement ou de la vaccination : « Je n'ai plus grand-chose à dire à des contemporains préférant leur santé de centenaire aux risques de la liberté. » L'ami subtil du libraire de Gambetta peut aussi bien grossir terriblement le trait. Son livre se présente sous l'espèce d'un nodule littéraire. C'est ce qui en lui irrite et enchante.

Lien : https://jclebrun.eu/blog/
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Abandon, séparation, deuil et amour sont les ingrédients de cet hommage. L'auteur nous entraine au plus profond de son coeur. Beaucoup de douleur ressort de cet écrit, on ressent une certaine difficulté de construction (personnelle) chez l'auteur. Riche en souvenirs douloureux ou agréables, cet écrit laisse à penser à une production thérapeutique .

Malgré cette profusion de sentiments, je ne me suis pas sentie touchée, l'auteur y fait un grand travail sur lui même auquel je suis étrangère et je m'en excuse.
J'ai tout de même beaucoup apprécié la richesses des références musicales et cinématographiques : un grand plus.

Je tiens à remercier Masse critique et les éditions "la table ronde" de m'avoir permis de découvrir cet auteur et son univers. Toute découverte n'est elle pas enrichissante ?
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pour ma statue, dans la cour de l'école, Albert-Camus, à Nevers, je crois que c'est foutu. Mon marbre de Bâtard reconnu sur le tard. Maman était institutrice dans ce groupe scolaire. Mon père psychologue. c'était à mourir aux éclats.
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Il n'y avait plus, sur ma paume, que cette main usée. Cette main des mots imprononcés. Comme un poème muet sur ma peau.






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Nous faisons un enfant à deux têtes. Une demie-soeur, un demi-frère. Christine a un père. Moi un géniteur. On ne choisit pas.
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Ma mère a l'art de se taire. Pas de blabla.
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Video de Yves Charnet (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Charnet
Yves Charnet - Miroirs de Julien l'.Yves Charnet vous présente son ouvrage "Miroirs de Julien L" aux éditions Au diable Vauvert.http://www.mollat.com/livres/yves-charnet-miroirs-julien-l-9782846264044.htmlNotes de Musique : Sol y Sombra - 1 - al Cid de Salteras
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