L'auteure dresse un portrait de notre esprit en terme, d'abord, de passions primaires, telles qu'ont pu les définir
Descartes,
Aristote ou encore
Spinoza : la joie, le désir, la tristesse, l'espérance... Puis elle différencie également les passions en fonction de leur objet, de leur régime, de leur mesure. Les passions libérées, l'amour et la sexualité, sont des passions très basiques, communes à tous, sous réserve de ne point être brimées. Les passions plus récentes, telles que la consommation, le travail, la finance, sont des passions de société, qui ne se basent sur aucun élément
physique et naturel, mais qui amènent aussi à de grands tremblements dans l'être actuel, au dépend de passions ancestrales telles que la religion, le nationalisme, l'honneur et l'humilité. Il y a également des états qui sont souvent présents mais sur lesquels on s'accorde à faire l'impasse, tels que le déni, l'ennui, la présence.
Avant, pour discuter de ces passions, nous avions la philosophie, depuis toujours une bonne institutrice pour apprendre à se connaître ; aujourd'hui, nous pouvons déjà mieux comprendre comment fonctionne notre esprit grâce aux progrès de la science. Mais peut-on ramener notre esprit et tout ce qui en découle à notre seul cerveau ?
Après avoir disséqué l'esprit penseur de
Descartes et
Damasio,
Valérie Charolles s'appuie sur Darwin afin de tracer la frontière en savoir vieux et savoir neuf, donc à différencier les connaissances qui s'appuient sur les observations faites sur une longue durée, qui ne sont parfois pas scientifiquement appuyée par des faits, des preuves et des sources précises, et les connaissances qui se veulent précises, fondées, nouvelles, stables et étudiées.
Pour finir, elle dresse quelques règles "pour la direction de la vie", en restant dans un système de pensée philosophique, pour que l'homme puisse revenir à des passions plus saines, naturelles, et adopter une ligne de conduite qui l'amène à se défaire des nouvelles passions qui visent à le détruire plutôt qu'à le construire, à retrouver plus ou moins son libre arbitre ainsi qu'à respecter celui des autres et à se révolter contre un ordre injuste établi afin que le pouvoir soit remis à chacun dans une mesure équilibrée.
C'est donc un livre qui pousse plus à la réflexion qu'à la rigueur, mais qui n'en est pas moins bien pensé et appuyé sur des références pertinentes. Il se pose à notre époque et arrive à poing nommé pour faire basculer l'ordre social et économique qui ne semble plus au goût de tout le monde. Tourné vers ce qu'il y a de plus humain en nous, il nous incite à agir de la même manière pour toutes nos passions, c'est-à-dire : vivre pour le plaisir, être à l'écoute de soi et d'autrui, ne pas s'auto-détruire, retrouver le pouvoir.
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